Les hippocampes
Publié le 27/12/2018
Extrait du document
Hippocampus hippocampus est de taille moyenne (15 cm), avec un ventre proéminent et un museau court. Sa couleur brun-jaune lui permet
de se fondre dans son environnement
d'algues. Il vit en couple, dans les alguiers et les herbiers côtiers, jusqu'à une profondeur de 60 m, et hiverne dans des eaux plus profondes.
Il se reproduit d'avril à octobre et donne naissance à 800 petits par ponte. Les nouveau-nés passent par une phase planctonique, avant de revenir vers les côtes à l'âge adulte. Il fréquente les eaux tempérées de l'Atlantique oriental, de la Manche au Sénégal. C’est aussi l'une des deux espèces présentes en Méditerranée.
LA GESTATION DES PÈRES
Les hippocampes, petits poissons cuirassés en forme de cavalier du jeu d'échecs, appartiennent à une famille très singulière de poissons hautement spécialisés, celle des Syngnathidés. Connus pour leurs mâles qui incubent les œufs dans une poche ventrale et leurs capacités de camouflage qui les rendent presque impossibles à distinguer dans leur milieu naturel, ils souffrent de leur notoriété. La pharmacopée chinoise les utilise séchés ou réduits en poudre (16 millions importés chaque année en Asie) pour guérir - entre autres - les vertiges et les maux de tête, les grands chagrins et les douleurs lombaires, l'asthme comme les infections respiratoires, l'artériosclérose et la dépression postnatale, mais aussi l'incontinence et l'impuissance.
Hippocampe est issu du grec hippos, « cheval », et kampé, « recourbé » : le terme signifie donc, littéralement, « cheval recourbé » - et non pas « cheval de mer », comme on le croit trop souvent.
CLASSIFICATION ET ANATOMIE
• Les hippocampes comptent aujourd'hui 44 espèces appartenant à un genre unique, Hippocampus. Une nouvelle espèce, Hippocampus patagonicus, a été découverte en 2005 dans une baie de Patagonie, et constitue l'espèce la plus méridionale de l'Atlantique.
L'ensemble des hippocampes forme la sous-famille des Hippocampinae.
• Ils sont associés aux Syngnathinae (poissons dragons - 4 espèces,
1 genre ; poissons aiguilles et syngnathes - 167 espèces, 47 genres) dans la famille des Syngnathidae et regroupés dans l'ordre des Syngnathiformes avec 4 autres familles : les Alostomidae (poissons trompettes - 3 espèces.
1 genre), les Centriscidae (bécasses de mer - 15 espèces, 5 genres), les Fistularidae (cornettes - 4 espèces, 1 genre) et les Solenostonidae (poissons-fantômes - 5 espèces, 1 genre).
• Ce sont des poissons osseux (ostéichthyens), à nageoires rayonnées (actinoptérygiens), dont les os des mâchoires sont mobiles (téléostéens). Chez les Syngnathiformes, les mâchoires
se transforment en un tube dont seule la partie terminale se révèle protractile. Ils ont un corps allongé, presque serpentiforme, et des nageoires aux rayons souples.
Poisson trompette
Aulostomus chinensis mesure jusqu'à 80 cm de long. Ce poisson à long museau est un solitaire qui fréquente les environs des récifs, arpentant de sa nage lente le platier et ses bordures rocheuses. Il chasse à l'affût, se laissant porter par le courant en alignant son corps sur une roche ou l'ombre d'un grand poisson. Il prend parfois une posture verticale, tête en bas, avant de plonger sur un petit poisson ou un calmar. On le rencontre dans les eaux côtières des océans Indien et Pacifique, de l'Afrique à Hawaii et au Japon.
«
LA
PRÉDATION
Grâce à leur camouflage et à l'aspect
peu engageant de leurs excroissances
épineuses, les hippocampes adultes
subissent une faible pression de
prédation.
Leur mode de vie sédentaire
participe à réduire encore les risques.
On a pourtant retrouvé des restes
d'hippocampes dans l'estomac de
grands prédateurs pélagiques (thons,
dorades), de prédateurs de fond
(raies) et de divers oiseaux marins,
dont le manchot.
Mais les crabes
semblent être les plus dangereux pour
les hippocampes.
Les traces de coups
de pince sur la queue de certains
individus montrent néanmoins qu'ils
parviennent parfois à leur échapper.
• Les jeunes hippocampes sont les plus
vulnérables à la prédation.
