Les fougères
Publié le 17/01/2019
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Longtemps on a rangé sous le nom commun de « fougères », et sous le nom savant de « ptéridophytes » qui veut dire en grec plantes-fougères, un éventail très hétéroclite d'espèces. Elles partagent un caractère évolué, des tissus conducteurs de sève, et d’autres bien plus archaïques comme une reproduction par spore et prothalle. Ces fougères au sens large n'ont pourtant qu'une lointaine parenté entre elles, et peuvent être séparées en quatre groupes plus cohérents. Les fossiles montrent que ces groupes existent depuis près de 380 millions d'années. Aussi aujourd'hui, pour tenir compte de cette séparation en des temps très reculés comme un indéniable air de parenté, les botanistes réservent le nom de fougères au sens strict au groupe le plus évolué, et le plus nombreux : celui des Polypodiophytes. Les trois autres groupes lui sont rattachés sous le nom de plantes alliées : les psilotes dans les Psilophytes, les lycopodes dans les Lycophytes et les prêles dans les Equisetophytes.
DES GÉANTES DÉCHUES
Quand nous regardons une modeste fougère accrochée sur son mur,
nous devrions nous rappeler que sans elle nous n'aurions pas connu tout le confort qui fait l'agrément de nos sociétés modernes. La science et la technologie, qui ont rendu possible le mode de vie occidental actuel, sont indissolublement liées à la Révolution industrielle qui a pris naissance au XVIIIe siècle en Angleterre. Et cette révolution industrielle se basa sur le
machinisme, mû par une nouvelle source d'énergie : le charbon
Celui-ci n'est que l'amas fossilisé des débris de vastes forêts de fougères, de lycopodes et de prêles arborescentes, hantées par des libellules géantes et des blattes monstrueuses, qui s'épanouirent au Carbonifère il y a 350 millions d'années.
Parmi ces géants, enracinés sur les fonds vaseux des lagunes et des marécages, les plus connus sont probablement les lépidodendrons, ou « arbres à écaille », dont les fossiles abondent dans certains gisements de charbon. Leur tronc, primitivement garni de feuilles tombant au cours de la croissance, garde la trace de leur insertion sous la forme d'une cicatrice en losange. S'imbriquant les unes dans les autres, ces cicatrices donnent l'aspect écailleux caractéristique qui a valu son nom au groupe. Ces plantes avaient vaguement l'aspect des sapins actuels, un cône de tiges et de feuilles habillant le sommet du tronc.
Les lépidodendrons appartiennent au groupe des lycopodes, aujourd'hui uniquement herbacées. De même, les prêles ne dépassent pas deux mètres de hauteur et aucune ne construit de tronc permanent. Seules les fougères vraies ont encore des espèces arborescentes, qui vivent dans les forêts pluviales intertropicales. Leur tronc élancé s'élève parfois à plus de 20 m de hauteur pour que la couronne de feuilles puisse accéder à la lumière. Elles nous donnent une petite idée de ce qu'ont pu être les vastes forêts de l'ère primaire. Aujourd'hui détrônées par les plantes à fleurs, les fougères et leurs alliées ont cédé la place et n'ont survécu que dans l'ombre de leurs remplaçantes.
«
cycle biologique des fougères
sont de petites bouteilles dont la partie renflée contient une cellule reproductrice femelle, ou oosphère.
Le col, dirigé vers le bas, est bouché par une sorte de gel.
Au niveau des poils rhizoïdes sont disséminés les organes mâles, ou anthéridies, petites capsules contenant les cellules reproductrices mâles ou anthérozoïdes.
Elles sont munies, comme les spermatozoïdes des animaux , d'un flagelle leur permettant de se déplacer activement.
Les fougères , comme les mousses, ont absolument besoin de l'eau lors de cette phase de leur reproduction, qui apparaît critique.
