Océanie, art d' - beaux-arts.
Publié le 14/05/2013
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4 L’ART GUERRIER
Historiquement, la guerre a occupé une place centrale dans de nombreuses sociétés du Pacifique.
Indépendamment du sens donné au conflit, l’art développé sur les armes, les pirogues, à travers les peintures corporelles des guerriers, s’inscrit dans
l’expérience vécue, et n’est compréhensible que dans le cadre d’un système de représentations collectives.
Ainsi massues, sagaies et boucliers devaient à la fois susciter la terreur dans l’esprit des ennemis et le plus grand respect chez les alliés.
Le cas
des boucliers des Asmat du bassin du Sepik a, à ce titre, éveillé la curiosité des Européens.
La puissance psychologique de ces objets richement décorés était sans doute plus convaincante que leur efficacité contre les lances ennemies.
Leurs motifs
évoquent volontiers un ancêtre soit sous une forme humaine, soit sous sa forme totémique (roussette, serpent, etc.).
En Polynésie, l’art guerrier prend pour support principal la massue, décorée et sculptée dans différents styles.
Certaines ont la forme de courtes pagaies élargies, d’autres s’évasent progressivement du manche vers l’extrémité ; d’autres encore,
asymétriques, se terminent par un bulbe, une pointe ou une épaisse pièce triangulaire semblable au canon d’un fusil.
Les gravures les plus complexes se trouvent certainement sur les massues fabriquées dans les îles Marquises.
Elles peuvent
représenter jusqu’à quatorze figures anthropomorphes différentes.
Chaque tête s’aplatit généralement pour former un personnage à deux visages.
5 L’ORNEMENTATION DU CORPS
Dans toute l’Océanie, coiffures et parures de plumes sont le signe d’un statut élevé.
On les retrouve des Hautes Terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée à l’île de Pâques.
Les Marind-anim de la côte sud de Nouvelle-Guinée par exemple fabriquent de
somptueux costumes ornés de graines, de plumes et de plantes, qu’ils portent durant les grandes cérémonies.
Toutefois, les vêtements emplumés les plus impressionnants sont certainement les majestueuses capes hawaiiennes (‘ahu ‘ula). Elles
s’accompagnent souvent d’un casque également orné de plumes, le mahiole, qui est censé protéger la tête (partie sacrée du corps) des esprits malfaisants.
Une autre caractéristique du vêtement d’apparat océanien est le tapa ou étoffe d’écorce.
La plupart des étoffes sont en effet fabriquées en écorce de mûrier (plus rarement d’arbre à pain ou d’autres bois).
Réservé aux femmes, le processus de
fabrication comprend toujours plusieurs phases de trempage, de nettoyage et de battage de l’écorce.
Le tissu est aussi parfois directement exposé à la fumée ou verni avec de la résine.
Les étoffes présentent généralement des motifs géométriques et
circulaires, obtenus en tamponnant sur le textile une tige de bambou préalablement trempée dans une teinture, le plus souvent de couleur rouge.
Objet d’échange, le tapa est également utilisé pour sceller une promesse de mariage, une alliance avec
un clan ou bien racheter une faute.
Depuis le XIXe siècle, la fabrication de broderies en appliqué remplace celle des étoffes d’écorces, les premières constituant aux yeux des Océaniens des cadeaux de plus grande valeur.
À Tahiti, les tivaevae sont ainsi exposés dans le cadre de
manifestations publiques et offerts en cadeau pour affirmer la permanence d’une famille ou d’une communauté.
Les tatouages polynésiens ont fasciné les premiers visiteurs venus d’Europe.
Aux Marquises, le corps entier était tatoué de manière spectaculaire.
Les Maoris de Nouvelle-Zélande arboraient un visage creusé d’incisions profondes formant des motifs
curvilignes, tandis que les femmes présentaient un menton tatoué.
Les Tahitiens et Tahitiennes portaient des lignes courbes tatouées sur les fesses et sur les cuisses, et parfois des étoiles ou des cercles sur la poitrine et sur les bras.
Dans l’ouest de la
Polynésie, les Samoans portaient des dessins tatoués très serrés sur les fesses et les cuisses.
Les Tongiens et les Fidjiens ont adopté cette coutume en l’inversant puisqu’ils la réservaient aux femmes.
