secrètement espérée pour justifier la légitimité du pronostic, l'atteinte aux libertés se fit attendre et ne vint jamais.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
V
L'EMPEREUR
Au lendemain du2Décembre, LouisNapoléon s'estvitemisautravail.
Ila gouverné, seul.Etce n'est paslà
une clause destyle.
Nonseulement aucuncontre-pouvoir nevient l'arrêter sursaroute, mais,quiplus est,c'est
lui-même quiprend lesdécisions, souventcontrel'avisdeses proches.
L'affaire, déjàévoquée, deladotation desOrléans luiavait ainsivaluplusieurs démissions.
SpolierLouis-
Philippe etsa famille, c'étaiteneffet plusquen'en pouvaient supporterMorny,Fould,Rouher etMagne, qui
étaient sesministres maisavaient éténéanmoins impliqués,àun titre ouàun autre, danslamonarchie de
Juillet.
LouisNapoléon n'eneutcure.
Ilnégligea mêmed'expliquer auxquatre réfractaires qu'ilssetrompaient
de régime, qu'ilsnetenaient leurpouvoir quedeluietn'avaient decompte àrendre qu'àlui.Sans doute, par
son indifférence affectée,n'était-ilpasmécontent dedémontrer, etd'abord àson demi-frère, qu'onn'était paslà
pour fairedel'orléanisme sanslesOrléans, etqu'il yavait d'autres chosesàentreprendre...
Desurcroît, c'était
une bonne façondeprocéder pourleurfaire comprendre qu'iln'aimerait guères'entendre direunjour: quit'a
fait...
roi?
De même, ilne suivit quesonidée pour toute unesérie dedécrets qu'ilpritàune cadence folle:il y avait tant
de décisions qu'ilavait dûdifférer, tantd'espoirs qu'iln'avait puconcrétiser, tantd'initiatives qu'ilavait
conservées danssescartons que,désormais libred'agir, ilmanifestait beaucoupdehâte àrécupérer letemps
perdu.
On asurtout retenudecette période lesmesures restrictives
de liberté dontilassume, sansnuldoute, l'entière responsabilité.
N'ya-t-il paslieucependant desereporter
au contexte del'époque :il avait fallumettre trente-deux départements enétat desiège, etlapremière des
priorités consistait àrétablir l'ordre,rétablissement attenduparlepays, danssagrande majorité.
Ilest vrai que,
comme souvent ensemblables circonstances, onn'était guèreregardant surlesmoyens —pouvoir
discrétionnaire delapolice, arrestations arbitraires—etc'est unfait que Louis Napoléon nesemble pasavoir
beaucoup regardé.
Ainsi peuts'expliquer, sinonsejustifier, ledécret surlapresse du17février, quiaggrave lesconditions de
timbre etde cautionnement etcrée unsystème d'avertissements pourlesjournaux politiques.
Faut-ilpréciser
que cesmesures allaientdanslesens decelles quiavaient déjàétéprises depuis 1848etqu'au surplus la
censure n'étaitpasétablie formellement? Commel'arelevé LouisGirard, toutcela n'empêcha d'ailleurspasla
petite presse, beaucoup pluslibre, depulluler.
Mais, surtout, cen'était paslàl'essentiel despréoccupations deLouis Napoléon.
Beaucoupplusimportants
pour luifurent lestextes qu'ilsigna concernant l'octroidenouvelles concessions dechemins defer, l'extension
du télégraphe, lacréation duCrédit foncier, l'institution desociétés desecours mutuel...
Après cetteescapade deplusieurs moishorsdelalégalité, laFrance finitparyrevenir le29 mars 1852.
Ce
jour-là, LouisNapoléon donnalecoup d'envoi delanouvelle législature ens'adressant auSénat etau Corps
législatif réunispourlacirconstance, aulendemain d'élections triomphales: «La dictature quelepeuple m'avait
confiée cesseaujourd'hui.
Leschoses vontreprendre leurcours régulier.
»
Tout rentrait doncdansl'ordre, maisdans unnouvel ordre.Définiparune nouvelle constitution, désormais
promulguée, etdont touslesrouages étaientenplace; marqué aussiparlesrésultats del'activité fébrilequi
avait caractérisé leslongues semaines d'unpouvoir sanspartage.
Cette nouvelle constitution avaitétéconçue pourremédier auximperfections del'ancienne etpour donner au
président, enfin,lesmoyens degouverner.
Rédigée,dit-on,enfort peu detemps, etfaisant référence aux
principes de1789, elles'inspirait fortement duConsulat.
Elleétait enfait l'oeuvre deRouher etTroplong que
Louis Napoléon avaitchargés d'accélérer lamarche
d'une commission pléthorique,dontlestravaux luiparaissaient s'éterniser.
Qu'il s'agisse d'uneconstitution autoritaire,ouàtout lemoins «musclée »,n'est pasdiscutable.
Maisparler, à
son propos, del'organisation d'unedictature, etplus précisément deladictature d'unseul, estplus difficile à
soutenir.
Onreprendra plutôtl'expression utiliséeparJean-Pierre Riouxpourcaractériser lenouveau système:
« une démocratie efficace,autoritaire etpopulaire ».
Une démocratie, d'abord,parcequeleprincipe delasouveraineté s'ytrouve bienexplicitement placédansle
suffrage universel ;suffrage universel s'exprimant, occasionnellement, parlesplébiscites et,plus régulièrement,
par lesélections.
Ensuite,parcequelesinnovations apportéesdansledomaine desprocédures parlementaires
ne méritent pastout lemal qu'on enadit.
On apar exemple montéenépingle lefait que latribune avaitétésupprimée.
Mais,contrairement àce que
cherchent àfaire accroire certainscommentateurs sournois,lesdéputés n'étaient pasprivés pourautant du
droit àla parole.
Ensouhaitant depuislongtemps, avantmême sonretour enFrance, quelesparlementaires.
»
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