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La réintroduction d'espèces animales

Publié le 08/01/2019

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RÉPARER LES , ERREURS DU PASSE

De nos jours, les connaissances acquises dans le domaine de l'écologie permettent d'envisager avec succès la réintroduction d'espèces localement disparues. Ce type d'intervention est devenu relativement fréquent ces deux dernières décennies. Il a permis la réinsertion d'espèces un peu partout dans le monde. L'action de l'homme a été particulièrement dévastatrice pour la nature ces deux ou trois derniers siècles. On estime ainsi que le taux actuel d'extinction des espèces est mille à dix mille fois supérieur au taux normal observé au cours de l'évolution. Une espèce de mammifère sur quatre et une espèce d'oiseau sur huit sont considérées comme menacées. Localement certaines espèces disparaissent à une vitesse plus grande encore. Dans certains cas, la réintroduction peut être envisagée comme solution possible. Toutefois, cette action est strictement locale et ne peut concerner qu'un nombre réduit d'espèces.

L'apparition spontanée d'une nouvelle espèce dans

 

un écosystème est un événement normal et naturel, fruit de l'évolution et des déplacements des êtres vivants.

 

Si la réintroduction d'une espèce vivante disparue de son milieu naturel tente de réparer les erreurs du passé, l'introduction d'une nouvelle espèce dans un milieu auquel celle-ci est étrangère relève d'une toute autre démarche.

 

L'importation d'une espèce peut répondre à des exigences économiques (agriculture, élevage, lutte biologique...) ou satisfaire une demande liée à des activités de loisir (aquariophilie, volières, chasse, jardinage...).

 

Ces introductions sont volontaires ou involontaires, légales ou illégales.

 

Ce phénomène n'est pas récent Il a probablement débuté

 

dès que l'homme a commencé à voyager. La mondialisation du commerce et des déplacements, depuis un siècle, l’a favorisé.

 

Certaines introductions volontaires d'espèces ont rencontré un grand succès : l'introduction de la pomme de terre au xvi' siècle a permis de nourrir des millions de personnes. D'autres ont entraîné des catastrophes écologiques : les perches du Nil introduites dans le lac Victoria, en Afrique, ont éliminé les espèces indigènes ;

LES ESPÈCES CONCERNÉES

Réintroduire une espèce est une décision grave dans la mesure où elle peut avoir de grandes conséquences sur l'environnement.

 

Le processus demeure plus simple que celui qui consiste à introduire une nouvelle espèce, mais il peut entraîner les mêmes risques écologiques si sa réalisation

 

n'est pas réfléchie et programmée.

 

Certaines espèces animales ont été sauvées par la réintroduction.

• Le castor a été réintroduit en France, aux Pays-Bas et en Allemagne ; le bison d'Europe en France, en Pologne et en Allemagne ; l'oryx au Maroc, en Jordanie et en Tunisie ; le bouquetin en France ; le loup en Allemagne ; le chamois en France

algue tueuse Caulerpa détruit les fonds de la Méditerranée...

 

• Les relations entre les êtres vivants au sein d'un écosystème étant très complexes, il est très difficile de prédire par avance quelles seront les conséquences de l'introduction d'une nouvelle espèce. À l'échelle de la planète, l’importation d'espèces serait responsable d'un tiers des pertes de la biodiversité, au second rang des causes après la destruction des habitats.

• Les modes d'introduction sont très divers. Les navires, qui voguent d'un continent à un autre, constituent une voie privilégiée pour le déplacement des espèces. C'est par transport maritime, que les rats, présents dans les cales, ont pu se répandre dans

(Auvergne) ; l'ours en France (Pyrénées) ; le lynx en Suisse, en Allemagne, en Autriche et en France (Vosges) ; le renard véloce au Canada ; le phoque moine en Méditerranée ; l'addax au Maroc ; le cerf de Corse en France (Corse) ; le tamarin doré au Brésil ; la loutre de mer au Canada et aux États-Unis.

