Les acariens
Publié le 07/01/2019
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TOUT EST PETIT DANS LEUR VIE
Minuscules et omniprésents, les acariens ne nous sont guère connus que par leurs représentants les plus désagréables : tiques, aoûtats et ceux qui causent les allergies à la poussière. Ils sont en fait beaucoup plus nombreux : 50 000 espèces environ, constituant une part essentielle de la microfaune présente dans tous les milieux. Où que vous vous trouviez, les acariens seront certainement là, presque toujours inoffensifs et souvent même indispensables à notre bien-être à long terme.
CLASSIFICATION
Les acariens (mot inventé par Aristote) sont des arthropodes appartenant à la classe des arachnides. Ils ont huit pattes comme les scorpions ou les araignées mais s'en distinguent par une
segmentation originale : tout leur corps est soudé, à l'exception d'un gnathosome, sorte de rostre ou museau articulé formé de leurs pièces buccales, palpes et chélicères (le gnathosome n'est pas une tête, puisqu'il ne contient ni les centres nerveux ni les yeux). Leur classification est d'ailleurs très complexe, fondée notamment sur les propriétés optiques des poils et sur leur disposition. Chez les Actinotrichida, par exemple, les poils contiennent une substance
Classification des acariens
Grand groupe Ordre Exemples
Anactinotrichida Gamasida Cilliba cassidea
Holothyrida Holothyrus gervais
Ixodida Ixodes ricinus Ixodes hexagonus Argas reflexus
Actinotrichida Prostigmata Thrombiculum autumnalis Limnochares aquatica
Astigmata Sarcoptes scabei Dermatophagoides pteronyssus
Oribatida Oribata geniculata
Opiliocarida Opiliocaridae Opilioacarus papillosus
biréfringente, l'actinopiline, qui crée une double réfraction, alors que les poils des Anactinotrichida en sont dépourvus. Un troisième ordre, plus primitif, celui des Opiliocarida (ou Notostigmata), présente des traces de segmentation dorsale et son statut est discuté. Il ne contient qu'une seule famille et nous ne ferons que le citer.
ANATOMIE
Le corps des acariens porte, en plus des quatre paires de pattes, de nombreux appendices particuliers :
des poils sensoriels, des palpes et des chélicères.
Les chélicères constituent le premier élément de l'appareil nutritif qui comporte également une bouche, un pharynx (jouant souvent le rôle de pompe), un œsophage et un intestin parfois clos. Formées de 2 ou 3 articles, elles sont souvent modifiées en pinces ou en stylet et possèdent des pointes permettant à l'acarien de s'accrocher.
Les pattes sont constituées de 6 articles. La première paire tâte le terrain et les deux suivantes sont locomotrices. La 4e, absente chez les larves, est parfois modifiée et donc adaptée à une fonction particulière tel que le saut ou l'accouplement (chez les mâles, elle peut être énorme ou porter des ventouses). Chez Eatoniana plumipe, par exemple, cette paire de pattes se dresse en l'air tout en arborant un plumeau de poils.
En l'absence d'un cœur, la circulation du sang des acariens est assurée par la contraction des muscles du corps. Ils respirent par la peau, par le tube digestif et parfois par des trachées souvent inutiles
«
cependant
que le mâle ne se nourrisse
pas, ou très peu, ou bien qu'il reste
plusieurs mois sur son hôte, de
manière très discrète.
Outre quelques infections locales, les
tiques peuvent transmettre à leurs
hôtes plusieurs agents pathogènes.
Parmi eux, les bactéries responsables
de brucelloses (fièvre de Malte pouvant
déboucher sur une septicémie) ou de la
maladie de Lyme (1 000 cas par an en
France), les virus responsables de la
peste porcine ou de méningites, les
rickettsies responsables de la fièvre
pourprée des Rocheuses et de la fièvre
boutonneuse de Méditerranée, ou enfin
les piroplasmes, protozoaires parasites
des globules rouges (la piroplasmose
atteint surtout les animaux
domestiques).
