Si Baudelaire craignait que la photographie ne corrompe l'art en le suppléant, Arago se montrait beaucoup plus confiant dans ce nouvel instrument. Née grâce à la chimie, perfectionnée par la technologie moderne, devenue une industrie puissante, la photographie a toujours tenu à définir son statut par rapport à l'art. Permettant une reproduction très fidèle de la réalité aussi bien que la plus grande liberté, la photographie, du documentaire à l'oeuvre esthétique la plus personnelle, sert autant la science que le rêve. Procédé technique permettant de fixer l'image de la réalité et de la reproduire, la photographie s'obtient par l'action de la lumière sur une surface sensible. Des siècles furent nécessaires pour perfectionner chacun de ces deux phénomènes : émission de lumière et impression d'un récepteur photosensible, puis pour les mettre en relation. Leur connaissance était cependant ancienne ; les alchimistes avaient décrit depuis fort longtemps le noircissement des sels d'argent sous l'action de la lumière ; les premières descriptions de la chambre noire remontent au XVIe siècle et Léonard de Vinci la mentionna souvent sous le nom de camera oscura. Historique La forme la plus rudimentaire de chambre noire est une boîte percée d'un petit trou ; la plus perfectionnée comporte un objectif - lentille qui permet aux rayons lumineux de converger, de se réfracter et de constituer ainsi une image renversée - et un miroir qui redresse l'image. La camera oscura avait été inventée pour les dessinateurs, qui « décalquaient » ainsi formes et contours. Le principe de base était découvert. D'importants problèmes demeuraient pourtant : comment doser et contrôler l'entrée de la lumière ? Comment obtenir une bonne netteté de l'image ? Comment fabriquer des supports contenant ces fameux sels d'argent ? Comment fixer l'image ? Il est courant de dater l'invention de la photographie au 19 août 1839. Ce jour-là, devant l'Académie des sciences et l'Académie des beaux-arts, Arago décrivit en détails le principe du daguerréotype mis au point par Louis Daguerre. L'événement fit date et permit à la photographie de prendre véritablement son essor. De nombreux savants, de simples « bricoleurs », avaient pourtant, depuis longtemps, essayé de parvenir à un résultat en rapprochant deux phénomènes bien connus : la chambre noire et le noircissement des sels d'argent par la lumière. L'Allemand Ritter en 1801, les Anglais Wedgwood et Davy en 1802 avaient réalisé, les premiers, quelques pâles images de mauvaise qualité et surtout sans aucune stabilité. À partir de 1816, Nicéphore Niepce mena des recherches obstinées et expérimenta divers supports pour remplacer le fond translucide de la chambre noire. Mais c'est avec une plaque d'étain recouverte de bitume de Judée qu'il obtint le succès. Il associa Daguerre à ses travaux vers 1829, avant de mourir en 1833. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Daguerre Louis Jacques Mandé Niepce Nicéphore Les livres photographie - Nature morte (vers 1824), de Nicéphore Niepce, page 3874, volume 7 photographie - Portrait en couleurs, par les frères Auguste (1862-1954) et Louis (1864-1948) Lumière, page 3875, volume 7 photographie - Autochrome, de Louis Ducos du Hauron (1837-1920), page 3875, volume 7 Le daguerréotype. Daguerre, grâce à Niepce et à quelques hasards heureux, eut le mérite de mettre au point un procédé dont la qualité était exceptionnelle. Il imagina d'utiliser une plaque de cuivre argentée, polie, frottée aux vapeurs d'iode qu'il exposait dans la chambre noire. L'image positive se formait ensuite grâce à l'action de vapeurs de mercure. Elle était alors fixée à l'hyposulfite. La commercialisation du procédé fut une immense réussite, et le daguerréotype s'imposa pendant plusieurs années. Ses inconvénients étaient pourtant nombreux. Il exigeait un temps de pose très long, ce qui excluait tout sujet en mouvement, des manipulations laborieuses, et, surtout, il ne formait qu'une image unique et non reproductible. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Daguerre Louis Jacques Mandé daguerréotype hyposulfite Les livres photographie - Portrait, de Louis Daguerre (1787-1851), page 3874, volume 7 Le calotype. Procédé ingénieux et de qualité, le daguerréotype fut cependant sans postérité, car l'Anglais William Henry Fox Talbot découvrit en 1841 le calotype, qui, en passant par l'intermédiaire d'un négatif, garantissait la reproductibilité de l'image. Cette découverte consistait à employer, au lieu d'une plaque, un papier traité au chlorure d'argent, qui devenait le négatif à partir duquel on obtenait le positif par tirage contact. S'inspirant du calotype, Hippolyte Bayard imagina le procédé positif direct ; Gustave Le Gray et Louis Désiré Blanquart-Évrard, quant à eux, apportèrent des améliorations au papier. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Adamson Robert argent - Utilisation en photographie Bayard Hippolyte Le Gray Gustave négatif Talbot William Henry Fox Le négatif en verre. Le perfectionnement suivant allait être l'adoption de la plaque de verre comme négatif. Malgré sa fragilité, le verre fut préféré en raison de sa transparence, qui autorisait une précision et une netteté jamais atteintes. Abel Niepce de Saint-Victor mit au point un procédé de négatif sur verre enduit d'albumine avant que ne triomphe, vers 1850, et pour de nombreuses années, le collodion sur verre ; la qualité des photographies s'améliora beaucoup avec ce dernier procédé, qui avait toutefois le défaut de devoir s'employer sur un support humide. Cet inconvénient disparut vers 1870 avec l'emploi de plaques sèches au gélatino-bromure d'argent. C'est aux Anglais Harrison et Maddox que revint cette invention capitale. Le gélatino-bromure d'argent, très stable, allait en outre pouvoir être étendu sur d'autres supports et ainsi aboutir à la fabrication des rouleaux de Celluloïd, ou pellicules. Les formes modernes étaient presque atteintes. Elles furent encore allégées et perfectionnées. De plus en plus libéré des contraintes techniques, le photographe allait pouvoir se vouer entièrement à son art. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats albumine celluloïd collodion gélatine négatif Niepce Nicéphore - Niepce de Saint-Victor Abel pellicule - 2.PHOTOGRAPHIE Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats argent Ducos du Hauron Louis Swan (sir Joseph Wilson) techniques (histoire des) - La révolution industrielle Les livres Daguerre Louis, page 1365, volume 3 Niepce Nicéphore, page 3432, volume 6 Les techniques modernes Les progrès de l'optique permirent d'améliorer les objectifs, d'imaginer le principe du diaphragme (qui s'ouvre et se ferme pour ne laisser pénétrer que la quantité de lumière voulue), d'inventer l'obturateur (qui fixe les images dans un instant donné). Les progrès de la chimie offrirent la possibilité d'utiliser des supports de plus en plus performants (de la plaque d'argent, du papier négatif au film en bobines) et de créer des émulsions de plus en plus rapides. Inspirés de l'oeil humain et du processus de la vision, l'objectif tenant lieu de cristallin, le diaphragme d'iris, l'obturateur de paupière, les appareils allaient très vite se perfectionner. Complétez votre recherche en consultant : Les médias photographie - les films Les livres photographie - pellicule à écran additif, page 3878, volume 7 photographie - films noir et blanc, page 3879, volume 7 Les appareils de photographie. Dans la gamme très étendue des appareils photographiques, deux critères de différenciation sont essentiels : les dimensions du film utilisé et la nature de la visée. Les films employés pour les chambres grand format des professionnels donnent des négatifs de 9 × 12 cm, et parfois jusqu'à 18 × 24 cm. Ils permettent évidemment une qualité exceptionnelle. Les négatifs obtenus par les appareils d'amateurs à chargement automatique ne font souvent que 13 × 18 mm et offrent de ce fait des performances bien moindres. Les formats les plus courants