« LE CHOIX DES ANIMAUX • Les animaux que l'on souhaite réintroduire doivent être prélevés dans le monde sauvage et avoir vécu loin de toute influence humaine.

Si cela n'est pas le cas, des difficultés d'adaptation dans l'environnement naturel sont à craindre.

• Ces craintes sont justifiées pour les espèces prédatrices comme pour les autres.

les premiers lynx que ' .

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, �' '' '' l'on a tenté de réintroduire en France, dont certains provenaient de zoos, étaient trop habitués à l'homme et ne le craignaient pas.

Ne sachant pas chasser par eux-mêmes, ils avaient la fâcheuse habitude de venir rôder près des habitations et de visiter les poulaillers, ce qui leur a rapidement attiré J'hostilité des habitants.

• De même, les lapins et les faisans d'élevage réintroduits ont une faible probabilité de survie : quasiment incapables de se nourrir seuls, ils constituent de plus des proies faciles pour les prédateurs naturels et pour les chasseurs.

• Prélevés dans la population sauvage, les individus à réintroduire doivent présenter des caractéristiques - morphologiques, biologiques, génétiques -les plus proches possible de la population d'origine.

• il faut également veiller à ce que les prélèvements d'animaux à réintroduire ailleurs ne compromettent pas l'avenir de la population dans laquelle ils sont réalisés.

• Dans certains cas toutefois -preuve que Je problème est complexe -, on obtient de meilleurs résultats avec des animaux ayant été élevés en captivité.

il en est ainsi des vautours, notamment.

Si ces rapaces sont déplacés de leur aire de vie naturelle vers une zone d'implantation, ils ont tendance à regagner leur milieu d'origine, SAUVERA·T·ON LA TORTUE D'HERMANN 1 • La tortue d'Hermann est la seule espèce de tortue terrestre sauvage de France et elle est en grand danger de disparition.

Jadis, elle occupait tout Je bassin méditerranéen, mais à présent seules subsistent quelques populations relativement isolées dont certaines, comportant trop peu d'individus, sont déjà condamnées.

En France, on ne la rencontre plus guère qu'en Provence, entre Hyères et Saint-Raphaël.

• Plusieurs raisons ont contribué à ce déclin.

La plus importante de toute est la destruction progressive de son habitat au gré de J'urbanisation croissante.

La tortue étant un animal peu véloce, elle n'a pas la possibilité de se déplacer très loin pour trouver des zones plus tranquilles.

La capture -pourtant interdite - pour en faire un animal de compagnie et les incendies contribuent également à sa lente extinction.

• Le dossier de sauvetage de la tortue d'Hermann est en discussion dans les administrations concernées depuis plus de dix ans.

même s'Ils doivent pour cela parcourir un nombre important de kilomètres.

Les rapaces auparavant captifs, en revanche, adoptent plus facilement leur lieu de réintroduction.

LE SUIVI DES ÙINTRODUCTlONS • Assurer un suivi des animaux réintroduits est nécessaire pour déterminer si l'opération est une réussite ou non.

il faut savoir si les animaux survivent dans leur nouvel environnement, s'ils parviennent à se nourrir et finalement à se reproduire.

les animaux individuellement.

Dans certains cas, un dispositif radio, attaché à un collier est utilisé -c'est Je cas pour les ours et les lynx.

Ce dispositif permet de localiser rapidement l'animal et suivre avec précision tous ses déplacements.

• Dans bien des cas, des bénévoles amoureux de la nature participent à cette surveillance qui doit être aussi assidue et longue que possible.

• Ce suivi permet aussi de mieux comprendre les raisons d'un échec et de corriger en conséquence Je protocole de réintroduction en vue d'une prochaine tentative.

• Cet animal a été impitoyablement chassé, notamment pour sa fourrure.

Dès le XVI' siècle, il disparaît de J'ile- de-France.

Son habitat forestier se réduisant de plus en plus, il est progressivement éliminé de ses derniers sanctuaires (Vosges en 1650, Massif Central en 1875, Jura en 1885 ...

).

En revanche, il semble qu'il n'ait jamais totalement disparu de la région des Pyrénées.

le lynx a connu le même sort dans toute Melba est malheureusement morte en l'Europe.