Se déplaçant
davantage que les adultes qui disposent
d'un territoire, ils courent d'autant plus
de risques d'être repérés.
• Mais c'est l'homme qui a l'impact
le plus important sur les effectifs
et les populations d'hippocampes.
Très recherchés pour des utilisations
médicinales en Asie, et dans une
moindre mesure en Afrique, ils font
l'objet de véritables ravages, réalisés
par les pêcheurs d'Asie du Sud-Est,
dans l'océan Indien oriental et le
Pacifique Ouest On évalue ainsi
à près de 20 millions le nombre
d'hippocampes prélevés chaque année,
dont 16 millions pour les seuls besoins
de la pharmacopée traditionnelle.
L:aquariophilie, dans des proportions
beaucoup plus modestes, participe
également à cette destruction inutile :
très difficiles à maintenir en aquarium
parce qu'ils ne consomment que des
proies vivantes, les hippocampes
doivent en outre être renouvelés tous
les trois ans-à moins que l'on n'ait
réussi à les faire se reproduire, ce
que peu d'aquariums ont pu réaliser.
• Le commerce des hippocampes
est réglementé par la Convention de
Washington (CITES, annexe Il), toutes
les espèces étant malheureusement
inscrites sur la Liste rouge de L:UICN
(Union mondiale pour la nature).
UN PÈRE ACCOUCHEUR
Chez les hippocampes, c'est le père qui
met au monde les petits.
La saison de
reproduction dépend de la température
de l'eau, des cycles de la lune et de la
mousson.
Beaucoup d'espèces forment
des couples stables sur une saison
de reproduction, voire sur plusieurs.
Les couples se forment après des
parades nuptiales de plusieurs jours,
qui mêlent changements de couleur,
pirouettes, entrelacement de queues
et autres déplacements synchronisés.
L:appariement des couples perdure -------------,--------------------------- durant toute la durée de la gestation,
avec des rappels de parades, jusqu'à la
naissance des jeunes.
Quelques heures
seulement après celle-ci, un nouvel
accouplement a lieu.
Ainsi, pour chaque
saison de reproduction, le mâle assure
deux gestations consécutives.
LA GESTATION
La femelle dépose ses œufs dans
la poche ventrale du mâle en y
introduisant son ovipositeur.
Le mâle
fertilise les œufs, qui s'implantent
dans la paroi de la poche abdominale,
laquelle se ferme alors complètement.
Les tissus de la poche enrobent
totalement les œufs et agissent comme
le placenta des mammifères, pourvoyant
aux besoins nutritifs et en oxygène des
embryons, tout en évacuant les déchets CURIOSITÉS
• Les hippocampes et les syngnathes
n'ont pas d'écailles, mais des plaques
osseuses
en anneau.
• Les fft1X
des hippocampes
bougent de manière
indépendante,
comme ceux
des caméléons.
• La poche incubatrice de l'hippocampe
sécrète un liquide nourricier.
• Les œufs s'implantent dans la paroi
de la poche du mâle, qui agit comme
un placenta.
• Seul l'hippocampe du Cap supporte
les variations de salinité des estuaires.
de leur métabolisme.
Un liquide proche 1-------------i crustacés
et d'alevins de poissons.
11
semble qu'il se reproduise toute l'année,
des mâles gestants étant observés à
différentes périodes.
On le rencontre
dans les océans Pacifique et Indien.
HIPPOCAMPE ZÈBRE
Hippocampus zebra est un petit sujet
de 9 cm maximum qui ne vit que dans
les eaux bordant le nord-est de
l'Australie, sur les récifs de la Grande
Barrière de corail, jusqu'à 69 m de
fond.
Sa coloration noir et blanc
très contrastée lui vaut son nom
de zèbre.
On ne connaît quasiment
rien de sa biologie, bien qu'il vive
sur l'un des récifs de corail les plus
étudiés au monde.
du liquide amniotique est synthétisé
===== =:;.,
par la paroi de la poche incubatrice
durant le développement des œufs ;
il change progressivement de
composition, jusqu'à ressembler
à de l'eau de mer dans les heures
précédant l'éclosion.
Ce changement
de composition limite ainsi les effets
de stress qui seraient provoqués par
une mise en contact directe des nouveau
nés avec l'eau salée, leur assurant
par là même une « naissance » aisée.
L:incubation dure de 2 à 4 semaines,
selon les espèces et la température
de l'eau.
Plus l'eau est chaude, plus
courte est la durée de gestation.
