Les insectivores
Publié le 24/12/2018
Extrait du document
Les insectivores forment un ordre de la classe des mammifères. Cet ordre regroupe des animaux généralement de petite taille dont les exemples les plus classiques sont les hérissons, les taupes et les musaraignes.
ÉVOLUTION ET CLASSIFICATION
Les insectivores sont parmi tous les mammifères ceux dont les caractéristiques les rapprochent le plus des plus anciens mammifères fossiles connus. Les mammifères, classe d'animaux à « sang chaud », sont apparus timidement pendant le règne des dinosaures (pendant la période Jurassique de l’ère secondaire), puis ont connu une radiation évolutive extrêmement importante dès le début de l’ère tertiaire, en raison de l'extinction des dinosaures. Globalement, les insectivores ont conservé l'aspect typique des formes primitives ancestrales : corps allongé doté d'une longue queue, quatre membres de longueur comparable dotés de 5 doigts, dentition complète avec des dents peu différenciées (forme pointue à bord tranchant) mais ayant évolué par rapport à celle de mammifères primitifs. Parmi les premiers vrais représentants de l’ordre des insectivores, on trouve dès le début du Tertiaire, en Amérique du Nord, les genres Ictops, Diacodon, Centetodon ou Leptidis, ou un peu plus tard en Europe, les genres Adapisorex et Adapisoriculus comparables à de petites
Classification des insectivores
Familles Exemples
Érinacéidés hérissons
Talpidés taupes
Tenrécidés tenrecs
Soricidés musaraignes
Solénodontidés solénodons
Chrysochloridés taupes dorées
Nésodontidés nésodontes
Potamogalidés potamogales
musaraignes. Les familles actuelles d'insectivores se différencient au cours de l’OIigocène et du Miocène avec Amphidozotherium ou Geotrypus pour les Taupes, Neurogymnurus ou Tetracus pour les hérissons par exemple. L’ordre des chauve-souris, les chiroptères, est le plus proche des insectivores ; de manière très simplifiée, les chauve-souris sont un peu des insectivores dotés d'ailes membraneuses.
Actuellement, les insectivores regroupent un peu moins de 400 espèces (4000 pour l’ensemble des mammifères) en 8 familles : les Érinacéidés (hérissons), les Talpidés (taupes), les Tenrécidés (tenrecs), les Soricidés (musaraignes), les Solénodontidés (solénodons), les Chrysochloridés (taupes dorées), les Nésodontidés (nésodontes) et enfin les Potamogalidés (potamogales) dont l'appartenance est débattue.
CARACTÉRISTIQUES CÉNRALES
Anatomie générale
Les insectivores comptent parmi les plus petits mammifères avec les chauve-souris. Ils ressemblent un peu aux rongeurs, qui représentent aussi un type archaïque de mammifères, mais ont un museau plus pointu qui dépasse systématiquement de la mâchoire inférieure. Leurs membres possèdent 5 doigts, mais le pouce n'est jamais opposable aux autres
doigts. Leur dentition est composée de molaires à 3 ou 4 tubercules pointus et la différenciation entre
«
des
cours d'eau dormante ou courante,
et on la trouve jusqu'à 2 000 rn
d'altitude.
Son épaisse fourrure est d'un noir
luisant.
Ses pavillons d'oreille sont
petits, trahissant son adaptation au
milieu aquatique.
Elle est surtout active
au crépuscule et pendant la nuit.
Excellente nageuse, elle chasse aussi
bien dans l'eau (et même sous l'eau)
que sur les berges.
Elle capture des
insectes, mais également de petits
poissons, des reptiles (tritons), des
crustacés, des vers ou des mollusques.
À l'occasion, elle peut même se nourrir
d'oiseaux ou de mammifères s'ils sont
de taille suffisamment petite.
Selon les cas, elle construit son terrier
le long des berges ou emprunte celui
abandonné par un rongeur.
Les
femelles ont 2 à 3 portées par an qui
comportent 4 à 10 petits.
Ces derniers
naissent nus et aveugles, et sont allaités
pendant 5 à 6 semaines.
Ils deviennent
adultes vers l'âge de 4 mois et leur
espérance de vie est voisine de 1 an et
demi.
LA MUSARAIGNE MUSffiE
(CROC/DURA RUSSULA)
La musaraigne musette, ou crocidure
commune, mesure environ 15 cm avec
la queue pour un poids voisin d'une
quinzaine de grammes au maximum.
