les conifères
Publié le 06/01/2019
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DES ARBRES TRES ANCIENS
Plantes primitives que côtoyaient déjà les grands dinosaures, les conifères ont su s'adapter pour traverser les siècles et résister aux assauts du temps. L'un d'entre eux fut même le seul végétal à pousser sur les vestiges d'Hiroshima après le largage de la bombe atomique. Aujourd'hui devenus les représentants d’une des plus importantes familles végétales, les conifères séduisent pour leur diversité, leur esthétisme et leur robustesse.
LES CONIFÈRES, ARBRES RÉSINEUX
Étymologie
Le terme « conifère » est construit sur l'addition de deux mots latins : conus, adapté du grec kônos qui signifie « cône » et ferre qui désigne l'action de « porter ». Le conifère est donc un arbre ou un arbuste qui « porte des cônes ».
Cette désignation adaptée est justifiée par le fait que le fruit des conifères est de forme conique. Communément appelé « pomme de pin » ou encore, dans certaines
régions méridionales, « pigne », le fruit porte les organes reproducteurs de la plante. Ce cône, vert lorsqu'il est jeune, devient brun à sa maturité.
Caractéristiques
Les conifères sont des gymnospermes, c'est-à-dire des plantes dont l’ovule est nu et directement accessible aux grains de pollen. Les gymnospermes s'opposent ainsi aux angiospermes, dont l'ovule est inclus dans un organe protecteur. Dans le cas des conifères, les organes reproducteurs sont unisexués : les cônes femelles abritent les ovules et les cônes mâles fournissent le pollen. La plupart des conifères sont monoïques : les cônes mâles sont groupés et formés d'écailles polliniques ; les cônes femelles sont constitués d'écailles portant les ovules. Le pollen est dispersé par le vent (pollinisation anémophile) et germe directement dans l'ovule. La fécondation est assurée par un tube pollinique qui conduit le gamète mâle au gamète femelle. La plupart des conifères sont des résineux et ont un feuillage persistant sous forme d'aiguilles, de lames foliacées ou d'écailles.
Il existe toutefois quelques conifères au feuilles caduques : il s'agit
principalement des cyprès chauves, des métaséquoias et des mélèzes.
Le tronc des conifères est droit en raison d'une croissance (rapide) assurée par le bourgeon terminal tandis que les branches
latérales restent à l'horizontale.
La couleur de leur feuillage se décline en de nombreuses teintes et nuances : du bleu au gris en passant par le vert et l'or.
DES ORIGINES lits LOINTAINES
Les conifères sont apparus sur terre à l'ère primaire. Plus précisément, leur apparition date du carbonifère : de 355 millions d'années à 295 millions d'années.
Ils ont donc précédé l'apparition des angiospermes de plusieurs centaines de millions d'années (qui sont apparues il y a 140 millions d'années environ). Les conifères ont connu leur développement maximal au jurassique (205 à 135 millions d’années) et au crétacé (136 millions à 65 millions d'années). C'est à cette époque que leur population est la plus dense et la plus représentée au monde. En effet, sur les terres émergées et désertiques du jurassique ne pouvaient survivre que les végétaux s'étant totalement affranchis du milieu aquatique. Le mode de reproduction des conifères - les ovules nus matures tombent à même le sol et s'y développent - leur a permis de survivre dans un environnement qui a vu s'éteindre, entre autres, les fougères arborescentes. Toutefois, l'évolution des conifères connaîtra ensuite une certaine stagnation - contrairement aux feuillus qui se développeront beaucoup plus - et de ce fait, des problèmes d’adaptation. Ainsi, sur les 20 000 espèces de conifères qui auraient vécu au jurassique, seules 600 ont survécu jusqu'à notre époque.
Des recherches ont permis d'exhumer de nombreux fossiles et de dater certaines espèces. La forêt fossile de Dunarobba en Ombrie (Italie), un des sites paléontologiques les plus importants du monde, présente des troncs formés de leur bois originaire. Il s'agit d'une forêt de conifères du genre Taxodion, probablement une forme éteinte de séquoias proches de l'actuel Séquoia sempervirens.
