Les poissons disparus
Publié le 27/12/2018
Extrait du document
UNE LONGUE EVOLUTION
L'histoire des poissons peut être lue comme celle d'une adaptation progressive au déplacement dans le milieu aquatique. Ainsi, à travers l'apparition de nouveaux groupes, et au sein des groupes eux-mêmes, on observe de lents perfectionnements. Le nombre de nageoires augmente et elles deviennent plus efficaces ; la chorde est remplacée par une colonne vertébrale ossifiée plus résistante, qui permet des efforts musculaires plus grands ; la surface du corps s'allège, substituant à des boucliers osseux des écailles de plus en plus fines ; l'oreille moyenne se perfectionne, améliorant ainsi la perception de l'espace.
Au cours des âges, les poissons nagent de mieux en mieux. Les groupes les moins évolués ou trop spécialisés se réfugient dans les niches où l'on trouve aujourd'hui l'amphioxus, la myxine, la lamproie, le cœlacanthe, l’esturgeon et l'amie. La grande majorité cependant s'éteignent et ne nous sont plus connus que par leurs fossiles.
LES ORIGINES
Les tout premiers poissons sont apparus à la fin du cambrien ou au début de l'ordovicien, vers - 500 millions d'années (MA). Ils sont issus des cordés, des animaux invertébrés caractérisés par une symétrie bilatérale et la présence d'une chorde, tige élastique et rigide parcourant leur corps et servant de support musculaire. Chez l'amphioxus actuel (appartenant au genre Branchiostoma), elle
permet une nage et un fouissage actifs. Il ne possède ni cœur ni pigmentation, mais une nageoire caudale, une bouche, un pharynx et de nombreuses fentes branchiales. Le groupe fossile des Euconodontes est composé de petits animaux nageurs, déjà munis de dents, d'une tête et d'yeux mobiles : présents du cambrien au trias (- 540 à - 230 MA), ils sont considérés soit comme des cordés évolués, soit comme des vertébrés primitifs.
Les AGNATHES
Ce sont les poissons « sans mâchoire ». Les plus anciens sont les Ptéraspidomorphes. Ils ne possèdent
ni mâchoire, ni dents, ni nageoire paire. Ils ont un orifice olfactif unique, et un seul canal semi-circulaire dans leur oreille moyenne. On considère qu'il en existe deux groupes. Les myxinoïdes à peau nue, sans parties dures, n'ont laissé aucun fossile, mais une espèce vit encore aujourd'hui, la myxine (Myxine glutinosd). Elle a plusieurs
cœurs, une peau photosensible, mais pas d'yeux.
Les hétérostracés, uniquement fossiles, étaient très différents. La plupart avaient la tête et l'avant du corps couverts d'une cuirasse composée de plusieurs pièces soudées, qui les protégeait des arthropodes et mollusques carnivores de l'époque. Seule leur queue écailleuse leur permettait de nager, probablement mal, à proximité du fond. Pour faire entrer dans leur petite bouche ventrale la nourriture et l'eau qui devait passer sur leurs branchies, ils utilisaient un voile musculaire interne. On en connaît 300 espèces, dont aucune ne dépassait 5 cm.
«
comportant
28 genres fossiles, souvent
très petits, et caractérisés par un
crâne articulé en deux parties.
Vivant à
l'origine en eau douce, ils ont connu,
du dévonien supérieur au crétacé
supérieur (-370 à -80 MA), la même
réduction osseuse que les dipneustes,
mais une évolution écologique
inverse.
À cette époque, ils sont en
effet devenus franchement marins,
s'enfonçant dans les profondeurs
pour n'être redécouverts qu'en 1938.
Alors que les cœlacanthes possèdent
quatre os à la base des nageoires
paires et ne peuvent faire figure
d'ancêtres des vertébrés terrestres, un
autre groupe de crossoptérygiens, les
rhipidistiens, n'en possédaient qu'un
seul.
