Voisin des États-Unis, le Mexique, État fédéral, est la deuxième grande puissance démographique et économique de l'Amérique latine. Après avoir connu de brillantes civilisations amérindiennes - olmèque, maya et aztèque -, il fut conquis par Cortés, christianisé et transformé en colonie espagnole jusqu'en 1821. Son statut de nouveau pays industriel, fondé sur le pétrole et le tourisme, n'empêche pas l'agriculture d'être déficitaire, la dette, considérable, la croissance, inégalitaire. Mexico, quant à elle, est devenue une mégalopole. Le Mexique, en espagnol México ou Estados Unidos Mexicanos. est un État qui occupe la partie méridionale de l'Amérique du Nord. Il est baigné à l'ouest par l'océan Pacifique et à l'est par le golfe du Mexique. Deuxième grande puissance de l'Amérique latine après le Brésil, le Mexique connaît, comme ce dernier, les déséquilibres d'une croissance fondée sur des structures inégalitaires qui remettent en cause un système politique original. Il doit en outre composer avec les États-Unis, son puissant voisin du Nord, avec lesquels il réalise 70 % de ses échanges - cas unique de relations complexes entre deux pays de développement inégal -, et, en 1994, il a constitué avec les États-Unis et le Canada une zone de libre-échange économique et financière (ALENA). Chef de l'État, le président de la République est élu pour six ans au suffrage universel direct et n'est pas rééligible. Le Parlement comprend deux Chambres : une Chambre des députés élus pour trois ans, et qui ne sont pas immédiatement rééligibles, et un Sénat, qui est composé de 64 membres : 2 par État fédéré et 2 pour le district fédéral de Mexico. Chacun des 31 États fédérés dispose d'une autonomie interne. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique latine Géographie Les conditions naturelles La disposition du relief. Large de 3 000 km dans le Nord et de seulement 200 km dans l'isthme de Tehuantepec, le pays s'étend de 33o à 15o de latitude nord. Au nord, le relief prolonge celui de l'ouest des États-Unis. Ainsi, les axes méridiens des montagnes Rocheuses se poursuivent au Mexique par deux grandes chaînes montagneuses de 2 000 à 3 000 m d'altitude, orientées nord-ouest/sud-est : la Sierra Madre orientale, qui domine les plaines du golfe du Mexique larges de 100 à 300 km, et la Sierra Madre occidentale, doublée de la sierra de Basse-Californie. Ces montagnes encadrent de hauts plateaux larges de 1 200 km, dont l'altitude s'élève de 1 100-1 500 m dans le Chihuahua à plus de 2 500 m au sud. Ces hauts plateaux sont barrés au sud du 20o de latitude nord par un axe néo-volcanique orienté ouest-est. Ils se terminent par un abrupt de 1 000 m vers l'est et un rebord méridional dominé par des volcans de plus de 5 000 m (Popocatépetl). Au sud de cette cassure, les sierras occidentale et orientale réapparaissent, puis s'effacent dans l'isthme de Tehuantepec pour resurgir dans le Chiapas. Le relief du Sud mexicain, assez compartimenté, comporte de larges plaines alluviales bordant le golfe du Mexique et une vaste table calcaire dans la presqu'île du Yucatán. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Californie (Basse-) Chihuahua Madre (sierra) Mexique (golfe du) Popocatépetl Tehuantepec (isthme de) Yucatán La diversité climatique. L'étirement en latitude et l'étagement lié à l'altitude entraînent une grande diversité climatique. Trois grands ensembles naturels peuvent être dégagés : le Sud tropical humide, le Nord semi-aride et le Centre volcanique, où l'Altiplano et les basses terres ont un climat tropical à deux saisons (sèche de novembre à mai et humide de juin à octobre). À la latitude du Sahara, le Mexique méridional est une zone tropicale humide en raison des influences océaniques et du resserrement isthmique. Dans le centre du pays, l'altitude a une influence sur le climat. Ainsi, bien que situé sous les tropiques, le « Mexique utile », qui couvre 1 million de km2, est un vaste espace tempéré. Le désert et le semi-désert apparaissent dans le nord-ouest du pays. Toutefois, plus de la moitié du territoire reçoit moins de 500 mm de pluies par an, ce qui rend l'agriculture précaire ou impossible en l'absence d'irrigation. