Mirabeau comte de (Honoré-Gabriel Riqueti)

Homme politique français né au château de Bignon (Loiret), mort à Paris (1749-1791). Personnage jouisseur, cupide, vénal et dépourvu de sens moral, il n'en fut pas moins le plus grand orateur de la Révolution, aussi admiré que détesté. Séducteur-né, malgré sa laideur, il ne comptait pas ses succès féminins. Après qu'il eut, en 1772, épousé Emilie de Marignane et dilapidé sa fortune, il fut emprisonné à la suite de scandales, enleva une femme mariée, Sophie de Monnier, et s'enfuit avec elle en Suisse, puis en Hollande. Extradé, il passa trois ans au donjon de Vincennes, puis reprit sa vie de débauche. Bien qu'aristocrate, il se fit élire député du tiers état aux états généraux. Pendant ses années de prison, il avait beaucoup lu et réfléchi. L'étendue de ses connaissances, son intelligence, sa fougueuse éloquence lui assurèrent un grand pouvoir sur l'Assemblée et sur le peuple, dont il fut un des meneurs. Son apostrophe au marquis de Dreux-Brézé ordonnant la dissolution de l'Assemblée: « Nous sommes ici par la volonté nationale, nous n'en sortirons que par la force » assura le succès de la Révolution. Il tenait des discours enflammés en faveur de la démocratie et figurait parmi les dirigeants du Club des Jacobins. Mais, en réalité, il était très attaché à la royauté et souhaitait une monarchie constitutionnelle. Il joua donc double jeu et tint secrètement le rôle de conseiller de Louis XVI. Il mourut en 1791, épuisé par le travail et la débauche. On l'inhuma au Panthéon, mais on l'en retira en août 1792, après la découverte des mémoires secrets qu'il avait adressés au roi.