En effet, les anthérozoïdes ne savent que nager ! Il faut donc une lame d'eau sous le prothalle , lors d'une pluie ou d 'une rosée abondante , pour qu'ils puissent nager pour rejoindre les archégones.
Les plus rapides pénètrent le bouchon gélatineux .
Le premier arrivé se combine avec la cellule femelle pour donner un œuf.
Celui-ci n'a pas de forme latente.
Il doit commencer à se développer immédiatement.
!:embryon reste fixé au prothalle, qui le nourrit au début de sa croissance .
Il vit en parasite en quelque sorte .
La plantule développe des racines , une tige, une feuille et devient rapidement autonome.
Le prothalle, devenu inutile, disparaît alors et la fougère continue seule son développement.
Devenue adulte, elle produira des spores, bouclant ainsi le cycle .
PORTRAIT DE FAMILLE
LES PsiLOPHYTES Rassemblant deux genres seulement et une dizaine d 'espèces au niveau mondial , ce petit groupe très primitif nous donne une idée de ce qu'a pu être la flore dominante il y a 380 millions d'années .
Pas encore de racines, mais déjà un tissu vasculaire permettant la circulation de la sève, des tiges ramifiées jouant le rôle chlorophyllien des feuilles , ces dernières étant réduites chez la plupart des espèces à de simples écailles .
Véritables fossiles vivants , ces derniers représentant d'un groupe autrefois florissant et aujourd 'hui au bord de l'extinction peuplent les régions chaudes du globe .
Une seule psilophyte vit en Europe, mais il faut aller dans l'extrème sud de l'Espagne pour la rencontrer .
LES lYCOPHYTES Ces modestes plantes herbacées ont franchi un pas de plus dans l'évolution.
Elles possèdent de vraies racines, avec des poils absorbants , et leurs feuilles, quoique petites, assurent la majorité du travail chlorophyllien.
Elles se divisent en trois groupes d'aspect bien différent, rassemblant en tout environ 1350 espèces.
L e s ly copode s Également appelés pied -de-loup, ils sont bien moins imposants que leurs lointains cousins fossiles les lépidodendrons .
Leur tige fine, rampante , est couverte de petites feuilles attachées les unes contre les autres en spirale.
Elles ressemblent beaucoup à des brins de mousse géants.
On en trouve dans toutes les régions chaudes et tempérées du monde.
Les sélaginelle s Rampantes ou dressées , ces fougères sont très ramifiées .
Elles prospèrent sur le sol des forêts des cinq continents.
Leur aspect extérieur , pour certaines espèces, est assez semblable à celui des lycopodes.
Mais leur cycle de reproduction les différencie de ces derniers.
Les isoè t e s Leur silhouette est très originale dans le groupe : une tige courte et large, et des feuilles longues et étroites .
Elles ressemblent superficiellement à une touffe d 'herbe .
Très spécialisées, elles se sont adaptées à la vie aquatique , peuplant lacs et rivières de montagne dans le monde entier , bien que certaines espèces se soient réadaptées à la vie terrestre.
Mais chaque espèce occupe en général une aire restreinte , et ce sont de véritables reliques très menacées .
rameaux à chaque nœud .
Les feuilles sont réduites à une gaine entourant la tige à chaque nœud .
La silhouette typique des prêles ne peut se confondre avec celle d'aucune autre plante.
LES POLYPODIOPH YTIS Ce très vaste groupe, puisqu'il comprend 9 500 espèces environ , comprend 6 ordres dont 5 rassemblent des espèces archa ïques ou au contraire très spécialisées .
Ainsi les Marattiales des régions tropicales comprends les espèces les plus primitives.
Les Ophioglossales , ou l•ngue - de
serpent , se caractérisent par leur nombre réduit de feuilles , de 1 à 3 au maximum , et
par le fait qu'elles ne présentent pas l'enroulement en crosse si caractéristique des autres
certaines zones, elle pullule au point d'envahir fossés et plans d'eau .
Les poissons privés d'oxygène peuvent mourir asphyxiés .
