POLYPHÈME

POLYPHÈME. 1° Fils d’Élatos et d’Hippé, ce Lapithe participa à l’expédition des Argonautes et s’installa ensuite en Mysie, où il bâtit la cité de Cios, sur laquelle il régna jusqu’à sa mort, survenue au cours d’une bataille contre les Chalybes, un des peuples du Pont.

2° On connaît un autre Poiyphème, bien plus célèbre que le précédent. Fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa, ce Cyclope était un monstre gigantesque, qui n’avait qu’un œil au milieu du front et se nourrissait de chair humaine. Il demeurait dans une caverne, non loin du mont Etna, et faisait paître son énorme troupeau de moutons sur la montagne. Il avait eu un amour malheureux pour Galatée, amante d’Acis, et s’était vengé cruellement des deux jeunes gens. Mais il est surtout connu pour sa lutte contre Ulysse. Le héros aborda en effet sur ses terres avec quelques hommes et lui demanda l’hospitalité. Pour toute réponse, Polyphème saisit deux compagnons d’Ulysse, et, après les avoir tués, il les dévora en faisant craquer les os des malheureux entre ses formidables mâchoires; ensuite, il enferma tous les autres marins dans un antre, et en bloqua l’entrée par une grosse pierre. Le lendemain matin, il mangea deux autres prisonniers et, au soir, deux autres encore. C’est alors qu’il but le vin que lui présentait Ulysse et que, sous l’effet de l’ivresse, il s’endormit. Aussitôt, le héros fit rougir au feu fut longue, entrecoupée de diverses péripéties, dont celle qui, grâce à la trahison de Tarpéia, permit à l’armée sabine de pénétrer dans la ville. Bientôt, les deux peuples se réconcilièrent et ne formèrent plus qu’un seul État, gouverné par une sorte de dyarchie, avec Romulus et Tatius pour rois. Cependant, au bout de quelques années, les querelles reprirent. Des Sabins tuèrent des Laurentins, et les parents des victimes, en représailles, assassinèrent le roi Tatius au cours d’une fête à Lavinium. Le roi fut enterré en grande pompe par son collègue Romulus, qui, cependant, ne fit rien pour punir les assassins et désormais régna seul sur les Romains et sur les Sabins.

Polyphème a dévoré une nouvelle fois un des compagnons d’Ulysse. Il tient dans ses mains les deux jambes du malheureux, seuls restes de son horrible repas. Ulysse présente au Cyclope une coupe de vin pour l’enivrer et, aidé des derniers compagnons, qui ont échappé à l’anthropophagie du monstre, il lui perce son unique œil avec un pieu. Sur cette coupe, on remarquera en haut le serpent, animal de l’obscurité souterraine qui symbolise la nuit où se trouvera désormais plongé le Cyclope aveugle. Le poisson de mer, sans doute un dauphin, qui figure également sur cette coupe, est l’emblème de Poséidon, le père de Polyphème, qui se vengera cruellement des héros qui ont ainsi mutilé son fils. Signalons que, afin de raconter l’épisode le plus célèbre de cette légende en une seule image, l’artiste en a contracté les différentes péripéties. Coupe grecque de Cyrène.

Le géant Polyphème, dont les deux yeux sont aveugles, porte son unique œil vivant sur le front. Les Romains ont fait de Polyphème une sorte de divinité agreste, à la fois lourde et brutale. Il est assis sous un vieux chêne. A ses pieds, un mouton à la laine abondante et frisée : dans la tradition homérique, en effet, Polyphème tire sa subsistance du produit de son élevage. Comme tous les dieux des champs et des bois, comme Pan et sa célèbre flûte, il charme sa solitude en jouant d’un instrument de musique, ici de la lyre, suivant l’inspiration que lui souffle le génie ailé qui se tient derrière son dos. Bas-relief romain.