On y invite le président du Conseil prussien au vu et au su de tous.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
dans
uneneutralité attentive,laissersedévelopper leconflit et,àl'instant
qu'il jugera leplus propice, imposersamédiation.
Alors,unchoix luisera offert, s'agissant degains
territoriaux: unepartie delaRhénanie, leLuxembourg, laBelgique peut-être.
Etilsera enmesure d'imposer
une réorganisation del'Allemagne entrois tronçons, dontlataille variera enfonction decequi sesera passé
sur leterrain militaire: laPrusse dominera, grossomodo,lesÉtats dunord duMain, l'Autriche ceuxdusud, et
l'on prévoira entrelesdeux unÉtat tampon.
***
Dans toutecetteaffaire, onabeaucoup critiquélemachiavélisme del'empereur, lecaractère sournoisdeses
manoeuvres, etson double jeu.Onaprétendu qu'ils'était «pris lespieds dansletapis »qu'il avait lui-même
tissé.
Ils'agit làd'un deces jugements aposteriori quin'honorent pastoujours leursauteurs.
En réalité toutl'échafaudage reposaitsurcette poutre maîtresse: leconflit devait êtrelong etindécis.
Comment envouloir àLouis Napoléon del'avoir cruquand c'étaitl'opinion générale? Maintenant encore,on
peut seperdre enconjectures devantlespectacle d'unearmée autrichienne, sibrillante faceauxItaliens qu'elle
a écrasés surterre àCustozza, le24 juin, etsur mer, peuaprès, àLissa, etqui s'avère incapable, malgréle
concours delaBavière, duHanovre etde laSaxe, decontenir lapoussée prussienne.
Ilest vrai que lemeilleur
des militaires autrichiens setrouve surlefront italien etque, faceauformidable instrumentguerrierconçupar
Moltke, lesforces opposées auxPrussiens etleur commandement laissentbeaucoup àdésirer.
Sil'on ajoute à
cela quelefusil prussien tirecinq coups pendant quel'autrichien n'entirequ'un, l'événement paraîtplus
aisément explicable.
Quoi qu'ilensoit, c'est lasurprise générale, quand,le3juillet 1866, lesAutrichiens sontsévèrement battusà
Sadowa.
Legénéralissime autrichienBenedekavaitreçul'ordre deVienne d'engager unebataille défensive
entre l'Elbe etlaBistriz; sonarmée dedeux centvingt millehommes aété coupée endeux parlesPrussiens, et
quarante millesoldats onttrouvé lamort.
La nouvelle produitdanstoute l'Europe l'effetd'uncoup detonnerre, encorequelesconséquences n'ensont
pas aussitôt mesurées: onvamême trouver desFrançais pavoisant leursfenêtres pourfêterunesibelle
victoire duprincipe desnationalités.
Louis Napoléon, mêmes'iln'en laisse rienparaître, atout desuite conscience delagravité del'événement et
de cequ'il représente commedangerpourlaFrance.
Lasituation crééen'astrictement rienàvoir avec celle
qu'il pouvait raisonnablement escompter.
En 1906, quarante ansaprès Sadowa, Eugénieauraitainsiconfié àMaurice Paléologue lesouvenir qu'elle
conservait d'unsipénible moment: «C'est danscemois dejuillet ques'est fixénotre destin.
Oui,l'Empereur a
reconnu devantmoison erreur, maisiln'était plustemps delaréparer.
Unsoir, surtout, jeme promenais seule
avec luidans uneallée deSaint-Cloud.
Ilétait complètement désemparé;jene pouvais luiarracher unseul mot;
ne trouvant plusrienàlui dire, jesanglotais.
»
Pourtant, aupremier abord,toutneparaît pastrop maltourner...
L'undesscénarios initialement imaginés
commence àse dérouler commeprévu.Dèsle4juillet, l'Autriche faitappel àla médiation delaFrance.
Ila dû
en coûter beaucoup àFrançois-Joseph des'avouer ainsivaincu, luiqui tient leroi de Prusse ensipiètre estime.
Comme l'anoté Charles deGaulle, pour«l'empereur humiliéen1866, l'Allemagne prussienneapparaissait,
comme auseigneur d'unchâteau croulant, lepalais neufdeson régisseur malhonnêtement enrichi».
Le problème tientévidemment aufait que lamédiation françaiseseprésente dansdesconditions beaucoup
moins favorables quecelles quiavaient étéimaginées.
LaPrusse estenposition deforce; ellen'aaucun intérêt
à un armistice rapide,etveut obtenir toutsondûavant dedéposer lesarmes.
Quantàla France, quelsprofits
peut-elle légitimement retirerdel'affaire, quellesgaranties peut-elleobtenirpourlefutur? Sonintervention
diplomatique, dansuncontexte aussilimpide —un vainqueur etun vaincu —ne vaut pastrès cher.
Cesont
des bons offices qu'onluipropose, nonunemédiation dontl'évidence seraitimposée.
Le ministre desAffaires étrangères, DrouyndeLhuys, ale mérite decomprendre fortbien toutcela: unesimple
médiation «amicale »se bornerait àtirer lesconséquences —assurément néfastes—de lasituation quivient
d'être créée.
Pouryparer, ondoit faire évoluer cettesituation, etmodifier lejeu.
Ilfaut donc unemédiation «
musclée ».Pour l'imposer, leministre propose unedémonstration militairesurlafrontière et,afin d'appuyer
politiquement lamanoeuvre etde démontrer qu'onestprêt àaller
jusqu'au bout,ilsuggère deconvoquer leCorps législatif ensession extraordinaire.
Bismarck confirmera, plustard, combien leministre desAffaires étrangères avaitvujuste: «Un petit appoint de
troupes françaises surleRhin, uniaux corps nombreux del'Allemagne duSud, eûtmis lesPrussiens dansla
nécessité dedéfendre Berlin,d'abandonner tousleurs succès enAutriche.
»
L'impératrice plaidepourcette solution.
Elleasenti lamenace del'orgueil etde lavolonté depuissance dela
Prusse.
Elleatrès bien compris ledanger quefaitcourir àl'Europe sonesprit dominateur.
Ellesent qu'un jour.
»
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