Les risques de contamination
dépendant de la durée du contact, il est
fortement conseillé de retirer les tiques
le plus rapidement possible tout en
évitant que leur rostre ne se casse et
ne reste dans la peau.
1-t;iii[.!i;IŒIIIH C'est un ordre très hétérogène.
Ses
membres présentent de l'actinopiline
dans leurs poils et plusieurs organes
dont la fonction nous reste mal connue
(comme des verrues génitales).
DtMODICIDÉS
Ces acariens vermiformes présentent la
particularité de vivre dans le système
pileux des mammifères.
Demodex
folliculorum (mesurant jusqu'à 0,5
mm), par exemple, peut s'installer dans
les glandes sébacées de l'homme.
TROMBIDIONS Chez la très vaste famille des
trombididés, les adultes (0,5 à 4 mm)
se nourrissent, selon les espèces,
de chenilles, de pucerons ou d'autres
acariens.
Leurs larves, en particulier
celles de l'aoûtat (TIIrombiculum
autumnalis), parasitent les vertébrés.
Au début de l'été, ces larves,
nombreuses dans l'herbe, peuvent
devenir le cauchemar des pique
niqueurs.
Elles enfoncent leurs
chélicères dans la peau et y injectent
une salive digestive avant d'absorber
les liquides produits.
La plaie progresse
en profondeur comme une aiguille et
provoque, aprés le départ de l'aoûtat,
de vives démangeaisons.
ACARIENS AQUATIQUES
Les Hydrachnelles ressemblent à des
vers ou à de petits globules vivement
colorés pouvant être de couleur rouge,
orange ou verte.
Elles vivent le plus souvent en eaux
douces, parfois dans les eaux
stagnantes, ou au contraire dans les
eaux thermales et minéralisées.
Elles ont une extraordinaire tolérance
aux écarts de température, supportant
des écarts quotidiens de plusieurs
dizaines de degrés.
Certaines espèces
peuvent vivre dans des eaux atteignant les
sa• C.
Marcheuses ou nageuses,
elles se nourrissent de végétaux ou,
plus souvent, de petits crustacés ou de
larves de diptère dont elles régulent
fortement les
populations.
Comme elles
sont plus petites
que leurs proies,
elles doivent les
affaiblir par des
morsures
��iii�: répétées
ou les
attaquer en
groupe.
Celles
du genre Piana, qui dépassent juste le
millimètre, se rassemblent ainsi pour
attaquer les larves de moustiques dans
les eaux peu profondes, de même que
celles de Limnochares aquatica dans
les tourbières.
Leur cycle de développement est
complexe, mettant en jeu diverses
interactions avec des hôtes invertébrés.
Les larves du genre Arrenurus
s'introduisent sous les fourreaux alaires
des larves de libellule.
Lorsque
celles-ci sortent
de l'eau pour se
nymphoser, les
Hydrachnelles se
fixent sur les
nervures alaires
ou sur le thorax
de l'adulte grâce
à leurs pièces
buccales.
Il s'agit
d'une simple phorésie puisque la larve
ne profite de la libellule que pour se
déplacer.
Dès que celle-ci rejoint l'eau,
l'acarien se détache de son hôte et se
métamorphose en larve prédatrice.
Dans d'autres cas, l'insecte sert non
seulement de véhicule mais aussi de
garde-manger.
Certaines larves
parasitent les gerris, les moustiques
adultes, mais aussi de nombreux
arthropodes qu'elles attendent sur les
plantes émergées.
Les larves
d'Hydrachna geographica, acarien
aquatique géant (5 à 8 mm), se
développent sur les dytiques ou sur les
nèpes, dans lesquels elles émettent des
prolongements ramifiés pour
s'alimenter.
