« QU'EST-CE QUE LE TIERS ÉTAT- ? » DE SIEYÈS
Publié le 06/09/2018
Extrait du document
«
«Q
u'est-ce que le tiers étal ? »
le royaume est venue révéler, ou plutôt confirmer l'égoïsme des privilégiés, leur
incapacité à consentir des sacrifices à l'in térêt général.
Si la bourgeoisie, pour assurer le succès des insurrections de l'été 1788 («révolte
no biliaire », dira Mathiez) contre le despot isme ministériel de Lamoignon et Brienne,
s'est alliée aux privilégiés, aux Parlements, cette alliance n'a été qu'éphémère, en
vue d'objectifs immédiats.
Les Parlements, «champions nécessaires à mettre en
avant »! L'alliance s'est vite tournée en aigreurs, méfiances et haines mutuelles.
Fin 1788, début 1789, c'est dans toute la France guerre ouverte entre privilégiés et
bourgeois sur la ques tion de savoir qui l'em portera aux prochains États généraux.
É tals généraux 1 Le gouvernement, intimidé par la Fronde de 1788, avait fini
par pro mettre leur convocation pour mai 89.
Quels espoirs, après l'échec des Notables,
après l'échec des Assemblées provinciales, ces États ne suscitaient -ils pas ? Espoirs
d' ailleurs les plus contradictoires.
De l'antique institution, mise en sommeil depuis
1614 par l'absolutisme, les privilégiés attendaient la consécration et la mise à l'abri de
leurs privilèges.
Tandis que les bourgeois comptaient bien que les États anéantiraient
des distinctions «gothiques » qui n'avaient plus de raison d'être.
Ils seraient surtout,
ces États, aux yeux du tiers, un point de ralliement d'où l'on pourrait s'élancer
plus avant, vers une Constitution.
Constitution à l'anglaise, de style Montesquieu ; ou telle que les Américains insurgés
venaient de s'en donner une, combinant Montesquieu et Rousseau ; ou Constitution
uniquement tirée de la raison nationale : c' était à voir.
Mais une Constitution.
Car
la France, soutenaient les bourgeois, n'en avait pas.
Les privilégiés avaient beau
prétendre, depuis peu et par tactique, qu'elle en avait une, invoquer les Lois fonda
mentales, les franchises parlementaire s, ils étaient incapables de tomber d'accord
sur l'exact contenu de cette Constitution illusoire.
Comme condition préalable et
nécessaire de tout progrès réel, il fallait que la composition et l'organisation des
É tats généraux fussent de nature à permettre ce grand travail espéré de « ré géné
ration ».
Foin d'États féodaux à la.
mode de 1614 ! On veut des États bourgeois à la
mode égalitaire du siècle.
Des États où le nombre des députés du tiers soit égal
à celui des deux autres ordres réunis («le doublem ent»).
Des États où l'on vote
non par ordre séparé, ce qui laisserait sur chaque question le tiers seul contre deux,
mais par tête tous ordres réunis, ce qui donnerait au tiers doublé une forte chance
de faire triompher ses vues.
Guerre ouverte donc, et qui est surtout une rageuse guerre de plume.
Un flot de
brochures, pamphlets, libelles, imprudemm ent encouragés par le gouvernement
emba rrassé et qui souh aite s'éclairer, inonde «la Nation ».
Telle est l'exp ression
qu' ont maintenant à la bouche tous les gens cultivés : là où, sous Louis XIV, on eût
dit.
»
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