SAUVAGES (enfants)

 

On a dénombré quelques dizaines de cas d'enfants abandonnés très jeunes et ayant survécu sans aucun contact avec d'autres êtres humains. Quand ils sont enfin recueillis, leur apprentissage humain social est incroyablement laborieux, et le plus souvent même impossible. Ils illustrent pour le psychologue l'importance du milieu dans le développement de la personnalité humaine.

 

Ainsi, la réalité est très différente des mythes de héros comme Romulus et Remus, ou Tarzan.

Deux exemples d'enfants sauvages ont été bien étudiés. Le premier remonte à la fin du xviiie siècle, époque de la théorie du « bon sauvage « ; il s'agit d'un garçon de onze ans environ, surnommé le « sauvage de l'Aveyron «, qui fut confié à une institution de sourds-muets. Son éducation fut un échec, mais permit au professeur Itard de mettre au point des techniques pédagogiques nouvelles pour les anormaux (voir : L. Malson, Les Enfants sauvage, Plon, coll. 10/18). Le second exemple est celui de deux fillettes de quatre et huit ans, trouvées aux Indes en 1920. Elles vivaient avec des loups, se nourrissaient comme eux, hurlant, courant à quatre pattes. Recueillies par des missionnaires, elles apprirent à marcher, à prononcer quelques mots et moururent, la cadette au bout d'un an, l'aînée au bout de huit ans, sans avoir pu vraiment s'adapter à la forme de vie humaine. Ces exemples extraordinaires apportent une confirmation à la psychologie génétique : les enfants-loups ressemblent finalement plus à des loups qu'à des humains. Le potentiel héréditaire de l'être humain ne peut se développer, s'il n'est pas, au moment propice, fécondé, modelé par l'éducation, quand les fonctions arrivent à maturité. La plasticité d'un sujet jeune est telle qu'il peut s'adapter à des conditions de vie totalement différentes de celles qui ont été prévues par l'espèce. Mais, ensuite, il est trop tard pour revenir en arrière, et l'empreinte reçue reste indélébile.