En dehors des nes britanniques, on la
trouve dans toute l'Europe de l'ouest,
autour de la Méditerranée et en
Afrique.
Elle fréquente les zones
broussailleuses ou boisées, les parcs,
les jardins et vit souvent à proximité des
habitations, voire même à l'intérieur !
C'est l'une des musaraignes les plus
communément rencontrées dans nos
régions.
Elle se nourrit d'une grande
variété d'insectes, de limaces,
d'escargots, de vers et de divers autres
invertébrés vivants ou morts.
Prédateur
redoutable, elle s'attaque même aux
souris!
La musaraigne musette est prolifique.
Les femelles peuvent avoir plusieurs
portées par an (entre 2 et 4) et se
reproduisent même en hiver.
La mise
bas a lieu dans un terrier (emprunté à
un autre mammifère) ou un endroit
abrité, aménagé d'herbes sèches et
chaque portée comporte 2 à 6 petits.
Si la femelle se sent menacée dans son
abri, elle en cherche un autre et ses
petits la suivent à la queue leu-leu
(comportement de« caravaning »),
chacun s'accrochant au précédent
en le tenant entre ses dents.
LA MUSARAIGNE PYGMtE
(SOl/EX MINUTUS)
Cette musaraigne ne pèse que 6 g au
maximum pour une dizaine de
centimètres de long.
queue comprise
(5 cm), d'où son nom.
Elle ressemble
beaucoup à la musaraigne carrelet
(Sorex araneus) tout en étant d'un
format plus petit.
Elle vit en Europe
mais est pratiquement absente des
régions sud (péninsule ibérique, nes
méditerranéennes ...
) et habite plus volontiers
dans les forêts humides.
On
la trouve en montagne mais également
en plaine.
La mUSII raigne pygmée a un appétit
féroce : elle consomme entre 1 et 2 fois
son propre poids en nourriture chaque
jour.
Elle se nourrit essentiellement
d'invertébrés (insectes, araignées ...
)
mais peut aussi s'attaquer à ses
congénères.
Son métabolisme est
tellement élevé qu'elle peut mourir
de faim en quelques heures si elle
est privée de nourriture ! Elle peut
également mourir de peur si son cœur
se met à battre trop vite.
De même,
elle est plus sensible que les autres
musaraignes aux variations de
température.
Après une gestation de 22 jours
environ, la femelle donne naissance
à 4-7 petits (2 portées par an) mais le
taux de mortalité est important (50 %
en bas âge).
LE DESMAN DES PYIÉNtES
(GALEMYS I'YRENAJCUS)
Cet insectivore de 15 cm de long (avec
une queue de longueur voisine) pesant
50 à 80 g est très menacé.
On ne le
rencontre plus que dans une seule
zone des Pyrénées, en Espagne (monts
Cantabriques), et au Portugal.
Il vit dans
les eaux claires des torrents de
montagne entre 400 et 2 500 rn
d'altitude.
Animal très discret, plus actif
la nuit que le jour, il est rarement
observé.
Sa morphologie est parfaitement
adaptée à la vie aquatique.
Il ne
possède pas de pavillon d'oreille
externe, mais le conduit auditif, tout
comme les narines peuvent être
obstrués.
De fait, il passe la plus grande
partie de ses périodes d'activité à
fouiller le fond de l'eau � la recherche
de sa nourriture (des crustacés comme
les gammares.
des larves d'insectes ...
).
Il est également doté d'un museau
extrêmement mobile, une sorte de
petite trompe, qui lui permet d'explorer
son environnement.
t.\i!ii!Ui'JBtJ LE soi1NoDON DE CuBA
(SOtENODON CUBANUS)
Le solénodon de Cuba ressemble à une
grosse musaraigne, mesurant une
trentaine de centimètres de long pour
1 kg environ.
C'est l'un des plus gros
insectivores.
Il appartient à la famille
des Solénodontidés qui comprend
seulement deux espèces.
Sa répartition
est maintenant limitée à la région ouest
de 111e de Cuba.
Le solénodon possède des glandes
venimeuses (une particularité très rare
chez les mammifères, qu'il partage avec
l'ornithorynque).
Ces dernières, logées
au niveau submaxillaire, produisent un
venin assez puissant pour provoquer,
en cas de morsure, une forte
inflammation accompagnée de fièvre
chez l'homme.
C'est un animal surtout
actif la nuit.