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aguascalientes Chihuahua Mexique (golfe du) Río Bravo del Norte Tehuantepec (isthme de) Les livres Mexique - le Popocatépetl, page 3176, volume 6 Les aspects humains La permanence d'un noyau dense de population indigène au coeur du Mexique a engendré une unité nationale précoce. Dans ce pays majoritairement métissé, les apports étrangers ont été numériquement faibles (les Espagnols et les Noirs sont très peu nombreux). Quelque 10 millions d'Amérindiens, ruraux en majorité et très pauvres, vivent dans des communautés et pratiquent des langues diverses selon les groupes ethniques. Au XXe siècle, le Mexique a connu l'une des plus fortes croissances démographiques de l'Amérique latine. En deux générations (1940-1985), la population a plus que quadruplé et, de ce fait, les deux tiers des Mexicains ont moins de 30 ans. La natalité n'a commencé à baisser qu'à partir de 1970 (taux d'accroissement naturel de 2 % entre 1990 et 1995). Le peuplement a suivi au XXe siècle un double mouvement vers les terres peu ou pas peuplées, puis vers les villes. Ainsi, les migrations vers les zones rurales, très nombreuses entre 1930 et 1960, se sont effectuées surtout vers les régions irriguées du Nord et les terres neuves du Sud (« marche vers la mer »). À partir de 1960, l'exode rural a alimenté la croissance des grandes villes, l'attraction de Mexico étant prépondérante. L'urbanisation est très inégale selon les régions. Aux pôles les plus anciens et les plus peuplés du Mexique central (Mexico, Guadalajara) et nord-oriental (Monterrey) s'ajoutent les villes frontalières du Nord, en plein développement, et quelques villes-champignons de la région pétrolière du Golfe. Depuis plusieurs décennies, les Mexicains franchissent massivement la frontière pour aller travailler aux États-Unis. D'abord reconnue par les autorités nord-américaines, cette immigration est devenue, pour une grande part, clandestine à partir de 1965. Officiellement, 7 millions de Mexicains vivent aux États-Unis, Los Angeles étant la deuxième ville mexicaine du monde. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique du Nord - Géographie - Les aspects humains États-Unis - Géographie - Les aspects humains Guadalajara Mexico Monterrey Les livres femme - communauté matriarcale de Juchitán, au Mexique, en 1989, page 1880, volume 4 Mexique - village maya, page 3179, volume 6 Mexique - la frontière américano-mexicaine à Tijuana, dans l'État de BasseCalifornie du Nord, page 3179, volume 6 Mexique - circulation à Mexico, page 3179, volume 6 La vie économique Par rapport aux autres secteurs économiques, le retard pris par l'agriculture, qui emploie 30 millions de Mexicains, va en s'accentuant. Plus de la moitié des exploitants pratiquent une agriculture sèche, archaïque et peu productive, tandis qu'un secteur moderne fournit l'essentiel des productions commerciales, notamment dans les périmètres irrigués. Mais le Mexique doit importer de plus en plus de denrées alimentaires, et le problème de la terre reste aigu. En dépit de multiples réformes agraires depuis 1920, 4 millions d'ouvriers agricoles et d'enfants de paysans attendent une dotation en terres qui est de plus en plus hypothétique, les meilleures parcelles ayant déjà été distribuées. Le Mexique fait partie des nouveaux pays industriels. Après la création d'industries de substitution aux importations, le boom pétrolier des années soixante-dix a permis le développement d'une industrie lourde (pétrochimie, sidérurgie). Nationalisé dès 1938, le secteur pétrolier est devenu le moteur de la croissance globale du pays. Avec l'exploitation des gisements du Sud, le Mexique s'est hissé au cinquième rang mondial des pays producteurs de brut, et il détient les septièmes réserves du monde. L'État contrôle 60 % des investissements industriels, ainsi que l'ensemble des ressources minérales et énergétiques. Les capitaux étrangers, en majorité nord-américains, sont surtout investis dans l'agroalimentaire, le premier des secteurs industriels, dans la construction automobile et dans les grandes infrastructures touristiques. Le secteur industriel (un quart des emplois, un tiers du PIB) est très concentré géographiquement. Mexico et sa région regroupent en effet la moitié de l'industrie nationale, le reste étant partagé entre Monterrey et Guadalajara. Dans les villes frontalières du Nord, plus de 3 000 entreprises, dénommées maquiladoras, étrangères en majorité, se consacrent essentiellement au montage de composants importés sous franchise douanière. Ces industries sont devenues la deuxième source de devises du pays après le pétrole et avant le tourisme. Cependant, avec la récession pétrolière et industrielle, la poussée de l'inflation et l'énormité de la dette extérieure, la crise économique, culminant en 1994 avec une dévaluation de 50 % du peso, a accru la pauvreté et exacerbé les tensions politiques et sociales. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique du Nord - Géographie - La vie économique Guadalajara Mexico Monterrey réforme agraire Les livres Mexique - paysage industriel de la région de Monterrey, page 3178, volume 6 Mexique - usine pétrochimique de Villahermosa, page 3180, volume 6 Mexique - culture irriguée dans le désert de Chihuahua, page 3180, volume 6 Mexique - ensachage de piments séchés, page 3180, volume 6 Mexique - plates-formes pétrolières d'Akal, page 3180, volume 6 Mexique - brasserie Moctezuma, à Guadalajara, page 3181, volume 6 Mexique - Acapulco, page 3181, volume 6 L'organisation de l'espace Les conditions naturelles et l'armature urbaine permettent de distinguer quatre grands domaines dans l'espace mexicain. La sécheresse donne son unité à la partie septentrionale du Mexique. La végétation naturelle y est réduite à une steppe buissonnante hérissée de cactus ; aussi l'irrigation est-elle indispensable pour produire du blé, des légumes (exportés aux États-Unis) et des cultures fourragères. Les propriétaires des domaines irrigués et les éleveurs dominent politiquement cette région. Dans sa partie nord-orientale, l'espace s'ordonne autour de la ville de Monterrey, centre sidérurgique privé ancien, entouré de villes industrielles comme Sabinas Hidalgo (charbon), Monclova (sidérurgie) ou Cadereyta Jiménez (pétrole). Un vaste espace transfrontalier s'organise à partir des villes jumelles établies de part et d'autre de la frontière (commerces, maquiladoras). Au centre du Mexique, l'Altiplano regroupe plus de la moitié de la population totale (à l'époque précolombienne déjà, ces hautes terres tempérées étaient les plus densément peuplées). Ces terres paysannes aux fortes traditions ibérico-indiennes forment le grenier du pays (maïs, blé, sorgho, haricots, riz). Dans l'Anahuac, l'agriculture recule pourtant devant l'extension de l'une des plus grandes villes du monde, Mexico, dont la prépondérance est écrasante dans tous les secteurs de l'économie et qui produit la moitié du PIB. Dans l'ouest de cette région centrale, Guadalajara, ancien centre colonial et deuxième ville du Mexique, possède des industries diversifiées. Tout l'espace situé au sud de l'Altiplano se caractérise par l'archaïsme, l'enclavement et le sous-développement. Regroupant un quart de la population, il ne produit que 13 % du PIB. Les montagnes d'Oaxaca et du Chiapas abritent des paysanneries amérindiennes pauvres, dont la civilisation multimillénaire a « inventé » la culture du maïs. Dans le Yucatán, couvert d'une forêt sèche difficilement pénétrable, quelque deux mille descendants des Mayas perpétuent l'agriculture sur brûlis à très longue jachère. La modernité apparaît brutalement sous la forme de grands complexes touristiques (Acapulco, Huatulco, Cancún) ou de l'exploitation pétrolière née autour de Tampico vers 1900, aujourd'hui centrée sur les gisements plus profonds mais plus riches du TabascoChiapas et de l'offshore de Campeche. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Acapulco Altiplano Amérique du Nord - Géographie - L'organisation de l'espace Campeche Cancún Mexico Monterrey Oaxaca Tabasco Tampico Tula Tuxtla Yucatán Les livres Mexico - la cathédrale, page 3174, volume 6 Mexico - une rue du centre-ville, page 3174, volume 6 Mexico - la place des Trois-Cultures, page 3174, volume 6 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Californie (Basse-) Campeche Cancún Ciudad Juárez Guadalajara Jalapa Mexico Monterrey Nuevo León Oaxaca Popocatépetl Puebla Querétaro Quintana Roo Saltillo San Luis Potosí Sonora Tabasco Tamaulipas Tampico Taxco Tijuana Tlaxcala Toluca Torreón Veracruz Villahermosa Zacatecas Histoire Le Mexique précolombien D'après les recherches archéologiques menées à Tlapacoya, au nord de la ville de Mexico, la présence des premiers hommes au Mexique daterait de 30 000 ans avant J.C. Les groupes de chasseurs-collecteurs apprirent peu à peu à cultiver le maïs, la courge, le piment et le haricot. Ils se regroupèrent dans des villages, façonnèrent des objets en céramique et réalisèrent des tissus en fibre d'agave (4000-2000 avant J.