Chèvrefeuilles & sureaux
Publié le 06/01/2019
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DES ARBRISSEAUX CONNUS DE TOUS
Le parfum du chèvrefeuille à la tombée du jour, les grappes noires du sureau ; au printemps, l'éclatante blancheur des « boules-de-neige », à l'automne, leur feuillage empourpré... Autant de détails familiers à la campagne et dans bien des jardins. Et qui ne connaît les petites boules blanches de la symphorine, si souvent plantée dans nos villes ? Avec le laurier-tin, les viornes, tous ces arbrisseaux sont traditionnellement rassemblés dans la famille des caprifoliacées.
CLASSIFICATION
Les caprifoliacées sont des dicotylédones de l'ordre des dipsacales. Leur classification a été récemment bouleversée. On considère aujourd'hui que les sureaux et les viornes appartiennent à la famille des adoxacées, tandis que les caprifoliacées intègrent aussi l'ancienne famille des dipsacacées (scabieuses, cardères) et celle des valérianacées (valériane, mâche). Sans entrer dans ce débat, on observera que les sureaux, les viornes, les chèvrefeuilles et la symphorine possèdent un certain nombre de caractères communs. Ce sont des arbrisseaux, des herbes ou des lianes. Leurs feuilles sont opposées, parfois verticillées par
Classification des chèvrefeuilles et sureaux
Ancienne classification
Famille des caprifoliacées Genres
Leycesteria (ex. : L. formosa) Lonicera (ex. : L. xylosteum) Symphoricarpos (ex. : S. rivularis) Sambucus (ex. : S. nigra) Viburnum (ex. : V. lantana)
Nouvelle classification
Famille des caprifoliacées Genres
Leycesteria Lonicera Symphoricarpos Dipsacacées (ex. : scabieuses) Valérianacées (ex. : mâche)
Famille des adoxacées Sambucus Viburnum
trois (trois feuilles partant du même noeud). Elles sont caduques, quelquefois persistantes.
Leurs fleurs hermaphrodites se trouvent le plus souvent à l'extrémité des rameaux. Elles sont groupées en inflorescences comprenant entre deux et plus de cent éléments : ce sont des cymes. Leur pédoncule est plusieurs fois ramifié et toutes les fleurs se trouvent au même niveau, formant selon
les espèces une boule lâche ou un plateau. Leurs teintes sont blanches, rouges, jaunes ou verdâtres, jamais bleues ou violettes. Elles sont souvent odorantes ; certaines sont recherchées par les abeilles. Ces fleurs possèdent cinq courts sépales, cinq pétales fusionnés sur une certaine longueur et cinq étamines soudées par la base aux pétales. L'ovaire est placé en dessous de leur point d'insertion (fleurs épigynes). Il est parfois divisé en loges qui peuvent aller jusqu'à cinq quand il est jeune. Le style, développé ou non, porte trois stigmates. La fleur est fécondée par les insectes. Leurs fruits sont des baies, comportant une à trois loges contenant une ou plusieurs graines. Ces baies sont consommées par les oiseaux, qui rejettent les graines
«
jeunes
pousses de la viorne flexible
(Viburnum lanta na) servaient jadis à
faire des liens, comme celles de l'osier.
Ce sont des arbrisseaux pouvant
atteindre dix mètres, à feuilles simples,
entières ou dentées, parfois un
peu lobées.
Certaines de ces feuilles
prennent de superbes couleurs
d'automne.
Les fleurs sont rassemblées
en cymes blanches ou rosées.
Leurs
sépales sont courts, leurs corolles
régulières ou peu irrégulières, avec
des lobes arrondis.
Leur style est non
développé.
Les fruits sont de petites
boules noires, rouges ou oranges,
ordinairement non comestibles.
Ils ne
sont pas divisés en loges et n'abritent
qu'une seule graine.
Les viornes
comptent environ cent vingt espèces,
répandues de l'Europe au Japon.
LAURIER-TIN
On trouve Vibumum linus tout autour
de la Méditerranée.
C'est un arbrisseau
touffu, de deux à quatre mètres,
surtout remarquable par ses feuilles
persistantes et sa floraison hivernale.
Ses feuilles aux pétioles courts, sans
stipules, sont coriaces et entières,
comme celles des vrais lauriers.
Plus
sombres au-dessus, elles portent de
petites touffes de poils à l'aisselle des
nervures.
Ses fleurs, qui fleurissent
dès le mois de février, forment des
cymes compactes.
Elles sont blanches
et sans odeur.
Ses fruits globuleux,
bleu noir, sont toxiques.
Plante de sous-bois, le laurier-tin
est souvent planté en haie, même
en plein soleil.
VIORNE FLEXIBLE
Aussi appelée mancienne ou crève
chien, Vibumum lantana est une reconnaissables
: denticulées,
ovales, assez épaisses et velues, elles
possèdent des nervures nombreuses
et bien marquées.
Leur pétiole court
(1 à 3 cm) n'a pas de stipules.
11 est
porté par des rameaux très velus.
Ses
fleurs, épanouies en avril et en mai,
forment des cymes de cinq à dix
centimètres de diamètre.
