Rares sont les sociétés humaines qui ne s'accompagnent pas de la présence d'une ou de plusieurs espèces animales domestiques. Dans les sociétés traditionnelles, élevage sentimental et élevage économique, même pour les espèces à nos yeux les plus utilitaires, apparaissent bien souvent indissociables. Dans notre civilisation, où la distinction entre animaux d'agrément et animaux de service a été introduite et s'est développée avec l'expansion de l'élevage spéculatif, la prise en considération, même dans ce dernier cas, du bien-être des animaux et le souci de l'environnement réapparaissent comme des obligations à respecter. Désignant l'ensemble des actions assurant la reproduction, l'amélioration, l'entretien et l'utilisation des animaux domestiques, l'élevage est vraisemblablement aussi ancien, sinon plus, que l'agriculture ; toutefois, les civilisations uniquement consacrées à l'élevage, ou civilisations pastorales, laissent peu de traces : les Lapons éleveurs de rennes du Grand Nord et les Peuls du Sahel africain, avec leurs bovins, en sont des exemples encore contemporains. Le plus souvent, élevage et agriculture sont associés, le premier fournissant à la seconde du travail et de l'engrais (fumier, purin, lisier), en échange de ressources alimentaires (pailles, grains, fourrages, restes de récoltes). Traditionnellement, l'élevage est dit de subsistance lorsqu'il vise d'abord à nourrir l'éleveur et sa famille, puis à fournir un peu de produits à troquer ou à vendre. Dans l'économie contemporaine, il est généralement spéculatif, ou commercial, et vise d'abord à fournir le maximum de produits commercialisables. Ce but peut être atteint par l'élevage extensif, qui se pratique sur de très grandes superficies et fait appel à peu de personnel et de matériel. Il concerne surtout des animaux ruminants destinés à la production de viande, voire des équidés. L'Amérique du Sud (Argentine, Brésil), l'ouest des Grandes Plaines d'Amérique du Nord, l'Australie en offrent de bons exemples. L'élevage intensif, au contraire, a pour objet d'arriver à une production maximale sur un minimum de surface, grâce à d'importants investissements en bâtiments et en matériel. Il concerne plutôt les animaux destinés à la production de lait, les porcs, les volailles, dans les régions les plus peuplées des pays industrialisés. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats alimentation humaine - Introduction engrais fumier Lapons lisier Pampa pastoralisme Peuls Prairie (la) sertão subsistance (économie de) surpâturage Tasmanie Victoria Les animaux domestiques et leur amélioration Les espèces d'animaux domestiques, c'est-à-dire ceux dont l'éleveur maîtrise et dirige la reproduction, sont peu nombreuses et, en règle générale, s'écartent notablement de leurs ancêtres sauvages, dans la mesure où ceux-ci peuvent encore être identifiés. Depuis plusieurs millénaires, en effet, la sélection artificielle opérée par les éleveurs a ajouté son action à celle de la sélection naturelle, toujours présente. La sélection artificielle vise à obtenir des animaux mieux adaptés que leurs prédécesseurs aux désirs des éleveurs : apparence extérieure (type de robe, couleur, forme des cornes, ou même absence de cornes, forme et dimensions corporelles), capacité de production, particularités de comportement, etc. La diversité des origines géographiques tout autant que les multiples orientations de la production ont conduit à la constitution de races à l'intérieur de chaque espèce, dont elles sont autant de variantes. La notion de race fournit un cadre commode pour mettre au point collectivement l'amélioration de l'espèce, et il a été retenu à ce titre dans tous les pays, au moins pour les animaux de ferme de grande taille ou moyenne. Dans chaque espèce, les races se distinguent les unes des autres par des caractères extérieurs reconnaissables, dont l'ensemble constitue le standard de race, et par une ou plusieurs dominantes d'aptitudes. La reproduction en race pure, encore parfois appelée sélection, où la femelle et le mâle sont de même race, se différencie du croisement, qui se pratique entre races différentes. Dans ce dernier cas, le produit obtenu est appelé métis. La reproduction des métis entre eux, ou métissage, peut conduire à la création de nouvelles races dites composites ou synthétiques. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats adaptation - 1.BIOLOGIE concours agricole race zootechnie L'amélioration génétique. L'amélioration génétique des races d'animaux domestiques a été facilitée et considérablement accélérée depuis le début du XXe siècle par les progrès de la connaissance des phénomènes héréditaires (la génétique), des principes de traitement de grands ensembles de données chiffrées (la statistique), notamment sur des êtres vivants (la biométrie), de la réalisation automatique de calculs complexes extrêmement nombreux en un temps infinitésimal (l'informatique) et des méthodes de traitement in vitro des cellules reproductrices et des embryons jeunes (les biotechnologies). Précédemment limitée au jugement de conformité au standard et à l'inscription sélective dans les registres de troupeaux, ou livres généalogiques, de la race et de l'espèce correspondantes (herd-book pour les bovins, porcins et caprins ; flock-book pour les ovins ; stud-book pour les chevaux), l'amélioration génétique, tout au moins dans les pays développés et pour les espèces et races où l'insémination artificielle est couramment utilisée, fait désormais l'objet de programmes coordonnés, qui intéressent des dizaines de milliers d'éleveurs et des centaines de milliers d'animaux. Pour les petites espèces, porcs, volailles, lapins, elle est le fait d'entreprises ou de groupements de producteurs. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats amélioration génétique biotechnologies - Les biotechnologies et l'agriculture - L'amélioration des performances herd-book Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats domestication race Les livres tiers-monde - élevage au Burkina Faso, page 5192, volume 10 élevage - chevaux de Camargue, page 1630, volume 3 élevage - Peul conduisant un troupeau de bovins au Niger, page 1630, volume 3 élevage - nomades mongols éleveurs de chevaux, près d'Oulan-Bator, page 1631, volume 3 élevage - troupeau de vaches près de Salers, dans le Cantal, page 1631, volume 3 L'évolution des conditions de production L'état sanitaire et l'alimentation ont, comme les animaux eux-mêmes, été sensiblement modifiés. La lutte contre les maladies du bétail a été rendue particulièrement nécessaire du fait de l'ample brassage des animaux amenant des transferts en plus grand nombre de spermatozoïdes et d'embryons, du fait aussi de la concentration de très nombreux animaux dans de très grandes unités dans le cas des petites espèces. Les moyens utilisés sont la vaccination, l'emploi de médicaments préventifs ou curatifs, le contrôle sanitaire. Si l'élevage extensif reste tributaire des aléas climatiques et notamment des périodes de sécheresse, l'élevage intensif a bénéficié, pour l'alimentation du bétail, de progrès tels que l'avancée de la culture du maïs-fourrage vers le Nord, associée à la pratique de l'ensilage pour les ruminants, et l'arrivée des produits de substitution aux céréales (manioc) pour le porc. Le commerce des produits animaux, enfin, a longtemps été une activité de proximité en raison de leur caractère périssable. Seuls les fromages de garde, la laine, la viande séchée ou salée faisaient exception. Les techniques de conservation du lait ou plutôt de ses composants principaux, sous forme de poudre de lait écrémé et de beurre clarifié, et surtout la réfrigération, puis la congélation de la viande ont donné aux échanges une importance accrue. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats aphte biosphère - La biosphère en danger conservation contrôle sanitaire ensilage fourrage Les médias élevage - éthique et élevage contemporain Les livres agriculture - agriculture et élevage dans le monde, page 100, volume 1 Amérique centrale - pâturages dans l'État de San Miguel, au Salvador, page 194, volume 1 volaille - exploitation de volailles hors-sol, aux Pays-Bas, page 5570, volume 10 Afrique - Pasteur masaï, page 68, volume 1 Arabie Saoudite - élevage bovin à As-Safi, page 302, volume 1 Argentine - élevage bovin dans une estancia de la Pampa, page 338, volume 1 Australie - marché aux moutons à Griffith, en Nouvelle-Galles du Sud, page 457, volume 1 élevage - traite automatisée des vaches en Israël, page 1631, volume 3 élevage porcin, page 1631, volume 3 élevage - stabulation libre, page 1632, volume 3 élevage - stabulation entravée, page 1632, volume 3 élevage caprin, page 1632, volume 3 élevage ovin, page 1632, volume 3 États-Unis - ranch d'élevage intensif, page 1754, volume 4 Europe - la région de Hortobágy, en Hongrie, page 1803, volume 4 Nouvelle-Zélande - troupeau de moutons, page 3488, volume 7 Océanie - troupeau de bovins en Australie, page 3518, volume 7 Pays-Bas - traite des vaches sur carrousel dans une ferme du Flevoland, page 3764, volume 7 Pérou - élevage des lamas, page 3815, volume 7 Royaume-Uni - élevage ovin, au nord du pays de Galles, page 4505, volume 8 Russie - troupeau de bovins sur la route Moscou-Saint-Pétersbourg, page 4533, volume 8 Paraguay - élevage bovin dans le département de Caaguazu, page 3703, volume 7 L'élevage en France L'élevage est l'une des ressources les plus importantes de l'économie française, fournissant plus de la moitié