LES VERS
Publié le 17/01/2019
Extrait du document
Quand on parle des vers, dans le langage courant, il n'est pas rare que la confusion règne : on mélange allègrement vers de terre, vers solitaires, vers de farine ou vers blancs des jardins, alors que les deux derniers, par exemple, sont des larves d'insectes. Et dans le domaine
zoologique, le mot n'est pas bien vu non plus. En 1735, Linné avait consacré aux vers une de ses six classes d'animaux. Cela s'est vite avéré insuffisant : on admet aujourd'hui que les vers se répartissent en
huit embranchements (à titre de comparaison, l'ensemble des vertébrés constitue un seul
embranchement). Il s'agit donc d'un domaine très vaste, rassemblant des organismes extrêmement divers : certains peuvent être très beaux, comme les planaires ou les spirographes, qui ressemblent plutôt à des plantes, d'autres posent de redoutables problèmes de santé publique, comme les douves, les ténias ou les schistosomes.
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
Tous sont vermiformes, et orientés d'avant en arrière. Ce sont des Métazoaires triploblastiques, c'est-à-dire des pluricellulaires dont l'embryon se divise, comme le nôtre, en trois feuillets : l'ectoderme, à l'origine des enveloppes du corps, l'endoderme, qui forme notamment le tube digestif, et le mésoderme. Selon les cas, le mésoderme se développe et occupe tout l'espace intérieur (vers plats), laisse un espace entre la paroi du corps et l'intestin (vers ronds) ou forme une cavité indépendante, le cœlome (vers annelés).
Leurs muscles sont lisses (sauf chez les annélides) et leur système nerveux central, relativement primitif, est constitué de chaînes de ganglions.
Leurs modes de reproduction sont très variés : les vers peuvent être sexués, ils sont souvent hermaphrodites, mais peuvent aussi se reproduire par segmentation
LES NÉMERTIENS
Sur l'échelle de l'évolution, les membres de cet embranchement sont les premiers à bénéficier d'une innovation majeure : un intestin ouvert aux deux bouts !
Marins, dulcicoles ou terrestres, carnassiers, les némertiens se déplacent grâce aux cils dont ils sont couverts et se nourrissent à l'aide une trompe dévaginable. Leur taille varie de 1 cm à 30 mètres (genres Baseodiscus et Lineus) alors que leur diamètre n'excède pas 1 cm. Ces grands exemplaires sont très cassants, mais se régénèrent facilement à partir d'un fragment.
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Sur l'échelle de l'évolution, les membres de cet embranchement sont les premiers à bénéficier d'une innovation majeure : un intestin ouvert aux deux bouts ! Mar ins, dulcico les ou terrestres, carnassiers, les némertiens se déplacent grace aux cils dont ils sont couverts et se nourrissent à l'aide une trompe dévaginable.
Leur taille varie de 1 cm à 30 mètres (genres Baseodiscus et Lineus) alors que leur diamètre n'excède pas 1 cm.
Ces grands exemplaires sont très cassants , mais se régénèrent facilement à partir d'un fragment.
LES NÉMATHELMINTHES
L:embranchement des némathelminthes, ou " vers ronds » est celui qui comporte le plus d'espèces après celui des arthropodes.
Elles sont extrêmement variées.
La plupart présentent une étonnante " constante cellulaire » : tous les individus d'une espèce ont le même nombre de cellules (cette particularité en fait les seuls vers presque incapables de régénération).
Ce sont aussi les seuls dont la segmentation embryonnaire est de type radiaire, symétr ique, et non pas spirale.
Leur corps cylindrique ou filiforme
est le plus souvent minuscule, protégé par une cuticule secrétée par l'épiderme.
Celui-ci forme un syncytium, c'est-à-dire que les cellules y sont fusionnées.
Les cellu les musculaires sous-jacentes ne sont pas innervées, mais se prolongent elles mêmes jusqu'aux nerfs, atteignant jusqu'à 1 cm.
Leur pharynx est souvent muni d'un appareil constricteur à trois lames qui joue le rôle d'un organe de succion.
L:intestin est rectiligne et se termine par un anus.
Les sexes sont séparés : le testicule tubulaire, le plus souvent unique, produit des spermatozoïdes sans flagelle.
Durant l'accouplement, le mâle recouvre le vagin de la femelle avec une poche copulatrice contenant deux pointes érectiles.
LES ROTIFÈRES Ce sont de petits organismes (pas plus de 3 mm de long), vivant le plus souvent dans les eaux douces ou stagnantes.
Leurs 1 500 espèces sont caractérisées par un appareil rotateur cilié, un gésier précédant l'intestin et des organes adhésifs à la région postérieure.