-C.). C'est dans la région de la côte du golfe du Mexique que naquit la civilisation olmèque, la plus ancienne du continent américain (800-200 avant J.-C.). Les principales créations olmèques, telles que la construction de pyramides et de terrains de jeu de balle, et surtout l'invention de l'écriture glyphique et du calendrier, furent adoptées et enrichies par les habitants des grands centres urbains de la période classique (entre 200 et 900 après J.-C.). C'est au cours de cette période que s'épanouirent de brillantes civilisations, en particulier celle des Mayas. D'imposantes pyramides furent érigées à Teotihuacán et à Monte Albán, tandis que l'art du bas-relief et l'écriture glyphique se développaient dans les cités mayas de Tikal, Palenque et Copán. L'abandon progressif des cités classiques, à la suite de mouvements sociaux encore mal connus, provoqua le déferlement vers le sud des peuples semi-nomades venus du nord du pays. La civilisation toltèque (Xe XIIIe siècle) naquit de la fusion de ces nomades guerriers avec des populations sédentaires ayant déjà atteint un haut niveau culturel. Au Yucatán, une civilisation hybride, toltéco-maya, se développa sur les ruines des vieilles cités classiques. De nouvelles invasions provoquèrent l'éclatement de l'Empire toltèque en 1168. Plusieurs cités-États se disputaient l'hégémonie du Mexique central quand arrivèrent les Aztèques, venus du nord. Après la fondation de leur capitale, Tenochtitlán (aujourd'hui Mexico), en 1325 (ou 1345), ils dirigèrent une coalition contre la principale puissance de la région, Azcapotzalco. La victoire aztèque de 1428 marqua le début d'une série de conquêtes qui entraînèrent la formation d'un vaste empire. À la veille de la conquête espagnole, les possessions de l'empereur aztèque Moctezuma II s'étendaient sur la majeure partie du territoire du Mexique actuel. Voir les dossiers Aztèques et Mayas. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats agave Aztèques - Conquête et survivance du monde aztèque Aztèques - Origine et formation de l'Empire aztèque Copán Huaxtèques Mayas - Effondrement et renaissance de la civilisation maya Mayas - Introduction Mayas - Les cités mayas à l'époque classique (292-909) Moctezuma - Moctezuma Ier Moctezuma - Moctezuma II Olmèques Palenque précolombiennes (civilisations) Tenochtitlán Teotihuacán Toltèques Yucatán Les livres Zapotèques, page 5662, volume 10 Mexique - mort de l'empereur Moctezuma II (1520), page 3182, volume 6 Le Mexique colonial La supériorité militaire qu'apportaient aux Espagnols chevaux et armes à feu, ainsi que l'habileté politique de Cortés, qui s'allia aux peuples indigènes opposés au pouvoir aztèque, expliquent la rapidité de la conquête espagnole. Moins de deux ans s'écoulèrent entre l'arrivée des conquistadores à Veracruz en 1519 et la chute de la capitale aztèque en 1521. Les entreprises de conquête se poursuivirent durant toute la période coloniale. Le dernier royaume maya fut détruit en 1697, et la colonisation du nord du Mexique fut achevée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. En raison des guerres et des épidémies, la population indienne passa de 25 millions d'habitants en 1519 à 1 million en 1620. Des missionnaires franciscains et dominicains furent chargés de l'évangélisation des Indiens. Certains, comme Bartolomé de Las Casas, tentèrent de les protéger des abus des colonisateurs espagnols, qui avaient obtenu de la couronne de Castille des encomiendas, c'est-à-dire le droit d'employer gratuitement des Indiens. Cependant, malgré la promulgation en 1542 de lois les protégeant, les Indiens virent leur situation se dégrader durant la période coloniale. Ils furent astreints au travail forcé dans les mines d'argent ou employés dans les grandes propriétés agricoles, ou haciendas. L a majorité des Espagnols et des créoles, c'est-à-dire des Espagnols nés au