Alcools [Guillaume Apollinaire] - Fiche de lecture.
Publié le 06/05/2013
Extrait du document
«
SYMBOLISME .
Les historiens du symboli s me souli
gnen t toujour s, par de s avertisseme nts liminaires, la dif
ficult é, voire l' impo ssibilité de leur tâc he.
Le sy mbo
li sme semble en effet refu ser l es défin itions et instaure r
dan s la litt ératur e l 'amou r du flou et de l'indici ble.
Dès
lor s, qui est symb oli ste? Certe s, vers 1890.
une bonne
pa rt de la l itté ra ture fran çaise est prob ab lement justicia ble de l'a djectif.
M ais à pre ndr e une telle extension, le conce pt ne défi nit plu s rien de précis, surtout quand on l'a pplique
e nsuite à des é c riva ins aussi diffé rent s que Gide, Proust,
Claudel ou Valéry.
L 'éc ole symboli ste, déjà problémati
que , se diss out dan s le vaste co urant symb oliste : elle s'y noie comme une Ophélie pr éra phaélite.
D 'auta nt qu'on peut estime r les «préc ur seurs» du sy mbol i sme ou ses
hér itiers plu s importants que les symbo listes eu x-mêmes
-
ce ux , du moins, de str icte observa nce.
Après tout,
fau t- il vraiment considérer Baudelaire, Rimbaud et Mal
larmé comme les précur seurs d'Éphraïm Mikhaël ou de Vielé-Griffm ? N 'es t-il pas plu s juste de considé rer ceux
ci comm e des épigones de ceux- là? Tl y a là tout le danger des reco nsti tuti ons a posteriori, des pré histoire s
trop finalistes : c'es t ain si qu 'on tro uve ra dans les ancê
tre s du sym boli sm e Edgar Poe, Nerval , Aloysi us Ber
tra nd, un e bon ne part des Ji u 6ra ture s allemande et
anglai se , l es poèt es baroque s, sans par l er des Latins, des
Grecs, de tou s les métaphy siciens enfin qui ont touché
au symbo le, depuis les penseur s de l'Inde jusqu'à Swede nborg en passant par Platon - ave c po ur résulta t
d e faire du sy mbolisme une de ces tendance s éte rnelles
d e l' art qui é vitent aux critiq ues de pense r vrai ment.
P o urtant , on
ne peut pas dire non plus que le s ymbo
lisme n'existe pas.
qu' il n 'es t qu 'un e manière co mm ode de d6nommer la modernité de 1890.
Même si le public y ran ge parfo is d es auteurs comme les Go ncou rt ou les frères
Ros ny , les symb olistes, e
ux , save nt mieux ce qu'il s rejettent et ce qu'i ls ad mi rent.
Ce qu'ils rejette::t: l'ens eig ne m en t, Ill déclamation, la fau sse sen si bi li~6 et la
de scripti on objectiv e - en fait , s urt ou t, le posi .t i visme et l a rati onalit é, un e certaine faço n de déc rir e le mon de «platement» , sans my stè re.
Ce qu'il s admire nt : la poé
sie de ces pr6 eur seu rs qu'i ls pr étè re nt appele r l·;urs maî
tres -Bau de laire, le père fondat eur , et su rto ut \fallarmé et V erlaine.
Ce so nt ces de ux derni ers noms q u'o n
retrouve dans les ac t es de naissance officiels du sy mbo
l isme .
dans l'a rticle de Moré as do nn é au xncc Siècle en aoflt 1885 ct, bien sflr , dans son célè bre manife:; te publié
un an pl us tard dans le Supp lém e nt litt érai re dn Figaro : Mor éas y admi re en Mallarm é le sens du my s~r e et de J'ineffabl e, ta ndi s que Verlaine est loué d'a1 oir brisé « les cruelles entraves du ve rs que les do igts prestig ie u x de M.
Th éo dore de B anvi lle avaie nt as sou pli aupara vant».
Ave c Lamar tine et Vigny, avec Rimbaud aussi,
il s forment le pan th éo n « symbolj ste » , pui sq ue le mo t est utilisé explici tement : «Les poètes déc adents - la criti que , pu isq ue sa manie d'é tiq uetage est i nc urab le , po urra it les appe le r p lu s juste ment des symb clistes -
son t M M .
Sté phan e Ma 11arm é, Paul Verl ain e, Lauren t
Tailhade, Charles Vigu ier et le sig nataire de cet article » (Mor éas).
Il y a donc une nouv elle éco le po étiq ue, succé
dant au roma n tisme ct au Parna sse : elle résume son
esthétique dan s Je « sy mbol e » et y m et m ê mt tant de
choses qu' u ne boutade de Val é ry, cit ée par Pierre Bru
nei , p ré te nd q ue le symb oli sm e e~t l'ense mble des gens
qui ont ena que le mot «s ymbole )> avait un sen s .
En to ut cas, cc mot fait flor ès puisqu e Moré as voit n:.ître un co nc urrent avec René Ghil.
dont l'école se veut « symbo
l iq ue e t harmoniste » (en a ttenda nt d 'être « év olu rive et instrumentale»!) .
Ce t engouement n 'est pas fortuit; le symbole est en effet dans l 'air depuis longtemps; n:mar qué dan s les « Correspon dances » de Baudelaire , repri s
dan s de nom breux tex tes de l 'époqu e, et en particulier chez Mal la rmé, on le retro u ve finaleme nt dans les Déli quescences d'Adoré Floupette ( 1885), une charge co ntre ces décadent s que Moré as transfor me en symbol istes
[ voi r
DÉCADENCB).
Le s origines
Le sy mbo lisme a en effet été précé dé par le « &.:r.a di sme », dont il se dist ing u e peu t- ê tre par un côté « ma! larmi ste » plu s acce ntué - une rigue ur t héorique plus
gran de au ssi.
In ve nté par Anatole Ba ju à partir d' un sonnet sans do ute parodiqu e de Verlaine ( « Je suis l'Em
pire à la fin de la déca den ce»), le mot désig ne ah>rs.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Alcools [Guillaume Apollinaire] - Fiche de lecture.
- FICHE DE LECTURE: ALCOOLS / CALLIGRAMMES de GUILLAUME APOLLINAIRE
- Alcools d'Apollinaire (Article - Fiche de lecture)
- Bestiaire (le) ou Cortège d'Orphée de Guillaume Apollinaire (fiche de lecture et critique)
- Calligrammes [Guillaume Apollinaire] - Fiche de lecture.