Alain Corbin: Historien du sensible
Publié le 23/01/2013
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→ Histoire sociale tend à devenir celle des procédures de construction des identités, individuelles ou
collectives, et celle de façons dont se dessinent les représentations et s'organisent les relations sociales.
→ Son livre le plus récent, L'homme dans le paysage (2001), vise à restituer les formes d'appréciation
de l'espace, de la Renaissance à nos jours. Le paysage est ici conçu comme une manière de se
représenter l'espace, de le chercher de signification et d'émotions.
→ Paysage=avant tout une représentation culturelle qui se construit selon des systèmes de croyances,
de convictions scientifiques et codes esthétiques.
→
Publication en 1971 par Paul Veyne de Comment on écrit l'histoire? Idée que l'histoire ne doit pas se
mouler dans les sciences exactes, sans que cela n'empêche qu'elle soit scientifique.
C – Problème du temps et des sources
→ Problème du temps, difficile d'ancrer l'histoire des sens dedans. Est-il possible de constater une
évolution dans la façon qu'à l'homme de percevoir son environnement et d'expliquer pourquoi selon les
époques, tel ou tel sens est le plus sollicité? Oui car existence de normes culturelles, donc la société
détermine ce que l'homme peut ressentir.
→ D'après Febvre, individu=ce que la société de son époque lui permet d'être. Habitus= ensemble des
comportements, modes de vie acquis dans le milieu social d’origine et qui vont structurer les pratiques
quotidiennes et les préoccupations, donc influence sur les sens.
→ Par exemple, dans Le Miasme et la jonquille, Corbin s’appuie sur l’action de Jean Noël Halle, titulaire
de la chaîne d’hygiène public de Paris, qui en 1794 décide de débarrasser les rues de Paris de leurs
odeurs nauséabondes. Les Parisiens voient changer leur environnement et ont une autre façon de
percevoir et d’analyser les odeurs. Cette élimination des odeurs se poursuivra ce qui fait qu’aujourd’hui
l’homme est beaucoup moins tolérant face à certaines odeurs.

«
→ Histoire sérielle: Elle analyse des faits en série, suivant une rupture d'évolution mesurable.
L'histoire
sérielle est une forme d'analyse quantitative de l'objet d'étude.
Utilisant les statistiques, elle décrit et
cherche
à expliquer des évolutions.
→ Histoire des mentalités: veut replacer les faits dans le climat de l'époque, éviter une interprétation
déformée par nos conceptions actuelle
→ Les groupes sociaux ne sont plus vus uniquement sous l'angle économique.
Les historiens
s'intéressent à leur culture, leurs pratiques, leurs croyances et leurs attitudes.
On s'interroge sur les
échanges culturels des classes populaires et celle des élites.
→ Volonté de cerner la construction identitaire de certains catégories.
→ Pour Corbin Febvre voit histoire des mentalités comme une étude des sentiments, des sensations ou
des représentations du monde des hommes à un moment donné de l'histoire.
→ Problème de définition de cette histoire au sein même des Annales.
Febvre veut confronter la
psychologie d'un individu à la société qui l'entoure.
Historiens se laissent séduire par ce nouveau courant.
Exemple: on n'étudie plus la mortalité mais la mort et les craintes qu'elle suscite chez l'homme.
Grand
succès de cette approche dans les années 70.
C – L'individu au centre du modèle
→ Le groupe par l'individu: la prosopographie.
Démarche typique de l'histoire sociale qu'est cette
prosopographie: reconstitution du profil social d'un groupe à travers la reconstitution des destins
individuels des membres de ce groupe.
On dresse une sorte de portrait-type.
→ Histoire des mentalités est imprégnée des méthodes positivistes que Corbin qualifie de naïve.
→ Exemple
pour lui Thuillier dans une de ses études, se contente de dresser un catalogue de bruits entendus par un
villageois nivernais mais ça ne tient pas compte du comportement de cet individu ni de sa façon de voir
les chose.
→ Exemple de différence de perceptions olfactives ou sonores entre citadins et ruraux.
Système de sens
évolue.
Selon où l'on grandit, il y a une différence entre ce que l'on trouve tolérable et ce que l'on trouve
intolérable.
→ Micro histoire: Elle est d'origine italienne (microstoria).
Cette micro histoire a pour principe de se situé
à l'opposé de l'histoire quantitative et sérielle puisqu'il s'agit d'étudier des cas très particuliers et de
traduire des univers mentaux et relations sociales à partir de ceux ci.
→ En France, Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (1998) d'Alain Corbin se situe dans la même
veine puisqu'il propose de récréer l'environnement d'un inconnu : un simple sabotier du Perche.
Dans ce
genre, l'explication, la recherche des causes devient moins intéressante.
II – Le sens comme sujet d'histoire.
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