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Rituels et parades amoureuses

Publié le 15/09/2013

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C'est la première étape de toute parade nuptiale, généralement conditionnée par le milieu et les conditions de vie de l'espèce. Quand celle-ci se déroule de nuit, dans un milieu confiné comme une forêt ou au contraire extrêmement vaste en égard à la taille des individus, il s'agira souvent d'appels sonores : chant des oiseaux (environ 50% des oiseaux chantent), des batraciens, des cétacés, stridulations des insectes, sifflements de certains rongeurs, tambourinage des pics sur les arbres, frottement des ailes de

l'engoulevent ou de la mouche du vinaigre, etc. Les poissons électriques de la famille des mormyridés, qui vivent dans des fleuves aux eaux troubles, emploient des décharges rythmées. Ces appels  ont souvent une valeur territoriale, et il arrive que les mâles se réunissent pour les émettre. La réponse, quand elle existe, est du même type.

Dans les lieux découverts, on assiste à des parades visuelles, comme celle du vanneau huppé (Vanellus yonellus): le vol nuptial du mâle comporte une multitude d'acrobaties et son plumage blanc et noir le rend bien visible. Les lucioles émettent des signaux lumineux dans l'obscurité. Les crabes-violonistes des pays tropicaux dansent en agitant leurs pinces hypertrophiées, souvent brillamment colorées. Dans les cas extrêmes, il peut n'y avoir aucun mouvement : le damalisque mâle (une antilope d'Afrique) reste sans bouger sur une petite hauteur pour être vu des femelles ; on parle de parade «statique optique«. C'est aussi le cas du crabe amphibie égyptien (Ocypode saratan) qui creuse un trou dans le sable pour construire une petite pyramide : la femelle voit celle-ci et vient le rejoindre dans son trou.

« collerette noire.

De telles stratégies existent chez les rainettes et dans d'autres circonstances , chez les primates.

Les terri toires les plus recherchés sont au centre, mais ce sont auss i les moins accessib les et les plus difficiles à défendre.

Chez certaines espèces, les mâles les plus expérimentés occupent des territoires un peu moins bons, mais qui leur laissent plus de temps pour se reproduire .

De nombreuses espèces possèdent des leks : grenouilles, libelllules, antilopes, chauve-sou ris, etc.

ShECTION NATUREUI ET S ÉLECTION SEXUELL E Chez les tisserins (oiseaux du genre Ploceus), la femelle ne choisit ni un mâle ni un territoire , elle visite des nids et s'installe dans celui qui lui plait.

Pour le mâle, polyga me, la parade nuptia le se réduit à ses efforts de construction (et de destruction si son nid n'attire décidément personne).

À contrario , certaines parades mettent en valeur des éléments qui sont néga tifs pou r l'espèce .

Il en est ainsi des queues des paradisiers ou des paons : elles gênent le vol, sont visibles pour les prédateurs et leur élaboration représente une dépense énergétique importante .

Troublé par de tels cas, Darwin a créé le concept de «sélection sexuelle" : les mâles porteurs de ces éléments sont plus vulnérables, mais i ls attirent plus les feme lles et se reproduisent plus, ce qui pérennise leur lignée .

En 1975, Amos Zahavi a émis à ce sujet la e« théorie du handicap » : les bons gènes seraient signalés aux feme lles par un caractère «coûteux" .

U n animal handicapé qui survit, comme un cheval qui gagne avec un h and icap, prouve d'autant mieux son extrême qualité.

Chez l'hironde lle de cheminée , par exemple, il semble que les mâles les plus recherchés, hand icapés par les plumes les plus longues , donnent une descendance plus résista nte aux parasites.

Pour rendre compte de l'attira nce des individus pour un partenaire sexuel porteur de tels caractères, on parle de "stimuli su pranormaux" ou d'«hypernormalité".

On observe également chez les femelles de la mouche Drosophila pseudoobscura, une tendance à choisir les mâles les plus rares : quand les populations sont QUI PARADE ET QUI CHOISIT Le rôle dans la parade nuptiale et son type sont liés au« potentie l reproductif» de chacun des sexes, c 'est­ à-dire au nombre de jeunes qu'ils pourraient avoir .