Mexique, habitaient dans les villes et notamment à Mexico, où résidaient le vice-roi et ses fonctionnaires. La plèbe urbaine était composée d'esclaves noirs, d'Indiens et de métis, nés d'Espagnols et d'Indiennes. Durant la seconde moitié du XVIII e siècle, la NouvelleEspagne - c'était le nom donné au Mexique colonial - connut un accroissement démographique important (6 millions d'habitants en 1800 contre 3 millions en 1750) et une prospérité économique liée à l'augmentation des productions minière et agricole. Des idées d'indépendance commencèrent alors à se développer parmi les élites créoles, mécontentes des pouvoirs accordés aux fonctionnaires et militaires venus d'Espagne, et du système mercantiliste qui n'autorisait que le commerce avec l'Espagne. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique du Nord - Histoire - La conquête européenne Aztèques - Conquête et survivance du monde aztèque Cortés Hernán découverte du monde - L'âge des Grandes Découvertes Las Casas (Bartolomé de) Les livres Mexique - Benito Juárez (1806-1872), page 3182, volume 6 De l'indépendance à la révolution L'invasion de l'Espagne par Napoléon en 1808 et la disparition de la monarchie espagnole déclenchèrent au Mexique une lutte pour la conquête du pouvoir entre créoles et Espagnols. Par ailleurs, un mouvement nationaliste populaire dirigé contre les Espagnols s'organisa sous l'impulsion de simples curés, Miguel Hidalgo y Costilla et José María Morelos. Inquiètes de l'évolution que prenait cette insurrection, les élites espagnoles et créoles finirent par s'allier pour écraser la rébellion. En 1821, un général de l'armée d'Espagne, Agustín de Iturbide, rallié à la cause de l'aristocratie créole, fit signer au vice-roi le traité de Córdoba, qui proclamait l'indépendance. En 1822, il se fit couronner empereur, mais, dès l'année suivante, le général Santa Anna s'empara du pouvoir et proclama la République. Malgré des échecs retentissants, telle la perte au profit des États-Unis du Texas, de la Haute-Californie et du Nouveau-Mexique en 1848, Santa Anna dirigea ou contrôla les différents gouvernements qui se succédèrent jusqu'en 1855, date à laquelle il fut évincé par les libéraux de Benito Juárez. Une guerre civile opposa, entre 1858 et 1861, les conservateurs et les libéraux, après que ces derniers eurent voté une nouvelle Constitution qui supprimait les privilèges de l'Église et de l'armée. Soutenus par les États-Unis, les libéraux l'emportèrent finalement, mais ne purent remplir leurs obligations financières vis-à-vis de plusieurs pays européens. La France intervint alors militairement au Mexique et imposa, en 1864, un empereur autrichien, Maximilien. Le retrait des troupes françaises entraîna la chute de Maximilien, qui fut fusillé par les libéraux en 1867. Juárez restaura la République, mais le pays, ruiné par la guerre, fut en proie aux troubles du fait de l'opposition des conservateurs et des soulèvements paysans. Avec la prise du pouvoir par Porfirio Díaz en 1876 débuta une ère de paix qui favorisa, dans le domaine économique, la croissance de l'agriculture et de l'exploitation minière, la construction d'un réseau de chemin de fer et le développement d'une industrie nationale. Toutefois, cette expansion se limitait principalement aux secteurs d'exportation, et les problèmes de subsistance des paysans s'aggravaient. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique du Nord - Histoire - Les indépendances Camerone (combat de) Córdoba Díaz Porfirio Iturbide (Agustín de) Juárez Benito Maximilien Santa Anna (Antonio López de) Taylor Zachary Le Mexique contemporain Les classes moyennes écartées du pouvoir politique et les paysans exploités par les grands propriétaires fonciers furent sensibles aux appels à la révolution lancés par le libéral Francisco Madero. Après la chute de Díaz en 1911, et en dépit de l'aide apportée par le révolutionnaire Pancho Villa, Madero ne put maîtriser, à gauche, l'insurrection paysanne indienne d'Emiliano Zapata et, à droite, les mouvements factieux des partisans de Díaz. En 1913, Madero, renversé par le général Huerta, fut assassiné. Mais, face aux révoltes populaires conduites par Zapata et Villa, et au soutien apporté par les États-Unis au constitutionnaliste Venustiano Carranza, Huerta ne put