LA NAISSANCE
Dès l'éclosion des œufs, le mâle « entre
en travail », généralement pendant la
nuit.
Durant des heures, il va extraire
les nouveau-nés de leur enveloppe
de tissus et les libérer de sa poche.
Les petits mesurent en moyenne 7 à
12 mm et sont directement autonomes.
Selon les espèces, le nombre de petits
varie de 5 (hippocampes nains) à 1 500,
avec une moyenne de 100 à 200 pour
la plupart des espèces.
• Ce mode de reproduction constitue
un cas extrême de soins parentaux
par le mâle.
Parmi les 422 familles de
poissons osseux, 89 espèces prennent
soin de leurs œufs, et éventuellement
des nouveau-nés.
Mais les mâles
assument tout ou partie de ces soins
parentaux chez 36 espèces seulement,
et aucun autre n'assure une gestation
aussi complète que les hippocampes,
avec mise en place d'un pseudo
placenta, notamment.
DIVERSITÉ
DES HIPPOCAMPES
HIPPOCAMPE NAIN DE DENISE
Hippocampus denise est le pl us petit
des hippocampes, avec 2,2 cm au
maximum.
Champion du camouflage,
il vit en étroite association avec une
gorgone, dont il ne s'éloigne jamais.
Son corps rose-orangé imite la teinte
de ladite gorgone, pendant que des
tubercules sur ses plaques osseuses
adoptent la coloration des polypes
rose foncé.
Il se reproduit toute l'année.
On le trouve dans le Pacifique Ouest,
des îles Salomon à la Malaisie, jusqu'à
90 m de profondeur.
HIPPOCAMPE À LONG NEZ
Hippocampus reidi, long de 17 cm, vit
en étroite association avec une grande
diversité de supports, des gorgones aux
algues, en passant par les éponges
branchues, les huîtres, les ascidies
et les supports artificiels.
Ses couleurs
varient en fonction de son support
et lui assurent un camouflage très
efficace.
Probablement cherche-t-il
celui qui correspond le mieux à sa
livrée.
Hippocampus reidi détient le
record du nombre d'œufs par ponte,
avec 1 500 nouveau-nés à l'éclosion.
On le trouve dans l'Atlantique Ouest,
depuis la Caroline du Nord (États-Unis)
jusqu'au Brésil, ainsi que dans la mer
des Cara·1bes, à des profondeurs
s'étageant de 15 à 55 m.
jaune lui permet
de se fondre dans son environnement
d'algues.
Il vit en couple, dans les aiguiers
et les herbiers côtiers, jusqu'à
une profondeur de 60 rn, et hiverne
dans des eaux plus profondes.
11 se reproduit d'avril à octobre et
donne naissance à 800 petits par ponte.
Les nouveau-nés passent par une phase
planctonique, avant de revenir vers
les côtes à l'âge adulte.
Il fréquente
les eaux tempérées de l'Atlantique
oriental, de la Manche au Sénégal.
C'est aussi l'une des deux espèces
présentes en Méditerranée.
Hippocampus histrix est d'une taille
moyenne (17 cm au maximum),
avec un corps fin, hérissé de très
nombreuses excroissances épineuses.
Son museau est assez long.
sa livrée
allant du jaunâtre au verdâtre avec
plus ou moins de brun.
Il vit en couple
dans les herbiers, à une profondeur
généralement inférieure à 6 m.
Il fréquente aussi les platiers à corail
mou et éponges.
Il peut s'aventurer
en haute mer, protégé dans un amas
d'algues flottantes.
Il se nourrit de petits DRAGON
DES MERS FEUILLU
Phycodurus eques ressemble à s'y
méprendre à un paquet d'algues ;
ce syngnathe de 35 cm est un exemple
incroyable des limites du camouflage
atteintes par un animal, au point
que certains le prennent en exemple
pour contrer la théorie de l'évolution.
Pourtant ses larges excroissances de
peau mimant les formes d'une algue
flottante sont bel et bien le fruit d'une
évolution due au hasard, sans but
défini ni volonté.
Vivant principalement
sur les zones sableuses entre
les « patates » de corail en bordure
de récif, il se nourrit de minuscules
crustacés.
On ne le trouve que dans les eaux
relativement fraîches des côtes sud
de I'Australie.
ll n'existe que 2 espèces
de dragon des mers, endémiques du
sud de l'Australie.