Les osteolépidés du dévonien
moyen et supérieur (-380 à -360 MA)
avaient également des narines internes
et des dents à structure plissée,
comme les tétrapodes.
La famille
des pandérichthydés présentait des
nageoires paires musculeuses, étroites
à la base, avec un seul os relié à la
ceinture scapulaire ou pelvienne, elle
même reliée à la colonne vertébrale, à
laquelle les côtes sont attachées.
Tous
ces caractères indiquent une forte
parenté avec les tétrapodes, d'autant
que ponderichthys (du dévonien
supérieur de Lettonie) a un crâne plat
à grande bouche et aux yeux
rapprochés qui ressemble beaucoup
à celui des premiers amphibiens.
Les rhipidistiens et la plupart des autres
sarcoptérygiens disparaissent à la fin
du permien.
CARB ONIFÈRE ET PER MIEN :
-3 60À-24SMA
Pendant que d'autres poissons
poursuivent leur évolution sur la terre
ferme, les chondrichtyens et les
actinoptérygiens s'épanouissent en
des formes multiples et de mieux en
mieux adaptées à la vie aquatique.
L'AGE D'OR DES REQUINS
On distingue deux groupes parmi les
chondrichtyens, ou poissons
cartilagineux : les holocéphales, ou
chimères (4% des espèces actuelles)
et les élasmobranches, rassemblant les
requins et les raies (96 %).
Tous ont
un squelette entièrement cartilagineux :
les éléments fossiles les plus abondants
sont leurs dents et les petits denticules
qui rendent leur peau rugueuse.
Apparus au début du silurien, ils vont
commencer à se diversifier au
dévonien.
La plupart sont petits, même
si Cladose/ache du dévonien supérieur
de l'Ohio atteint 2 m.
C'est un requin
primitif : son rostre est court, ses nageoires
pelviennes réduites et les
pointes latérales de ses dents assez
grandes, ce qui l'oppose nettement
aux formes actuelles.
Au carbonifère et au permien, les
chondrichtyens présentent une
multitude de formes qui occupent les
niches écologiques les plus variées.
Les pétalodontes, par exemple,
consomment des invertébrés à
coquille dure.
Raccourcis, comprimés
latéralement, ils ressemblent à de gros
poissons de récifs.
D'autres lignées
se hérissent d'aiguilles défensives ou
décoratives.
Les xénacanthes sont des requins d'eau
douce pouvant dépasser 2 rn, avec une
grande épine derrière la tête et une
longue nageoire caudale pointue.
Certains, comme Xenacanthus (ou
Triodus), avaient des pectorales
palmées à axe central articulé : ils
ressemblent à des dipneustes et,
comme eux, devaient pouvoir passer
d'un trou d'eau à l'autre en cas de
sécheresse.
LES POISSONS OSSEUX
Tandis que les sarcoptérygiens
commencent à décliner, les
actinoptérygiens se développent,
favorisés par leurs nageoires rayonnées
plus souples.
On les classe en trois
groupes, selon leur degré d'ossification.
Du dévonien au permien s'épanouit
celui des chondrostéens, représenté
aujourd'hui par l'esturgeon.
Leur
squelette est peu ossifié, leurs poumons
ne sont pas encore transformés en
vessie natatoire et leurs écailles sont de
type ganoïde.
Elles ont la forme d'un
losange, imbriquées les unes dans les
autres et couvertes d'une épaisse
couche d'un émail dur et transparent
appelé ganoïne.
Beaucoup d'entre eux,
comme par exemple Paramblypteus
rohani, ont un bouclier céphalique,
parfois couvert de dentine.
Ils restent
de petite taille : le plus souvent moins
d'une vingtaine de centimètres.
La fin du permien est marquée par
la plus grande extinction de tous les
temps : plus de 90% des espèces
marines disparaissent.
Ainsi, chez les
poissons, ce sont les sarcoptérygiens
qui sont décimés, tandis que les
actinoptérygiens et requins sont
durement éprouvés.