sont de 24 × 36 mm ou de 6 × 6 cm, et s'utilisent dans une gamme d'appareils pour amateurs déjà avertis et pour professionnels. Le deuxième critère est le système de visée : la visée est indispensable pour effectuer un bon cadrage. Il est par conséquent préférable, pour ne pas commettre d'erreurs, d'avoir la même vision que celle de l'objectif. C'est ce que l'on appelle la visée reflex. Dans les appareils mono-objectifs à visée reflex, un système de miroirs et de prismes permet de regarder directement à travers l'objectif. Dans les appareils plus sommaires, le viseur et l'objectif sont indépendants l'un de l'autre ; l'image visée est donc légèrement différente de celle qui va être impressionnée sur le film. C'est l'erreur de parallaxe. Un classement simple à partir de ces deux critères peut ainsi être établi : les appareils à chargement automatique, généralement préréglés, qui sont d'une grande facilité d'emploi, mais présentent l'inconvénient de négatifs de petit format et de l'erreur de parallaxe ; les appareils 24 × 36 mm classiques, c'est-à-dire sans visée reflex, mais souvent avec une correction de parallaxe ; les appareils 24 × 36 mm reflex, qui offrent de plus une grande gamme d'objectifs et d'accessoires ; les appareils 6 × 6 cm reflex, qui proposent une large surface de vision ; les chambres grand format à soufflet avec un système de visée sur verre dépoli dont l'usage est réservé aux professionnels ; enfin, les appareils à développement instantané de type Polaroïd ou Kodak, le plus souvent pour amateurs. Depuis quelques années, toute une gamme d'appareils compacts (24 × 36 mm ou autres), puis la première génération d'appareils numériques sont apparus. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats appareil-photo Kodak négatif Nikon parallaxe pellicule - 2.PHOTOGRAPHIE Polaroid reflex viseur Les livres photographie - appareil Leica 24 X 36 mm M 6, page 3876, volume 7 La prise de vue. La réussite d'une prise de vue dépend de toute une série de réglages - mise au point, ouverture, vitesse - assurés par les différents organes de l'appareil. Dans les appareils modernes, toutes ces opérations peuvent s'effectuer automatiquement. Les systèmes autofocus opèrent une mise au point automatique, tandis que les circuits intégrés électroniques calculent ouverture et vitesse. Mais les photographes préfèrent souvent contrôler eux-mêmes l'équilibre ou le déséquilibre de ces dosages. La mise au point s'obtient en éloignant ou en rapprochant les plans du film et de l'objectif jusqu'à ce que l'image du sujet soit nette ; le film étant fixe, c'est l'objectif qui se déplace dans un mouvement hélicoïdal à l'aide de la bague de mise au point pour atteindre la netteté voulue. La profondeur de champ (distances entre lesquelles la netteté sera conservée) dépend de l'ouverture du diaphragme et de la distance focale. Le diaphragme, comme l'iris de l'oeil, permet en se rétractant et en se dilatant de doser la quantité de lumière passant par l'objectif. L'ouverture ainsi choisie est fonction de l'objectif utilisé, de la vitesse d'obturation sélectionnée et de l'éclairement du sujet. L'obturateur détermine le temps pendant lequel la quantité de lumière sélectionnée par le diaphragme viendra impressionner le film. Ce temps se détermine principalement en fonction de l'immobilité ou du déplacement du sujet. Il est clair que l'interaction entre tous ces réglages est importante et qu'il existe pour un problème donné plusieurs solutions possibles. C'est ici qu'intervient la volonté du photographe, qui préfère privilégier tel ou tel effet en jouant sur le couple temps/lumière et sur le choix de ses objectifs. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats autofocus diaphragme - 2.PHOTOGRAPHIE instantané objectif plan - 4.CINÉMA, TÉLÉVISION Les objectifs. On les définit selon leur longueur focale, qui se calcule en millimètres et représente la distance entre le film et le centre de l'objectif (quand celui-ci est réglé sur l'infini). Ainsi, on distingue le 35 mm, le 50 mm, le 200 mm, etc. Cette longueur focale détermine le « champ de vision » de l'objectif. Plus la longueur focale est courte, plus l'angle de vision est grand. En revanche, un objectif à longueur focale importante a un angle de champ rétréci. Les objectifs modernes bénéficient d'une optique de très grande qualité et comptent parfois jusqu'à quinze lentilles. Les objectifs les plus couramment utilisés sont le 50 mm, qui est un objectif standard correspondant à peu près à la vision de l'oeil, et le 90 mm, qui rétrécit le champ et, de ce fait, se prête bien au portrait. Le 35 mm, qui est déjà un grand angulaire à courte distance focale, permet d'avoir une vision presque panoramique. Le téléobjectif, de 200 mm par exemple, rapproche beaucoup et autorise les gros plans. L'objectif « fish eye », dont l'angle est de 180o , ou le zoom, qui remplace plusieurs objectifs, sont utilisés plus rarement. La qualité primordiale d'un objectif doit être sa luminosité. Les objectifs à courte distance focale sont évidemment plus facilement lumineux que les objectifs à longue distance focale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats grand-angle lentille - 2.OPTIQUE objectif plan - 4.CINÉMA, TÉLÉVISION téléobjectif Les livres photographie - lac de Saint-Mandé, photographie prise avec un objectif panoramique, page 3877, volume 7 photographie - lac de Saint-Mandé, photographie prise avec un objectif 35 mm, page 3877, volume 7 photographie - lac de Saint-Mandé, photographie prise avec un objectif 200 mm, page 3877, volume 7 photographie - lac de Saint-Mandé, photographie prise avec un objectif 400 mm, page 3877, volume 7 photographie - gamme d'objectifs Nikkon, page 3876, volume 7 Le traitement. Les différentes opérations de traitement comprennent le développement du film, l'agrandissement et le tirage. Le développement se pratique dans une cuve où l'on plonge le film successivement dans un bain révélateur, un bain d'arrêt puis un bain fixateur. Après lavage et séchage, on obtient le négatif. Le bain révélateur est une combinaison de plusieurs substances, en général du génol et de l'hydroquinone. Le temps d'immersion du film dans le bain révélateur est fonction de sa sensibilité. Le bain d'arrêt est une solution d'acide acétique. Les opérations d'agrandissement et de tirage doivent se dérouler en lumière inactinique, qui n'impressionne pas le papier photographique. L'agrandisseur projette l'image négative sur le papier photographique. Le tirage simple du négatif à sa dimension (par exemple 24 × 36 mm) s'appelle un tirage-contact et constitue généralement un test. La plupart du temps, l'image est agrandie. Le temps d'exposition est fonction des caractéristiques du négatif et peut parfois en corriger certains défauts ou introduire des effets spéciaux. De la même façon que le négatif, l'épreuve papier est ensuite immergée dans un bain révélateur où l'image positive apparaît, puis plongée dans un bain d'arrêt et enfin dans un bain fixateur. Elle est ensuite lavée et séchée. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats chromatique (méthode) développement - 3.PHOTOGRAPHIE fixage hydroquinone négatif positif - 2.PHOTOGRAPHIE surexposition surimpression tirage Les livres photographie - développement, agrandissement et tirage, page 3880, volume 7 photographie - négatif et positif, page 3880, volume 7 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats chromatique (méthode) flash reprographie surexposition surimpression Les tendances esthétiques Nul ne songea, dans les premiers temps, à assigner à la photographie des ambitions esthétiques. Arago, dans son fameux discours, lui reconnaissait des qualités de vérité, d'exactitude, de fidélité à la réalité qui la désignaient comme instrument idéal d'expérimentation, d'observation et de reproduction. Il n'oubliait pas de rassurer les peintres, qui ne devaient en aucun cas y voir une rivale, mais une alliée pour leurs études. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arago François La reproduction de la réalité. Tout naturellement, la photographie se développa donc dans deux directions : l'inventaire documentaire et le portrait. Ainsi, la mission héliographique créée par la commission des Monuments historiques voulut recenser tous les monuments français. Bayard, Le Secq, Le Gray, Baldus rapportèrent de magnifiques images de toutes les régions de France. Par ailleurs, Charles Marville dépeignit Paris sous toutes ses facettes. Maxime du Camp, John Greene revinrent de leur voyage en Égypte avec d'étonnantes photographies, tandis qu'Auguste Salzmann effectuait le même travail à Jérusalem. Les séries documentaires de toute nature se multiplièrent. Satisfaisant la curiosité narcissique de la société bourgeoise de la monarchie de Juillet et du second Empire, le portrait, autre forme d'inventaire, connut une vogue extraordinaire. Si le travail d'un Nadar ou celui d'un Disdéri sont très célèbres, on connaît moins l'existence d'innombrables ateliers comme ceux de Pierre Petit ou de Mayer et Pierson. Familiers ou exotiques, scientifiques ou pittoresques, les catalogues d'images se multiplièrent, révélant des photographes candides, mais non dépourvus de sens artistique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bayard Hippolyte Disdéri André Adolphe Du Camp Maxime Le Gray Gustave Marville Charles Nadar (Félix Tournachon, dit Félix) paysage - 2.BEAUX-ARTS réalisme - Le réalisme en art - Le réalisme dans l'art contemporain Les livres photographie - Nadar et sa femme en ballon, page 3874, volume 7 photographie - Portrait d'Eugène Delacroix (1861), de Félix Nadar, page 3875, volume 7 L'art et la photographie. À l'origine, les peintres virent dans la photographie une façon d'éviter de longues études sur le motif, de perfectionner leurs documents de travail, de multiplier les modèles. Certains photographes se contentèrent d'imiter et de respecter les canons picturaux, comme Julia Cameron ou Oscar Rejlander. Vers la fin du XIXe siècle, la photographie voulut de plus en plus s'affirmer comme art à part entière tout en se définissant davantage par rapport à la peinture du moment et en la pastichant (réalisme, puis impressionnisme). Le pictorialisme s'érigea en véritable école, avec ses tendances, ses dissensions, ses groupes dans tous les pays : la Royal Photographic Society à Londres, le Photo-Club à Paris, le Camera-Club à Vienne. Il exerça une influence presque jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Cette débauche d'effets picturaux, de flous, de manipulations de l'image provoqua une réaction, d'abord aux États-Unis, et un retour à la photographie pure. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Cameron Julia Margaret pictorialisme Les livres photographie - Adam et Ève (vers 1900), de Franck Eugène, page 3875, volume 7 La photographie pure. Alfred Stieglitz fut le premier à théoriser cette réaction, à New York, vers 1907, en affirmant son opposition aux trucages et aux effets. Avec son groupe de la PhotoSecession, auquel appartenaient également Edward Steichen et Paul Strand, il pratiqua une photographie objective et moderniste. Si le formalisme de leur approche fut critiqué, son importance historique reste considérable. Ils furent les premiers, en effet, à affirmer l'autonomie de leur art et à ne revendiquer pour les photographes que les seuls moyens photographiques. En Europe, l'Allemand Renger-Patzsch développa vers 1928 une production originale, mais héritière des mêmes principes. Cette tendance, illustrée également par Sander, fut appelée Neue Sachlichkeit (« nouvelle objectivité »). Edward Weston, aux États-Unis, s'en souvint également quand il chercha à définir le concept de « straight photography ». Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats nouvelle objectivité Photo-Secession Renger-Patzsch Alfred Steichen Edward Stieglitz Alfred Strand Paul Weston Edward Les livres photographie - Cathédrale de Wells (1903), de Frederick H. Evans, page 3875, volume 7 La photographie et les avant-gardes. La photographie continua au fil du XXe siècle à suivre la trace de toutes les avantgardes, prenant parfois de l'avance sur celles-ci. L'art dans ses recherches de déconstruction de la réalité l'entraîna dans des expérimentations formelles fructueuses, des inventions de laboratoire riches d'avenir. Ainsi, dès 1917, Alvin Langdon Coburn avait commencé avec ses Vortographs, à réaliser les premières photographies abstraites. Les futuristes intégrèrent aisément la photographie dans leurs tentatives d'expression du mouvement et de la dynamique ; les dadaïstes ensuite, notamment Raoul Hausmann, le grand virtuose du photomontage dont l'héritage fut si fécond. Man Ray, dadaïste, puis surréaliste, est l'archétype de ces artistes inventifs qui engagèrent la photographie dans de nouvelles voies par l'utilisation du rayographe et de la solarisation. Tous les surréalistes, par leurs pratiques diversifiées, contribuèrent à conférer à la photographie davantage de liberté. Deux mouvements artistiques, bien que peu photographie leur nouvelle vision : ce sont l'abstraction géométrique de Rodtchenko, et construction et de déconstruction de l'image de représentés en France, apportèrent à la le constructivisme, avec notamment le Bauhaus, avec les expériences de Moholy-Nagy, Umbo et Loew. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bauhaus Coburn Alvin Langdon dada futurisme Hausmann Raoul Moholy-Nagy László photomontage Ray (Emmanuel Rudnitsky, dit Man) Rodtchenko Aleksandr Mikhaïlovitch Les livres photographie - Rayographe (1928), de Man Ray, page 3881, volume 7 photographie - Solarisation (1929), de Maurice Tabard, page 3881, volume 7 photographie - Agave design 1 (1920), d'Imogen Cunningham, page 3882, volume 7 photographie - L'Escalier (1930), d'Aleksandr Rodtchenko, page 3882, volume 7 photographie - Chez Mondrian (1926), d'André Kertész, page 3882, volume 7 photographie - Filles de paysans, Westerweld (1928), d'August Sander, page 3882, volume 7 La photographie et l'information. Parallèlement, avec le formidable perfectionnement de ses outils et l'essor gigantesque de la presse, la photographie s'engageait dans la voie de la médiatisation. Cette fonction d'illustration qui lui était désormais souvent imposée l'obligea à investir des domaines nouveaux. Les grandes agences photographiques firent leur apparition. La volonté et la nécessité de saisir l'instant unique furent à l'origine d'un genre, le photojournalisme, qui acquit ses lettres de noblesse dans le grand reportage (Robert Capa et ses images de la guerre d'Espagne), mais s'abîma aussi parfois dans les errements du sensationnalisme. La photographie sociale naquit, elle aussi, de cette nécessité de transmettre une information. Elle la dépassa avec des chefs-d'oeuvre tels que Let Us now Praise Famous Men, d'Evans et Agee. La mode et la publicité ont attiré les plus grands artistes, fascinés par l'obligation de rendre compte d'un objet de commande sans perdre leur créativité. Les plus belles réussites sont signées Horst P. Horst, Cecil Beaton, Richard Avedon, Helmut Newton... Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Agee James Avedon Richard Beaton (sir Cecil) Capa (Andrei Friedmann, dit Robert) Evans Walker photojournalisme Les livres photographie - Séville (1932), d'Henri Cartier-Bresson, page 3883, volume 7 photographie - Bataille de Troina (Sicile, 1943), de Robert Capa, page 3883, volume 7 photographie - Banlieue (vers 1949), de Robert Doisneau, page 3883, volume 7 photographie - corset Mainbocher (1939), de Horst pour Vogue, page 3883, volume 7 Les artistes contemporains. Avec la fin des avant-gardes et le mélange des genres et des techniques, le recours à la photographie est devenu naturel, mais également banal dans l'art contemporain. Ni peintres ni photographes, de nombreux artistes y voient simplement un médium ou un matériau à leur disposition au même titre que les autres. L'art conceptuel des années soixante-dix a assez souvent eu recours à l'image photographique. L'un de ceux qui en a le plus exploré les possibilités est peut-être Jan Dibbets. Les images d'Hamish Fulton - jalons de ses itinéraires -, celles de Cindy Sherman - mises en scène de ses déguisements -, celles de Jeff Wall - transparents banals - illustrent parmi tant d'autres dans leur singularité et leur éloignement les voies très créatrices de la photographie contemporaine. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats conceptuel (art) Dibbets Jan Sherman Cindy Les livres Arbus Diane - Teen-Age Couple in Hudson Street, New York City, page 305, volume 1 photographie - Herbe sur ciel (1948), de Harry Callahan, page 3884, volume 7 photographie - Photographie sans titre, de Franco Fontana, page 3884, volume 7 photographie - Mount Williamson, Clearing Storm (1944), d'Ansel Adams, page 3884, volume 7 photographie - Défilé pour Thanksgiving Day, New York (1959), de William Klein, page 3884, volume 7 photographie - Certains mots devraient être dits (vers 1970), de Duane Michals, page 3885, volume 7 photographie - Las Meninas (1987), de Joel Peter Witkin, page 3885, volume 7 photographie - Réserve des Suisses morts (1991), de Christian Boltanski, page 3885, volume 7 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Abbott Berenice Adams Ansel Adamson Robert Agee James Àlvarez Bravo Manuel Arago François Arbus (Diane Nemerov, dite Diane) Arles - Les Rencontres internationales de la photographie d'Arles Atget Eugène Avedon Richard Bayer Herbert Beaton (sir Cecil) Boltanski Christian Boubat Édouard Bourke-White Margaret Brady Mathew B. Brandt Bill Brassaï Gyula Halász cadrage Callahan Harry Cameron Julia Margaret Capa (Andrei Friedmann, dit Robert) Carjat Étienne Carroll (Charles Lutwidge Dodgson, dit Lewis) Cartier-Bresson Henri chromatique (méthode) Claas Arnaud Clergue Lucien Coburn Alvin Langdon contre-jour Delano Jack Demachy Robert Depardon Raymond Doisneau Robert Ducos du Hauron Louis Eisenstaedt Alfred Eugene (Frank Eugene Smith, dit) Evans Walker Family of Man (The) Faucon Bernard Fontana Franco Frank Robert Freund Gisèle Friedlander Lee Genthe Arnold Giacomelli Mario Gibson Ralph Haas Ernst Hausmann Raoul Heartfield (Helmut Herzfelde, dit John) Hill David Octavius Hine Lewis Wickes instantané Izis (Israëlis Bidermanas, dit) Karsch Yusuf Kertész André Klein William Koudelka Josef Krull Germaine Lange Dorothea Lartigue Jacques-Henri Maar (Henriette Markovic, dite Dora) Man (Hans Felix Sigismund Baumann, dit Felix H.) Mapplethorpe Robert Michals Duane Moholy-Nagy László Molinier Pierre Nègre Charles nouvelle objectivité Outerbridge Paul paparazzo Penn Irving Photo-Secession photojournalisme Photokina photomontage pictorialisme Plossu Bernard portrait - 1.BEAUX-ARTS Ray (Emmanuel Rudnitsky, dit Man) réalisme - Le réalisme en art - Le réalisme dans l'art contemporain Renger-Patzsch Alfred Riboud Marc Rodtchenko Aleksandr Mikhaïlovitch Ronis Willy Salgado Sebastião Salomon Erich Sander August Seymour David Shahn Ben Sheeler Charles Sherman Cindy Sieff Jeanloup Smith William Eugene Steichen Edward Stieglitz Alfred Strand Paul Sudek Josef Sudre Jean-Pierre surimpression Talbot William Henry Fox Ubac Raoul Rodolphe Weegee (Arthur H. Fellig, dit) Weston Edward White Clarence White Minor Winogrand Garry Zille Heinrich Les livres Cartier-Bresson Henri, page 885, volume 2 Coburn Alvin, page 1153, volume 3 Doisneau Robert, page 1495, volume 3 Evans Walker, page 1793, volume 4 Ray Man, page 4245, volume 8 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats diapositive DIN (Deutsche Industrie Norm) Les indications bibliographiques R. Barthes, la Chambre claire, Gallimard, Paris, 1980. G. Freund, Photographie et société, Seuil, Paris, 1974. L'Invention d'un art, 1 50 e anniversaire de la photographie, MNAM, Paris, 1989. L'Invention d'un regard, 1 50 e anniversaire de la photographie, Réunion des Musées nationaux, Paris, 1989. Une aventure contemporaine: la photographie, 1955-1995, Paris Audiovisuel, Paris, 1996.