se maintenir au pouvoir. Tandis que la guerre civile se poursuivait, le président Carranza adopta une Constitution socialisante en 1917 et fit assassiner Zapata en 1919. Mais il fut renversé par le général Álvaro Obregón, qui resta président de 1920 à 1924. La réforme agraire, qui restait la principale revendication des paysans, fut en partie appliquée par Obregón. Son successeur, Plutarco Elías Calles, entreprit de renforcer les pouvoirs de l'État, mais ses pratiques dictatoriales et sa politique anticléricale provoquèrent d'importantes révoltes paysannes (la guerre des « cristeros »). En 1929, Calles fonda le parti national révolutionnaire, ancêtre de l'actuel parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Sous la présidence de Lázaro Cárdenas (1934-1940) furent menées à leur terme la réforme agraire et la nationalisation de l'industrie du pétrole. À partir de 1940, la priorité fut accordée à l'industrialisation du pays, avec le soutien des États-Unis. L'État favorisa le secteur privé et encouragea l'entrée des capitaux étrangers. Malgré la formation de mouvements d'opposition (la révolte étudiante de 1 968 fut noyée dans le sang par le président Díaz Ordaz), le parti révolutionnaire institutionnel se maintint au pouvoir. La réforme constitutionnelle réalisée en 1977 par José López Portillo permit l'entrée au Parlement des partis d'opposition, mais coïncida avec la dégradation brutale de la situation économique, qui, liée à la chute des revenus pétroliers, entraîna la banqueroute de l'État. Le président Miguel De la Madrid (19821988) mit en place une politique de rigueur destinée à combattre l'inflation, et qui aboutit à un désengagement économique de l'État. Sous la présidence de son successeur, Carlos Salinas de Gortari (1988-1994), les tensions sociales s'accentuèrent, et la courte victoire, entachée de fraudes, du parti révolutionnaire institutionnel aux élections de 1991 a permis de mesurer l'ampleur du mécontentement. En 1994, cependant, c'est à nouveau le candidat de ce parti, Ernesto Zedillo, qui a été élu à la présidence. Il accédait à la tête d'un État en proie à la confusion politique, du fait de l'insurrection - d'inspiration zapatiste - qui avait éclaté dans la région du Chiapas, et qui avait été suivie d'une répression armée, d'une succession de scandales et de la crise financière la plus aiguë de son histoire : ainsi, en juillet 1997, pour la première fois de son histoire, le PRI a perdu la majorité à l'Assemblée nationale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Calles Plutarco Elías Cárdenas Lázaro Díaz Porfirio López Mateos Adolfo Madero Francisco Indalecio Zapata Emiliano Les livres Amérique du Nord - la révolte agraire de 1911-1919 au Mexique, page 204, volume 1 Mexique - Emiliano Zapata, par Diego Rivera, page 3182, volume 6 Mexique - blindés à Mexico, en 1968, page 3183, volume 6 Mexique - tremblement de terre à Mexico, en 1985, page 3183, volume 6 Mexique - manifestation de soutien à Carlos Salinas de Gortari, page 3183, volume 6 Arts Beaux-arts Les civilisations précolombiennes. La richesse et la puissance d'expression des oeuvres d'art précolombiennes témoignent de la splendeur des anciennes civilisations du Mexique. Le pays est couvert de ruines imposantes : grandes cités, autels grandioses en forme de pyramides, dont on atteignait le sommet par des escaliers monumentaux, temples et tombeaux ornés de sculptures et de peintures murales. Parmi les sites les plus remarquables figurent les ruines de Teotihuacán, de Tula, au nord de Mexico (Toltèques), de Chichén Itzá dans le Yucatán (Mayas-Toltèques), de Monte Albán et Mitla (Zapotèques), et de Palenque (Mayas). Ces villes étaient des centres religieux et commerciaux, où la population ne se réunissait qu'à l'occasion des fêtes et des marchés. Comme la décoration des édifices sacrés exigeait le travail d'un grand nombre d'artistes venus de régions différentes, les techniques et les styles tendaient à se diffuser. Néanmoins, en dépit d'une certaine unité, les arts de l'ancien Mexique se distinguent très nettement les uns des autres, tant par l'esprit que par la forme. La plus vieille civilisation, celle des Olmèques, sur la côte sud du golfe du Mexique (Ier millénaire avant J.