TRIAS ET JURASSIQUE :
- 245 À - 135 MA
À l'âge des reptiles, les poissons
reprennent leur essor, même si les
mers sont désormais dominées par les
ichtyosaures : les raies et d'autres
nouveaux groupes font leur apparition.
LES POISSONS OSSEUX
Le groupe des chondrostéens est
progressivement supplanté par un
groupe plus évolué, celui des
holostéens, qui comprend aujourd'hui
seulement l'amie ou poisson-castor
d'Amérique du nord (Amia calva).
Leur
squelette est encore en partie
cartilagineux, leurs poumons sont
souvent transformés en vessie natatoire
et leurs écailles sont losangiques, puis
cycloïdes : ce sont des écailles rondes,
minces, souvent recouvrantes et sans
émail (type élasmoïde).
Elles sont à
la fois plus souples et plus légères.
Les holostéens du genre Caturus, par
exemple, vivant du trias supérieur au
jurassique (-200 à-140 MA), avaient
des écailles presque cycloïdes.
Ils
ressemblaient à des saumons épais,
avec de longues dents acérées adaptées
à un régime piscivore.
Un groupe plus évolué encore, celui
des téléostéens, fait son apparition
au trias.
Il représente aujourd'hui
20 ooo des 21 700 espèces de poissons.
Leur squelette est entièrement ossifié
(comme on peut le voir dans le fossile
de Diplomystus denttdus), leurs
poumons presque toujours transformés
en vessie natatoire, leurs écailles
recouvrantes, cycloïdes ou cténoïdes
(avec des denticules en peigne).
Leur
fente branchiale est recouverte d'un
opercule.
ils ne deviennent vraiment
importants qu'au jurassique supérieur,
avec des formes de plusieurs mètres
comme les ichthyodedidés (disparus
au crétacé supérieur) :c'étaient des
prédateurs à grandes dents, au corps
comprimé, qui devaient occuper une
niche écologique proche de celle des
thons.
LES POISSONS CAJITILAGINEUX
Les hybodontes, apparus vers la fin du
dévonien (-360 MA) ne se
développent vraiment qu'à partir du
trias.
C'est une lignée peu spécialisée :
leur bouche est encore en position
terminale et ils possèdent de fortes
épines en avant des nageoires dorsales
ainsi que des crochets céphaliques,
utilisés par le mâle pour retenir la
femelle au moment de la reproduction.
Hybodus pouvait dépasser trois mètres,
tandis qu'au crétacé, les mangeurs
�IIII;;;Jif.il d'ammonites
Asteracanthus et Ptychodus
atteindront
environ 6 m.
Au trias
apparaissent
les requins
modernes, ou
néosélaciens.
Leur rostre est long, repoussant leur
bouche en position ventrale, leurs
vertèbres sont plus rigides, ce qui
permet une nage plus rapide.
À partir
du jurassique, les requins commencent
à supplanter les hybodontes,
qui s'éteignent à la fin du crétacé.
Les
premières raies datent du
jurassique supérieur (environ
- 150 MA).
Elles ressemblaient encore
beaucoup à des requins : leurs fentes
branchiales étaient en position ventrale
et leurs nageoires pectorales bien
étalées se rejoignaient déjà quelquefois
par-devant, mais leurs nageoires
dorsales et caudale étaient encore bien
développées.
LE CRETACE : - IlS A-65 MA
Après la disparition des ichtyosaures,
les mers restent dominées par les
plésiosaures.
Les téléostéens vont
s'épanouir aux dépens des holostéens
et, dans une moindre mesure, des
poissons cartilagineux.
LES POISSONS OSSEUX
Les holostéens sont caractérisés par de
nombreuses formes originales, comme
les coccondotidés du milieu du crétacé
(environ -95 MA) :le genre Coccodus
possède à l'arrière de la tête une
armure équipée de trois pointes.
Le
genre Lepidotes (comme par exemple
Lepidotes maximus Wogner) avait le
corps recouvert de grosses écailles et
des dents rondes qui lui permettaient
de casser les coquilles des mollusques.