Son âge est estimé à 3 millions d'années et remonterait à la fin du cénozoïque, plus précisément au pliocène supérieur.
«
De
la sous-famille des cupressinées,
représentée par 3 genres différents
(Cupressus, Chamaecyparis et
Fokienia), sont issus les cyprès.
Six genres différents constituent la sous
famille des actinostrobées : il s'agit de
Tetraclinis, de Callitris, d'Adinostrobus,
de Widdringtonia (ou cyprès africain),
de Fritzroya et de Dise/ma.
Enfin, les thujopsinées sont représentées
par 4 genres : Libocedrus, Thuya, Biota
et Thujopsis.
CARACTÉRISTIQUES
t.:écaille de cupressacée porte entre 1
et 40 ovules et sa feuille est soit plate
et piquante, sort courte et non piquante.
le feuillage des cupressacées est
persistant.
Toutes les cupressacées
sont des arbres, excepté le genévrier,
qui est un arbuste.
Toutefois, le genévrier de Virginie
(Juniperus virginiana) est un arbre dont
la hauteur peut atteindre 30 m.
le thuya du Canada et le thuya géant
(qui peut dépasser 60 rn) sont parmi
les plus importants conifères d'Amérique
du Nord (région des Grands lacs).
Ces espèces américaines ont un bois
très dur largement utilisé dans la
construction après avoir servi à la
fabrication de pirogues par les Indiens.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
les différentes variétés de cyprès se
situent dans l'ensemble de l'hémisphère
Nord en général et surtout en Europe.
• la famille des cupressacées comprend
des arbres ou arbustes tels que le cèdre
de Californie, le cèdre ti encens
(exhalant une forte odeur d'essence de
térébenthine), le cyprès de Médrterranée,
le genévrier oxycèdre.
• Contrairement aux autres cupressacées,
les actinostrobées poussent surtout
dans l'hémisphère Sud (on trouve
toutefois Tetraclinis en Espagne et
en Afrique du Nord).
• Très présentes en Europe, les
thujopsinées sont souvent plantées
afin de former des haies naturelles.
LES POD OCARPACÉES
FAMILLE
la famille des podocarpacées est
constituée de 7 genres (Podocarpus,
Dacrydium, Phyllocladus,
Pherosphaera, Microcachrys, Acmopyle
et Saxegothaea) qui recouvrent
ensemble près de 130 espèces
(100 espèces pour le seul Podocarpus).
les podocarpacées constituent une
des familles les plus anciennes des
coniférales, juste derrière celle des
pinacées.
CARACTÉRISTIQUES
Cette famille, qui s'adapte assez mal
aux climats de l'hémisphère Nord, n'est
que très peu représentée en Europe.
On ne peut l'y trouver que sous les
climats atlantique et méditerranéen
et seules 2 espèces de Podocarpus
y sont présentes.
la famille des
podocarpacées comprend des arbres
tels que le miro, le rimu ou le pin huon.
Podourpus mauophyllus, originaire
de Chine et du Japon (ou« pin des
bouddhistes »), est connu parmi
les amateurs d'arbres bonsaï.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
la famille des podocarpacées,
à l'exception de Microcachrys qui
est un arbuste, est représentée par
des arbres que l'on peut rencontrer
dans l'hémisphère sud et dans
les régions intertropicales.
Il semble
que des fossiles de podocarpacées
aient été découverts dans l'hémisphère
Nord mais leur authenticité reste
encore à éclaircir.
Toutefois, les genres monospécifiques
que sont Microcachrys, Acmopyle
et Saxegothaea sont endémiques
respectivement de Tasmanie,
de Nouvelle-Calédonie et du Chili.
I!!Jb#UJI FAMILLE
les taxacées sont divisées en 5 genres
(Amentotaxus, Austrotaxus, Nothotaxus,
Torreya et Taxus), eux-mêmes
représentatifs de 15 espèces différentes.
