L'URSS, État fédératif formé de quinze Républiques, était une superpuissance euro-asiatique, héritière de l'Empire des tsars. Ce pays immense, aux abondantes ressources naturelles, était géré par un parti communiste fort, au moyen d'une planification autoritaire, privilégiant le complexe militaro-industriel au détriment de l'agriculture et du bien-être des populations civiles. Les déséquilibres de l'économie, les disparités culturelles avivées par la politique de russification, les inégalités de niveau de vie, n'ont pu être redressés par la perestroïka. Née en 1917, l'URSS a éclaté en 1991. L'URSS, en russe SSSR, abréviation de Union des Républiques socialistes soviétiques (Soïouz Sovietskikh Sotsialistitcheskikh Respoublik), était un État fédératif d'Europe et d'Asie. Issu du traité d'Union signé entre les Républiques fédérées en décembre 1922, l'État soviétique a cessé d'exister en décembre 1991. Héritier de l'Empire tsariste, cet ensemble géopolitique étendu aux dimensions d'un continent était, depuis la Seconde Guerre mondiale, l'une des deux superpuissances. Face aux États-Unis, l'URSS dominait une partie du monde et exerçait une véritable tutelle sur les démocraties populaires d'Europe orientale. Toutefois, l'État centralisé dominé par le parti communiste mis en place après la révolution russe de 1917 a fini par se disloquer, victime de la faillite du système et d'une contestation de plus en plus forte. Les quinze Républiques fédérées de l'URSS sont devenues des États indépendants, qui tentent de régler les problèmes d'ordre politique, militaire, économique, posés par la désintégration du système soviétique. La gestion de cette liquidation a d'abord été coordonnée au sein de la Communauté des États indépendants (CEI), formée en décembre 1991 par onze des quinze nouveaux États. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats fédéral (État) Géographie Le territoire soviétique. Au coeur du continent eurasiatique, l'URSS constituait un bloc d'un seul tenant, allongé d'ouest en est sur près de 10 000 km, et couvrant onze fuseaux horaires. Globalement situé à des latitudes septentrionales dans l'hémisphère nord, le territoire ne s'ouvrait que sur des mers prises par les glaces une grande partie de l'année, ou sur des mers semifermées (Baltique, mer Noire), contrôlées par des détroits. De hautes chaînes de montagnes à la périphérie méridionale et orientale bordaient d'immenses étendues de plaines et de plateaux drainés par de grands fleuves comme la Volga, l'Ob, l'Ienisseï ou la Lena. Ce gigantisme, allié aux spécificités géologiques du pays (notamment la prédominance des socles anciens), explique l'abondance et la diversité des ressources naturelles (potentiel hydroélectrique, gisements de métaux, de charbon, de pétrole et de gaz, etc.). La gamme des conditions agroclimatiques - de la toundra aux déserts subtropicaux - était elle aussi très large. Source de diversité des milieux naturels et des ressources, comme des peuples et des cultures, l'immensité de cet espace constituait aussi un défi permanent, en termes de mise en valeur, d'organisation et d'échanges, auquel le régime communiste avait tenté de répondre par une extrême centralisation du système politique et économique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Ienisseï Lena Ob toundra Volga Les livres URSS - paysage arctique, page 5376, volume 10 URSS - fermes traditionnelles à Listvianka, sur le lac Baïkal, page 5377, volume 10 Un État multinational fédéral. OEuvre d'une politique de conquête et d'expansion qui s'est échelonnée sur deux siècles et demi, l'Empire russe incorporait des peuples très divers, par leurs origines comme par leur niveau de développement. Pour réduire les risques d'éclatement apparus au lendemain de la chute du régime tsariste, le pouvoir soviétique avait mis en place une construction fédérale reconnaissant le fait national. Consécutive à des migrations