A rebours de Joris-Karl Huysmans (fiche de lecture)
Publié le 10/05/2011
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Une notice qui précède le roman proprement dit résume la vie de Jean Des Esseintes, seul rejeton d'une noble famille. Des Esseintes a passé son enfance et son adolescence dans le domaine familial et seigneurial du château de Lourps, non loin de Provins. Il porte dans son sang appauvri tout le poids de la décadence. Ayant perdu tôt ses parents, il est confié à un collège de jésuites où il fait ses humanités. Il prend, entre autres, goût au latin, matière où il excelle. Après avoir fait l'expérience du monde, après avoir dépensé la plus grande partie de sa fortune, il est obligé de vendre tous ses biens, dont le château de Lourps. Il a tâté de toutes les débauches, toutes les perversions. Il y a épuisé ses forces sans pour autant remédier à un ennui profond, qui l'accable, un véritable dégoût de la vie. Il décide alors de se retirer dans une petite maison qu'il a achetée à Fontenay-aux-Roses, dans la banlieue de Paris. Il consacrera son temps à installer sa nouvelle demeure selon ses goûts bizarres et raffinés. Il fuit la banalité, se place résolument en dehors des modes, prend le contre-pied de toutes les conventions, de tous les usages.
«
préoccupés de filouteries et d'argent et seulement accessibles à cette basse distraction des esprits médiocres, lapolitique, qu'il rentrait en rage chez lui et se verrouillait avec ses livres.
Enfin, il haïssait de toutes ses forces lesgénérations nouvelles, ces couches d'affreux rustres...
»Des Esseintes se réfugie dans la littérature latine.
Mais il n'apprécie guère les grands classiques : Virgile, Catulle,Cicéron.
Il préfère les oeuvres de la décadence et surtout le Satyricon de Petrone, les Métamorphoses d'Apulée.Toujours amoureux de l'insolite, du rare, du curieux, il goûte la prose et la poésie ecclésiastiques des siècles tardifs :par exemple, les Panégyriques et les Lettres de Sidoine Apollinaire.
Les fantaisies d'un esthètePour décorer son salon, Des Esseintes a l'idée de mettre sur son tapis une tortue.
Mais le ton de Sienne de lacarapace salit le tapis.
Il décide alors de faire glacer d'or la carapace de la tortue et de l'incruster de pierreries.Il a réuni de petits barils à liqueurs, de manière à marier les goûts ; c'est ce qu'il appelle son «orgue à bouche », carpour lui chaque saveur correspond au son d'un instrument.Mais l'esthète, soudain, a mal aux dents, il se résout avec hésitation à se rendre chez un dentiste qui lui arrachecruellement une molaire.
Délivré, «il s'était retrouvé dans la rue, joyeux, rajeuni de dix ans, s'intéressant auxmoindres choses».
De retour chez lui, il s'inquiète de la tortue : «Il la palpa; elle était morte » [...] elle n'avait pusupporter le luxe éblouissant qu'on lui imposait...
»En peinture, Des Esseintes a une passion pour Gustave Moreau, un artiste contemporain qu'il rattache, dans sonmusée personnel, à une filiation qui remonte à Mantegna.
De Moreau, il admire surtout une aquarelle intituléeL'apparition et représentant Salomé.Il rapproche l'art de Gustave Moreau de celui de son poète préféré, Baudelaire.
Il collectionne également lesgravures : parmi les anciens, Jan Luyken, un graveur hollandais, parmi les modernes, Odilon Redon, Rodolphe Bresdin.
Cauchemirs et hallucinationsFaisant un retour sur lui-même pour trouver une explication à ses goûts bizarres et à son mode de vie, DesEsseintes en conclut que la cause provient de l'éducation qu'il a reçue :« Ainsi ses tendances vers l'artifice, ses besoins d'excentricité, n'étaient-ils pas, en somme, des résultats d'étudesspécieuses, de raffinements extraterrestres, de spéculations quasi théologiques; c'étaient, au fond, des transports,des élans vers un idéal, vers un univers inconnu, vers une béatitude lointaine, désirable comme celle que nouspromettent les Ecritures.