Dans la pl upart des espèces, le poten tiel reproducti f des feme lles est limité : gestation et allaitement chez les mammifères, couvaison chez beauco up d'oiseaux.

Celui des mâles est au contra ire élevé.

Les femelles chercheront donc le meilleur partenaire possible , tandis que les mâles, peu sélectifs, chercheront à en avoir le p lus possible, fussent-ils de qua lité médiocre : il y aura entre eux une compétit i o n très importante.

Dans cette configuration, les parades auront pour double rôle d 'attirer les femelles et de vaincre les mâles rivaux.

Le dimorp hisme sexuel sera très accentué, la polygamie sera de règle.

Par exemple, les éléphants de mer mâles sont deux fois plus gros que les femelles et se livrent à des combats féroces pour la possession des harems .

Chez la rainette du Pacifique (Hyla regilla), les mâles se rassemb le nt dans un trou d 'eau et appellent tous ensemble : celui qui appe lle le plus longtemps s'accouple avec toutes les femelles à la fin.

Au contraire, chez les espèces où les jeunes ne pourraient survivre sans les soins des deux sexes, leur potentiel reproductif tend à s'égaler: la monogamie est de règl e et les sexes sont souvent monomorp hes, comme chez les manchots où mâles et feme lles sont impliqués dans le processus de sélection.

Chez le grèbe huppé (Podiceps cristatus) , par exemple , il y a parfaite égalité des tâches entre les deux parents pour la construction du nid, la couvaison , la nutrition et l'élevage des jeunes .

Les deux sexes se ressemblent et échangent sans cesse leur rôle au cours de la parade nuptiale , et même durant l'accouplement , où il arrive que la femelle monte sur le mâle.

Chez les cailles combattantes (genre Turnix) , c'est le mâle qui couve et la femelle qui parade.

Chez le phalarope à bec étroit (Pha/aropus lobatus), la feme lle porte très abondantes, exhiber une différence les couleurs nuptiales les plus vives , est parfois une stratégie gagnante.

défend un territoire et y attire le mâle.

ventrale, et ce sont les femelles , colorées, qui dirigent la parade n uptiale .

LES PARADES «DE RETROUVAILLES li De nom breu x oiseaux migra teurs forment des coup les stables au cours des années .

Il s'agit parfois d 'attachement au nid plutôt qu'au partenaire, mais l a reconnaissance d 'individus à été prouvée , notamment chez les canards de Barbarie.

L'.intérêt est de gagner du temps si la saison de reproduction est brève et, entre ces deux partenaires qui se sont déjà rencontrés, les interactions sont complè tes.

En effet, si des couples ne se reforment pas, c'est souvent parce que leur accouplement a été infructueux .

Lorsq u e les manchots Adélie se retrouvent pour se reproduire, ils effectuent une «parade mutuelle bruyante" qui n'a rien à voir avec la parade «exta tique " qu'exige la recherche d'un partenaire.

ASSURER LE RAPPROCHEMENT SEXUEL SURMONTER LES ANTAGONISMES : LA RITUALISATION De nombreux animaux ne doivent leur survie qu'à leur instinct de fuite , ou au contraire à leur agressivité.

Leur parade nuptiale porte ra souvent la marque de ceux-ci.

Lorsque la cigale femelle voit s'approcher le mâle à l'issue de nombreuses phases de chant, sa première réaction est la fuite.

Le pinson mâle s'approche de la femelle avec une attit ude craintive ; immédiatement après l'accouplement il s'envole en poussant le même cri de peur qu'à la vue d 'un prédateur .

Du point de vue de l'espèce, qu'un mâle ou deux soient dévorés n'a pas grande importance pour des insectes qui ne s'accoup lent qu'une fois et ne s'occupent pas de leur innombrab le descendance .

Le mâle de la mante ou de certaines araignées fournit même un apport protéique bienvenu à la femelle après l'accoup lement.

Pour les oiseaux ou les mammifères , qui ont peu de jeunes et les élèvent longueme nt, une blessure pourrait être très grave.