Le jour, il reste au fond de son
terrier ou dans d'autres cachettes.
Son régime alimentaire est omnivore.
Il se nourrit d'invertébrés (vers,
insectes ...
), de petits vertébrés
(reptiles) et des végétaux (racines,
fruits, feuilles ...
).
Les femelles mettent
bas 1 à 3 petits par portée.
Ce solénodon est une espèce menacée,
inscrite sur le livre rouge de I'UICN.
La modification importante de son
habitat a entraîné un fort déclin
de sa population, en raison de la
démographie humaine, mais également
à cause de l'introduction d'espèces
étrangères sur l'ile.
Le solénodon d'Haïti (Solenodon
paradoxus) est la seconde espèce de la
famille des Solénodontidés.
Il est
protégé pour les mêmes raisons que
son cousin cubain.
Depuis une
trentaine d'années, les observations
sont extrêmement rares.
LE POTAMOGALI (POTAMOGALE VELOX)
Selon les auteurs, cet animal est classé
dans la famille des Tenrécidés (les
tenrecs) ou celle des Potamogalidés.
Ses mœurs et son allure générale, bien
qu'il soit de morphologie beaucoup
plus réduite, rappellent ceux de la
loutre.
Son corps, assez allongé et muni
d'une queue puissante, comprimée
latéralement, mesure un peu plus d'une
cinquantaine de centimètres pour un
poids généralement inférieur à 1 kg.
Le potamogale est présent en Afrique
(Nigeria, Angola, Zambie, Gabon,
Tanzanie ...
) où il fréquente divers
habitats humides, les eaux courantes ou
dormantes, claires ou boueuses, en
plaine ou en montagne.
Son habitat
privilégié demeure néanmoins les
rivières de la zone de forêt tropicale.
Bien que ses pattes soient dépourvues
de palmures, c'est un excellent nageur
qui se propulse aisément grâce à sa
queue en adoptant un mode de nage
ondulant.
Ses narines sont fermées par
un repli de peau en plongée.
Il se nourrit de divers animaux
aquatiques (crustacés, mollusques,
poissons, batraciens ...
).Il creuse un
terrier le long des berges dont l'entrée
est généralement située sous l'eau.
Comme bien des animaux vivant sous
les tropiques.
il se reproduit toute
l'année ; les femelles donnant
naissance à 2 petits, en moyenne, par
portée.
LE TENREC COMMUN
fTENIIEC ECAUDATUS)
Le tenrec commun appartient à la
famille des Tenrécidés qui comporte
plus d'une vingtaine d'espèces.
Comme
tous les Tenrécidés (si l'on écarte le
potamogale), il vit presque
exclusivement sur 111e de Madagascar.
Il a été importé par l'homme sur
d'autres nes proches (Réunion,
Comores, Seychelles ...
).
Animal trapu avec une queue très
courte, il pèse jusqu'à 1,5 kg pour une
longueur pouvant atteindre les
quarante centimètres.
Sa fourrure est
composée de poils et de piquants.
Il possède également de petites oreilles et
un museau très allongé.
Lorsqu'il est
menacé, il hérisse ses piquants et ouvre
largement la gueule en émettant un
sifflement.
On le trouve dans une grande diversité
d'habitats couverts : dans les forêts
humides, près des côtes, en plaine et
même jusqu'à 900 rn d'altitude.
Il est
très prolifique : une femelle peut mettre
bas une trentaine de petits par portée
mais généralemen� la moitié d'entre
eux seulement survivent.
Le lenne rayé (Hemicentetes
semispinosus) possède des piquants
acérés, dotés de barbes, qui peuvent se
détacher.
Son comportement défensif
ressemble à celui du porc-épie.
LA TAUPE DORtE
(CHIIYSOCHIORIS AStAnCA)
Cette taupe appartient à la famille des
Chrysochloridés et comme toutes les
taupes, elle habite des galeries
souterraines.
Elle vit en Afrique du Sud
et on la trouve généralement dans des
habitats de terre meuble (zones
sableuses, terres cultivées ...
).
En
période d'activité, elle fore près de la
surface, mais, pendant les périodes de
repos, elle se réfugie dans les galeries
les plus profondes.
Sa fourrure est brun clair ou bronze
avec des reflets métalliques.
Elle
mesure un peu plus de 10 cm pour un
poids de 45 g.
Ses pattes avant sont
munies de deux longues griffes qui lui
permettent de creuser la terre.