Seules quelques populations 1997, abattue par un chasseur après isolées ont survécu en Yougoslavie, une charge d'intimidation.

en Tchécoslovaquie, en Norvège • Malgré Je succès de ces adaptations, ou en Finlande.

l'ours des Pyrénées n'est pas sauvé.

• À partir des années 1930, la Un autre danger le guette à présent : disparition de l'espèce a suscité la consanguinité.

En effet, les ours des campagnes de protection et sont peu nombreux et Pyros est Je père des tentatives de réintroduction dans de pratiquement tous les petits.

différents pays européens- en 1939 il faudrait donc absolument introduire en Allemagne, en 1970 en Suisse, de nouveaux ours pour que la variété l'orée du xx' siècle, la France en 1973 en Yougoslavie, en 1975 génétique soit préservée.

n'abritait quasiment plus aucun en Italie et en 1978 en Autriche.

gypaète barbu, la seule espèce En 1971, sous la pression de vautour à ne pas avoir la tête de scientifiques et d'écologistes, et Je cou dénudés.

Le dernier habitant Je lynx a enfin été inscrit sur la liste des Alpes a été abattu en 1913.

des animaux menacés en France.

Ce grand rapace de trois mètres Cette mesure de protection interdit d'envergure, qui se nourrit totalement le commerce de ses peaux.

uniquement d'os d'animaux morts, • La première tentative de a été exterminé à cause de légendes réintroduction en France a eu lieu infondées l'accusant de s'attaquer dans les Vosges en 1983, avec un Jacher aux troupeaux et d'enlever les enfants.

de trois lynx originaires des Carpates.

Le ramassage des carcasses d'animaux D'autres lâchers ont ensuite lieu en morts, pour raison d'hygiène, 1984, 1987, 1992 et 1993.

En onze ans, commencé dès la fin du XIX' siècle.

lui a également supprimé une dix-neuf lynx -huit femelles et onze La chasse, les empoisonnements, ressource alimentaire indispensable.

mâles -ont été réintroduits dans la fin de J'abandon des carcasses • Dès 1922, la réintroduction du les forêts du massif vosgien.

Le bilan d'animaux morts dans la nature gypaète dans les Alpes est proposé semble plutôt positif.

Certes, plusieurs ont sonné Je glas de J'espèce.

par un ornithologue suisse.

il faudra individus ont disparu -cinq sont morts Dans les années 1940, il n'y avait attendre les années 1970 pour que et trois ont été tués par des chasseurs plus un seul individu en France.

soient réalisés les premiers lâchers.

ou des braconniers -, mais des indices • Les premières réintroductions ont été Ceux-ci ont été des échecs.

de reproduction ont été observés.

tentées en Lozère dans les années 1960 • En 1978, un programme international • La réintroduction du lynx dans Je Jura par quelques passionnés.

Ces lâchers de sauvegarde de l'espèce a été mis et les Alpes revêt un aspect particulier ont été des échecs.

Les animaux en place.

Des sites de réintroduction puisque ce sont des lynx relâchés en n'ont pas survécu ou ont été tués ont été sélectionnés en Autriche, Suisse qui ont franchi la frontière pour par des chasseurs, quand ils n'ont en Suisse et en France, et la décision venir s'installer en France.

Les premiers pas été électrocutés par les lignes a été prise de ne relâcher que ont été observés en 1971 dans le Jura, de haute tension.

des animaux nés en captivité.

puis en 1974 dans les Alpes.

• Dans les années 1970, les tentatives • Depuis la première réintroduction, • Dans les Pyrénées, Je nombre de réintroductions ont été mieux en 1986, plus d'une centaine d'individus a commencé à augmenter planifiées.

Des oiseaux sélectionnés de gypaètes, tous issus de volières, à partir de 1960.

Cette région comporte ont tout d'abord séjourné en volière a été relâchée et une dizaine seulement également une autre particularité, pendant dix ans afin de former sont morts, dont trois tués par celle d'héberger deux espèces de lynx : des couples reproducteurs stables, des chasseurs.