Enfin, certaines de ces
larves vivent sur les branchies de
mollusques.
l'alternance de phases
phorétiques (ou parasitaires) et de
phases prédatrices est parfois doublée
d'une alternance de générations, avec
pontes d'hiver et pontes d'été.
Cela
permet aux Hydrachnelles de survivre
à l'assèchement des points d'eau
temporaires et de conquérir ainsi
de nouveaux milieux.
Les Halacaridés, majoritairement
marins et carnassiers, sont uniquement
marcheurs.
Étant inaptes à la vie
aérienne, leur domaine s'étend du
niveau du rivage (où certaines espèces
sucent les algues vertes) jusqu'à une
profondeur de 4 000 mètres.
ACARIENS PHYTOPHAGES
Les T étranyques ou " araignées
rouges » sont de redoutables
phytophages : ils tissent une toile de soie
sur les végétaux dont ils aspirent la
sève grâce à leurs chélicères modifiées
en stylet.
Un bon exemple est celui de
Epitetranychus urticae (0,2 à 0,4 mm)
qui attaque les plantes de serre et
d'appartement.
Leurs prédateurs
naturels sont des insectes (panorpes)
et des acariens de la famille des
Phytoxidés.
Les membres du genre Eryophyes
vivent à l'intérieur des galles,
manifestations épidermiques
caractéristiques de la réaction de
défense de multiples espèces végétales
à l'attaque d'un parasite.
Un exemple
parlant est celui de Eryophyes vitis {0,16
à 0,22 mm), responsable du court-noué
de la vigne.
En recroquevillant les
feuilles il provoque d'importants dégats
pouvant entraîner jusqu'à 30% de
diminution de sa productivité.
D'autres
s'attaquent aux peupliers, prunelliers,
pommiers, tilleuls, érables, jeunes tiges
des pins, etc.
PARASITES DES ABEILLES
Deux des pires ennemis des apiculteurs
sont des acariens parasites.
La femelle de la " mite trachéale »
Acarapis woodi {0,1 mm}, pénètre dans
les trachées des abeilles de moins de
cinq jours et, de là, éventuellement
dans ses sacs aériens.
Une fois à
l'intérieur, la mite donne naissance, en
moins de quinze jours, à une nouvelle
génération.
Adultes et larves se
nourrissent d'hémolymphe,
affaiblissant l'abeille et lui rendant la
respiration difficile.
D'autant que leur
salive toxique peut provoquer chez elle
une septicémie.
Les insectes atteints
n'arrivent plus à voler e� dans les cas
extrêmes, la colonie tout entière peut
être détruite.
Le parasite, pour sa part,
meurt en quelques heures lorsqu'il
n'est pas à l'intérieur de l'abeille.
Un acarien plus dangereux encore,
le varroa (Varroa jacobsom), sévit en
France depuis 1982.
C'est une espèce
originaire d'Asie du Sud-est, où elle
parasite l'abeille résistante Apis cerena.
Celle-ci a malheureusement migré vers
l'Europe en s'adaptant à notre familière Apis
mellifero.
La femelle, qui fait
environ 1 mm, est assez plate pour
s'insinuer entre les plaques ventrales de
l'abeille et la piquer au niveau de ses
fines membranes intersegmentaires.
Mais c'est surtout dans le couvain que
le varroa fait des dégâts.
La femelle, qui
s'y laisse porter, pond à l'intérieur de
l'alvéole des œufs qui donnent
naissance à quelques mâles et à une
multitude de femelles.
Ces mâles vivent
cessant de se reproduire.
Les chélicères
du mâle étant modifiées pour
l'accouplement, elles ne lui permettent
pas de se nourrir une fois que l'abeille
a quitté son alvéole.
Seules les femelles
fécondées peuvent survivre et propager
l'espèce.
Les ruches atteintes donnent
naissance à des abeilles déformées, aux
ailes atrophiées qui, par conséquent,
dépérissent rapidement.
Pour l'heure, il
n'existe aucun traitement véritablement
efficace et qui ne laisse pas de résidu
dans le miel.
