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ORPHISME

Publié le 08/05/2020

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ORPHISME. Le poète mythique Orphée fut, dit-on, le fondateur de cette secte religieuse, qui, dès le début du VIe siècle avant notre ère, se livrait à des mystères dont le déroulement et l'ordonnance sont, de nos jours encore, partiellement inconnus. Le succès de l’orphisme chez les Grecs comme chez les Romains s’explique par sa tendance à dégager la mythologie d’une complexité qui la rendait presque incompréhensible et à syncrétiser des dieux, des mythes et des doctrines religieuses pour tenter de faire jaillir au mieux l’idée d’un dieu unique, qui portait alors le nom de Zeus ou plus communément celui de Zagréos. La théogonie orphique, en effet, diffère sensiblement de la théogonie hésio-dique et traditionnelle. Le monde est né d’un œuf; la partie supérieure de la coquille devint le ciel et l’inférieure la Terre, puis se succédèrent les dieux originels, et enfin Zeus, uni à sa fille Perséphone, eut un fils, Zagréos, appelé à régner sur le monde. Mais Zagréos fut dépecé par ses ennemis; il put, toutefois, être ressuscité par son père. Selon la doctrine orphique, l’âme est immortelle; elle habite un corps mortel, marqué par le péché, souillé par les crimes de multiples générations. Après la mort,

l’âme se réincarne soit dans une autre enveloppe humaine, soit dans le corps d’un animal, et ainsi de suite. Au cours de ses transformations successives, elle se nourrit des riches expériences que lui fournit son passage dans des corps différents. Dans les intervalles de sa réincarnation, elle trouve aux Enfers la mortification nécessaire à son épanouissement et à sa purification. Seuls, les initiés aux mystères orphiques, les mystes, c’est-à-dire ceux qui connaissent les formules magiques qui permettent de passer d’un corps à un autre, de la vie animale à la vie de béatitude, peuvent prétendre un jour au salut définitif de leur âme. Les mystères orphiques accordent aussi à l’âme des adeptes une sorte de baptême au lait de chevreau qui les prépare et les ouvre à la vie éternelle et bienheureuse, tout en leur laissant par ailleurs le libre arbitre entre le bien et le mal. On voit donc que, par l’orphisme largement répandu dans toutes les couches de la société gréco-romaine, dans les dernières années du paganisme, les cœurs étaient déjà préparés à la doctrine du christianisme. Celle-ci, d’ailleurs, dans son iconographie, n’a pas tenté de renier tout ce qu’elle devait à l’orphisme, et, bien souvent, sur les stèles funéraires du début de l’ère chrétienne, le Christ a les traits et les attributs d’Orphée.

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