La taupe dorée se nourrit d'insectes,
de larves et vers qu'elle trouve au cours
de ses activités d'excavation ; elle est
par ailleurs plus active après la pluie
qu'en période sèche.
Son comportement reproducteur est
peu connu.
Les jeunes naissent pendant
l'hiver dans une cavité spécialement
aménagée, garnie d'herbes et de
feuilles, et sont allaités pendant
2 à 3 mois.
lA TAUPE À NEZ ÉTOILt
(CONDYIURA C/1/STATA)
Elle appartient à la famille des Talpidés
et on la trouve en Amérique où elle
fréquente une grande variété d'habitats
humides : forêts, clairières, sols peu
drainés, bordures des lacs et rivières,
prés humides.
Contrairement aux
autres taupes, elle ne vit pas
uniquement dans ses galeries, mais se
déplace souvent en surface, et même
dans l'eau.
De toutes les taupes, c'est celle qui est
la plus facile à reconnaître à cause de
son « nez » comportant 22 diverticules
charnus roses (mesurant 1 à 4 mm) et
qui ressemble un peu à une étoile.
Il
sert d'organe tactile et permet à la
taupe d'analyser son environnement de
manière très précise (25 000 récepteurs
tactiles par cm carré).
Elle mesure 17 à
21 cm pour un poids variant entre 35 et
75 g.
Son corps, typique des taupes, est
compact et doté de pattes fouisseuses
trés griffues.
La queue sert d'organe de
stockage des graisses pour l'hiver.
La
taupe à nez étoilé se nourrit d'invertébrés
(dont 50% de vers et
30% d'Insectes ou larves aquatiques).
Les femelles mettent bas 2 à 7 petits
(habituellement 5), en juillet.
Les
jeunes, nus, aveugles et sourds à la
naissance, ne pèsent pas plus de 1,5 g.
Ils deviendront indépendants au bout
d'un mois et atteindront leur maturité
à 10 mois.
MACROCÉLIDES , EX -COUSINS
DES INSECTIVORES
Les macrocélides étaient autrefois une
famille de l'ordre des insectivores
(Macrocélidés), mais depuis peu, les
scientifiques ont créé un nouvel ordre
socialement pour eux.
Cet ordre des
Macrocélides, ou « musaraignes
éléphants >>, comporte 4 genres et
19 espèces qui, toutes, habitent en
Afrique.
Ces dernières sont
caractérisées par un très long museau
évoquant la trompe d'un éléphant.
Ce
museau abrite une longue langue, bien
adaptée à la recherche et à la capture
des insectes en fouillant le sol.
Les
macrocélides possèdent également de
grands yeux, de grandes oreilles, de
grandes pattes et leur taille s'échelonne
entre celle d'une petite souris et celle
d'un gros rat.
Le macrocélide d'Afr ique du Nord
(Eiephantulus rozeti) est un exemple
type de ces anciens insectivores.
On le
trouve de l'Algérie à la Libye, jusqu'à la
limite du Sahara ; l'apparition
progressive de ce désert l'ayant isolé
des autres espèces.
Son corps mesure
au maximum une quinzaine de cm
(autant pour la queue) et pèse jusqu'à
50 g.
Il vit dans des habitats
relativement secs, boisés ou semi
désertiques, et de préférence en terrain
rocheux.
C'est un animal diurne, actif
le jour sauf pendant les heures les plus
chaudes durant lesquelles il se réfugie
dans son terrier.
Son régime
alimentaire est composé d'arthropodes
(insectes essentiellement) et de
quelques éléments végétaux.
LE PLUS PETIT MAMMIFÈRE
Le pachyure étrusque (Suncus
etruscus), également appelé
musaraigne étrusque, mesure moins
de 3 cm pour un poids maximum de
2,5 g.
Sa petite taille ne l'empêche pas
d'avoir une aire de répartition assez
vaste puisqu'on le trouve en Europe,
autour de la Méditerranée, jusqu'en
Tha.tlande et en Afrique du Sud (y
compris Madagascar).
Cet animal
fréquente les lieux boisés ou
broussailleux, mais s'accommode
également des habitats humains
(ruines, jardins ...
).Il se nourrit de
divers invertébrés (insectes
araignées ...
) et consomme 3 fois son
poids en nourriture chaque jour ! À son
tour, il constitue un mets très apprécié
par d'autres musaraignes, les rapaces
(chouettes, hiboux) et divers petits
mammifères plus gros que lui..
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