marxisme.

marxisme. n.m., doctrine se référant à Karl Marx et dont les multiples versions ont alimenté pendant un siècle la plupart des tentatives de transformation radicale des sociétés. De Marx au marxisme. Le véritable fondateur du marxisme est en fait Friedrich Engels, qui systématisa des aspects de l'oeuvre de Marx auxquels celui-ci accordait une importance inégale, et qui les intégra dans une construction en trois niveaux superposés : une théorie de la connaissance, le matérialisme dialectique, unifiée pour l'analyse de la nature et de la société, et fondée sur l'étude des contradictions ; une philosophie de l'histoire, le matérialisme historique, selon laquelle le mouvement des sociétés résulte de forces économiques amplifiées par la lutte des classes ; une théorie du capitalisme. L'oeuvre principale de Marx (le Capital) se trouvait ainsi emboîtée dans une vision du monde issue d'autres travaux de Marx et d'Engels, et qui est à l'origine d'une tradition multiforme. Complétez votre recherche en consultant : Les livres Marx Karl, page 3079, volume 6 Le marxisme européen. Historiquement, le marxisme s'est d'abord constitué en doctrine critiquant la société capitaliste et visant à son abolition ; au tournant du XXe siècle, il a été ainsi associé aux mouvements ouvriers d'Europe continentale, et représenté, entre autres, par Eduard Bernstein, Karl Kautsky, Rosa Luxemburg ou Jules Guesde. Cette tradition s'est perpétuée dans des mouvements sociaux-démocrates, socialistes ou communistes, et elle s'est principalement heurtée à une transformation du capitalisme qui appelait une nouvelle analyse : l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière et l'apparition d'une classe moyenne affaiblissaient la référence à la lutte de classes, tandis que le rôle régulateur et redistributif de l'État rendait plus improbable un effondrement brutal du capitalisme. Une certaine renaissance de la pensée marxiste s'opéra dans les années trente avec des auteurs comme Antonio Gramsci ou György Lukács et, à travers une accentuation du rôle attribué à la critique (y compris des pays socialistes) et à la philosophie de l'action, elle culmina dans les années soixante et au début des années soixante-dix, en liaison avec les mouvements de contestation sociale en Europe occidentale. Cette tradition du marxisme européen a connu aussi, depuis un siècle, des économistes éminents, tels que Ladislaus von Bortkiewicz, Rudolf Hilferding, Michaël Kalecki, Maurice Dobb, Oskar Lange et, aux États-Unis, Paul Sweezy. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Lange Oskar Le marxisme-léninisme. Une seconde composante du marxisme est liée à la révolution soviétique et à l'instauration du socialisme en URSS. Ce n'est pas, en effet, dans les pays industriellement avancés et à classe ouvrière organisée, mais en Russie qu'une révolution inspirée par le marxisme renversa l'ordre ancien en octobre 1917. Lénine infléchit la doctrine vers la reconnaissance du rôle d'un parti d'avant-garde, organisé sur le principe du « centralisme démocratique » et instaurant la « dictature du prolétariat ». Si le début des années vingt fut très riche en débats sur le développement d'une économie socialiste (avec Ievgueni Preobrajenski et Nikolaï Boukharine), le marxisme fut ensuite utilisé par Joseph Staline pour légitimer ses choix en matière d'édification du socialisme en URSS ; à ce marxisme-léninisme (ou socialisme scientifique), Léon Trotski opposa la théorie de la « révolution permanente » à l'échelle mondiale. Après les purges de 1936, le marxisme soviétique s'enfonça progressivement dans l'orthodoxie, étendue aux satellites d'Europe de l'Est après 1945. Les tentatives « révisionnistes » de Pologne et de Hongrie en 1956, et de Tchécoslovaquie en 1968 échouèrent, et c'est l'évolution de l'Union soviétique elle-même qui a conduit à l'abandon de cette idéologie d'État, au tournant des années quatre-vingt-dix. Les courants anti-impérialistes. Une troisième composante du marxisme s'est développée à partir des années trente dans les sociétés à dominante agraire, s'émancipant des structures économiques héritées du passé ou entretenues par la colonisation. Le concept d'impérialisme a alors complété celui d'exploitation, et la lutte du peuple pour sa libération, y compris par la guérilla, s'est substituée à celle du prolétariat. L'influence de Mao Zedong fut ici déterminante (donnant naissance au maoïsme), mais d'autres courants se sont aussi manifestés dans les années soixante, représentés par Frantz Fanon ou par Ernesto Che Guevara. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Boukharine Nikolaï Ivanovitch Capital (le) communisme Dobb Maurice Engels Friedrich Gramsci Antonio Hilferding Rudolf Internationale Kautsky Karl Lénine (Vladimir Illitch Oulianov, dit) Lukács György Luxemburg Rosa Manifeste du parti communiste Marx Karl matérialisme mode de production socialisme - Le socialisme marxiste socialisme - Les divisions du socialisme stalinisme techniques (histoire des) - La révolution industrielle Trotski (Lev en français Léon, Davidovitch Bronstein, dit)