De cette famille sont issus des arbres
tels que l'if commun (Taxus baccata),
l'if de Chine (Taxus celebica) ou le
torreya du Japon (Torreya nucifera).
CARACTÉRISTIQUES
le feuill11ge des taxacées est persistant.
la feuille, fine
et pointue, a
la forme d'une
aiguille.
les
taxacées sont
des végétaux
dioïques, à
la différence
de la plupart
des conifères,
c'est-à-dire qu'ils sont unisexués et que
le sexe mâle et le sexe femelle ne
peuvent coexister sur le même arbre
mais sont, au contraire, présents sur
des individus différents.
la famille des taxacées est caractérisée
par la présence d'un ovule unique
mesurant entre 1 et 2 mm.
Le représentant de la famille des
taxacées le plus connu est l'if:
toutes ses parties sont très toxiques,
à l'exception des arilles, de couleur
rouge qui entourent les graines.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
On les trouve en Nouvelle-Calédonie
(/wstrotaxus), au Japon (Torreya),
en Chine (Nothotaxus, Torreya),
en Amérique du Nord (Taxus), en Europe (Taxus),
en Océanie, en Asie ou encore
en Californie.
Supportant des
températures au-dessous de -20 •c,
les taxacées se développent bien en
montagne et sur les sols pauvres.
LES CÉPHALOTAXÉES
FAMILLE la famille des céphalotaxées n'est
représentée que par un unique genre,
Cepha/ataxus et seulement 5
espèces.
Parmi
les espèces
représentées par
la famille des
céphalotaxées, très menacée
dans son habitat
d'origine, notons
céphtiiOttlxus de fortune ou
Cepha/otaxus harringtonia.
CARACTÉRISTIQUES Ils présentent de nombreuses
similitudes avec les taxacées : comme
eux, les arbres et arbustes ont un
feuillage persistant et résistent à des
conditions extrêmes.
De même, ce sont
des végétaux dioïques (à l'exception
des quelques rares individus) qui se
caractérisent par la présence d'un ovule
unique.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
On trouve la famille des céphalotaxées
principalement en Asie, de la chaîne
de l'Himalaya jusqu'au Japon.
LES ARAUCARIACÉES
FAMILLE la famille des araucariacées se divise
en 2 genres différents (Araucaria et
Agathis) eux-mêmes respectivement
représentatifs de 20 et 25 espèces.
Parmi les arbres appartenant à la
famille des araucariacées, on peut citer
le pin de Norfolk, l'araucaria de Cook
ou encore
1 'tlrtiUCIIrill
du Chili,
également
appelé
«désespoir
du singe » car
ce dernier ne
parvient pas
à s'agripper
aux feuilles
tandis que
celles des
araucarias
sont plutôt
aciculaires
ou aplaties.
Les arbres
de la famille
des araucariacées sont très souvent
de grande taille et ont une longévité
particulièrement importante (ces arbres
deviennent généralement plus que
centenaires).
Ces végétaux dioïques
ne portent habituellement qu'un
ovule par écaille.
les araucariacées occupent une place
particulière dans le monde végétal
dans la mesure où leurs fleurs ont une
structure que l'on ne retrouve pas
dans les autres familles de conifères.
En raison de son port inhabituel,
l'araucaria est impossible à confondre
avec un autre arbre.
Il fait partie des
plantes protégées par la CITES
(Convention sur le commerce
international des espèces de faune et
de flore sauvages) afin de contrôler en
particulier le commerce international
des graines en provenance de la nature.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
On peut trouver des agathis de la
Malaisie à la Nouvelle-Zélande ainsi
qu'en Australie.
les araucarias sont
présents dans les mêmes zones que
les agathis mais on peut également
en rencontrer au Brésil, en Argentine,
au Chili ou en Patagonie.
t:Araucaria
columnaris et l'Araucaria excelsa sont
respectivement endémiques de
Nouvelle-Calédonie et de 171e Norfolk.