-C.), a produit des sculptures qui, par la grandeur et la beauté, rappellent celles de la Chine et de l'Inde, avec généralement une stylisation plus poussée. Les Olmèques excellaient aussi dans le travail de la jadéite, pierre très dure dont ils faisaient des objets d'art. Plus au nord, sur la même côte, l'art des Totonaques et des Huaxtèques présente des traits analogues. Un esprit beaucoup plus austère caractérise de grands États qui, plus tard, se succédèrent dans le centre du pays : Teotihuacán (300-900), l'Empire toltèque (900-1168) et, plus puissant encore, celui des Aztèques (vers 1323-1521). L'art aztèque, en particulier, porte la marque d'une religion cruelle et sanglante. Au contraire, les Mayas, dont la civilisation fleurit en bordure de l'actuel Guatemala au I er millénaire de notre ère, puis dans la péninsule du Yucatán, témoignent de plus de chaleur, de plus d'humanité. On a trouvé, dans les ruines de leurs villes, des peintures murales et des sculptures en stuc d'une grande beauté. La céramique s'épanouit, en particulier chez les Zapotèques, qui ont laissé d'étranges urnes funéraires, en forme de visages fantastiques. Quant au travail des métaux, il avait pour maîtres les Mixtèques, voisins des Zapotèques. Il faut signaler aussi des mosaïques en or et turquoise, le travail du cristal de roche et de l'obsidienne chez les Aztèques et les parures de plumes des Zapotèques. L'écriture idéographique des anciens peuples du Mexique constituait un art. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, les Aztèques empruntèrent aux peuples conquis, surtout les Mixtèques qui utilisaient, pour leurs recueils de textes religieux et historiques, des caractères très expressifs, légèrement stylisés, mais d'un dessin relativement grossier. L'écriture aztèque, très nuancée, allie l'élégance à la vigueur. Plus fins encore sont les glyphes mayas, manuscrits ou gravés sur la façade et les colonnes des temples ou sur des obélisques servant de calendriers. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aztèques - Arts et littérature Chichén Itzá Huaxtèques Mayas - Les cités mayas à l'époque classique (292-909) Mexico Mixtèques Olmèques Palenque précolombiennes (civilisations) pyramide - 2.ARCHITECTURE Tajín (El) Teotihuacán Toltèques Totonaques Tula Uxmal Yucatán Zapotèques Les médias Aztèques - histoire du Mexique précolombien Les livres Mayas - voûte à encorbellement, provenant d'Uxmal (Yucatán, Mexique), page 3111, volume 6 Mayas - le palais de Palenque (Mexique), page 3111, volume 6 Mayas - le temple du Soleil à Palenque, page 3112, volume 6 Mayas - temple des Guerriers, à Chichen Itzá (Mexique), page 3112, volume 6 Mayas - tête en stuc, provenant de Palenque, page 3112, volume 6 Mayas - détail des fresques de Bonampak (Mexique), page 3113, volume 6 Mayas - femme au métier à tisser, provenant de Jaina (Mexique), page 3113, volume 6 Mixtèques, page 3232, volume 6 Olmèques, page 3567, volume 7 Palenque, page 3671, volume 7 Aztèques - sculpture en pierre représentant Xochipilli, jeune dieu des fleurs, page 502, volume 1 Aztèques - reconstitution de la capitale de l'Empire aztèque, page 502, volume 1 Aztèques - maquette de Tenochtitlán, page 503, volume 1 Aztèques - sculpture en pierre représentant Chalchiuhtlicue, page 504, volume 1 Aztèques - fondation de Mexico-Tenochtitlán en 1325 (codex Mendoza), page 504, volume 1 Aztèques - masque à décor de mosaïque en corail, turquoise, nacre et obsidienne, page 504, volume 1 Aztèques - cérémonie du Feu Nouveau (codex Borbonicus), page 505, volume 1 Aztèques - planche de calendrier divinatoire (codex Borbonicus), page 505, volume 1 Aztèques - temple de Quetzalcóatl, le « Serpent à plumes », à Teotihuacán, page 505, volume 1 La période coloniale. La colonisation et la christianisation donnèrent une nouvelle orientation à l'élan créateur. Cependant, l'art demeura au service presque exclusif de la religion. Au XVIe siècle, le pays se couvrit de monastères. Aux XVIIe et XVIIIe siècles furent construites des cathédrales, décorées, à l'intérieur comme à l'extérieur, avec autant de profusion que les anciens temples. Le baroque, qui, sous le nom de churrigueresque, avait déjà pris un caractère outré en Espagne, atteignit son plus haut degré d'exubérance au Mexique. La cathédrale de Zacatecas, l'église du Pèlerinage à Ocotlán, Sagración et la Sainte-Trinité à Mexico offrent des exemples frappants de ce style. