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La Saga du Braque du Bourbonnais

Publié le 15/11/2023

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« La Saga du Braque du Bourbonnais TOME I – LE PHENIX 1 Les origines du braque du Bourbonnais L’origine des races de chien La cynophilie moderne est née en Angleterre au 19ème siècle.

À l’exemple du cheval pur-sang anglais, les éleveurs de chiens ont commencé à noter les généalogies de leurs animaux dans des livres d’origines.

Il y eut d’abord la standardisation du Setter Anglais par Sir Edward Laverack, et les croisements de différents types de braques avec des chiens courants anglais et lévriers, qui allaient donner le pointer.

Les éleveurs d’Europe continentale vont très vite imiter les anglais. Cela ne veut pas dire que des races de chiens n’existaient pas auparavant, mais le processus qui présida à leur création n’est en général pas connu.

Ainsi, on peut voir des épagneuls nains dans la plupart des cours européennes de la Renaissance, mais on est incapable de dire qui a sélectionné ce caractère de nanisme, ni comment.

On peut aussi constater que les meutes de chiens courants de l’Ancien Régime présentaient des caractéristiques physiques similaires, mais cela semble avoir été le résultat naturel de croisements consanguins à l’intérieur des meutes.

Des races existaient, mais leurs caractéristiques n’étaient pas aussi codifiées qu’aujourd’hui. Ces races étaient aussi moins nombreuses.

Ainsi, jusqu’au milieu du 19ème siècle, les auteurs ne font pas de distinction entre les différentes races de braques.

Elzéar Blaze (1788-1848)1 divise les chiens d’arrêt en braques, épagneuls, griffons, pointers et setters, ces deux dernières races étant les versions anglaises de nos braques et épagneuls continentaux. Le braque sans queue du Bourbonnais La première exposition canine eut lieu à Tervueren, en Belgique, le 28 mai 1847, rassemblant soixante pointers.

En 1859 se tient dans la mairie de Newcastle la première exposition anglaise, rassemblant pointers et setters.

À partir de cette date, les expositions canines vont se multiplier en Angleterre, et la France va suivre en 1863 avec sa première exposition canine rassemblant 1000 chiens, dont 170 chiens d’arrêt.

Parmi ces derniers, le compte rendu qui est publié2 est la première référence avérée à notre race : « Les chiens braques (60 mâles et 31 femelles) comprenaient la 18e et la 19e classe du catalogue de l’exposition.

Il avait été question d’abord d’en faire deux sous divisions : l’une sous la dénomination de Braques français, l’autre sous la dénomination de Pointers ou Braques anglais ; mais il a été facile de constater qu’il y avait tant d’analogies entre ces chiens, que les propriétaires présentaient sous la désignation de Braques français et sous celle de Pointers, qu’on les a réunis dans le même groupe.

Tout indique que le Pointer est purement et simplement le Braque français né et élevé en Angleterre.

Il y avait assez de nuances renfermées parmi ce très remarquable groupe : le Braque dit de Saint-Germain, le Braque Dupuy, le Braque sans queue du Bourbonnais, le Braque picard, le Braque navarrais, le braque de l’Anjou, le Braque Charles X, un Braque allemand, le Braque anglais, le Braque espagnol, le Braque à deux nez.

». Le braque du Bourbonnais est donc une des toutes premières races françaises de chien d’arrêt répertoriée comme telle.

Il faut noter que si certaines races de braques de cette liste ont depuis disparu, d’autres races aujourd’hui populaires n’y figurent pas. 1Le Chasseur au chien d'arrêt, Elzéar Blaze, Paris : Moutardier , 1836 universelle des races canines au Jardin zoologique d'acclimatation du Bois de Boulogne, ouverte du 3 au 10 mai 1863, Jardin d'acclimatation (Paris), Éditeur scientifique, 1863 2Exposition 2 On va ensuite trouver de nombreuses mentions de notre race dans les décennies suivantes, toujours désignée comme « Braque sans queue du Bourbonnais » 3.

Certains auteurs lui attribuent une « tête carrée » (J.

de Coninck4, A.

de la Rue5), ce qui pourrait nous choquer aujourd’hui.

Le grand cynophile Alphonse de la Rue nous donne une indication qui correspond bien à ce que voient les éleveurs 150 ans plus tard : « dans une portée de chiens d’une mère et d’un père à courtes queues, il y aura encore longtemps de leurs enfants qui auront la queue courte et d’autres la queue longue.

». La gravure d’Aldrovandi Cependant, le braque du Bourbonnais est réputé avoir été dessiné pour la première fois par Ulysse Aldrovandi (médecin et naturaliste Bolonais 1522/1605) à la Renaissance dans son fameux ouvrage De Quadrupedibus Digitatis Viviparis. Nous tenons la gravure et la légende de monsieur Martin, éleveur et membre éminent du 1er C.B.B., qui révéla cette information dans le premier bulletin du club de juin 1930.

Il précise que c'est le vice-président M.

Yves qui a retrouvé, à la Bibliothèque Nationale cette gravure ancienne représentant un chien trapu, fort et vigoureux, de robe truitée et n'ayant qu'un rudiment de fouet comme nos chiens actuels.

