Analyse de « La peste » de Camus
Publié le 23/01/2020
Extrait du document
Tarrou qui se complaît toujours, dans ses Carnets, à des notations étranges, vient proposer au docteur d’organiser contre la peste des équipes sanitaires formées uniquement de volontaires. Rieux accepte avec joie. Il est amené peu à peu à confier à Tarrou comment il est devenu médecin, lui fils d’ouvrier, et qu’il ne s’est jamais habitué à voir mourir. La peste, à ses yeux, est une interminable défaites mais il faudrait être fou, aveugle ou lâche pour se résigner à la misère qu’elle apporte. Il ne croit pas en Dieu et, sans vouloir s’occuper de métaphysique, il pense être dans la vérité en luttant contre la création telle qu’elle est. Il défend les gens de tout son pouvoir, c’est tout... Tarrou qui affirme, avec tranquillité, tout connaître de la vie, lui donne raison. Lui-même, interrogé sur ce qui le pousse à risquer ainsi la mort, répond : « Je ne sais pas. Ma morale peut-être. - Et laquelle ? - La compréhension. »
Pages 134 à 141
Les équipes sanitaires se forment peu à peu. Une première équipe est réunie et le nombre des volontaires permettra d’en former beaucoup d’autres. C’est l’occasion pour le narrateur de méditer sur ce qui peut à son avis être appelé véritablement héroïsme, sur le bien, le mal, la lucidité. S’il lui fallait désigner un modèle, il désignerait Grand, ce héros insignifiant et effacé, qui n’avait pour lui qu’un peu de bonté au cœur et un idéal apparemment ridicule.
Pages 142 à 165
Les moyens administratifs n’ayant rien donné, Rambert cherche maintenant un moyen de quitter la ville en fraude. Il s’abouche avec Cottard, qui vit dans la peste comme un poisson dans l’eau, s’enrichissant par le marché noir et les trafics de toutes sortes... Mais les démarches de l’illégalité sont aussi longues que les autres, ce n’est pas peu dire.
Tarrou a obtenu le concours du Père Paneloux pour les équipes sanitaires; il sollicite même celui de Rambert et de Cottard. Rambert accepte, sans renoncer à son projet de fuite que Rieux continue d’ailleurs à approuver.
historiens du passé : tout d’abord, des chiffres énormes, difficiles à se représenter concrètement : cent millions de morts, dix mille en un seul jour à Constantinople, par exemple !... Puis des tableaux extraordinaires au sens exact du terme, monstrueux, presque impossibles à admettre, et qui furent pourtant la vie quotidienne de populations entières pendant des mois et des mois, continus, écœurants. (Voir, sur cette évocation, les renseignements que nous donnons plus loin, p. 79-80.) •
Rieux s’arrache à son vertige : celui-ci ne doit pas tenir devant la raison. Il faut agir, prendre les mesures qui conviennent, faire son métier.
Pages 47 à 68
Rieux recommande de très sérieuses mesures d’isolement et il obtient la convocation d’une commission sanitaire. Malgré ses efforts et ceux de Castel, celle-ci refuse d’effrayer la population et ne prend que des demi-mesures. La ville connaît encore, tous les soirs, le bourdonnement joyeux et odorant de la liberté.
Grand, l’employé de mairie, est amené peu à peu à révéler à Rieux le problème qui le, torture : trouver ses mots, les mots justes ! Il est d’une telle exigence qu’il a renoncé à écrire, faute de trouver les termes parfaitement adéquats, la demande qui lui aurait permis d’obtenir un avancement promis et mérité. Il végète dans un emploi subalterne, mais il consacre tous ses loisirs à écrire un livre.
L’épidémie, qui a paru reculer un moment, reprend de plus belle : 22 morts en un seul jour. Le préfet demande des ordres à la capitale de la colonie. Il reçoit une dépêche officielle : « Déclarez l’état de peste. Fermez la ville. »
II. Pages 71 à 80
A partir du moment où la ville est fermée sur elle-même et sur le fléau, le narrateur, spontanément et volontairement à la fois, emploie de plus en plus le pronom nous. Il estime pouvoir témoigner pour tous, car, malgré la diversité des réactions de chacun, la peste a jeté tous ses concitoyens dans le même « exil ». Un sentiment aussi individuel que celui de la séparation d’avec un être aimé est devenu brusquement, avec la peur, celui de tout un peuple.