La licorne de mer lchthyoceros
spinosus a le corps couvert d'écailles
épineuses, une corne frontale triple et
une épine derrière la tête.
Ce monstre
ne dépasse pas 6 cm.
D'autres espèces
de cette famille ont un abdomen en
quille et le crâne surélevé, à tel point
qu'ils sont plus hauts que longs !
Comme les pycnodontes, un groupe qui
a survécu jusqu'à l'éocène (-45 MA),
ils étaient majoritairement coralliens.
Dans la deuxième moitié du crétacé,
presque tous les ordres de téléostéens
modernes font leur apparition, comme
les gonorhynchiformes au corps
fusiforme et aux très fines écailles
cycloïdes, comprenant les piranhas, les
poissons rouges et les poissons-chat
(- 90 MA environ), les anguilliformes,
comprenant les congres, les anguilles
et les murènes, ou les clupéiformes,
comprenant les sardines et les harengs.
D'autres ordres sont connus seulement
au crétacé : les tselfatiformes, par
exemple, remarquables par leurs
hautes nageoires dorsale et anale et
leur caudale très échancrée, pouvaient
dépasser 2 m.
Les cténothrissiformes
avaient de très longues nageoires
pelviennes en position pectorale, les
pectorales se trouvant sur leurs flancs.
Les cheirothrissiformes comportaient
de «faux poissons volants , sans
rapport avec ceux d'aujourd'hui.
LES
POISSONS CARTILAGINEUX
Au crétacé, les raies se rapprochent de
leurs formes modernes.
Les célèbres
« raies-soleil , du Liban (famille des
cyclobatidés) forment un disque parfait
de 10 à 25 centimètres, grâce aux
40 à 50 rayons de leurs nageoires
pectorales.
Elles n'ont plus de nageoire
dorsale, elles possèdent une queue
courte, un crâne étroit et des dents
minuscules.
Moins spectaculaire, la
famille des rhinobatidés, ou poissons
guitare, compte encore 30 espèces
aujourd'hui.
Les requins présentent peu
de formes vraiment nouvelles, sinon
peut-être les requins piscivores à long
rostre et dents en aiguilles du genre
Scapanorhynchus (ressemblant au rare
requin-lutin actuel, Mitsukurina
owstom).
La catastrophe naturelle qui
élimine les dinosaures à la fin du
crétacé n'introduit pas de
bouleversements majeurs parmi les
poissons.
Elle donne plutôt le coup de
grâce à des groupes en déclin, sans
modifier le sens général de l'évolution.
Débarrassée des reptiles marins, la
faune moderne se met en place.
Les
téléostéens règnent désormais sans
partage parmi les poissons osseux.
Les perciformes (perches) font leur
apparition, puis les salmoniformes
(saumons) à la fin de l'éocène
(- 38 MA).
À cette date, certaines
familles et même certains genres
actuels sont déjà présents.
C'est aussi le cas des poissons
cartilagineux.
On observe seulement
quelques ajouts, comme les torpilles
électriques au paléocène inférieur
(environ -62 MA), et le règne du
plus grand requin ayant jamais existé,
Corchorocles mega/odon.
Apparu au miocène il y a plus de 20
millions d'années, il possédait une
bouche de deux mètres de large munie
de 150 dents de plus de 15 cm de haut.
Ses vertèbres avaient un diamètre de
15 cm et l'évaluation de sa longueur
varie de 12 à 17 mètres, pour un poids
maximal de 60 tonnes.
À titre de
comparaison, les requins-tigres et les
requins blancs actuels peuvent
dépasser 6 rn, avec des dents de 6 cm.
Ce super-prédateur des mers chaudes,
excellent nageur et capable de
plongées profondes, devait surtout se
nourrir de mammifères marins : des
baleines, dauphins, pinnipèdes.
Il a
disparu au pliocène, il y a environ
2 millions d'années.
Les chercheurs
pensent qu'il a été victime d'un
refroidissement du climat et de la
compétition des orques..
»
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