AMADIS DE GAULE (résumé & analyse)
Publié le 14/11/2018
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AMADIS DE GAULE (1540-1615). Les Amadis, cette suite romanesque qui va se développer en France pendant soixante-quinze ans, y manifestent pour la première fois la relation essentielle entre écriture, édition et public lorsque des fictions mettent en jeu les motivations profondes d’une société : comme aucun grand cycle médiéval n’avait pu le faire, ils font prendre conscience au libraire qu’on peut compter sur le suspens pour créer un besoin, facteur de mobilité et d’expansion du livre; à l’écrivain, que ce suspens est dans l’écriture même; au lecteur, qu’il trouve son plaisir dans la réalisation imaginaire de ses désirs — amour et guerre — au plus haut niveau de la société, sans qu’aucune de ces expériences soit, à un titre ou à un autre, moralisée ou même expliquée.
Le véritable inventeur en est Nicolas d’Herberay des Essarts. Quelle que soit l’origine du roman médiéval d’Amadis de Gaule (portugaise ou espagnole ou, pourquoi pas? picarde, comme il l’a prétendu), il a compris le parti qu’il pouvait tirer de la version tardive de Rodriguez de Montalvo, que lui ont recommandée — dit-il toujours — des gentilshommes espagnols : par sa fonction de « commissaire ordinaire de l’artillerie du roi » en Picardie, il pouvait très bien, en effet, avoir été en contact avec certains d’entre eux; et il s’était fait par ailleurs une spécialité de traductions de l’espagnol. Il a eu l’intuition de ce que devait être une traduction-adaptation; or le domaine évolue vite : le véritable engouement de ses lecteurs fait du traducteur un écrivain bien rémunéré pour l’époque. Le premier livre 6\" Amadis sort en 1540; des Essarts a déjà un contrat pour les livres suivants avec les libraires Longis et Sertenas. Il traduira ainsi huit livres à un rythme régulier — un tous les ans — jusqu’en 1548 : les quatre premiers couvrent l’histoire d’Amadis et d’Oriane; les quatre suivants, les aventures de leurs descendants. Mais, dès 1550, il ne veut plus — ou ne peut plus — intervenir, et il meurt avant octobre 1552.
A ce moment, le clan de la toute jeune Pléiade s’empare du secteur, d’autant que, pour les libraires, il s’agit d’exploiter rapidement ce filon, sans faire languir des lecteurs qui viennent de découvrir qu’ils ne pouvaient plus se passer de « connaître la suite ». Après un flottement très court, Claude Colet, qui est déjà spécialiste de littérature romanesque, donne un livre IX des aventures de Florisel, paru juste avant sa mort en 1553. Gohory produit un Xe et un XIe livre, des aventures de Diane, naturellement dédié à Diane de Poitiers (1552 et 1554),
«
Amadis de Gaule: un modèle pour Don Quichotte
Amadis de Gaule, de Garcia Rodriguez de Montalvo est un des plus célèbre roman de chevalerie espagnol, publié
en 1508 à Saragosse.
Mais une version différente et plus ancienne a dut être diffusée car on semble déjà connaître
cette œuvre dans la péninsule ibérique, à la fin du XIV ème siècle.
Amadis, enfant de l'amour, né de Périon, roi fabuleux de Galles ou Gaulles, et d'Elisène, fille de Garinter, roi de la
Petite Bretagne, est exposé, dès sa naissance, sur un fleuve; son berceau descend ainsi paisiblement jusqu'à la
mer, où il est recueilli par Gandales chevalier d'Écosse, qui l'élève chez lui, sous le nom de Damoysel de la mer.
Le
roi d'Écosse Languines, gendre de Garinter, frappé de la bonne grâce de l'enfant, l'emmène à sa cour.
Il reçoit la
visite de Lisvart, gendre du roi de Danemark, de Brisène, sa femme, et de leur fille Oriane, d'une beauté accomplie.
Lisvart part pour la conquête de la Grande -Bretagne; Brisène et sa fille demeurent en Écosse; pendant ce séjour,
Amadis conçoit la plus vive passion pour Oriane, qui l'accepte pour son chevalier.
Alors, sous le nom de Chevalier
du Lion, pris de l'emblème qu'il portait peint sur son bouclier, il part en quête des grandes aventures qui doivent lui
mériter
la main de sa princesse.
D'abord il conquiert l'île Ferme, qui, entre autres merveilles, contient le palais d'Apollidon
et l'arc qui sert d'épreuve aux loyaux amants.