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats baroque - Architecture - La diffusion du baroque hors de Rome baroque - Beaux-arts - Le baroque à travers le monde L'art moderne. L'indépendance nationale ouvrit de nouvelles perspectives. La peinture, qui prit la première place, connut une véritable renaissance au lendemain de la période révolutionnaire, et les artistes exprimèrent alors le renouveau national et social. Ce mouvement, qui eut pour initiateurs Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros, donna à la peinture monumentale une importance unique à cette époque. Par la rigueur expressive et communicative des formes, cet art moderne renoua avec la tradition picturale de l'ancien Mexique. Une autre école, que représente entre autres Rufino Tamayo, a produit des oeuvres plus sereines, où domine le souci de la couleur. L'art populaire combine des éléments indiens et espagnols. Il se caractérise par l'exubérance de l'imagination, la richesse des formes et des couleurs, un goût prononcé pour le thème de la mort, traitée sur le mode ironique et humoristique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats fresque - Déclin et renouveau Orozco José Clemente Rivera Diego Siqueiros David Álfaro Tamayo Rufino Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique latine Amérique latine - Beaux-arts Les livres Mexique - statuette olmèque en obsidienne, page 3176, volume 6 Mexique - les atlantes toltèques de la pyramide de Queltzalcoatl, page 3184, volume 6 Mexique - église abbatiale du monastère de Tepotzotlán (commencée en 1559), page 3184, volume 6 Mexique - fresque du château de Chapultepec, la Révolution et la Constitution, par Diego Rivera, page 3185, volume 6 Mexique - Autoportrait, de David Alfaro Siqueiros, page 3185, volume 6 Littérature De l'Amérique précolombienne, la littérature aztèque, certainement très riche, fut une des rares à être écrite. Elle disparut presque complètement lors de la conquête espagnole, et l'écriture pictographique n'est qu'en partie déchiffrée. En espagnol, les premiers écrivains furent les chroniqueurs du XVIe siècle (Suárez de Peralta, Alvarado Tozozomoc). Le théâtre s'avéra très vivant avec González de Eslava (1534-1601) et surtout Juan Ruíz de Alarcón y Mendoza (1581-1639). La poésie mystique s'illustra en particulier avec soeur Juana Inès de la Cruz (1651-1695). On dut cependant attendre le début du XIXe siècle et l'oeuvre de José Joaquín Fernández de Lizardi pour qu'apparût une production typiquement « mexicaine ». Les courants romantique et naturaliste n'eurent que peu de représentants, alors qu'au début du XXe siècle le « roman de la révolution », illustré par Ceux d'en bas (1916) de Mariano Azuela, et le « modernismo » en poésie (Salvador Díaz Mirón, Luis Gonzaga Urbina) marquèrent un vrai renouveau littéraire. Dès les années quarante, Octavio Paz (prix Nobel en 1990) témoigna de l'ouverture de la littérature mexicaine aux autres cultures. Dans son sillage, de jeunes poètes ont trouvé des voies originales, privilégiant la veine surréaliste (Marco Montes de Oca), lyrique (Rosario Castellanos), ou l'engagement politique. Le roman de moeurs aborde des problèmes sociaux auxquels Juan Rulfo a donné une dimension métaphysique déterminante. La réflexion sur l'histoire mexicaine est aujourd'hui au centre des préoccupations d'écrivains comme Carlos Fuentes et Fernando del Paso. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique latine Amérique latine - Littérature Fuentes Carlos modernisme Paz Octavio Reyes Alfonso Ruiz de Alarcón y Mendoza Juan Rulfo Juan Les livres Mexique - Carlos Fuentes, page 3185, volume 6 Mexique - Octavio Paz, page 3185, volume 6 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amérique centrale Les médias Mexique - tableau en bref Mexique - carte physique Mexique - carte physique Mexique - tableau en chiffres Amérique du Nord - carte politique Amérique du Sud - carte politique Les indications bibliographiques M. Aubert, Mexique, des origines aux Mayas, Presses de la Cité, Paris, 1982. A. Musset, le Mexique, Masson, Paris, 1992. M.-F. Schapira (et autres), le Mexique à l'aube du IIIe millénaire, IHEAL, Paris, 1993.