des recettes du secteur agricole. La France compte actuellement environ 20 millions de bovins, dont 5,5 millions de vaches laitières et 3,5 millions de vaches allaitantes, 11 millions d'ovins, 12,9 millions de porcins, 1 million de caprins et 65 millions de poules pondeuses, l'ensemble des animaux de basse-cour étant en vérité difficile à dénombrer précisément du fait de la brièveté de leur vie. L'élevage du lapin (cuniculture ou cuniculiculture) a repris depuis que la vaccination systématique permet de maîtriser la myxomatose, désormais enzootique. L'apiculture est concurrencée par les miels d'importation. L'élevage du vison est défavorisé par la clémence du climat et le coût de l'alimentation carnée. L'aquaculture se développe. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les organismes représentatifs de la profession agricole et les pouvoirs publics ont joint leurs efforts pour rendre compétitif l'élevage français dans trois domaines : amélioration génétique, état sanitaire, conduite de l'élevage, notamment du point de vue de l'alimentation. Cet effort se traduit à la fois dans l'acquisition et la diffusion des connaissances (recherche, enseignement, développement), dans l'organisation de la transformation et de la commercialisation, dans l'aide aux investissements. Une loi sur l'élevage, votée en 1966, a permis d'institutionnaliser des dispositions empiriquement mises en place depuis deux décennies : constitution d'un réseau de collecte et de traitement de l'information zootechnique, constitution d'entreprises de création et de diffusion du progrès génétique. Le réseau permet de connaître annuellement l'ascendance et les performances individuelles de 2,8 millions de vaches laitières, 300 000 vaches allaitantes, 660 000 brebis laitières, 260 000 brebis allaitantes, 400 000 truies et 250 000 chèvres, et d'estimer la valeur génétique de ces animaux. Les entreprises de création et de diffusion du progrès génétique sont, tout particulièrement, les unions régionales ou raciales de coopératives d'élevage et d'insémination artificielle. Depuis les premières d'entre elles, créées en 1946 à Charmoy (Yonne) et à La Loupe (Eure-et-Loir), ces associations se sont développées et ont mis en place des programmes d'amélioration efficaces pour toutes les races bovines, que ce soient les six principales : prim'holstein (anciennement française frisonne), normande et montbéliarde pour le lait, charolaise, blonde d'Aquitaine et limousine pour la viande, ou bien les autres : maine-anjou, pie-rouge de l'Est, salers, aubrac, gasconne, tarentaise, abondance... Les races bovines à très petits effectifs font l'objet de programmes de conservation, comme la ferrandaise et la villard-de-lans. Les espèces ovines, porcines et caprines amorcent la même évolution. Une politique sanitaire rigoureuse a permis d'assainir le cheptel bovin français de maladies anciennes (tuberculose, fièvre aphteuse et brucellose) ou nouvellement mises en évidence (rhinotrachéite infectieuse et leucose). Les autres espèces font l'objet du même effort. La concentration et la modernisation des abattoirs sur les lieux de production ont permis de rationaliser cet élément important de l'élevage français. Il reste que l'apparition, dans les années quatre-vingt, de la maladie dite de la « vache folle «, ou encéphalopathie spongiforme bovine (voir cet article ), a placé l'élevage bovin dans une situation de surveillance sanitaire accrue. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats abattoir aquaculture Aubrac bovins brucellose Charolais contrôle sanitaire encéphalopathie spongiforme bovine Eure-et-Loir (28) France - Géographie - La vie économique - L'agriculture m yxomatose Salers Tarentaise Villard-de-Lans vison Yonne (89) Les livres Aveyron (12) - le causse du Larzac, page 481, volume 1 Isère (38) - élevage ovin de transhumance dans le Vercors, page 2589, volume 5 Limousin - élevage de bovins, page 2873, volume 5 volaille - un élevage de faisans, dans l'Indre, page 5570, volume 10 volaille - des canards de ferme, page 5570, volume 10 CEE - élevage bovin dans la haute vallée de l'Oise, page 915, volume 2 élevage avicole, page 1632, volume 3 France - le Salon de l'agriculture, page 1991, volume 4 France - foire aux bovins, page 2000, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats agriculture bovins caprins herbage ovins porc primaire (secteur) viande Les médias élevage - le cheptel mondial Les indications bibliographiques P. Bozon, Géographie mondiale de l'élevage, Litec, Paris, 1984. M. Parez et J.-M. Duplan, l'Insémination artificielle bovine : reproduction, amélioration génétique, Institut technique de l'élevage bovin, Paris, 1987. J. Risse, Histoire de l'élevage français, L'Harmattan, Paris, 1994.