historiques très complexes qui ont imbriqué les peuples et les cultures, la répartition spatiale des groupes nationaux s'est trouvée figée par une carte politico-administrative aux tracés souvent arbitraires. Depuis les gains territoriaux de 1939-1945, l'URSS comprenait quinze Républiques fédérées, de tailles très inégales. Étendue des rives de la Baltique au littoral Pacifique, la République de Russie couvrait les trois quarts de l'URSS. Autour de la Russie, en position périphérique et formant des « marches » internes de l'Union, les autres Républiques regroupaient les nationalités les plus importantes : Estoniens, Lettons, Lituaniens, Biélorusses, Ukrainiens, Moldaves, à l'ouest ; Géorgiens, Arméniens, Azerbaïdjanais, au sud ; Kazakhs, Ouzbeks, Kirghizes, Tadjiks, Turkmènes, à l'est. Ces nationalités et les Russes comptaient ensemble 220 millions de représentants, soit 77 % de la population soviétique. Les groupes nationaux moins nombreux, ou territorialement enclavés (les Tatars, par exemple), disposaient de territoires au statut différencié selon leur importance : au total, vingt Républiques autonomes, huit régions autonomes et dix arrondissements autonomes constituaient des subdivisions à caractère national à l'intérieur des Républiques fédérées. Toutefois, la composition ethnique des territoires nationaux était loin d'être homogène ; 45 millions de personnes, soit un cinquième des représentants des quinze nationalités, vivaient à l'extérieur des frontières de leur république. Ainsi, on estime qu'à la veille de l'éclatement de l'URSS 26 millions de Russes (sur un total de 145) étaient établis dans d'autres républiques de l'Union, formant d'importantes minorités en Ukraine, dans les Pays baltes, au Kazakhstan et au Kirghizistan. La politique de russification menée plus au moins brutalement selon les époques (la langue russe était devenue la langue véhiculaire obligée), la présence d'un encadrement russe (en Asie centrale), ou de travailleurs russes (en Ukraine, dans les Pays baltes), souvent mal vécues par le passé, peuvent nourrir dans l'avenir un ressentiment à caractère nationaliste. Ces populations se différencient d'un point de vue démographique. Chez les musulmans d'Asie centrale, le niveau de fécondité est resté très élevé (entre 4 et 5 enfants par femme), d'où une croissance démographique forte, à l'inverse des populations européennes dont le taux d'accroissement est devenu très faible à partir des années soixante-dix. À ces dynamiques démographiques inégales se sont ajoutés des écarts de niveaux de vie qui ont été en partie compensés, tant qu'a duré l'Union, par le transfert de revenus sociaux des républiques les plus riches aux moins bien dotées. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arménie Arménie - L'Arménie soviétique Azerbaïdjan Azerbaïdjan - Géographie Biélorussie Biélorussie - Géographie Estonie Estonie - Géographie Géorgie Géorgie - Géographie Kazakhstan Kirghizistan Lettonie Lettonie - Géographie Lituanie Lituanie - Géographie Moldavie Moldavie - Géographie Ouzbékistan Ouzbékistan - Géographie Russie - Géographie russification Tatars Turkménistan Turkménistan - Géographie Ukraine - Géographie Les livres URSS - joueurs d'échecs en plein air, à Vladimir, en Russie, page 5383, volume 10 URSS - vente de livres dans une rue de Kiev, en Ukraine, page 5383, volume 10 URSS - marché kolkhozien à Samarcande, en Ouzbékistan, page 5383, volume 10 L'économie soviétique. L'essor de l'industrie soviétique a été spectaculaire ; alors qu'elle entamait à peine sa révolution industrielle dans les années vingt, l'URSS est devenue la deuxième puissance industrielle de la planète, placée encore au premier rang mondial en 1990 pour les productions de pétrole, de gaz naturel, d'acier et de nombreux métaux non ferreux. De même, le pays détenait les records mondiaux de la production de blé, d'orge, de betterave à sucre ou de pomme