MAURIAC (François)
Publié le 26/01/2019
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MAURIAC (François), écrivain français (Bordeaux 1885-Paris 1970). Son œuvre porte fortement la marque de son enfance et de sa jeunesse : d'abord par les images de Bordeaux et des landes girondines qui reviennent constamment sous la plume du romancier, du poète ou du journaliste ; ensuite, et plus profondément, à cause de l'éducation chrétienne marquée de puritanisme (on a pu parler de jansénisme) que le jeune François a reçue d'une mère, veuve dès 1887, pleine de tendresse pour ses enfants, mais d'une grande rigueur morale. C'est alors que s'est forgée la hantise du « péché de la chair » qui marque l'œuvre du romancier. Des couples déchirés [le Désert de l'amour, 1925 ; le Nœud de vipères, 1932), des femmes révoltées et humiliées ( Thérèse Desqueyroux, 1927), des jeunes gens troublés et parfois troubles témoignent de l'importance d'une sexualité partout présente et refusée comme le signe d'une dramatique misère humaine. Chez Mauriac lui-même, écrivain chrétien, un attachement tout païen à la terre éclate dans les poèmes d'Orages (1925) ou du Sang d'Atys (1940). De même, on ne saura sans doute jamais rien des origines biographiques du petit traité paru en octobre 1928 sous le titre de Souffrance du chrétien : on devine, derrière ces lignes proches de la révolte, les manifestations d'une crise morale et religieuse qui va jusqu'à protester contre le mariage chrétien qui, « en condamnant la femme à la fécondité perpétuelle, condamne l'homme à la perpétuelle chasteté ». Bonheur du chrétien (1929) traduira la fin de la crise et marquera ce que l'on appelle d'un mot excessif, mais étymologiquement exact, la « conversion » de Mauriac. Après une grave opération à la gorge en 1932, Mauriac, qui s'est cru perdu, est élu à l'Académie française en 1933 : s'ouvre alors une carrière prestigieuse où les
succès se suivent d'année en année. Délaissant les romans centrés sur un drame individuel (l'Enfant chargé de chaînes, 1913 ; le Baiser au lépreux, 1922 ; Genitrix, 1923), Mauriac, sous l'influence d'œuvres contemporaines plus complexes, tente de diversifier et de multiplier les personnages dans les Anges noirs (1936) et surtout les Chemins de la mer (1939). La Pharisienne (1941), le Sagouin (1951), Galigaï (1952), l'Agneau (1954) complètent une œuvre qui reste centrée sur les problèmes du péché et de la grâce. Malgré les critiques de Sartre, dans un article célèbre de la Nouvelle Revue française en 1939 (il lui reprochait d'intervenir trop souvent dans le destin de ses personnages et de ne pas leur laisser la liberté indispensable à l'indétermination de la créature romanesque), Mauriac sera toujours moins préoccupé des questions de technique romanesque que des répercussions spirituelles de ses écrits.
En 1952, le prix Nobel de littérature est non seulement une consécration, mais le point de départ d'une nouvelle carrière : Mauriac, qui n'a pas connu au théâtre le succès escompté (Asmodée, 1937 ; les Mal-aimés, 1945 ; Passage du Malin, 1947 ; le Pain vivant, 1950), se voue désormais presque entièrement à une œuvre journalistique, souvent polémique et politique. En fait, dès avant 1914, en réaction contre le conservatisme étroit et l'antidreyfusisme de son milieu, l'écrivain avait été touché par le catholicisme libéral du Sillon, le mouvement de Marc Sangnier. Après 1920, au contraire, les articles de l'Écho de Paris traduisaient la pensée d'un homme de droite. Il avait fallu la guerre civile espagnole et l'influence spirituelle exercée par les prêtres et les laïcs de l'Action catholique (autour des hebdomadaires Sept et Temps présent, entre 1937 et 1940) pour que Mauriac s'engageât peu à peu aux côtés des catholiques libéraux. Le Cahier noir, publié dans la clandestinité en 1943 aux Éditions de Minuit, sous le pseudonyme de Forez, révèle une pensée politique nuancée, mais intransigeante sur la défense des droits de l'homme. La crise marocaine en 1953, puis l'engagement aux côtés du général de Gaulle marquent le Bloc-Notes publié successivement dans la Table ronde, l'Express puis le Figaro littéraire. Jamais Mauriac n'a eu autant de lecteurs : son article hebdomadaire est attendu pour des raisons diverses, selon qu'on y puise un aliment de réflexion sur la morale ou la religion, ou simplement qu'on y cherche une analyse des événements au jour le jour. Le polémiste égratigne, voire déchire les médiocres de la vie politique. Lorsque les crises marocaine puis algérienne sont réglées, le vieil homme tourne plus facilement sa pensée vers le passé ou vers la réflexion spirituelle : le Bloc-Notes s'élargit en méditation. Plus qu'un journaliste, Mauriac est alors tantôt poète, tantôt philosophe dans des pages où le lyrisme affleure.