Une belle princesse, Briolanie, est remise par Amadis en possession
de ses domaines.
Ce service allume la jalousie d'Oriane, qui lui défend de revoir Briolanie.
Alors, Amadis, au
désespoir, renonce aux armes, et se retire dans l'ermitage de la Roche-Pauvre, sous le nom de Beau Ténébreux.
Ses thèmes principaux sont clairement définis: il s'agit d'une apologie de l'héroïsme et de la fidélité amoureuse;
l'incarnation de la doctrine courtoise et des liens qui unissent l'amour et les prouesses chevaleresque.
Amadis est
l'exemple même de la perfection chevaleresque, d'où le fait qu'il est, pour Don Quichotte, un héros à imiter.
Cependant, Amadis de Gaule évolue dans un monde mystérieux, éloigné de la réalité.
Des puissances
surnaturelles le protègent.
Un autre personnage le suit tout au long de ses aventures: il s'agit de la magicienne
Urganda, qui le guide, le soutient et le console, un peu comme le fait Sancho Panza pour Don Quichotte.
Le récit comporte des scènes d'enchantements et de magie.
Le héros se bat avec des monstres et des géants.
Il
sert sa dame et toutes les autres damoiselles en
difficulté.
Pourtant, il finit par être repoussé par la dame de son cœur, Oriane, et connait un profond désespoir.
C'est la désillusion.
Sa dame lui donne l'ordre de partir, de se retirer du monde en compagnie d'un ermite.
C'est ce
qu'il fait par amour.
En récompense de sa vaillance et de sa fidélité, il obtient la seigneurie de l'ile ferme, ile
enchanté où seuls peuvent y entrer les loyaux amants et où seul le plus parfait de tous est digne de régner.
L'œuvre se termine donc par une fin heureuse: les noces d'Amadis et Oriane.
Ce livre est, pour le personnage de Cervantes, un des meilleurs romans de chevalerie.
En effet, au début du
roman de L'ingénieux Don Quichotte de la Manche, l'auteur nous fait part des habitudes de l'hidalgo.
Avide des
romans de chevalerie, il s'adonne à une lecture passionnée.
Cette passion est si forte, qu'il en oublie ses
occupations qu'était la chasse et l'administration de ses biens.
Il va même jusqu'à vendre certaines de ses terres
pour s'acheter des romans de chevalerie.
L'auteur évoque les jeux de langage qui enchantent Don Quichotte alors
qu'il ne les comprend pas toujours « De telles phrases faisaient perdre la tête au pauvre gentilhomme; il peinait
des nuits entières pour en débrouiller le sens, qui aurait échappé à Aristote
s'il était revenu parmi nous tout exprès.
» Cette passion pour ces romans est si forte, qu'elle suscite souvent chez
lui l'envie de prendre la plume et d'écrire l'achèvement digne d'un des romans qu'il affectionnait le plus, celui de
Felician de Silva.
De plus, il a souvent des discussion avec le curé et le barbier, pour savoir qui a été le meilleur
chevalier dont les livres racontent l'histoire.
L'hidalgo a donc pour objectif de vivre tel un chevalier errant mais
surtout tel que vivaient ceux de ses livres.
La folie de Don Quichotte se développe ici par le fait qu'il ne prend pas
de distance par rapport au texte qu'il veut suivre à la lettre.
Il est incapable de distinguer les images à la réalité.
Don Quichotte veut donc vivre les aventures de ses chevaliers préféré, en autre, d'Amadis de Gaule.
Ainsi,
plusieurs fois dans le roman, Don Quichotte évoque ce modèle mais surtout le copie.
En effet, dès les premiers
chapitres, le gentilhomme s'invente un nom tel que celui de son héros: « (...)Se souvenant que le valeureux
Amadis de Gaule ne s'était pas contenté de s'appeler seulement et simplement Amadis, mais qu'il y avait ajouté le
nom de son royaume et de sa patrie pour la rendre plus fameuse, s'appelant Amadis de Gaule, aussi voulut -il,
comme bon chevalier, ajouter
au sien le nom de son pays et s'appeler Don Quichotte de la Manche, par où, à son avis, il déclarait fort clairement
sa race et sa patrie, et l'honorait beaucoup en prenant le surnom d'icelle.
» (tome 1 chapitre 1).
De plus, le roman
de Garcia Rodriguez de Montalvo est un des seuls qui échappe à l'autodafé faite par le barbier dans la bibliothèque
de Don Quichotte, car c'est une oeuvre qui plait au curé: « Le premier ouvrage que maitre Nicolas lui mis entre les.
»
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