ACARIENS DÉTRITIVORES
Ils appartiennent le plus souvent à la
famille des Tyroglyphidés.
Jusqu'au
XVII' siècle Tyroglyphus ciro était le plus
petit organisme connu, mesurant
0,6 mm.
C'est le ciron des" Pensées»
de Blaise Pascal, qui fourmille sur la
croûte du Cantal, de la tomme de
Savoie, de certains jambons crus et
de saucissons secs.
Contrairement à
Tyroglyphus farinae, qui se nourrit
de farine ou de céréales, et aux
Glycyphagidés, qui préfèrent les
produits sucrés (Giycyphagus
domesticus, 0,4 mm), Tyroglyphus ciro
fait peu de dégats.
Dermatophagoides
pteronyssus est " l'acarien des
poussières >>, familier à tout
allergologue.
Il mesure 0,35 mm et se
nourrit de squames, de pellicules et de
déchets de peau que nous perdons (au
rythme de 3 g/j).
Son milieu de
prédilection est un substrat fibreux à
24 •c et à 75 % d'humidité relative.
Il trouve donc des conditions idéales
à la surface de nos oreillers et de nos
matelas (surtout s'ils contiennent aussi la
moisissure Aspergillus penicilloides).
Un seul gramme de poussière de
matelas peut contenir entre 2 000 et
15 ooo acariens ! Ses déjections sont
de la taille d'un grain de pollen.
Aottant dans la poussière, elles sont
responsables des très connues
" allergies à la poussière » de certains
asthmatiques (tout comme les
" allergies aux chats » ont pour cause
les déjections des acariens vivant sur
les chats).
Notons que nos matelas
abritent souvent un autre acarien,
Chey/etes eruditus {0,75 mm) qui, muni
de redoutables pinces, capture les
Dermatophagoides.
SARCOPTES Leurs chélicères broyeuses se terminent
par une pince qui permet à certaines
espèces de se fixer dans le plumage des
oiseaux.
Le plus connu mais aussi l'un
des rares acariens à être parasite
permanent est Sarcoptes scabiei,
le vecteur de la gale de l'homme.
La femelle se déplace sous la peau pour
y pondre des œufs provoquant ainsi
d'atroces démangeaisons.
Ses larves
y grandissent et s'y reproduisent.
La
gale se transmet par contact prolongé
(rapports sexuels, draps de lit, étoffes
souillées).
Napoléon lui-même fut
contaminé en 1793 par les vêtements
d'un canonnier au siège de Toulon.
Chats, chiens, chevaux et moutons
peuvent également être atteints par des
variétés de gales.
0RIBATES Les oribates font partie du seul groupe
d'acariens à ne contenir aucun parasite.
Ils sont globuleux, minuscules (entre
0,3 et 1,6 mm) et possèdent un
tégument très dur, d'où leur surnom
d'cc acariens cuirassés».
Certains
peuvent s'enrouler complètement en
boule, d'autres possèdent des boucliers
latéraux destinés à protèger leurs
pattes.
Leurs larves se dissimulent
parfois en couvrant leur dos d'une
couche de détritus, comme celle
d'Oribata genicu/ata (1 à 1,5 mm).
Leur
rôle écologique est indispensable car ils
se nourrissent de débris organiques
qu'ils émiettent, facilitant de cette façon
leur assimilation par les micro
organismes du sol.
Ils constituent
jusqu'à 90 % de la microfaune de
l'humus forestier, avec des densités
pouvant atteindre 400 000 individus
au m' (contre 10000 pour l'ensemble
des autres acariens).
Cycle du Sarcoptes scabei hominis chez l'homme
Individu parasité
épiderme
>om"'"'oo";
@ "'-
Accouplement
®
Migration vers tJ
galerie creusée Enfouissement
'"""'œ '""
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Adult � 2-3semames 3-5JO urs ® 3-:����s d/�our
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