On retrouve alors les thèmes que la réflexion mauriacienne nourrit depuis les origines dans un certain nombre d'ouvrages théoriques ou autobiographiques comme le Journal (1934-1950) ou cette sorte de bilan spirituel que constitue Ce que je crois en 1962. On peut mesurer dans ces ouvrages l'importance affective de Maurice Barrés (qui accueillit et lança le jeune poète des Mains jointes en 1909) et surtout la permanence de l'influence pascalienne qui date des années de collège et ne se démentit jamais (« Je doute que sans lui je fusse demeuré fidèle »). Pascal apparaît à Mauriac comme le modèle de l'homme de foi, d'une foi vécue plus que traduite intellectuellement dans des raisonnements. Le Dieu de Pascal comme celui de Mauriac est le Christ vivant, souffrant et ressuscité, et non le Dieu des philosophes et des savants. Non que Mauriac prêche le quiétisme : il est au contraire convaincu de l'importance des débats théologiques, mais il sait que sa vocation l'appelle à méditer sur des situations concrètes plus que sur des idées. Dans cette perspective, les romans peuvent apparaître comme des sortes d'expériences qui poussent à l'extrême des situations réelles en les portant au point où elles éclatent en drames porteurs d'une signification philosophique. En fait, la seule question qui passionne
vraiment Mauriac est de savoir comment la grâce parvient à triompher du péché le plus invétéré. Mais ne serait-ce pas aussi sous l'influence du Pascal janséniste que le péché apparaît comme si puissant et la grâce si peu agissante parfois sur des créatures vouées à la médiocrité et à une quasi-mort spirituelle ? La fidélité au Christ passe par la fidélité à l'Église, mais elle nourrit surtout la foi, l'espérance et la charité, dont retentissent de plus en plus les pages de Mauriac et qu'il résume dans les dernières lignes de Ce que je crois : « Tu existes puisque je t'aime... Croire, c'est aimer. »
«
Issu d'une pieuse famille du vignoble bordelais, François Mauriac fit des
études à l'université de Bordeaux puis à l'École normale de Chartres avant
d'entreprendre une carrière littéraire.
Il publia son premier recueil de
poèmes Les mains jointes en 1909, qui fut chaleureusement accueilli par la
critique.
Après la parenthèse de la guerre et de la maladie, il établit
définitivement son talent de grand romancier en 1922, avec Le baiser au
lépreux .
Ce succès sera couronné en 1925 par le Grand Prix du Roman
décerné par l'Académie française, dont il deviendra membre en 1933, année
où parut son œ uvre la plus célèbre, Le nœud de vipères .
En dépit de son
formidable succès, Mauriac était un homme d'une grande sensibilité, qui
ressentait le besoin de justifier son travail aux yeux de la critique. Le
romancier et ses personnages fut suivi par la sortie de quatre volumes de son
Journal (1934-1951), puis de trois livres de Mémoires (1959-1967), qui
détaillaient ses méthodes littéraires, ses intentions morales et ses opinions
sur les m œ urs de la société contemporaine.
En 1938, il se lança dans le
théâtre.
Si sa première pièce Asmodée fut bien accueillie, ses autres drames
laissèrent le public indifférent.
Écrivain polémique de premier ordre, il
condamna lourdement le régime totalitaire et fasciste, prenant une part
active dans la Résistance.
En 1952, il reçut le prix Nobel de littérature.
Son
intérêt pour la politique resta prégnant et en 1964, il publia De Gaulle ,son
dernier grand livre..
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