Elles sont
blanches et odorantes.
Ses fruits
au noir à la fin de l'été.
lls ne sont pas
comestibles.
OBIER Aussi connu sous le nom de boule-de
neige, Viburnum opulus est répandu en
Europe, sauf autour de la Méditerranée,
et de l'Asie mineure à la Sibérie et au
Japon.
Il est beaucoup planté pour
ses grandes inflorescences blanches
et son feuillage d'automne.
C'est
un arbrisseau touffu, atteignant deux
à cinq mètres, qui préfère les
terrains calcaires un peu ombragés.
Ses feuilles plus ou moins ovales
possèdent trois ou cinq lobes
grossièrement dentés.
Leur pétiole
porte deux stipules étroites.
Elles
prennent d'admirables teintes roses
ou cramoisies à l'automne.
Ses cymes
contiennent deux types de fleurs :
celles du centre, qui sont petites et
normalement sexuées, avec étamines
et pistil, sont entourées de grandes
fleurs stériles, dont les pétales forment
des lobes inégaux.
Dans la variété la
plus utilisée dans les jardins (la « boule
de-neige » au sens strict), les cymes
sont globuleuses et ne comprennent
que de grandes fleurs stériles.
Les fruits,
d'un diamètre de huit millimètres, sont
rouge vif à maturité, avec un noyau
trouve beaucoup de variétés horticoles :
roseum, stérile, a des fleurs légèrement
rosées ; compadum a de nombreux
fruits, tandis que ceux de
xanthocarpum forment des bouquets
jaune orangé pendants.
AUTRES VIORNES
plante très répandue en Europe et dans Plusieurs autres espèces présentent un
l'ouest de l'Asie.
C'est un arbrisseau intérêt pour le jardinier.
Citons la
d'un à quatre mètres, surtout fréquent
viorne de Chine, Viburnum plicatum,
sur les terrains calcaires ou argilo-
un arbrisseau de deux à trois mètres
calcaires, jusqu'à mille mètres
répandu aussi au Japon et en Corée.
d'altitude.
11 possède des branches horizontales,
Ses bourgeons sont caractéristiques :
de sorte que ses inflorescences
à l'automne, ils perdent leurs apparaissent
comme étagées.
écailles, tandis que se forment deux
La viorne dentée (Viburnum dentatum)
feuilles d'environ un centimètre,
est un arbrisseau d'Amérique du
couvertes d'une matière jaunâtre et nord.
Sa variété Blue Muffin'M
qui protégeront les autres feuilles
Viburnum se caractérise par sa
durant l'hiver.
petite taille et l'abondance de ses
Ses feuilles elles-mêmes sont facilement fruits d'un bleu très intense.
La
viorne trilobée (Viburnum trilobum)
d'Amérique du nord est, comme
son nom l'indique, un arbrisseau à
feuilles trilobées.
Cueilli après les
gelées, son fruit rouge et translucide
est comestible.
Son goût acidulé se
rapproche de celui de la canneberge.
i!iJM!Jiiol:!!iitJ Originaire de l'ouest de l'Amérique
du nord, le genre Symphoricarpos
est surtout connu en Europe
pour la symphorine à grappes
(Symphoricarpos rivularis), naturalisée
depuis 1806.
C'est un arbrisseau de
moins de deux mètres, qui est
particulièrement robuste.
Peu exigeant
quant au sol et à l'exposition, il pousse
même sous les résineux.
Il résiste à la
pollution et au gel le plus sévère :
moins quarante-cinq degrés ! 11 doit
peut-être ces qualités à ses racines très
profondes, émettant des stolons
traçants : il peut devenir très
envahissant.
Ses feuilles simples, ovales
et peu velues, sont portées par des
rameaux glabres.
Elles sont légèrement
parfumées.
Ses fleurs blanches, rosées
à l'extérieur, sont groupées en petites
inflorescences serrées.
Elles donnent
naissance à des baies spongieuses,
blanches, d'environ un centimètre de
diamètre.
Ces baies fortement toxiques
demeurent sur la plante une partie de
l'hiver.
Parmi la quinzaine d'autres
espèces de symphorines, signalons
Symphoricarpos occidentalis, à port
retombant et à baies rouge noir,
et Symphoricarpos orbieu/oris, le
« groseillier des Indiens », aux baies
ovales rose vif.
Aucune de ces baies
n'est comestible.
LES CHÈVREFEUILLES
lis constituent le genre Lonicera,
nommé en hommage au botaniste
allemand Adam Lonitzer (1528-1586).
Ce sont des arbrisseaux ou des lianes.
Ces lianes ont tendance à étouffer
les plantes sur lesquelles elles
s'enroulent (toujours vers la droite) :
la plante-support ne peut plus épaissir
qu'entre les tiges du chèvrefeuille,
ce qui lui donne un aspect spiralé
caractéristique.
Mais il arrive aussi
que ses tissus se rejoignent de part et
d'autre de cette tige et que ce soit
le chèvrefeuille qui meure.
Les feuilles, caduques ou persistantes,
sont petites, entières, ovales, avec des
nervures peu marquées.