de terre. Pourtant, il ne parvenait pas à assurer à ses habitants une quantité de nourriture suffisante. Les rendements étaient médiocres et les déficiences, particulièrement graves pour les fruits et légumes et pour la viande. L'activité économique en URSS était fondée sur la propriété socialiste (étatique ou coopérative) des moyens de production et régie par une planification centralisée et autoritaire. Le développement économique dépendait du pouvoir d'État, ou plus exactement du parti, dont les directives établissaient les priorités et le rythme de la croissance économique. La planification requérant la centralisation des décisions, les autorités se sont substituées au marché pour organiser les échanges interentreprises et déterminer les prix. Au niveau fédéral, le Gosplan (Comité d'État à la planification) était chargé de l'élaboration des plans de développement économique à court, à moyen et à long terme, qui fixaient les objectifs de production des agents économiques. Le Gossnab (Comité d'État pour l'approvisionnement matériel et technique) allouait aux entreprises les fournitures dont elles avaient besoin et répartissait leur production entre leurs clients. D'autres comités d'État s'occupaient des investissements, de la fixation des prix, des normes de qualité, ou encore des salaires. Des administrations sectorielles (ministères de branches) encadraient la gestion des entreprises. Celles-ci, qui ne disposaient guère de marge d'initiative, étaient tenues d'exécuter les objectifs du plan, et ces objectifs étaient plus quantitatifs que qualitatifs. En dépit d'une organisation détaillée, l'équilibre planifié s'est donc révélé illusoire et le système, pervers. La gestion administrée, qui déresponsabilise les agents économiques, a engendré des rigidités et une inertie considérables ; le manque de liaison entre l'offre et la demande, entre les producteurs et les consommateurs et la quasi-absence du rôle régulateur des prix ont entraîné des pénuries ainsi que le développement de marchés parallèles aux prix beaucoup plus élevés que ceux des réseaux de distribution officiels. Une vision volontariste, qui remonte à la période stalinienne, a privilégié une stratégie de croissance rapide, fondée sur un taux d'investissement élevé, et a accordé une priorité aux biens d'équipement (à des fins d'indépendance nationale) au détriment des biens de consommation et des services. Il en est résulté un « mode de développement extensif », mobilisant sans cesse de nouvelles ressources matérielles et humaines pour accroître les capacités de production, mais sans souci de productivité ni de qualité. L'économie soviétique souffrait de ce gaspillage de capitaux, de matières premières et énergétiques, et de main-d'oeuvre. Elle pâtissait également d'une hypertrophie du secteur industriel, en particulier de l'industrie lourde (métallurgie, constructions mécaniques, armement). Dans les années quatre-vingt, ce modèle de développement s'est trouvé dans l'impasse en raison notamment de l'épuisement progressif des ressources naturelles dans la partie européenne, du lourd prélèvement des dépenses militaires sur le PNB, de l'inadéquate répartition géographique de la main-d'oeuvre (trop rare en Sibérie), mais aussi de la médiocre compétitivité des produits soviétiques sur les marchés mondiaux. Les dirigeants soviétiques ont tenté de réformer ce système. Ainsi, la perestroïka (« restructuration »), promue par Mikhaïl Gorbatchev après son arrivée au pouvoir en 1985, introduisait certains mécanismes de souplesse (modulation possible des prix, élargissement de l'éventail des salaires, autorisation de créer des entreprises artisanales privées, etc.). Mais cette politique n'a pas échappé aux contradictions de fond de l'économie planifiée. En ajoutant une réforme partielle à un système en crise structurelle profonde, elle a provoqué des déséquilibres inédits conduisant à la faillite du