Mais l e groupe dominant des fougères, celui qui compte, et de loin, le plus de représentants, avec 9 000 espèces pour 11 000 à l'ensemble des ptéridophytes, est l'ordre des Filicales.
Les fougères des sous-bois, des troncs, des murs , des puits ou des rochers appartiennent à cet ordre dont la vitalité évolutive assure la pérennité .
À feuilles simples ou très découpées , à port tombant, redressé ou arborescent les filicales sont très diverses et adaptées à l'ombre comme au plein soleil, à l'humidité des cascades comme aux sécheresses modérées, au climat tropical comme au climat tempéré froid .
LES FOUGÈRES ET l:HOMME
Bien que tenant une place marginale dans l'économie humaine , les fougères et leurs alliées ont été utilisées depuis
LES FOUGÈRES DANS LES JARDINS
Peu de jardiniers le savent , mais les espèces rustiques de fougères peuvent se cultiver en pleine terre au jardin où elles s 'avèrent très utiles, sinon indispensables, pour ht1biller les murs ou les rocailles exposés au
nord ou à l'ombre , ainsi que les sous bois ombragés.
Le polypode vulgaire connaît même de nombreuses formes cultivées, preuve que le talent des sélectionneurs s 'est exercé aussi sur ce groupe .
Bien entendu, comme il s'agit de plantes sans fleurs , c'est le
la nuit des temps pour des usages parfois surprenants.
A insi les prêles , dont les tissus sont très riches en cristaux de silice , servaient d'abrasif aux artisans d'autrefois pour polir bois ou métal.
Nos grands-mè res s'en servaient pour récurer le fond des poêles .
Les spores des polypodes forment une poudre impalpable très inflammable .
Artificiers comme magiciens s'en servaient pour des effets spéciaux .
Certains disent que c'était la fameuse «poudre de perlin-pinpin >> .L'industrie naissante de la photo graphie l'utilisait pour produire les écla irs des premiers flashs .
D'autres usages plus traditionnels sont à noter .
Les japonais comme les indiens d'Amérique du nord consommaient traditionnellement les crosses ou les frondes de certaines espèces .
Les abori gènes d'Australie consomment le rhizome riche en amidon d'une fougère arbo rescente.
Les paysans européens réduisaient en farine celui de la fougère aigle , mais uniquement lors des disettes.
Le « pain de fougère n signait les mauvaises années.
Les fougères ont également des propriétés médicinales.
Le polypode commun comme la capillaire étaient utilisés dès l'Antiquité par les médecins pour soigner notamment la toux .
La fougère aigle etsurtout la fougère mâle ont des vertus vermifuges certaines, pour l'homme comme pour le bétail.
Mais il n'y a pas loin du médicament au poison .
C est souvent une question de dosage.
Beaucoup de fougères peuvent s'avérer toxiques lors d 'un usage fréquent et prolongé.
Par leur port souvent original.
leur développement réduit , leur capacité à supporter l'ombre , les fougères sont aujourd'hui surtout présente s dans notre vie quotidienne comme plantes d'appartement appréciées et répandues.
feuillage qui a reten u toute leur attention.
La plupart des fougè res des zones tempérées peuvent s'acclimater au jardin.
Citons parmi les plus rustiques la fougère mâle (Piystichum fi/ix-mas), la fougère femelle (Athyrium filix femina) , le polypode vulgaire (Polypodium vu/gare), la langue de bœuf (Phyl/itis sco/opendrium) ou l'osmonde royale (Osmunda regalis ).
Cette magnifique plante , qui peut atteindre 2 mètres de hauteur, beaucoup de lumière , mais aussi beaucoup d'eau.
Elle est idéale pour meubler un coin dégagé et humide .
Devenue très rare chez nous, elle est protégée et ne peut être prélevée dans la nature.
Mais il existe des souches cultivées à se procurer chez les commerçants spécialisés ..
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