SÉPARATION MÈRE-ENFANT (psychanalyse)

Au cours des vingt dernières années, surtout à la suite des travaux de Bowlby et de Winnicott, l'idée qu'une grande partie de la maladie mentale est due à la séparation d'avec la MÈRE au cours des premiers mois de la vie et de l'enfance a reçu une large audience. Selon cette hypothèse, la séparation ne cause pas simplement de la détresse au moment même ou un sentiment de malaise plus tard, elle est la cause de MALADIES MENTALES spécifiques, en particulier la PSYCHOPATHIE, la PHOBIE et la DÉPRESSION. Les explications relatives à la façon dont la séparation engendre ces effets varient en degré de sophistication et de complexité, par exemple (a) c'est cause d'insécurité; (b) cela accroît l'hostilité et l'AMBIVALENCE; (C) cela interfère avec les processus d'INTROJECTION et d'IDENTIFICATION et entrave donc le développement du MOI; et (d) cela instaure des processus de DEUIL à un âge où l'enfant est trop immature pour les mener à leur fin, le laissant, pour ainsi dire, « en rade » à la phase du DÉSESPOIR ou de la DÉPRESSION. L'hypothèse (d) qui est celle de Bowlby, a l'avantage de pouvoir subsumer les autres. Cette hypothèse est une exception parmi les concepts psychanalytiques par le fait qu'elle est capable d'être traitée statistiquement, puisque les causes les plus évidentes de la séparation brute mère-enfant — l'hospitalisation de la mère ou de l'enfant, la mort de la mère, la désertion de la mère — sont des faits qu'on peut vérifier. Pourtant, il semble que les conclusions statistiques ne sont pas suffisamment nettes pour obtenir un assentiment unanime. Le concept de séparation est moins net qu'il n'y paraît puisque (a) seule une séparation importante peut clairement se distinguer de la carence maternelle qui peut naturellement se produire sans séparation physique; et (b) il faut considérer deux variables : l'âge de l'enfant auquel la séparation se produit et la durée de la séparation.