Sieyès, Emmanuel-Joseph, abbé

Prêtre et homme politique français né à Fréjus, mort à Paris (1748- 1836). Erudit et disciple des philosophes, il publia, à la veille de la Révolution française, une brochure intitulée Qu'est-ce que le Tiers Etat? qui eut une grande influence sur le cours des événements. Il y exprimait l'idée que le tiers est le véritable représentant du peuple et, à ce titre, a droit à la parole au sein d'une Assemblée nationale. C'est lui qui, le 17 juin, décida ses collègues à voter la résolution selon laquelle les représentants du tiers état se constituaient en assemblée ayant pouvoir de décider de la levée des impôts. Trois jours plus tard, il rédigea le texte du Serment du Jeu de paume. Il fut ensuite l'un des fondateurs du Club des Jacobins. Il fut élu député à la Convention et vota la mort de Louis XVI. Quand on lui demanda, plus tard, ce qu'il avait fait sous la Terreur, il répondit: «J'ai vécu.» Sous le Directoire, il fut membre du Conseil des Cinq-Cents. Après le coup d'Etat du 18 fructidor, auquel il prit part, il fut nommé ambassadeur à Berlin, puis devint directeur. Son choix se porta sur le général Bonaparte, qu'il poussa à perpétrer le coup d'Etat du 18 brumaire. Il organisa le système du Consulat et fut, au départ, l'un des trois consuls provisoires, avec Bonaparte et Roger-Ducos. Il devint ensuite sénateur et comte d'Empire. La Restauration l'exila comme régicide, mais il rentra en France sous la Monarchie de Juillet. Il a laissé la réputation d'un infatigable faiseur de Constitutions.