système : crise budgétaire, hyperinflation, déficit de la balance des paiements, dégradation des échanges extérieurs, gonflement de la dette extérieure, problème accru d'approvisionnement. La crise aiguë de l'économie a été l'un des aspects d'un processus plus global de désintégration de l'Union soviétique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Gosplan perestroïka planification Sibérie Les livres kolkhoze, page 2756, volume 5 URSS - kolkhoze de la région de Minsk, page 5384, volume 10 URSS - moisson au Kazakhstan, page 5384, volume 10 URSS - la centrale hydroélectrique de Bratsk, page 5384, volume 10 URSS - culture du thé dans un sovkhoze de Géorgie, page 5384, volume 10 URSS - aciérie dans la région de Lipetsk, page 5385, volume 10 URSS - assemblage de modules orbitaux à Baïkonour, page 5385, volume 10 URSS - Bakou, au bord de la mer Caspienne, page 5385, volume 10 Un développement inégal entre les Républiques. Les disparités régionales étaient fortement marquées en matière démographique et économique. Ainsi, la Russie faisait figure de géant, avec 51 % de la population de l'URSS et plus de 61 % de la production. L'Ukraine abritait 18 % de la population et réalisait 16 % du produit national. En position intermédiaire se classaient le Kazakhstan (5,8 % de la population, 4,3 % de la production), la Biélorussie (3,6 % et 4,2 %) et l'Ouzbékistan (6,9 % et 3,3 %). En revanche, la Moldavie, les trois Républiques baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), les trois Républiques caucasiennes (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan), le Turkménistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan en Asie centrale étaient d'importance modeste : ils rassemblaient de 0,5 % (Estonie) à 2,4 % (Azerbaïdjan) de la population, et leur contribution à la production totale s'échelonnait entre 0,6 % (Estonie) et 1,7 % (Azerbaïdjan). En outre, les disparités de développement et de niveau de vie, bien plus significatives, étaient particulièrement fortes entre la partie européenne et la partie asiatique : le produit national moyen par habitant dans les Républiques les plus riches (Pays baltes, Russie, Biélorussie) était plus de deux fois supérieur à celui des cinq Républiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan). L'intégration territoriale de l'URSS se fondait sur une division géographique du travail entre des régions économiques spécialisées et indépendantes. Ainsi, l'Ukraine servait de grenier à blé à l'URSS ; l'Ouzbékistan fournissait la majorité du coton, mais ne pouvait subvenir à ses besoins alimentaires ; le « complexe militaro-industriel » (industrie lourde) était particulièrement implanté en Ukraine et en Russie, tandis que les Pays baltes étaient davantage spécialisés dans l'industrie légère. Cette division du travail à grande échelle nécessitait des flux massifs de matières premières et énergétiques, ainsi que de produits intermédiaires et finis. Les échanges avec le reste de l'Union représentaient, selon les Républiques, entre 30 et 70 % de leur production, à l'exception de la Russie, pour laquelle ils étaient d'environ 18 %. L'importance de ces relations internes à l'URSS se trouvait accrue par l'isolement du pays vis-à-vis des autres puissances industrielles et par la non-convertibilité du rouble. Ces dépendances économiques et l'existence de structures centralisées pendant soixante-dix ans d'économie socialiste planifiée constituent des contraintes très fortes pour les quinze Républiques de l'URSS devenues des États indépendants en 1991. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arménie Arménie - L'Arménie soviétique Azerbaïdjan Azerbaïdjan - Géographie Biélorussie Biélorussie - Géographie Estonie Estonie - Géographie Géorgie Géorgie - Géographie Kazakhstan Kirghizistan Lettonie Lettonie - Géographie Lituanie Lituanie - Géographie Moldavie Moldavie - Géographie Ouzbékistan Ouzbékistan - Géographie rouble Russie - Géographie Tadjikistan - Géographie Turkménistan Turkménistan - Géographie Ukraine - Géographie Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arménie Arménie - L'Arménie soviétique Azerbaïdjan Azerbaïdjan - Géographie baltes (Pays) Biélorussie Biélorussie - Géographie Estonie Estonie - Géographie Géorgie Géorgie - Géographie Ienisseï Kazakhstan Kirghizistan Lena Lettonie Lettonie - Géographie Lituanie Lituanie - Géographie Moldavie Moldavie - Géographie Ob Ouzbékistan Ouzbékistan - Géographie Russie - Géographie Sibérie Tadjikistan Turkménistan Turkménistan - Géographie Ukraine - Géographie Volga Histoire L'histoire de l'URSS, qui couvre la période 1922-1991, peut être décrite comme la genèse, l'apogée, puis le lent déclin de la dictature stalinienne. En 1922, la situation du pays était très différente de celle de l'ancien Empire des tsars. Les bolcheviks (appelés désormais « communistes »), qui détenaient le pouvoir depuis octobre 1917, avaient entièrement étatisé l'industrie et le commerce, et ils avaient vaincu leurs ennemis extérieurs et intérieurs : la paix avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie avait été signée en mars 1918 ; les offensives des Blancs (partisans du régime tsariste) et de leurs alliés européens avaient échoué entre 1918 et 1920. S'ajoutant aux pertes subies pendant la Première Guerre mondiale, sept millions de personnes avaient péri au cours des trois années de guerre civile, victimes des combats, de la terreur, des épidémies et de la famine. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats bolchevisme Russie - Histoire - La chute de l'Empire La NEP et les prémices de l'URSS. En 1921, Lénine se sentit contraint de modifier le rythme de l'édification du socialisme et d'accepter un retour provisoire et limité au capitalisme. La NEP (Nouvelle Politique économique) autorisa la reconstitution d'un secteur privé dans le commerce et la petite industrie. Mais, en même temps, le monopole du pouvoir était renforcé par l'élimination de toute contestation (la révolte des marins de Kronstadt qui réclamaient « des soviets sans les communistes » et celle des paysans de la région de Tambov furent écrasées). Malgré la création de la IIIe Internationale (le Komintern) en 1919, la « révolution mondiale » souhaitée par les bolcheviks avait échoué. Cela les conduisit à doter l'État soviétique d'un cadre légal structuré. La Constitution de 1918 avait déjà créé la structure fédérative de la RSFSR (la République socialiste fédérative soviétique de Russie, qui englobait huit Républiques autonomes et treize régions autonomes). Mais d'autres Républiques soviétiques avaient été formées au fur et à mesure de la reconquête des territoires de l'Empire tsariste pendant la guerre civile ; seuls la Pologne, la Finlande, les Pays baltes (devenus indépendants), la Bessarabie et la région de Kars (incorporées respectivement à la Roumanie et à la Turquie) n'avaient pu être récupérés par le nouveau régime. Le 30 décembre 1922, la RSFSR, l'Ukraine, la Biélorussie et la Transcaucasie (cette dernière réunissant l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie) fondèrent l'URSS (Union des Républiques socialistes soviétiques), fédération d'États égaux conservant le droit de faire sécession. Une organisation politique suivit l'organisation territoriale ; une Constitution fut en effet adoptée en janvier 1924, aux termes de laquelle, à l'échelon fédéral, le comité exécutif central (Tsik) était constitué de deux chambres, le Soviet de l'Union et le Soviet des nationalités. En 1925, deux nouvelles Républiques fédérées furent créées (le Turkménistan et l'Ouzbékistan, jusquelà intégrés à la RSFSR), puis, en 1929, le Tadjikistan devint une République à part entière en se dissociant de l'Ouzbékistan. Toutefois, à l'opposé de ce fédéralisme, le parti communiste, parti unique détenteur du véritable pouvoir, était