On estime qu'un peu Je lynx d'Eurasie et Je lynx d'Espagne.

puis ils ont été relâchés.

plus d'une soixantaine de gypaètes • Une soixantaine d'oiseaux ont ainsi vivent actuellement dans la chaine été réintroduits jusqu'en 1986 et alpine.

La première reproduction la colonie actuelle, qui s'est enrichie réussie d'un couple d'oiseaux de naissances naturelles, comporte réintroduit a été constatée plus de deux cents individus.

en Haute-Savoie en 1997.

Un programme de réintroduction comparable a été réalisé avec un égal succès dans les Alpes du Sud.

Ces initiatives ont attiré les touristes LA LUTTE BIOLOCIQUE de ces régions.

les éleveurs de moutons eux-mêmes sont satisfaits : • la réintroduction d'espèces • Apparu il y a 250 000 ans en Chine, au lieu de transporter les cadavres disparues, en particulier des ennemis l'ours brun a colonisé toute l'Europe.

de bêtes chezl'équarisseur, de parasites naturels, peut être !:homme, son principal prédateur, ils laissent faire les vautours.

très utile dans la lutte biologique .

J'a forcé à se réfugier dans les zones !:araignée rouge (Pononicus ulmij, les plus inaccessibles.

Au XIX' siècle, LE VAUTOUR MOINE par exemple -qui n'est pas en France, on ne le trouve plus que • Le vautour moine, un migrateur qui une araignée mais un acarien -, dans les Pyrénées et dans les Alpes.

venait nicher en France, a été éradiqué est un nuisible qui s'attaque Son déclin se poursuit au siècle suivant dès le début du xx' siècle.

la dernière aux pommiers.

Ce petit animal, et la chasse à l'ours est enfin interdite preuve de nidification datait de 1903.

aussi résistant que prolifique, en 1972.

Dans les années 1980, Plus rare, plus délicat que son cousin aspire la sève des feuilles vertes et sa population est estimée à une Je vautour fauve, il fait l'objet d'un ces dernières dépérissent rapidement.

vingtaine d'individus sur J'ensemble programme récent de réintroduction.

!:espèce est de plus devenue de la chaine Pyrénéenne.

Des campagnes • !:expérience acquise avec les vautours insensible à de nombreux insecticides d'information sont organisées pour fauves a été déterminante.

Les et les récoltes s'appauvrissent.

sauver J'espèce, mais les résistances premières réintroductions ont eu lieu • En revanche, ces mêmes insecticides sont nombreuses.

En 1995, il ne reste en 1992 dans la région des Grands ont exterminé Je typh lodrome, plus que six ours dans tout Je massif, Causses, dans le sud du Massif Central.

un acarien prédateur, ennemi naturel versant espagnol compris.

Ce site a été choisi parce qu'il comporte de l'araignée rouge.

il a donc fallu • Entamées en 1982, les premières déjà une colonie de vautours fauves.

réintroduire Je typhlodrome démarches visant à la réintroduction Une vingtaine d'individus ont été dans les vergers et arrêter l'usage de l'ours portent enfin leurs fruits.

relâchés entre 1992 et 1996.

des insecticides destructeurs .

En 1996, Ziva et Melba, deux femelles, Cette dernière année, un couple Ces réintroductions ont été très et Pyros, un mâle, ont été relâchés a élevé son premier jeune.

efficaces.

il faut simplement les dans les Pyrénées centrales après • Cette réinstallation du vautour moine renouveler plusieurs années de suite leur capture en Slovénie.

Cette se poursuit.

La région des Baronnies, afin de créer des populations stables : réintroduction est un succès car des dans Je sud des Alpes, où le vautour un typhlodrome pour deux feuilles naissances, au nombre d'une dizaine, fauve s'est déjà réacclimaté, devrait d'arbre suffit à contrô ler le ont eu lieu en 1997, 2000, 2001 et 2002.

bientôt accueillir le vautour moine.

développement des araignées rouges.. »

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