AILLEURS Henri Michaux (résumé)

AILLEURS. Sous ce titre, l’écrivain français d’origine belge Henri Michaux (né en 1899), a groupé en 1948 trois ouvrages : Voyage en Grande Garabagne (1936), Au Pays de la magie (1941), Ici, Poddema (1946), formant ainsi son livre le plus homogène, son seul livre homogène, mais non au détriment de la richesse et de l’invention, peut-être jamais aussi grandes. Michaux, qui souvent se répète, ici se répète peu. Mais comme toujours, il s’explique, ici en une courte préface : « Ces pays ne lui ont pas toujours plu excessivement. Il s’y est trouvé plus à l’aise qu’en Europe. (...) Il traduit aussi le monde, celui qui voulait s’en échapper. Qui pourrait échapper? (...) Ces pays sont parfaitement naturels (...) comme le monde des planètes, des atomes, des insectes, naturels surtout comme l’appétit de vivre, de rompre (...) comme la soif de transformer, de refaire, de dépasser, d’ajouter aux millions de possibles . » Poète du combat énorme, mythique, c’est sur les combats d’ « ailleurs » qu’il insiste tout particulièrement; le premier paragraphe de Voyage en Grande Garabagne (« Chez les Hacs ») est : « Comme j’entrais dans ce village, je fus conduit par un bruit étrange vers une place pleine de monde au milieu de laquelle, sur une estrade, deux hommes presque nus, chaussés de lourds sabots, solidement fixés, se battaient à mort ». Ces Hacs se livrent à toutes sortes de luttes dûment codifiées et dont le succès populaire est sans bornes. A ranger parmi les luttes : les délits, parfaitement organisés et réglementés; le délit commis, on paie l’amende sans sourciller, la morale e&t sauve; on a tout à gagner à commettre des délits de choix. De même pour la mort : la peine de mort, non pas assassinat légal, mais suicide légal, peut couronner une vie médiocre totalement ratée : le candidat fait mine d’attenter à la vie du roi;