Pages 242 à 255
Sur la terrasse d’une maison de la ville, si calme, si ouverte sur le ciel qu’il semble que le mal n’y soit jamais monté, Tarrou, longuement, sûr de l’amitié de Rieux, se confie à lui. Tarrou connaissait déjà la peste. La peste, à ses yeux, c’est tout ce qui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, fait mourir ou justifie qu’on fasse mourir. Il a décidé, lui fils d’avocat général, de n’être jamais du côté des meurtriers, -autant du moins que cela est possible. Le seul problème concret pour lui, désormais, c’est de savoir comment, sans Dieu, on peut devenir un saint. Pour Rieux c’est d’être un homme.
Les deux amis décident de faire quelque chose, ce soir, pour leur amitié et pour le bonheur. Ils vont nager ensemble dans la tiédeur de la mer d’automne. Ils sont certains d’avoir le même cœur, - mais certains aussi qu’il faudra, demain, recommencer à lutter contre le mal.
Pages 256 à 263 (décembre)
Morne, gelée, la ville, sous le froid, semble se replier encore. Noël est célébré tristement, par une sorte d’obstination à vivre... Grand, atteint à son tour par la fièvre, voudrait avoir le temps, au moins, d’écrire à sa femme avant de mourir ce qu’il a toujours voulu lui écrire sans parvenir à trouver le mot juste. Au plus fort de ce que tout le monde croit être son agonie, il ordonne à Rieux de brûler le manuscrit de son roman, - qui ne comprend toujours qu’une seule phrase, inlassablement travaillée, imparfaite... Cependant, de façon inattendue, le nouveau sérum agit sur Grand, il guérit. Une jeune fille guérit. Les statistiques de la semaine indiquent un léger recul de la peste. Des rats, vivants, apparaissent de nouveau dans la ville.
V. Pages 267 à 292
De fait, inégalement, l’épidémie régresse. Le sérum de Castel connaît maintenant des séries de réussites qui lui avaient été refusées jusque-là. Le 25 janvier, la préfecture annonce que les portes de la ville pourront sans doute être rouvertes dans quinze jours. Mais la peste frappe encore. Le juge Othon, en service volontaire au camp d’isolement, meurt; et Tarrou
«
~
f 1
f
Le journaliste pans1en Rambert vient enquêter à Oran sur
la misère des Arabes.
Premières apparitions des autres personnages : Tarrou,
Othon, Grand, Cottard (qui vient, pour des raisons inconnues,
de tenter de se suicider), le Père Paneloux, jésuite réputé
(qui envisage en souriant 1 la possibilité d'une épidémie),
un vieil Espagnol asthmatique.
Mort du concierge de Rieux, " écartelé par les ganglions >>,
étouffé comme " sous une pesée invisible ».
Pages 29 à 35
L'annonce de cette mort est SUIVIe de beaucoup d'autres;
toutes les classes sociales sont frappées.
Dans la ville la
surprise déconcertée devient angoisse.
Le narrateur tient à citer aussi, pour cette période,
les carnets d'un autre témoin, Tarrou; au milieu de notations
assez étranges, on y trouve pourtant une volonté ferme,
sûre d'elle-même." La seule chose qui m'intéresse, dit Tarrou,
c'est de trouver la paix intérieure ...
»
Portrait physique du docteur Rieux par Tarrou.
Pages 36 à 41
Les rats ont disparu, la presse ne parle plus de rien puisqu'il
n'y a plus rien de spectaculaire, mais le nombre des décès
par fièvre inguinale augmente.
Le vieux docteur Castel,
qui a exercé quelque temps en Chine, affirme nettement à
Rieux : « C'est la peste.
»
Pages 42 à 46
Méditation de Rieux, seul derrière sa fenêtre.
Plus averti,
plus inquiet que les autres, il avait été comme les autres
pourtant : il n'avait pas voulu croire au fléau.
Il ne veut pas
encore vraiment y croire.
La ville dans le soir qui tombe
n'est-elle pas devant lui encore la même, presque exactement
la même, heureuse en somme?
Rieux essaie de se rappeler tout ce qu'il sait avec exac
titude de la maladie, mais malgré lui c'est dans une sorte
de vertige que reviennent à sa mémoire les précisions ou les
images les plus terribles rapportées par les médecins et les
1.
Le nllrrateur ne commente pas ce sourire, qui peut être interprété de bien des façons.
- 7 -.
»
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