doté d'une structure centralisée. Le retour à la paix stabilisa quelque peu le régime, qui noua des relations diplomatiques avec la plupart des pays. La terreur s'atténua, mais cet équilibre était fragile. Au sein du parti communiste, qui devenait une énorme bureaucratie, une lutte pour le pouvoir se déroula à partir de 1922. Lénine, frappé de paralysie en mai 1922, fut écarté des affaires et mourut le 21 janvier 1924. Sa succession et son héritage furent disputés par Trotski, Zinoviev et Staline. Ce dernier, secrétaire général du parti depuis 1922, s'avéra le plus habile pour contrôler l'appareil. D'abord allié à Zinoviev et Kamenev, il élimina Trotski, puis se retourna contre les premiers. En 1927, l'« opposition de gauche », accusée de sacrifier l'URSS à la révolution mondiale, était réduite au silence. Mais, loin d'apporter le calme, cette victoire du dictateur ne fit qu'ouvrir une période de bouleversements, car une nouvelle crise d'approvisionnement des villes poussa Staline à reprendre la politique des réquisitions forcées : le régime reprenait sa fuite en avant. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arménie - L'Arménie soviétique Azerbaïdjan - Histoire Biélorussie - Histoire communisme Géorgie - Histoire Internationale Kamenev (Lev Borissovitch Rozenfeld, dit Lev) Kouïbychev Valerian Vladimirovitch Kronstadt Lénine (Vladimir Illitch Oulianov, dit) NEP (Novaïa Ekonomitcheskaïa Politika) Ouzbékistan - Histoire Russie - Histoire - La chute de l'Empire soviet Staline (Iossif Vissarionovitch Djougatchvili, dit Joseph) Tadjikistan - Histoire Tambov Tchitcherine Gueorgui Vassilievitch Transcaucasie Trotski (Lev en français Léon, Davidovitch Bronstein, dit) Turkménistan - Histoire Ukraine - Histoire - L'intégration à l'URSS Zinoviev (Grigori Ievseïevitch Radomyslski, dit) Les livres Lénine - Portrait, page 2833, volume 5 Lénine parmi les ouvriers, page 2833, volume 5 Lénine - Notes, page 2833, volume 5 URSS - deuxième congrès de la IIIe Internationale à Petrograd, en 1920, page 5386, volume 10 La terreur stalinienne. La paysannerie, peu encadrée par le parti, apparaissait aux yeux de bien des communistes comme une force menaçante. La crise de 1929 servit de prétexte à Staline pour déclencher une collectivisation forcée des terres : aux sovkhozes (fermes d'État) s'ajoutèrent les kolkhozes (fermes collectives). Pourchassant de mythiques « koulaks » (agriculteurs riches), les forces policières et les organes dirigeants obligèrent les paysans à adhérer à ces kolkhozes, ce qui les ramenait à un statut de quasi-serfs de l'État. La résistance passive et parfois violente des paysans entraîna une répression féroce. Une nouvelle et terrible famine, directement provoquée par la collectivisation, ravagea le pays. Parallèlement à cet encadrement brutal des campagnes, le premier plan quinquennal fut adopté en 1928. Il visait à industrialiser le pays. Se fondant sur des méthodes volontaristes et sur une mobilisation permanente de la population, ce plan déboucha sur des réalisations spectaculaires dans l'industrie lourde et les infrastructures, mais il transforma la main-d'oeuvre salariée, grossie par l'afflux rural, en une masse misérable, privée de droits. Ce gigantesque bouleversement social conduisit le régime à utiliser des méthodes encore plus répressives. Staline se débarrassa en 1929 de « l'opposition de droite » en évinçant Boukharine, et il entretint savamment à son profit un culte de la personnalité. L'assassinat, en décembre 1934, d'un haut dirigeant, Kirov, déclencha une nouvelle vague de terreur. Les purges staliniennes de 1936-1938 éliminèrent la quasi-totalité des anciens cadres communistes et des chefs militaires. Arrestations, tortures et exécutions touchèrent également de nombreux intellectuels. Les grands procès de Moscou, où l'on assista à de curieuses autocritiques des accusés, sonnèrent le glas de la vieille garde bolchevique. Mais