»Il se tourne vers la philosophie, scrute les anciennes hérésies et finalement adopte la théorie du pessimisme deSchopenhauer (1788-1860), qui montre le néant de l'existence : « Ah ! lui seul était dans le vrai! qu'étaient toutesles pharmacopées évangéliques à côté de ses traités d'hygiène spirituelle? »Il constate que la pensée du philosophe allemand aboutit au même point que L'imitation de Jésus-Christ, les deuxdoctrines prêchent la résignation et le laisser-faire.
Des Esseintes a pourtant des velléités de retour à la foi de sonenfance.
Mais sa névrose le reprend ; il s'interdit les excitants et la lecture.
Alors, pour se distraire, il se met enquête de fleurs précieuses pour sa serre.
Il fait venir des fleurs artificielles puis « des fleurs naturelles imitant desfleurs fausses ».
Il collectionne les plantes monstrueuses qui semblent le fruit de l'art plus que de la nature :«..J'étoffe, le papier, la porcelaine, le métal paraissent avoir été prêtés par l'homme à la nature pour lui permettre decréer ses monstres.
Quand elle n'avait pu imiter l'ouvre humaine, elle avait été réduite à recopier les membranesintérieures des animaux, à emprunter les vivaces teintes de leurs chairs en pourriture, les magnifiques hideurs deleurs gangrènes.
Tout n'est que syphilis, songea Des Esseintes [...] et il eut la brusque vision d'une humanité sanscesse travaillée par le virus des anciens âges [...] et la voilà qui reparaissait, en sa splendeur première, sur lesfeuillages colorés des plantes.
»Des Esseintes s'assoupit dans la serre et sombre dans un cauchemar.
Il rêve d'une étrange figure, sans sexe, àcheval, qui le poursuit : c'est la Grande Vérole.
Les cauchemars, les hallucinations se multiplient, Des Esseintess'abîme dans des rêveries érotiques, des souvenirs lancinants de ses orgies passées.
Des Esseintes voyageDes Esseinte est ensuite en proie à des hallucinations olfactives.
Finalement, tous ces excès l'épuisent.
Il décidealors de voyager.
La lecture de Dickens lui donne envie de connaître l'Angleterre.
Dans le fiacre qui le promène dansParis, rue de Rivoli, le paysage pluvieux lui donne l'illusion de l'Angleterre.
Puis il passe la soirée dans une taverne auJoris-Karl Huysmans / 315milieu d'Anglais.
Cet afflux d'impressions imaginaires, les souvenirs de lectures, le dissuadent d'accomplir un voyagequ'il a déjà fait en pensée.
Il se souvient de la désillusion qui avait suivi sa visite de la Hollande, un pays pourtantqui le tentait beaucoup : «A quoi bon bouger, quand on peut voyager si magnifiquement sur une chaise? N'était-ilpas à Londres dont les senteurs, dont l'atmosphère, dont les habitants, dont les pâtures, dont les ustensiles,l'environnaient?» Il se fait reconduire à Fontenay.
LivresDe retour au milieu de ses meubles, de ses bibelots, Des Esseintes se retrempe avec volupté « dans le bain del'habitude ».
Il retrouve ses livres avec une satisfaction particulière.
Il entreprend de les ranger.
Bibliophile, il a legoût des reliures extraordinaires, des caractères insolites, des livres uniques.
Après Baudelaire qui a la premièreplace dans ses goûts littéraires, Des Esseintes a une prédilection pour l'éloquence sacrée, pour Bourdaloue etBossuet, pour les écrivains janséniste, Nicole, et surtout Pascal.
Dans le fil de cette tradition, il admire, parmi les.
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