nouvelle.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
Paris.
LaRépublique estproclamée, jedois êtresonmaître.
»
Imagine-t-il lui-mêmequecetinimaginable programme,ilva leremplir àla lettre?
Il embarque le27 février avecdeux deses fidèles, OrsietThélin, lejour même où,àHonfleur, Louis-Philippe
cherche unbateau pourunetraversée ensens inverse.
Lestrois hommes ont
des passeports anglais;àtout hasard —décidément, onneserefait pas—Louis Napoléon s'affubled'une
moustache postiche.ACalais, ilsprennent letrain, etles voici àParis oùilss'installent àl'hôtel desPrinces, rue
de Richelieu.
Lesautres prisonniers ducoup deBoulogne ontétélibérés etconstituent autourdeluiun petit
groupe: Vieillard, quiestdéputé delaManche, estainsi rejoint parPersigny, legénéral Piatetlelieutenant
Laity.
Il faut maintenant semanifester.
LouisNapoléon écritauGouvernement provisoirepourluisignaler sa
présence, déclarersonadhésion àla République etse présenter, humblement, commeunsimple citoyen àson
service: «Messieurs, lepeuple deParis ayant détruit parson héroïsme lesderniers vestiges del'invasion
étrangère, j'accourspourmeranger sousledrapeau delaRépublique quel'onvient deproclamer.
Sansautre
ambition quecelle deservir monpays, jeviens annoncer monarrivée auxmembres duGouvernement
provisoire etles assurer demon dévouement àla cause qu'ilsreprésentent commedema sympathie pourleurs
personnes.
»
Ledit Gouvernement provisoireaalors suffisamment deproblèmes, occupéqu'ilestàdoter d'unsemblant
d'organisation lenouveau régimeetàcontenir lapression delarue, pour accepter quesecrée unedifficulté
supplémentaire aveccetencombrant personnage.
Lamartinesedévoue pourlelui signifier etleprier
aimablement deretourner d'oùilvient; pourlemoment dumoins.
C'estcivilement maisfermement dit:«Iln'est
nullement danslesintentions duGouvernement des'opposer auséjour duPrince enFrance, maisdans la
situation oùsetrouve leGouvernement, aveclepouvoir qu'ila,ille prie dequitter Parisjusqu'à ceque Paris
soit dans unétat plus calme etjusqu'à laréunion del'Assemblée.
»
Autour deLouis Napoléon, toutlemonde n'estpasd'accord surl'opportunité d'obtempérer.
Persigny,en
particulier, estpartisan d'unrefus quiconduirait leGouvernement provisoireàune réaction brutale.«Faites-
vous expulser parlaviolence ouemprisonner, conseille-t-ilauprince.
Laviolence seraprofitable àvotre cause:
les sympathies vonttoujours auxpersécutés.
»
D'expérience, LouisNapoléon estmieux placéquequiconque poursavoir quecebeau principe n'estpas
toujours vérifié.Ildécide autrement.
Legouvernement veutsondépart.
Ilpartira.
C'estunemanière deprouver
la sincérité desadémarche.
Iln'oublie pasnon plus que, légalement, ilreste unproscrit.
Sonchoix estdonc
celui delaprudence.
Premièrehabileté.
Il sent bien qu'iln'aurait pasgrand-chose àgagner danslaconfusion présente:réduit, avecd'autres, aurôle de
comparse, savoix neporterait guèreaumilieu dutintamarre.
Il répond doncqu'ils'exécute :« Messieurs, vouspensez quemaprésence estunsujet d'embarras ;je
m'éloigne doncmomentanément.
Vousverrez, danscesacrifice, lapureté demes intentions etde mon
patriotisme.
»
Le 1er
mars, ilest àBoulogne, le2en Angleterre.
Unefoisrentré àLondres, onl'imagine sanspeine entrain de
piaffer d'impatience.
Lalecture desjournaux anglaisetdes rapports qu'onluiadresse l'occupe bienunpeu ;et il
a des lettres àécrire ;mais celanesuffit visiblement pasàtromper sonattente.
Alors, àtitre dedérivatif, ilprend uneinitiative surprenante dontilne peut ignorer pourtant qu'ellevasusciter à
Paris perplexité etsarcasmes: celledes'engager danslecorps devolontaires —les special constables —
chargé d'épauler lapolice localeàl'occasion demanifestations derues...
enfaveur dusuffrage universel.
Louis
Napoléon Bonaparte «policeman »,voilà cequ'on varetenir enFrance del'épisode etleportrait déjàpeu
flatteur qu'onfaitdeluine s'en trouve pasamélioré ;et qu'importe —une foisencore —sil'intéressé nerevêtit
jamais l'uniforme etsison activité seborna, dit-on,àramener unjour univrogne auposte depolice leplus
proche.
Il ne faut passelaisser tromper parcette ultime fantaisie.
L'homme amûri.
Ila changé, mêmesicela n'apas
été perceptible degrand monde.
Ilest prêt pour sadestinée.
Cen'est pluslerêveur idéaliste, leconspirateur
romantique, l'activistemaladroit; c'estàprésent unpolitique, dontlaprofondeur devues, lesens tactique,
l'énergie vontbientôt serévéler d'autant plusirrésistibles qu'ilsdemeurent insoupçonnés.
Ainsi est-on frappé parlalucidité deson analyse delasituation, lorsqu'iljette,àl'époque, lesfondements d'une
ligne deconduite dont,désormais, ilne vaplus sedépartir.
« Après lesaffaires deStrasbourg etde Boulogne, laclasse pauvre etrépublicaine m'atémoigné dela
sympathie, laclasse richeetmonarchiste m'areprésenté commeunprétendant risible.Or,laRépublique a
changé vis-à-vis demoi non paslesopinions maislesintérêts desdeux classes.
LesRépublicains, n'ayantplus
besoin demoi, sont devenus mesennemis, toutenm'estimant, etles autres sontdevenus mesamis touten.
»
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