SYNGNATHE À LONG MUSEAU
Syngnathus tenuirostris est le plus
grand des syngnathes : il mesure
jusqu'à 60 cm de long.
Il est commun
dans les aiguiers et les herbiers, où
ses couleurs brun-vert marquées
de bandes plus claires le rendent très
difficile à distinguer.
Très éclectique,
il s'accommode tant des eaux côtières
que des estuaires, jusqu'à 110 m
de fond, sur des fonds meubles (sable
ou vase) ou rocheux.
Et il fréquente
aussi bien les eaux froides de la
Norvège que les eaux tempérées
de la Méditerranée et les eaux
tropicales de l'Afrique de l'Ouest
(Atlantique) et de l'Est (océan Indien).
POISSON FLOTE PYGMÉE DE SYDNEY
ldiotrapiscis fumnitzeri ne mesure
pas plus de 5,5 cm ; il se camoufle
dans les récifs rocheux en se couvrant
d'algues rouges buissonnantes.
Ajoutées à ses nombreuses expansions
de peau rouges et blanches, elles
le transforment en une algue vivante
indétectable.
Endémique de la région
de Sydney (Australie), il n'a été
découvert qu'en 2004.
POISSON FLOTE ANNELÉ
Ooryrhamphus multiannulatus mesure
jusqu'à 19 cm ; il possède une nageoire
caudale bien développée en forme
de disque, dont il se sert pour
manœuvrer dans les fissures et
les grottes du récif corallien.
Vivant
en couple, il nage souvent sur le dos
pour explorer la paroi d'une grotte
à la recherche de micro-organismes.
Sa
mandibule jaune et les anneaux
rouges de sa livrée sont typiques.
On le rencontre dans l'océan Indien,
en mer Rouge et aux Maldives.
DIVERSITÉ DES AUTRES
SYNCNATHIFORMES
POISSON TROMPETTE
Aulostomus chinensis mesure jusqu'à
80 cm de long.
Ce poisson à long
museau est un solitaire qui fréquente
les environs des récifs, arpentant de
sa nage lente le platier et ses bordures
rocheuses.
11 chasse à l'affût, se laissant
porter par le courant en alignant son
corps sur une roche ou l'ombre d'un
grand poisson.
Il prend parfois une
posture verticale, tête en bas, avant
de plonger sur un petit poisson ou un
calmar.
On le rencontre dans les eaux
côtières des océans Indien et Pacifique,
de l'Afrique à Hawaii et au Japon.
So/enostomus sp.
Ces petits poissons
(5 espèces de 7 à 10 cm) savent se
rendre invisibles.
Les larges nageoires
pectorales arrondies, les nombreux pois
fluorescents et les couleurs constituent
autant de perturbateurs interdisant
d'identifier un poisson.
Contrairement
à ce qui se passe chez les Syngnathidae,
ce sont ici les femelles qui incubent
les œufs, dans une poche constituée
de la fusion des nageoires pelviennes.
En couple ou solitaires, ils fréquentent
la pleine eau en bordure du récif
corallien, bien que se posant souvent
sur le fond ou sur un support pendant
la reproduction.
Ils se nourrissent de
petits crustacés.
LA BÉCASSE DE MER
Macroramphosus sco/opax est un
petit poisson mesurant jusqu'à 20 cm.
Son corps comprimé latéralement
et son aspect brillant lui valent aussi
le nom de poisson rasoir.
Les juvéniles
(période précédant le stade adulte)
sont pélagiques et se nourrissent
en surface de plancton, alors que
les adultes vivent près du fond, jusqu'à
350 rn, où ils chassent les crustacés
benthiques.
Les œufs sont pondus
en pleine eau et liwés à eux-mêmes.
La bécasse vit en groupes réduits
sur les zones sableuses du plateau
continental de l'Atlantique et de l'océan
Indien, plutôt dans les eaux tempérées.
CORNETTE À POIS BLEUS
Fistularia commersonii est un grand
poisson en forme de flûte mesurant
jusqu'à 1,60 rn; son corps se termine
par un long filament qui contient des
capteurs sensoriels intervenant dans
le repérage des proies.
Vivant souvent
en petits groupes, il chasse des bancs
de petits poissons, des crustacés et
des calmars.
Il fréquente les eaux
tropicales de l'océan Indien et du
Pacifique, du Japon à la mer Rouge,
préférant les fonds sableux près des
récifs.
Il existe trois autres espèces
de cornettes, dont une en Atlantique,
mesurant jusqu'à 2 rn de long..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