MAUBERT DE GOUVEST
Publié le 25/01/2019
                            
                        
Extrait du document
MAUBERT DE GOUVEST (Jean-Henri), écrivain français (Rouen 1721-Altona 1767). Capucin défroqué, sa vie fut un véritable roman. Il séjourna dans divers pays d'Europe, la plupart du temps poursuivi par les autorités. Il publia un roman épistolaire, les Lettres iroquoises (1752), dont il donna une nouvelle version en 1769 sous le titre de Lettres chérakéesiennes, par Jean-Jacques Rufus, sauvage européen. Un second roman s'intitule l'illustre Paysan ou Vie et aventure de Daniel Moginié (1754). Son œuvre est essentiellement politique et historique. Il composa le Testament politique du cardinal Alberoni (1753) et celui du chevalier de Walpole (1767) dans le genre mis à la mode par le Testament politique de Richelieu. Il entreprit une Histoire politique du siècle qui n'eut que deux volumes (1754-55) et publia en 1759 le Mercure historique et politique des Pays-Bas.
«
                                                                                                                            (1755), 
en Hollande  comme agent autrichien,  en Angle
terre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Installé  à Bruxelles,  il  se lance  dans le journalisme 
en  créant  notamment  le Mercure  historique  et politique 
des  Pays-Bas.
                                                            
                                                                                
                                                                     Mais  sa  vie  scandaleuse  le contraint  à 
de  nouvelles  pérégrinations,  en France,  en Allemagne 
comme  entrepreneur  de spectacles,  en Hollande  où, de 
nouveau,  il connaît  la prison.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il y publie  le Temps  perdu 
ou  Les  Écoles  publiques  ( 1765),  suggérant  qu'on profite 
de  la récente  dispersion  des jésuites  pour  repenser le 
système  éducatif  et  «ôter  à l'éducation  nationale le 
gothique  qui la défigure ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Selon  Maubert,  le latin,  survi
vance  d'une époque  révolue,  doit être  remplacé  par un 
enseignement  utilitaire,  payant,  et  choisi à la  carte  selon 
les  dons,  les ambitions  et les  moyens  financiers  de cha
cun  : langues  vivantes,  logique, arithmétique,  conçue 
comme  « la  manière  de tenir  les livres  de banque,  de 
commerce,  d'économie ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Il donna  ensuite  les Lettres  de 
M.
                                                            
                                                                                
                                                                     Robert  Talbot (1766),  recueil d'anecdotes  de seconde 
main  sur la vie  parisienne,  Trop est trop  (1767),  pam
phlet  antimonastique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Nouveau départ, nouvel exil, cette 
fois  en Allemagne;  il mourut  à Altona.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Cet  aventurier  souvent  famélique,  pourchassé par  la 
police  et  les libraires,  laissa un chef-d'œuvre : les  Lettres 
iroquoises.
                                                            
                                                                                
                                                                     Un point  de départ  classique  depuis les Let
tres  persanes  : envoyé  par les «Vénérables)>  de son 
pays  pour vérifier  sur place  les dires  d'un missionnaire, 
l'Iroquois  Igli débarque  en France  et découvre  les dures 
réalités  d'une civilisation  d'abord séduisante  et  appa
remment  vouée  au  plaisir  : inégalité  sociale,  égoïsme, 
hypocrisie  des prêtres,  intrigues  des femmes,  clérica
lisme  et fanattsme.
                                                            
                                                                        
                                                                     Mais pas plus  que ne le fera  Diderot 
dans  son Supplément  au Voyage  de Bougainville,  Mau
bert  de Gouvcst  ne propose  de modèle  et ne  prêche  un 
impossible  ou illusoire  retour à la  nature :« Je ne cherche 
pas  à vous  corriger,  il faudrait  recommencer  votre monde 
[  ..
                                                            
                                                                                
                                                                    .
                                                            
                                                                                
                                                                    ]  Votre  folie est systématique,  vos vices  mêmes  ser
vent  à vous  aiguiser  l'esprit.>> D'abord  ironique  et badin, 
semé  d'image">  et de  métaphores  propres, par convention, 
à  signifier  la  langue« sauvage >>, le texte  tourne  progres
sivement  au débat  théologique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Maubert de Gouvest  -
que  Roland  Desné a classé  parmi les « matérialistes  du 
xvmc  siècle  >> - utilise  une dialectique  toute européenne 
pour  dénoncer  les dogmes chrétiens,  les thèses  cartésien
nes  sur la spiritualité  de l'âme  : «Je  lui prouvai  par ses 
propres  armes que les bêtes  avaient  des âmes.
                                                            
                                                                                
                                                                     » Mais 
Igli  se fait  parfois  théiste,  et se  moque  de ceux  qui divini
sent  la matièn:;  seule, finalement,  la morale  peut clore  la 
querelle  métaphysique  : « Nous  ne sommes  pas faits  pour 
approfondir  nOtre sort, mais  pour en jouir.
                                                            
                                                                                
                                                                     )> L'audace  ou 
la  nouveauté  des Le/Ires  iroquoises  est à chercher  dans 
ce  scepticismt:  généralisé qui atteint  aussi bien la foi  que 
la  raison,  et se  résout  en un hédonisme  que la «civilisa
tion  >> européenne  a rendu  à so n tour  impraticable  ...
                                                            
                                                                                
                                                                    
BIBLIOGRAPHIE  Les  Leu res  iroquoises.
                                                            
                                                                                
                                                                     introd.
                                                            
                                                                                
                                                                    et notes  d'Enea  Balmas,  Paris, 
Nize"'  et Milan,  Ed.
                                                            
                                                                                
                                                                    Vis conte a,  1962.
                                                            
                                                                                
                                                                    
A  consulter.
                                                            
                                                                                
                                                                     -R.
                                                            
                                                                                
                                                                    Desné.
                                                            
                                                                                
                                                                     les Marérialisres  français ( 1750-
1800),  Paris.
                                                            
                                                                                
                                                                    Buchet-Chastel.
                                                            
                                                                                
                                                                     1965: Dicrionnaire  des journalis
res,  dir.
                                                            
                                                                                
                                                                    J.
                                                            
                                                                                
                                                                    Sgard,  Presses  Univ.
                                                            
                                                                                
                                                                    de Grenoble,  1976 (article  de 
J.
                                                            
                                                                                
                                                                     Vercruysse).
                                                            
                                                                                
                                                                    
J.-P.
                                                            
                                                                                
                                                                     DE BEAUMARCHAIS.
                                                                                                                    »
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