Il introduit au passage une erreur dans le nom de l’auteur en déplaçant le « r » pour en faire « Aldovrandi », cette erreur se perpétue encore aujourd’hui.

Il précise que la gravure porte l'inscription : « canis burbonensis sagax ad cothurnices capiendas » (le « h » à « cothurnices » est une faute d’orthographe). Il existe plusieurs versions de ce livre, je n’ai pas retrouvé celle consultée par monsieur Yves.

Les responsables du Museo Aldrovandi de la Bibliothèque Universitaire de Bologne m’ont indiqué que leur version ne mentionnait pas le Bourbonnais.

Sur toutes les références ultérieures mentionnant ce livre, les tables des matières mentionnent seulement « canis sagax ad coturnices capiendas pantherinus» ce qui veut dire « Chien moucheté habile à chasser les cailles ».

La version consultable en ligne sur la Universidad Complutense Bibliotheca a pour légende « Canis ad coturnices capiendas pantherinus cum gramine canino Anglorum » en référence à l’herbe représentée (« gramine canino Anglorum »), cette mention de l’herbe est faite pour tous les autres chiens du chapitre. 3-Guide du promeneur au Jardin zoologique d'acclimatation, Vavasseur, Pierre-Henri-Louis-Dominique (Dr), Jardin zoologique d'acclimatation (Paris), 1865 -Exposition universelle des races canines de 1865...

: catalogue des chiens exposés, P.

Dupont (Paris), 1865 -Le chien histoire naturelle, par Eugene Gayot de la Société Impériale et centrale d’agriculture de France, Librairie de Firmin Didot frères, fils et Cie, Paris, 1867 -Manuel Du Jeune Chasseur Avec Carnet de Chasse, M.

Chatain, 1871 -L'Art du vétérinaire mis en pratique, par F.

de La Brugère, Fayard (Paris), 1877 -Cours de zootechnie professé à l'École vétérinaire de Lyon pendant l'année scolaire 1879-1880, par M.

Ch.

Cornevin, 1881 -Le livre du chasseur, Charles Diguet, 1881 -Éléments de zoologie médicale et agricole, par A.

Railliet, Asselin et Houzeau (Paris), 1885 -Les races de chien, P.

Megnin, 1889 -Les Mammifères : caractères, mœurs, chasses, combats, captivité, domesticité, acclimatation, usages et produits, A.H.

Brehm ; éd.

française revue par Z.

Gerbe, Paris : J.B.

Baillière, 1891 -La chasse en France, M.

Charles Diguet, 1896 -Les races de chiens : leurs origines, points, descriptions, types, qualités, aptitudes et défauts, tome 3, chiens de chasse, M.

Le Comte de Bylangt, 1897 4Les races françaises de chiens d'arrêt, par J.

de Coninck, dessins de P.

Mahler, bureaux de "l'Acclimatation" (Paris), 1891 5Les chiens d’arrêt français et anglais, A .

de la Rue , Mis de Cherville, Ernest Bellecroix, 1881 3 Figure 1 Original de la page 555 du livre « De quadrupedibus digitatis viviparis libri tres, et De quadrupedibus digitatis oviparis libri duo », publié à Bologne en 1637 Cette recherche m’a permis de trouver une version en couleur de la main même d’Aldrovandi, conservée à la Bibliothèque Universitaire de Bologne, avec un chien beaucoup plus court sur pattes et tricolore. Figure 2 La version couleur, avec la légende «Canis ad coturnices capiendas pantherinus»: «Chien moucheté pour attraper les cailles». Dans le même article de ce premier bulletin du C.B.B., il est fait mention de la présence de Bourbonnais après la Révolution « dans la famille d'Orléans, au château de Randan et chez les de Chabannes de la Palice (province du Bourbonnais) ».

Les châteaux existent toujours, on peut les visiter, mais il m’a été impossible de trouver quoi que ce soit corroborant ces affirmations. 4 Images de braque du Bourbonnais L’image la plus connue du braque du Bourbonnais de cette époque est la gravure de Mahler de 1907 donnée au début de ce livre.

Elle représente un chien imaginaire qui sert encore de modèle aujourd’hui.

Voici quelques images de chiens bien réels de cette époque.

On peut constater que la panachure de la robe est parfaite, mais qu’à bien des égards, la morphologie laisse à désirer par rapport au modèle idéal. Figure 3 Mascotte, Macotte III Figure 4 Perle, Ketty 5 Figure 5 Brac de la Bresle, Premier Prix, Paris 1906, 1907, 1908 ; Amiens, 1906, Fanette, Championne à M.

Canu (1912) Figure 6 Sultan d'Evreux, à M.

Yves, 1er prix des puppies Paris 1903, Estoc Crapaud, à M.

de Lachomette Figure 7 Arko de la Grande Iniére, champion à M.

Bisson, Scorf & Champion Gaud, à M.

Yves 6 Figure 8 Jardin des Tuileries, Athos, braque bourbonnais à M.

Roubeau, blanc et marron moucheté, né le 10.... »

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