Proche et Moyen-Orient. expressions conventionnelles désignant l'ensemble des États compris entre la Turquie et l'Égypte, à l'ouest, et la vallée de l'Indus, à l'est. En fait, les notions de Proche et de Moyen-Orient sont assez imprécises. Jusqu'au XIXe siècle, on parlait de l'« Orient » pour désigner les territoires sous domination ottomane. Dans la terminologie française, le Proche et le Moyen-Orient correspondent à l'Orient arabe, ou Machrek, à l'État d'Israël et au monde turco-iranien. De nombreux auteurs emploient indistinctement les notions de Proche et de Moyen-Orient ; d'autres réservent le terme Proche-Orient aux pays tournés vers la Méditerranée orientale, et Moyen-Orient aux pays axés sur le golfe AraboPersique. Parfois, on distingue du Proche et du Moyen-Orient les pays arabes de la vallée du Nil (Égypte et Soudan), qui font partie de l'Orient arabe, et on en écarte également la Turquie, rattachée quelquefois à l'Europe méditerranéenne. En outre, on peut considérer le P?kist?n comme faisant partie de l'espace indien, et non du Moyen-Orient, puisqu'il était une composante de l'Empire des Indes britanniques. Toutefois, les mêmes groupes ethnolinguistiques (Pachtouns, Baloutches) se retrouvent de part et d'autre de la frontière pakistano-afghane, imposée par les Britanniques au XIXe siècle, et, surtout, le P?kist?n a été impliqué dans la crise afghane en accueillant plus de trois millions de réfugiés afghans et en soutenant les moudjahidins en lutte contre l'occupant soviétique et le régime communiste de Kaboul. Une zone de rencontre entre l'Orient et l'Occident. Au carrefour de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, et entre la Méditerranée et l'océan Indien, le Proche et le Moyen-Orient ont toujours suscité au cours de l'histoire bien des convoitises. Depuis l'Antiquité s'y sont succédé de nombreux empires et de multiples invasions, mais certaines routes commerciales, continentales ou maritimes, sont restées en permanence des axes de communication. Ces terres chargées d'histoire ont été le berceau des trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et isl?m). Certes, l'isl?m sunnite est majoritaire dans la région, mais les ch?'ites ont pris une importance grandissante depuis la révolution islamique iranienne. Ils sont majoritaires en Iran, à Bahreïn et en Irak. Au Liban, représentant environ un tiers de la population, ils constituent désormais la première communauté religieuse. Ailleurs, ils forment des minorités actives, par exemple au Koweït et en Afgh?nist?n. En outre, des minorités importantes sont issues du ch?'isme : ismaïliens en Syrie et au Yémen, Druzes au Liban, en Syrie et en Israël, Alaouites en Syrie, zaïdites au Yémen... Tandis que les juifs forment aujourd'hui le substrat de la population israélienne, les chrétiens, établis au Machrek bien avant l'apparition de l'isl?m, ont un rôle prépondérant au Liban (en particulier les maronites), non négligeable en Égypte (les coptes), plus modeste en Syrie, où l'on trouve des communautés d'orthodoxes grecs, et en Irak, avec les chaldéens. Aux clivages confessionnels viennent s'ajouter à la fois des clivages ethniques et des clivages linguistiques. En Afgh?nist?n, par exemple, s'opposent persanophones (Pachtouns, Tadjiks...) et turcophones (Ouzbeks, Turkmènes). Les bouleversements politiques du XXe siècle, qui ont imposé le tracé actuel des frontières, ont souvent laissé des « peuples sans État ». Ainsi en est-il des Arméniens, dont une faible partie de la diaspora se trouve aujourd'hui au Liban, en Syrie et en Iran, et des Kurdes : 23 millions de Kurdes vivent au « Kurdist?n », pays écartelé entre la Turquie (10 millions de Kurdes), l'Iran (près de 7 millions), l'Irak (près de 5 millions), la Syrie (1 million). Un autre « peuple sans État », les Palestiniens, s'est également trouvé placé au centre d'un conflit régional. À la suite de la création de l'État d'Israël en 1948 et des guerres israélo- arabes, la diaspora palestinienne s'est répartie sur plusieurs territoires principaux : Israël même (750 000), Cisjordanie (1 100 000) et Gaza (700 000) -- ces deux derniers ayant été occupés par Israël --, Jordanie (1 200 000), Liban (400 000), Koweït (600 000). Dans les pays pétroliers du Golfe, les Palestiniens se mêlent à la masse des travailleurs étrangers (de 6 à 7 millions au total). Toutes ces minorités jouent un rôle important dans la géopolitique des Proche et Moyen-Orient. Le vaste espace régional qu'ils constituent demeure un des points névralgiques du globe, tant en raison de la richesse pétrolière qui y est concentrée que de la question palestinienne, toujours source d'affrontements malgré les avancées politiques depuis 1993, et de la montée de l'isl?m intégriste. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arménie Asie - Histoire - Foyers de civilisation de l'Ouest Cisjordanie diaspora Égypte Gaza (territoire de) Intifada Irak Iran Israël - Introduction Jordanie Kippour (guerre du) Koweït Kurdistan Liban - Introduction Machrek ottoman (Empire) Palestine Syrie Turquie Yémen Les livres Proche et Moyen-Orient, page 4129, volume 8