Chez plusieurs
espèces de
lianes, elles
peuvent être
soudées à la
feuille opposée,
alors que
les feuilles
des formes -�.-- - buissonnantes
possèdent toujours un pétiole
(sans stipules).
Les fleurs sont bien reconnaissables
: calices aux sépales
très courts, longs pétales soudés en
un tube allongé et disposés en deux
lèvres.
La lèvre supérieure compte
quatre lobes, contre un seul en bas :
cela correspond aux cinq pétales des
caprifoliacées.
Le style est très long et
sort de la corolle, comme les étamines.
Les ovaires peuvent être soudés à la
base : les fleurs constituent de petites
ombelles (non-ramifiées) au sommet
des rameaux, ou poussent par
deux à l'aisselle des feuilles.
Elles
sont blanches, roses, rouges ou
jaunes, parfois verdâtres, et souvent
parfumées.
Ces parfums sont surtout
sensibles le soir.
bleues, possèdent deux ou trois
loges et contiennent plusieurs graines.
Elles ne sont pas comestibles.
Les chèvrefeuilles comptent environ
cent quatre-vingts espèces, répandues
dans tout l'hémisphère nord.
CAMtRISIER Lonicera xy/osteum est aussi appelé
chèvrefeuille des haies.
C'est un
arbrisseau d'un à trois mètres,
commun sur les sous-bois
calcaires d'Europe, sauf autour de
la Méditerranée, et de l'ouest de
l'Asie jusqu'à la Mandchourie.
Ses feuilles à pétioles très nets ne
sont jamais soudées.
Elles sont ovales,
vert pâle, couvertes de poils mous.
Ses
fleurs inodores, de couleur crème ou
rosée, ont un tube court et des lèvres
très étalées.
Elles poussent par paire
sur de longs pédoncules velus.
Leurs
ovaires sont soudés à la base, de même
que leurs fruits, rouges et globuleux,
aussi décoratifs que toxiques.
CHÈVREFEUILLE DES JARDINS
Lonicera caprifolium est sans doute le
chèvrefeuille le plus cultivé, et l'un
des plus odorants.
Répandu en Europe,
en Afrique du nord et au Moyen-Orient,
c'est une liane qui peut atteindre
6 m.
Ses feuilles un peu coriaces
sont bordées d'une étroite marge
translucide.
Les paires de feuilles
supérieures sont largement soudées
et portent des fleurs axillaires, tandis
que la paire terminale forme une
petite coupe, contre laquelle est placée
la paire de fleurs terminales.
Ces
fleurs sont jaunes, rouges à l'intérieur.
Leur tube est long.
Elles donnent
naissance à des fruits rouge orangé.
ainsi que sur
le pourtour
méditerranéen, le plus souvent sur des
sols un peu siliceux.
C'est une liane aux
feuilles elliptiques, munies d'un court pétiole,
à l'exception des feuilles
supérieures, qui ne sont cependant
jamais soudées.
Leurs fleurs jaunâtres
ou blanc rosé poussent en petites
ambel/es, à l'extrémi té de courts
pédoncules.
Leurs fruits, d'environ un
centimètre de diamètre, sont rouge vif
et contiennent des graines aplaties.
LA StRIE ALPINE
En montagne, les chèvrefeuilles
s'étagent selon l'altitude, avec des
ovaires de plus en plus soudés à
mesure qu'on s'élève.
En dessous
de 700 mon
(Lonker11 etruscti), dont
les fruits sont
libres.
De 700 à 1 500 m pousse le
chèvrefeuille des Pyrénées (Lonicera
pyrenaica), et de 1 000 à 2 000 m
le chèvrefeuille ou camérisier noir
(Lonicera nigra), qui ont des ovaires
soudés à la base et des fruits
accolés par deux.
Plus haut encore,
le chèvrefeuille ou camérisier des Alpes
(Lonicera a/pigena) et le chèvrefeuille
ou camérisier bleu (Lonicera caeru/ea)
ont des ovaires soudés et donnent des
fruits fusionnés au point de n'être plus
distincts.
rA RBRE AUX FAISANS
Aussi appelé
chèvrrfruille
de l'Himalaya,
Leycesteria
formosa est
un arbrisseau des
forêts d'altitude
de l'Himalaya
au Sichuan.
Ses feuilles
triangulaires
et ses longues tiges creuses sont peu
spectaculaires, mais ses grappes de
fleurs, puis de fruits, ne passent pas
inaperçues dans les jardins.
Sur un
long pédoncule pendant s'alignent des
bractées pourpres, abritant des fleurs
blanches (ou roses ou rouges, selon les
cultivars).
Ces fleurs au tube long, à la
corolle régulière, émettent un parfum
délicat.
Elles laissent place à des baies
rouges, puis noires, censées attirer
particulièrement les faisans.
C'est
une espèce robuste, à pousse
très rapide, qui repart facilement
du pied après avoir gelé.
Il existe des variétés à feuillage
panaché ou jaune, ainsi qu'une
espèce moins rustique, Leycesteria
crocothyrsos.
Limitée à l'Assam et à
la Birmanie, elle se caractérise surtout
par ses grappes de fleurs jaunes, aux
bractées vertes, à peine pourprées..
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