LA CULTURE DES CONIFÈRES
L'UTILISATION ORNEMENTALE
les conifères sont des végétaux peu
exigeants qui s'adaptent aisément aux
sols pauvres, acides etjou caillouteux
ainsi qu'aux conditions climatiques
difficiles (altitude, froid).
De ce fait,
ils sont souvent utilisés en tant que haie
ou brise-vent.
De plus, leur diversité
(couleurs, tailles, formes) présente
un intérêt tout particulier pour
les paysagistes professionnels ou
amateurs.
les formes naines s'adaptent
particulièrement bien aux rocailles,
les formes rampantes sont souvent
utilisées pour parer les talus tandis que
pins, cyprès ou thuyas sont " sculptés »
dans les j11rdins publics et privés.
Outre cette diversité, le feuillage
persistant des conifères permet à
ces derniers de rester ornementaux
tout au long de l'année.
LES CONIFÈRES EN FRANCE
Première zone boisée européenne,
la forêt française couvre 27 % de
l'Hexagone, soit environ 15 millions
d'hectares.
les conifères, moins
représentés que les feuillus, occupent
près de 39 % de cette surface.
Si les feuillus sont majoritairement
présents dans les régions subissant
un climat océanique, il n'en est pas
de même dans les régions à climat
méditerranéen sous lequel
les conifères, qui s'adaptent
particulièrement bien aux exigences
imposées par les sécheresses
estivales, constituent les principales
formes végétatives.
Parmi les plus
courants, citons le pin laricio, le pin
d'Alep ou encore le pin maritime.
D'autre part, au fur et à mesure
qu'augmente l'altitude, les feuillus
cèdent peu à peu la place aux
conifères qui deviennent exclusifs à
l'étage subalpin au-delà de 1 600 m.
À l'étage montagnard (entre 600
et 1 300 rn), lorsque la pluviosité est L'INDUSTRIE
DU BOIS
leurs particularités et leur résistance
en font des végétaux prisés à différents
niveaux et donc massivement cultivés.
Cette culture est particulièrement aisée
puisque les conifères se satisfont
de sols pauvres.
t.:industrie du meuble
ou la papeterie ne sont pas les seules
concernées : ainsi les vieux épicéas,
à croissance lente et fil très droit,
fournissent les bois dits de musique
ou de résonance.
Ils sont utilisés en
lutherie, pour les tables d'harmonie
de pianos et pour les tuyaux d'orgues.
LES RISQUES ÉCOLOGIQUES
ET LES MALADIES
les conifères ayant tendance à
appauvrir les sols (les aiguilles qui
tombent au sol rendent ce dernier
acide et l'eau qui y ruisselle se charge
de molécules toxiques qui rejoignent
rivières et nappes phréatiques) et étant
fortement combustibles, la pl11ntation
Paradoxalement alors que les conifères
sont particulièrement résistants à la
pauvreté des sols et aux conditions
climatiques, ils n'en sont pas moins
sujets à de nombreuses maladies et
attaques de parasites.
Auss i les aiguilles et les
bran ches des conifères
victimes des chenilles,
des pucerons, des
araignées rouges,
de larves diverses ou dlnsectes ainsi
que de maladies cryptogamiques,
provoquées par des ch ampignons.
conséquente (plus de 1 500 mm
de précipitations par an), les forêts
de conifères deviennent riches et
imposantes .
la sapinière de la Joux, dans le Jura,
en est un des meilleurs exemples.
les sapins qui la composent dépassent
souvent 50 rn de hauteur.
lorsque
la pluviosité est inférieure à 1 500 mm
par an, les sapinières cèdent la place
aux pinèdes de pins sylvestres (Vosges,
Massif central) ou aux mélézaies
(Alpes).
t.:homme a longtemps favorisé
cette essence si bien que les conifères
ont progressivement remplacé
les feuillus dans certaines régions
(pins sylvestres en Sologne, à
Fontainebleau ou à Rambouillet
pins noirs en Champagne).
Chaque année, ce sont près de
20 000 hectares de conifères qui
sont plantés en France, ce qui n'est
pas sans poser certains problèmes
d'ordre écologique..
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