ÂGE D'HOMME (L') de Michel Leiris (fiche de lecture)
Publié le 15/10/2018
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ÂGE D'HOMME (L'). Essai de Michel Leiris (1901-1990), publié à Paris chez Gallimard en 1939.
La rédaction, commencée en 1930, fut achevée en 1935. En 1946, l'auteur ajouta à ce texte en guise de préface un court essai intitulé « De la littérature considérée comme une tauromachie » dans lequel il reconnaît, sept ans après la parution du livre, que « [son] véritable âge d'homme [lui] reste encore à écrire ».
Le livre est divisé en neuf parties, une première sans titre ni numéro et les huit autres numérotées et titrées, comprenant chacune (sauf la I et la VI) plusieurs sous-chapitres eux-mêmes titrés. Après un bref autoportrait sans complaisance, l'auteur nous présente une première « galerie de souvenirs » tirés de sa petite enfance et souligne la place prépondérante tenue un peu plus tard dans sa vie par la fréquentation assidue des spectacles
«
dre progressivement jusqu'à quel point
indépassable
on peut côtoyer cette
béance de l'être
et procéder ainsi à un
repérage des lieux où le risque, quoi que réel, reste mesuré (à cet égard, la
littérature peut-elle v:raiment être
comparée
à la tauromachie ?), tel est le
dispositif en
«porte-à-faux» que l'écri
vain s'efforcera en effet d'échafauder
dans
ce livre.
Pour lui cela consiste
d'abord
à donner une forme familière,
reconnaissable,
un fondement objectif
aux peurs
et obsessions qui le hantent
jusqu'au malaise : peur
de vivre, peur
de souffrir
et de mourir, peur de l'autre,
répugnances .
et phobies diverses par
lesquelles
il se sent entravé.
ll accorde,
de ce point de vue, une vertu magnéti
que
à l'image sous toutes ses formes :
de la gravure d'Épinal
à l'âllégorie,
autant de repr~sentations-aimants où vont venir s'agglutiner, pour exorciser
l'angoisse en la confinant, les multiples
manifestations de sa
difficulté de vivre.
Leiris vise donc
à introduire un peu
d'ordre dans la confusion de son
exis tence sans se plier toutefois aux
contraintes de l'autobiographie
tradi
tionnelle.
n ne cède pas systématique
ment, par exemple, aux artifices édul
corants de la chronologie.
Car il n'est
pas
tant question pour lui de raconter
son passé que d'y découvrir l'origine de
cette impression d'être
« rongé» de
l'intérieur.
Compréhension qui lui
per
mettra peut-être d'enrayer l'" effrite
ment )> dont il s'estime menacé et, en
élaborant les motifs d'une édification
de soi plus satisfaisante, de
connaître
enfin son « âge d'homme».
Cette cons
truction passe par l'identification et la
fixation d'une série de
« mythes » per
sonnels, points de référence sur les
quels s'appuyer «parce qu'eux seuls
permettent de
vivre"· Dans ce livre,
Leiris accorde une large place au
fémi
nin, figure prédominante de l'altérité
et du risque, symbole de la sexualité et
de l'amour ressentis comme une irré-versible
blessure.
Dans cette optique,
céder
à la tentation de l'écriture revient
à s'abolir dans les mots pour conjurer,
par le biais d'une théâtralité bien
tem
pérée, la disparition réelle tant redou
tée.
Mais ce superbe récit où la douleur
d'être
se mue en style , doit se lire aussi
comme
un besoin d'ouverture, d'abord
parce que le désir de se dire,
en sécré
tant un inassouvissement chronique,
crée les conditions de sa propre
relance,
et ensuite parce que, dans cet
échange ritualisé, l'écrivain montre au
lecteur la voie d'une possible réorienta
tion pour aboutir à une meilleure
«pratique de la vie»..
»
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