répartition des revenus. partage de la valeur du produit global d'un pays entre les différentes catégories de rémunération. « Déterminer les lois de la répartition, voilà le principal problème en économie politique » : c'est avec cette phrase que l'économiste britannique David Ricardo commence son ouvrage Principes de l'économie politique et de l'impôt (1817). La question de la répartition agite en effet la science économique depuis sa fondation il y a plus de deux siècles, et cela pour deux raisons. D'une part, la répartition est analytiquement l'une des trois phases de l'activité économique : entre la production, source d'une offre de biens, et la consommation ou l'investissement, motifs d'une demande, la répartition est la distribution de revenus aux agents participant à la production, ce qui permet leurs dépenses. D'autre part, l'enjeu idéologique des théories de la répartition est considérable : les revenus sont la manifestation économique des différences entre groupes sociaux dans le processus de production, et la représentation de la société n'est pas la même selon que ces différences sont jugées structurelles (c'est-à-dire qu'elles témoignent de statuts distincts) ou seulement fonctionnelles (tous les individus étant par nature égaux). Ces deux points de vue se retrouvent dans les deux grandes théories de la répartition qui ont marqué l'histoire de la pensée économique. L'antagonisme des groupes sociaux. La première théorie analyse la répartition entre groupes sociaux. La définition de ceux-ci varie d'un courant à l'autre, mais on la trouve aussi bien chez François Quesnay et les physiocrates, dans l'école classique (notamment chez Adam Smith et David Ricardo), chez Karl Marx et les marxistes, John Maynard Keynes et les postkeynésiens, Piero Sraffa et les néoricardiens. Voir théories économiques (histoire des). Deux principes gouvernent cette approche. D'une part, il existe des revenus de nature différente, correspondant à des statuts sociaux distincts dans la production ; les deux principales catégories de revenus sont les salaires (perçus par les travailleurs salariés) et les profits (perçus par les entrepreneurs capitalistes). D'autre part, ces revenus se constituent par un partage conflictuel de la valeur du produit global : les intérêts des salariés et des capitalistes sont antagoniques, et la hausse du revenu des uns s'accompagne nécessairement de la baisse de celui des autres. Pour les classiques ou pour Marx, le profit résulte même de l'appropriation par les capitalistes du surplus créé par le travail. L'harmonie des intérêts individuels. La seconde théorie, qui prend le contre-pied de la précédente approche, s'inscrit dans le marginalisme. Elle a été élaborée par des auteurs comme Léon Walras ou Alfred Marshall et constitue aujourd'hui le point de vue dominant. D'une part, la répartition est purement fonctionnelle : tous les agents économiques ont un statut identique, et les revenus sont simplement les prix de facteurs de production, déterminés, comme les prix des biens, par l'offre et la demande sur des marchés. D'autre part, chaque revenu est, en situation d'équilibre, égal à la productivité marginale du facteur correspondant ; on ne peut donc parler d'un antagonisme dans la répartition, a fortiori d'une exploitation, puisque chaque titulaire de revenu reçoit exactement l'équivalent de sa contribution à la production. La répartition des revenus traduit ainsi l'harmonie des intérêts individuels. Voir aussi revenu. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats capital capitalisme classique (école) croissance - 2.ÉCONOMIE économie publique fonction de production postkeynésienne (analyse) principes de l'économie politique et de l'impôt (Des) profit Quesnay François redistribution revenu Ricardo David Richesse des nations (la) salaire secteurs d'activité sous-consommation théories économiques (histoire des) Thünen (Johann Heinrich von) Tinbergen Jan