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Villon François, 1431-après 1463, né à Paris, poète français.

Publié le 14/12/2013

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Villon François, 1431-après 1463, né à Paris, poète français. Il n'était guère d'usage au Moyen Âge, pour le jongleur, le trouvère ou le faiseur de poésies, de livrer sur lui-même des éléments biographiques : c'est que le chant se concevait toujours par référence à la communauté, dont le poète n'était qu'une voix anonyme. À partir du XIVe siècle, la poésie lyrique sembla intégrer, au contraire, de plus en plus la voix personnelle du poète, comme si les sentiments unanimes du groupe cédaient le pas à la sentimentalité de l'individu : on passait ainsi d'un lyrisme fondé sur la musique (conçue non seulement comme harmonie des sons, mais surtout comme harmonie sociale et cosmologique) à un lyrisme fondé sur le sentiment de l'auteur. De cette évolution témoigna sans doute plus qu'une autre à la même époque la poésie de Villon. Il ne faut pourtant pas s'y tromper : le « moi » qu'évoque Villon est une mise en scène, une théâtralisation de la personne. S'il est possible de dégager certains éléments biographiques (Villon fut bien étudiant et reçu maître ès arts en 1452 ; il fut condamné à plusieurs reprises pour meurtre lors de rixes et accusé de vol, mais, après 1463, ses traces se perdent), ses confidences les plus intimes relèvent, dans ses poésies, des topiques médiévales. Nous sommes encore bien loin de la sensibilité romantique, car, au Moyen Âge, l'émotion du sentiment n'implique pas la nécessité d'être sincère. Un lyrisme subverti. Cela n'empêche pas que Villon a permis l'essor d'une nouvelle poésie : par son goût des ballades dialoguées, c'est une multiplicité inédite des voix qu'il propose, et, prolongeant la technique d'Eustache Deschamps, le lyrisme devient pour lui un instrument de critique sociale (Ballade des pendus). S'il ne se contente pas, en effet, de lire le monde offert à sa vue au moyen des lieux communs en usage alors, il en relève les perversités, et son personnage même de mauvais garçon, aussi stéréotypé soit-il, lui permet cette prise à partie d'un monde qu'il partage tout en en restant souvent exclu (ainsi, la Ballade de la grosse Margot est une parodie des grands chants courtois). C'est sans doute cet équilibre précaire qui a généré chez le poète un lyrisme de la tristesse plus que de la joie (Ballade des dames du temps jadis), comme un siècle plus tôt chez Guillaume de Machaut : la conscience de l'évanescence du temps et de la mort qui guette et happe ses proies, tel est en fait le sentiment le plus fort que le lyrisme de Villon laisse percevoir, que ce soit dans ses ballades, dans ses Lais ou dans son Testament. Mêlant les registres narratif et lyrique, sa poésie joue de cette ambiguïté pour exposer les crises d'un monde dont les contemporains avaient l'impression que la fin était proche. Rien d'étonnant donc à ce que le monde matériel que se plaît à décrire Villon semble si imprégné par la mort : c'est que celle-ci apparaît désormais de plus en plus comme un événement singulier, personnel (Villon décrit ce qu'il advient matériellement du cadavre à l'époque où se répandent les tableaux de danses macabres ou encore les images de corps décomposés sur les tombeaux à la place de l'image traditionnelle du gisant hiératique pour l'éternité). Même le rire qui vient périodiquement scander les poésies de Villon sombre facilement dans la mélancolie, et la parodie, dans l'horreur de la mort. Le lyrisme du sentiment permet alors de donner au moins au temps qui passe un embryon de sens, et, surtout, l'écrit permet au sentiment de durer grâce à la poésie qui le magnifie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats ballade Favier Jean France - Arts - Littérature - Le Moyen Âge Moyen Âge - Diversité culturelle et évolution des mentalités - La littérature médiévale poésie - Poésie et subjectivité réalisme - Le réalisme en littérature - Introduction Les livres Villon François, page 5533, volume 10

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