Révolution culturelle.

Révolution culturelle. période de l'histoire contemporaine de la Chine, pendant laquelle Mao Zedong tenta de reprendre en main le parti communiste chinois en s'appuyant sur la jeunesse, organisée au sein des gardes rouges (1966-1976). L'échec du « Grand Bond en avant » (1958-1960), les difficultés économiques, la rupture avec l'URSS et l'affaiblissement de Mao Zedong au sein du parti communiste ouvrirent, dans les années soixante, une phase de lutte idéologique intense en Chine. Contre les cadres du parti et de l'État, Mao s'appuya à la fois sur la jeunesse intellectuelle et sur l'armée populaire de libération pour lancer, en août 1966, la Révolution culturelle. Pendant trois ans, les gardes rouges firent régner un climat de terreur, par des expéditions punitives et par la destruction systématique des vestiges d'un passé féodal ou occidentalisé. Ils encadrèrent aussi, dans le même temps, les violentes manifestations de masse menées au nom de la « pensée Mao Zedong » recueillie dans le Petit Livre rouge et le débat idéologique qui s'exprimait à travers les journaux muraux (les dazibao). Cette mobilisation violente aboutit à l'élimination du président du parti, Liu Shaoqi, et à la victoire de Mao, aidé de Zhou Enlai et de Lin Biao (1969). La mobilisation idéologique. Au-delà des enjeux de pouvoir, dont le rôle paraît avoir été prépondérant, il s'agissait pour Mao de relancer la révolution, d'amener à une véritable rupture avec les mentalités individualistes issues de la pensée de Confucius et à la création d'un homme nouveau, ascétique et responsable. Mais le désir de réorganiser le système de production, très perturbé par l'envoi en camps de rééducation de très nombreux responsables, et le souci pragmatique de rétablir des relations diplomatiques avec les États-Unis et le Japon imposèrent une pause à partir de 1971. La visite en Chine de Richard Nixon, en février 1972, et le décès, mystérieux, de Lin Biao dans un accident d'avion (juillet 1972) marquèrent la victoire de la ligne pragmatique prônée par Zhou Enlai. Sans doute éliminé par celui-ci pour s'être opposé au réalisme diplomatique, Lin Biao avait en effet été la cible d'une campagne de dénonciation qui l'avait accusé de vouloir réintroduire le confucianisme. Puisque l'armée et le parti, dont le rôle dirigeant était réaffirmé, avaient été solidement repris en main par Mao, la mobilisation idéologique se renforça alors à l'égard des ouvriers. Sacrés héros de la Révolution, ils furent chargés de veiller à la bonne marche de la production et de dénoncer toute résurgence de la bureaucratie. Afin de favoriser l'égalité symbolique des individus, on imposa le port généralisé du costume « Mao », de même qu'on tenta un moment de supprimer l'écriture idéographique chinoise pour rompre définitivement avec le passé. Profitant de la vieillesse du Premier ministre Zhou Enlai et de l'affaiblissement physique et mental de Mao, proche de la sénilité, c'est un groupe d'extrême gauche, surnommé plus tard la « Bande des Quatre », formé de trois militants du parti de Shanghai et de Jiang Quing, l'épouse de Mao, qui domina après 1973 la seconde phase de la lutte contre les « déviationnistes de droite ». Mais la mort de Zhou et de Mao en 1976, qui parut d'abord devoir assurer le triomphe de la Révolution culturelle, entraîna sa remise en cause rapide : l'arrestation de la Bande des Quatre en octobre 1976 permit le retour de Deng Xiaoping, qui organisa la « démaoïsation » de la Chine. Le bilan de la Révolution culturelle. La Révolution culturelle, qui bouleversa pendant plusieurs années la société chinoise en donnant la primauté au débat politique et en imposant la rééducation idéologique des responsables de tout niveau, entrava le progrès économique en désorganisant l'appareil de production et fit des millions de victimes ; elle n'empêcha toutefois pas la Chine de tenir une place croissante sur la scène internationale. Elle eut aussi un retentissement extraordinaire à l'extérieur : aux pays du tiers-monde, elle proposa un modèle de développement fondé sur une morale qui récusait l'idéal de prospérité. Aux intellectuels d'Occident lassés par la société de consommation et déçus par le modèle stalinien, elle proposa un idéal alternatif dont devaient notamment jaillir les mouvements contestataires de 1968. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Chine - Arts - Beaux-arts - La période contemporaine : influence occidentale et révolution culturelle Chine - Arts - Littérature Chine - Histoire - La Chine de Mao Zedong Deng Xiaoping Jiang Qing Lin Biao Mao Zedong Quatre (bande des) Les livres Révolution culturelle, page 4360, volume 8 Chine - Dazibaos affichés sur les murs de Pékin lors de la révolution culturelle, page 1071, volume 2