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À REBOURS Joris-Karl Huysmans (fiche de lecture)

Publié le 15/10/2018

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À REBOURS. Roman de Charles Marie Georges, dit Joris-Karl Huysmans (1848-1907), publié à Paris chez Charpentier en 1884, réédité avec une « Préface écrite vingt ans après le roman » en 1903.
La production romanesque de Huysmans s'inscrivait jusque-là dans la lignée naturaliste (Marthe, 1876; les Sœurs Vatard, 1879), sous l'égide du maître, Zola. Avec ,4 rebours, Huysmans s'engage dans une nouvelle voie, qui le

huysmans

« conduira vers la littérature dite déca­ dente.

S'il est un livre emblématique de cette littérature, c'est bien À rebours.

En effet, le héros, Des Esseintes, dont la voix tend à se confondre avec celle de Huysmans, synthétise les attributs qui font le décadent, le« pâmé''· jean Floressas.

duc des Esseintes, demier représentant d'une race dégénérée, esprit indé­ pendant dégoûté de l'humanité, se retire à Fon­ tenay-aux-Roses où il organise sa solitude avec un raffinement extrême (Notice) : il décore son intérieur de couleurs précieusement choisies (chap.

1).

transfonme sa salle à manger, lieu de repas austères.

en cabine de bateau {2), compose une bibliothèque d'auteurs de la déca­ dence latine (3), s'amuse d'une tortue vivante à la carapace incrustée de gemmes.

crée un « orgue à bouche» dont les touches effleurées libèrent chacune une liqueur (4), détenmine les peintures qui orneront ses murs (5).

Un soir, il se remémore ses méfaits passés, la façon dont il contribua à briser un ménage, comment il poussa un adolescent vers le vice et le crime (6).

Cette solitude volontaire devient toutefois pesante et contribue à le ramener imperceptible­ ment à la religion.

Des désordres nerveux appa­ raissent (7).

Cherchant à se distraire.

il aménage une serre de fleurs aux fonmes artificielles, aux aspects obscènes et morbides.

Dans la nuit, Des Esseintes rêvera d'une femme, la Syphilis, offrant les pourritures florales de son corps (8).

Les cau­ chemars se renouvellent et sa névrose se complârt dans le souvenir d'aventures érotiques.

une acrobate androgyne, une ventriloque per­ verse, un troublant jeune homme (9).

Victime d'hallucinations olfactives, Des Esseintes tente de les repousser en créant des parfums subtils qui ébranlent définitivement ses nerfs ( 1 0).

Voulant distraire sa solitude, il projette un voyage à Londres mais se contentera d'un bar anglais à Paris ( 1 1 ).

De retour à Fontenay, il reprend goOt à la lecture de Baudelaire, de Bar­ bey d'Aurevilly et des littératures religieuses ( 12).

Mais son estomac se dérègle ( 13).

Grâce à un régime sévère, il peut à nouveau se consacrer à la lecture des auteurs modernes ( 14).

D'autres hallucinations apparaissent, auditives cette fois.

qui réveillent en lui le souvenir de ses musiques de prédilection.

Il se décide à appeler un médecin qui le guérira mais lui enjoindra de retourner à Paris ( 15).

Ëvoquant avec effroi les perversions de la société humaine, Des Esseintes se résigne à en affronter les médiocrités ( 16).

Avec À rebours, Huysmans consacre donc sa rupture avec le naturalisme, mais de façon inconsciente, comme il l'avoue dans sa Préface de 1903 : «je cherchais vaguement à m'évader d'un cul-de-sac où je suffoquais, mais je n'avais aucun plan déterminé et  rebours qui me libéra d'une littérature sans issue, en m'aérant, est un ouvrage parfaitement inconscient.

» Rupture insensible donc, mais radicale.

Zola en eut d'ailleurs parfaitement conscience puisque, à la parution d'À rebours, il parla de trahison du naturalisme.

En effet, la généalogie et l'hérédité fantai· sistes de Des Esseintes, ses maladies et leurs remèdes sont autant d'attaques voilées contre les théories naturalistes sur l'individu et contre l'utilisation, par les romanciers, d'un savoir médical trop primaire.

Huysmans s'attache à décrire une tout autre maladie que cel­ les qu'appréhendaient les naturalistes: une maladie moderne, la névrose, l'ennui.

Maladie insaisissable par laquelle le corps se soumet aux pul­ sions d'une âme compliquée, souffrant de sa supériorité, dont la volonté est réduite à néant.

Telle est l'âme moderne et tel sera À rebours.

La modernité s'exprime dans le parti pris de composition romanesque :. »

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