Adonis, la Captivité de saint Malc, le Quinquina, poèmes - Jean de La Fontaine

Adonis, la Captivité de saint Malc, le Quinquina, poèmes

Les vers sont pour la société mondaine le seul mode civilisé de communication. La Fontaine n’échappe pas à cette étiquette sociale. C’est en vers qu'il intercède auprès du roi pour Fouquet, en vers qu’il raille le jésuite Escobar ou le Florentin Lulli, en vers qu’il félicite la surintendante de la naissance de son fils, en vers enfin qu’il prend parti dans la querelle des Anciens et des Modernes.

Toutefois, par leur portée et leur ampleur — de 500 à 700 vers —, trois poèmes se signalent dans cette abondante production poétique : Adonis, dont le manuscrit, superbement calligraphié par Nicolas Jarry, fut offert à Fouquet en 1658, mais qui ne devait être publié qu’en 1669 et 1671; le poème de la Captivité de saint Male, publié en 1673, et le poème du Quinquina, qui parut en 1682.

Apparemment, trois œuvres fort dissemblables. Toutes révèlent pourtant un même « cas de figure » :

Le dédicataire de chaque poème donne le ton. L’œuvre répond aux goûts d’un « micro-milieu » culturel qui, temporairement ou durablement, joue un rôle déterminant dans la vie de l’« intelligentsia » et avec lequel La Fontaine entretient des relations suivies : avec Fouquet,

Qui connais les Beaux-Arts, qui sais ce qui doit plaire,

et son entourage de connaisseurs et d'esthètes, pour Adonis', avec le cardinal de Bouillon et les cercles jansénistes pour Saint Malc\\ enfin, pour le Quinquina, avec la duchesse de Bouillon et les salons de « la deuxième génération », où l’on rencontre plus de médecins, d’explorateurs et de philosophes que de trousseurs de sonnets.

Dans chaque cas, l’engagement de La Fontaine prend l’allure d’un «challenge»: il s’attaque à des sujets qu’aucun poète français n’avait encore abordés, et dont le « maître » avant lui demeure un Ancien ou un étranger (Ovide et Marino, pour Adonis, Lucrèce, pour le Quinquina) :