ABBÉ C. (L’) de Georges Bataille (résumé)

Roman de l'écrivain français Georges Bataille (1897-1962), publié en 1950. « Seule la trahison a l’excessive beauté de la mort. Je voudrais adorer une femme - et qu’elle m'appartînt - afin de trouver dans sa trahison son excessive divinité. » Ce qui est pénible ou inavouable, ce qui déclenche en nous la rage ou la suffocation, cela nous pouvons l'utiliser lucidement pour transgresser nos limites et atteindre, dans l’horreur et la joie mêlées, 1’ « impossible ». L'horreur, en effet, nous sacre tout autant que le plaisir, et sur le chemin de l'extase, le délire d'horreur et le délire de joie en vérité ne se séparent pas : ils sont les deux faces de la totalité. C’est cette totalité qui est le sujet de Georges Bataille - cette totalité que, Dieu étant mort, l'homme ne perçoit plus qu'en exténuant ses limites. L’Abbé C. est centré sur trois personnages : Éponine, Charles C. et l'Abbé C. Charles et l'Abbé sont frères jumeaux (le sosie l'un de l’autre), et tous deux sont liés à Éponine : Charles par l'excès du plaisir, l'Abbé par l'excès du refus du plaisir. Éponine, maîtresse de Charles, s’exaspère de posséder en lui une image de son frère, lequel lui demeure inaccessible malgré ses provocations. En fait, l’Abbé joue avec son refus, comme Charles avec les provocations d’Éponine (elle va, entre autre, aimer parfois parmi les viandes un boucher brutal et chauve, son ami d’enfance), et la liaison des trois personnages se fonde sur cette complicité avouée-inavouable, qui leur sert justement à se mettre à vif - à dépasser en eux l’interdit. L’exaltation que Charles et Éponine tirent de la débauche, l’Abbé la tire de l’ordure (mentale et physique) et de la certitude d’avoir ainsi souillé « même l’ordure la plus souillée ». Finalement, l’Abbé disparaît en compagnie de deux putains amies d’Éponine; arrêté peu après par les Allemands, il meurt à la suite des tortures subies. Charles apprendra plus tard que l’Abbé a donné son nom et celui d’Éponine, mais pas ceux des