Leur reproduction est particulière : les œufs fécondés, diploïdes (chaque chromosome est en deux exemplaires), donnent des femelles, tandis que les œufs non fécondés, haploïdes (un seul exemplaire de chaque chromosome), produisent des males : on parle de parthénogenèse gamophasique .
LES NOOT O DES On évalue à plus de 100 000 le nombre d'espèces de n~matode s.lls sont
bactériophages ou parasites de plantes ou d'animaux : chaque espèce de vertébré héberge au moins une espèce de nématode ! Présents dans tous les milieux, sauf la haute mer, ils peuvent résister à la sécheresse en se déshydratant , ou sous forme d'œuf :
28 ans pour Anguina tritici responsable de la nielle du blé, et même 39 ans pour Tylenchus polyhypnus .
Les nématodes libres sont petits (0,15 mm minimum) , tandis que les parasites peuvent faire plus d 'un mètre.
Ils n 'ont ni cils, ni flagelles et leurs organes sensoriels sont réduits à des soies et à des papilles.
Leur bouche comporte une capsule souvent transformée en stylet.
Leur impact sur la santé humaine est considérable : on estime que 30 % de la population mondiale est infectée par les ascaris (une seule femelle pond 200 000 œufs par jour) , 20 % par les ankylostomes (responsables jadis de l'anémie des mineurs), 10 % par les oxyures .
L:onchocercose ou" cécité des rivières » est causée par le nématode Onchocerca volvulus , transmis par une mouche et dont les microfilaires migrent dans la cornée .
Wuchererio boncrofti, qui provoque la filariose lymphatique responsable des éléphantiasis , s'est particulièrement bien adaptée a son hôte intermédiaire, un moustique : les microfilaires migrent dans la circulation sanguine périphérique aux heures où le moustique pique .
Sphaerularia bombi parasite les papillons ; la femelle a un utérus externe de 2 cm alors qu'elle même ne fait que quelques millimètres .
D'autres espèces parasitent des plantes, souvent associées à des bactéries ou des champignons .
LES NtMAT O MORPH ES ( GORDIENS) Les larves des 230 espèces de gordiens parasitent un seul hôte (insecte ou crustacé).
Leur tube digestif est très régressé, souvent sans bouche .
Leur longueur peut dépasser le mètre .
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Les annélides ou " vers annelés » marquent une nouvelle étape dans l'évolution : leur mésoderme embryonnaire donne naissance à un véritable cœlome.
Ce cœlome peut être de forme variée .
Il respecte à l'intérieur la segmentation qu'on observe à l'extérieur du corps.
A l'exception du premier et du dernier , tous les segments sont identiques, ce qui distingue nettement les annélides des
arthropodes .
Cette segmentation " homonome » permet de comprendre pourquoi, coupés en deux, beaucoup d'entre eux se régénèrent sans difficulté.
Les annélides sont aussi les
premiers vers à disposer d 'un véritable appareil circulatoire, comportant des portions contractiles qui jouent le rôle de " cœur » et transportant de l'hémoglobine ou de la chlorocruorine («sang vert»).
Leur système nerveux segmenté est constitué de ganglions qui concentrent les noyaux cellulaires : seul le prolongement des neurones atteint les tissus, ce qui les distingue des vers moins évolués.
Leur reproduction est hermaphrodite.
Chaque individu porte des segments mâles, femelles et asexués .
Les différentes classes d'annélides se distinguent par la densité de leurs soies .
LES POLYCHÈTES Ces 5 000 espèces , presque toutes marines, sont sédentaires ou mobiles.
Les formes mobiles se déplacent grâce à des parapodes portés par les segments : ce sont des excroissances munies et renforcées de soies (dans le genre Tomopteris, les parapodes sont modifiés en palettes natatoires).
Le plus souvent, les polychètes mobiles se déplacent sous le sable à la recherche de leurs proies .
Ils les capturent grâce à leur trompe dévaginable munie de crochets chitineux.
Les "vers de feu » , moins discrets, longs de 10 à 30 cm, parcourent les récifs, défendus par les touffes de soies cassantes et très urticantes que porte chacun de leurs segments.
Ils sont fréquents , des côtes de Floride au Vénézuéla .
Les formes fixes vivent enfouies ou dissimulées dans un tube qu'elles secrètent.
Les a rénico les, A renicola marina ,
utilisées comme appât par les pêcheurs, filtrent le sable dans un tube en U : ce sont elles qui font les petits tortillons de sable visibles sur les plages.
Les tubicoles sécrètent un tube fixé au substrat dur, dont ils ne laissent dépasser que leur spectaculaire panache branchial.