Chez la mouette rieuse (Larus ridibundus), la tête sombre déclenche normalement un stimulus d'agression : au cours de la parade nuptiale , elle adopte r a une posture appelée «regarder ailleurs".

li s'agit là de diminuer le plus possible l'agressivité du partenaire .

Une autre façon d'y parvenir est de lui faire une« offrande nuptiale» , celle -ci inhibe aussi bien le comportement d'agression que celui de fuite .

Chez le jaseur boréal (Bombycilla garrulus}, le mâle fait couple se forme si celle-ci accepte de l'avaler .

Les différentes espèces d'empididés, une famille de mouches carnassières , nous proposent un autre exemple particulièrement intéressant : pour ne pas se faire dévorer au moment de l'accoup lement, le mâle apporte à la femelle une proie , parfois emballée dans un peu de mucus , ou parfois même fictive (un pétale, par exemple).

Dans certains cas l'emballage est vide, et peut même être réutilisé par plusieurs mâles ! On voit là le passage d'un comportement« utilitaire" à un comportement ritua lisé.

Cette ritualisation joue un rôle essentiel dans les mécanismes d'apa iseme nt des parades nuptia les, la plupart d'entre elles impliquent des enchainements d'étapes nettement définies, n'offrant aucune ambiguïté.

La parade nuptiale de l'épinoche (Gasterosteus aculeatus) a été bien étudiée de ce point de vue.

À la période du Irai, les mâles changent de couleur : leur dos devient bleu, leur ventre rouge.

Ils se livrent à des luttes territoriales , puis construisent un nid d'algues, cimenté par une matière secrétée par leurs reins.

La parade proprement dite comporte les étapes suivantes : - le mâle danse en zigzag pour attirer une feme lle; -la femelle consentante pointe la tête vers le haut pour montrer son ventre argenté gonflé d'œufs; -le mâle la conduit au nid, il se couche devant pour indiquer l'entrée; -l e mâle se frotte contre la femelle au moment où elle y entre, ce qui a pour effet de déclencher la ponte ; - le mâle entre à son tour pour féconder les œufs.

Cette séquence peut être répétée avec plusieurs femelles et seuls les partenaires sexuellement matures sont capables de l'effectuer.

Si une seule étape est omise, aucun accouplement n 'a lieu.

La parade de l'épinoche a donc à la fois un rôle de sélection, de synchronisation de l 'accouplement et de préparation des soins aux jeunes .

En effet, le n id concentre les gamètes et assure la sécurité des jeunes.

Le mâle reste à proximité et agite ses nageoires pour oxygéner les oeufs ; après leur éclosion, il veille sur les alevins.

PRÉPARER L'ACCOUPLE M ENT ET LES SOINS AUX JEUNES Les animaux sauvages ne peuvent se reproduire à n'importe quel moment car l'ovulation des femelles et la spermatogenèse des mâles sont saisonnières.

Il est donc nécessaire qu'ils syn­ chronisent étroitement leur état sexuel avant l'accou­plement.

Chez de nombreux mammifères , comme les rats, les souris, les macaques , c'est la modification des odeurs corporelles avant l'ovulation qui déclenche la parade nuptiale des mâles.

D'une façon générale, on constate presque toujours des échanges d'informations chimiques avant l'accouplement (phéromones des insectes , mouvements de queue des tritons qui transmettent ainsi leur odeur à la femelle , etc.) Les parades nuptiales ont pour effet de stimuler le partenaire .

Celles des gallinacés (tétras, paons , poules et faisans) excitent les femelles qui y assistent.

Le lapin de garenne qui tape sa patte sur le sol déclenche l'ovulation de la femelle.

À l'inverse, si le male de la tourterelle domestique (Streptotelia risoria) est« en retard n (des testicules encore trop petits et un bas taux d 'hormones mâles) , il se montre agressif à l'égard de la femelle , ce qui supprime le cycle d'ovulation de celle­ ci, qui ne reprendra que lorsque le mâle sera prêt.

Chez cette espèce, comme beaucoup d'autres qui s'occupent de leur descendance , on a montré une succession de phases à détermination hormonale débutant construction du nid, laquelle induit la sécrétion d'hormones préparant la couvaison, qui induit à son tour la sécrétion d'hormones préparant les oiseaux à nourrir leurs petits .. »

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