Les premiers observateurs occidentaux ont
souvent interprété le tatouage comme un emblème désignant le rang dans la société.
L’explication est cependant partielle.
Pratique modifiant l’apparence de l’épiderme ou d’un certain point de vue ajout d’une peau artificielle, le tatouage semblait
constituer en réalité une puissante protection pour le corps.
L’opération, particulièrement douloureuse, était également considérée comme une étape de la vie au même titre que la naissance et la mort.
Aujourd’hui, les tatouages traduisent davantage
le sentiment d’appartenance à une culture ; devenus un symbole d’identité, ils ont souvent perdu leur signification originelle.
6 ART ET CULTE DES ANCÊTRES
Dans toute l’Océanie, on trouve un panthéon de dieux créateurs, d’esprits d’ancêtres déifiés ou de héros légendaires.
Si de nombreuses œuvres d’art sont censées les représenter, l’interprétation exacte de leur rôle et de leur fonction au sein de la
communauté est souvent complexe.
Les sculptures par exemple comportent de multiples sens cachés.
Chacune d’entre elles renvoie à une histoire spécifique, dont l’interprétation est connue des seuls initiés.
À la variété des messages correspond une
complexité plastique : les sculptures se composent souvent d’une multitude de figures ajourées et sont ornées de très nombreux motifs peints.
En Mélanésie, elles interviennent directement dans les cérémonies funéraires.
Chez les populations du sud
de Malekula, au Vanuatu, lorsqu’un homme de rang élevé meurt (un guerrier ou un chef par exemple), son corps est enterré puis exhumé après putréfaction complète de la chair.
Une statue de bois ou de bambou (rambaramp) censée représenter le
défunt est alors façonnée puis placée à l’intérieur de la « maison des hommes ».
Sa présence doit pouvoir garantir la protection de l’esprit du mort sur la communauté.
Chez les Malangan de Nouvelle-Irlande, on retrouve le même type de rituel
funéraire, mais les statues sont brûlées ou abandonnées au terme de la cérémonie.
En Nouvelle-Calédonie, le culte des ancêtres s’illustre dans la confection de masques spectaculaires.
Ceux-ci peuvent représenter simultanément le chef défunt, le père fondateur du clan et l’esprit qui guide les esprits des morts dans l’au-delà.
La
coiffure du masque, surmonté de plumes noires, est élaborée avec les cheveux des hommes du même clan que le défunt.
Les Polynésiens donnent le nom de mana au lien qui existe entre création artistique et forces spirituelles.
Il s’agit d’une force active, associée aux ancêtres d’essence divine et héritée de ces derniers.
Cette force est indispensable à toute entreprise
humaine et accompagne les guerriers, les chefs et les prêtres.
Dans toute la Polynésie où ce concept est répandu, l’œuvre d’art est l’un des principaux moyens permettant d’invoquer le mana.
Le choix des matériaux et l’iconographie répondent à cette
préoccupation, comme en témoignent les célèbres pétroglyphes (gravures sur pierre) et statues monumentales de l’île de Pâques.
Ces gigantesques têtes ont été sculptées dans la roche tendre extraite du cratère volcanique de l’île.
Aujourd’hui
encore, le contexte rituel qui a présidé à leur élaboration reste obscur.
Moins spectaculaires mais tout aussi symboliques, les hei tiki ou pendentifs d’ancêtres, que confectionnent les Maoris, créent un lien entre les vivants et les morts, supprimant les distances engendrées par le temps et l’espace.
Ils sont transmis par
héritage aux générations suivantes et portés lors d’événements importants qui peuvent donner lieu à leur échange comme la ratification d’un traité, d’une alliance, la célébration d’un mariage ou de funérailles.
Généralement en jade ( wai pounamou
en langue maorie), ils portent le nom de l’ancêtre défunt.
En Micronésie, la sculpture, influencée par l’art polynésien, est plus rare ; elle est constituée de petites amulettes, de proues de pirogues sculptées et de bols incrustés de nacre.
De l’île Nukuoro, une statue en bois monumentale représentant la déesse
KoKawe nous est néanmoins parvenue.
Cela s’explique en partie par le fait que, bien que située en Micronésie, Nukuoro est habitée par des populations d’origine polynésienne.
La statue de KoKawe doit être certainement mise en relation avec la.
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