Celui-ci leur permet de respirer, mais aussi de capturer les micro-organismes dont ils se nourrissent.
Il peut se rétracter en une fraction de seconde .
Habitants des
tandis que celui des serpulidés (spirobranches) est en calcaire dur.
Leur panache forme une double spirale conique, telle celle du ver-arbre de Noël.
Spirobranchus giga nt eus (4 cm pour un ver de 12 cm).
Leurs modes de reproduction sont très variables.
Certaines espèces remontent à la surface à des moments précis, selon les phases de la lune, et s'y livrent à des " danses nuptiales ».
D'autres émettent leurs gamètes plus ou moins au hasard.
Il existe aussi une reproduction asexuée par segmentation ou dédoublement (gemmiparité).
lE S OLIGOCH ÈTES En dépit du grand nombre d'espèces (plus de 3 000), ils sont beaucoup moins variés que les polychètes : terrestres ou dulcicoles, ils n'ont ni parapodes, ni antennes .
Leur sang rouge ne contient pas d'hémoglobine, mais un autre pigmen~ l'érythrocruorine .
Hermaphrodites, ils se reproduisent en s'accouplant et pondent leurs œufs dans un cocon muqueux.
Les plus connus sont les vers de terre , ou lombrics (Lumbricus terrestr is),
si importants pour l'agriculture.
Ils sont constitués de 150 segments identiques (à l'exception de ceux des extrémités) .
Les segments 33 à 35 forment un bourrelet appelé clitellum , qui secrète le cocon .
Contrairement~ l'idée populaire, un lombric coupé en deux donne rarement naissance à deux nouveaux individus : le plus souvent l'une de ses moitiés meurt, car il ne régénère sa tête qu'en avant du 15' segment et sa queue qu'en arrière du 13'.
Les vers de terre se nourrissent de débris organiques.
Ils jouent un rôle essentiel dans l'entretien des sols dont ils augmentent la porosité et améliorent la structure.
On estime que les dix premiers centimètres du sol d'une prairie représentent 20 ans de déjection des lombrics -qui seraient 4 millions à l'hectare ! Ces derniers peuvent être utilisés pour accélérer le traitement des déchets organiques ménagers .
Les enchytréidés seraient 10 ou 100 fois plus nombreux dans le sol, mais leur très petite taille les fait
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Mentionnons encore les tubif ex, qui peuplent les eaux douces polluées ou pauvres en oxygène et sont capables de prouesses étonnantes : 48 jours sans oxygène en laboratoire !
Il s 'agit d'une classe homogène , dont les 300 membres ont 34 segments et sont le plus souvent privés de soies .
75 % des espèces sont parasites et 25 %sont carnassières.
Celles du genre Hameopis , par exemple, se nourrissent
ventouses et d'un pharynx suceur, elles font une incision dans la peau des vertébrés auxquels elles injectent une salive anticoagulante avant de se nourrir de leur sang .
Jadis utilisées en médecine, elles peuvent être dangereuses, surtout sous les tropiques .
Certaines petites espèces du genre Limnatis peuvent même être avalées avec l'eau de boisson et se fixer sur le pharynx !
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Ce sont de petits animaux vivant dans la vase des mers froides , dans la zone des marées.
Ils respirent grâce à leur appareil caudal émergé .
Le nombre d'espèces est réduit.
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Ils sont également marins, peu abondants.
Leurs 250 espèces vivent dan s le sable , de la surface~ 4000 rn de profondeur .
Munies à l'avant de crochets , tentacules ou papilles, elles font entre 1,5 et 50 cm (le plus souvent entre 5 et 15 cm).
Ces vers sont caracté risés par leur grande trompe non-invaginable et leur tube digestif complexe (comportant un rectum avec sphincter et deux sacs anaux).
Ils sont essentiellement marins : leur tronc reste enfoncé dans le sable ou dans un trou des récifs, tandis que leur trompe oscille dans la mer ou parcourt le substrat à la recherche de nourriture.
Chez les bonellies, par exemple (genre Bonellia) , elle peut s'allonger jusqu'à 1,50 rn, alors que le reste du corps ne dépasse pas 15 cm.
Les sexes sont séparés , le dimorphisme sexuel est extrême.
Le mâle se réduit à son testicule : long de 1 ou 2 mm , il vit en parasite sur la femelle .
Le sexe des individus n'est pas déterminé génét iquement : si une larve tombe sur le fond au moment de la ponte, elle devient femelle, si elle tombe sur la trompe d'une femelle, les hormones de celle-ci la transforment en mâle.
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