ils ne furent que la partie visible et spectaculaire de cette politique. Un système concentrationnaire s'étendit aussi à tout le pays et devint même un rouage essentiel de l'économie (en 1939, de cinq à huit millions de détenus faisaient office de main-d'oeuvre servile dans des camps de travail et de redressement gérés par le goulag). Staline put donc s'appuyer sur un parti docile pour faire de l'URSS une puissance industrielle et militaire. Le IIe plan quinquennal (1933-1937) poursuivit la collectivisation par les kolkhozes et le développement de l'industrie lourde, tout en augmentant la production des industries légères. La surveillance et l'émulation des ouvriers furent encouragées par le mouvement stakhanoviste (du nom d'Alekseï Stakhanov, mineur zélé). Le IIIe p lan quinquennal, commencé en 1938 et centré sur l'industrie lourde, fut interrompu par la guerre. Une nouvelle Constitution remplaça en 1936 celle de 1924. Elle maintint le système fédéral, l'Union étant alors formée de onze Républiques : le Kazakhstan et le Kirghizistan, anciennes Républiques autonomes, devinrent des Républiques fédérées, et la Transcaucasie fut scindée en trois (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie). La Constitution, démocratique en apparence, institua pour les élections à tous les soviets un suffrage universel, égal, direct et secret, mais conserva le principe du candidat unique présenté par le parti. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arménie - L'Arménie soviétique Azerbaïdjan - Histoire Boukharine Nikolaï Ivanovitch collectivisation Géorgie - Histoire goulag Kalinine Mikhail Ivanovitch Kazakhstan Kirghizistan Kirov (Sergueï Mironovitch Kostrikov, dit Sergueï) kolkhoze Moscou - L'ascension d'une capitale - Les procès de Moscou planification stakhanovisme Staline (Iossif Vissarionovitch Djougatchvili, dit Joseph) Trotski (Lev en français Léon, Davidovitch Bronstein, dit) Les livres Internationale - L'Internationale, peinture d'Otto Griebel, page 2557, volume 5 URSS - manifestation de paysans en 1931, page 5386, volume 10 URSS - le procès d'un ingénieur russe, page 5387, volume 10 URSS - construction du barrage de Dnieprogues en 1930, page 5387, volume 10 Du pacte germano-soviétique à la guerre froide. Face à la montée du danger nazi, Staline se rapprocha des démocraties occidentales, cherchant à établir un système de sécurité collective. L'URSS fut admise à la Société des Nations (SDN) en 1934, et elle signa un pacte d'assistance mutuelle avec la France en 1935. Mais, après les accords de Munich de 1938, qui révélèrent la passivité des Occidentaux face aux exigences d'Hitler (en l'occurrence, l'annexion d'une partie de la Tchécoslovaquie), Staline changea de diplomatie. En négociant avec Hitler, il voulut se donner du temps pour renforcer son potentiel militaire et il chercha à se constituer un glacis de protection en reportant les frontières plus à l'ouest. Le pacte germanosoviétique, conclu en août 1939, était un traité de non-agression. Un protocole secret prévoyait aussi le partage de l'Europe orientale entre les cosignataires. Tandis que se déclenchait la Seconde Guerre mondiale à l'Ouest en septembre 1939, l'URSS annexait une partie de la Finlande, les Pays baltes, ainsi que la Bessarabie et la Bucovine du Nord (ces dernières au détriment de la Roumanie). La Pologne, partagée entre l'Allemagne et l'URSS, était rayée de la carte. L'attaque allemande contre l'URSS, en juin 1941, fit de celle-ci un allié de la GrandeBretagne, puis des États-Unis. L'avance de la Wehrmacht fut foudroyante, et toute la partie occidentale de l'URSS se trouva occupée. Mais, en décembre, Moscou fut sauvée de justesse, tandis que Leningrad (ex-Petrograd) résistait à un terrible siège. La victoire soviétique de Stalingrad en janvier 1943, puis celle de Koursk en juillet, furent des moments majeurs du redressement allié. Alors que l'État avait failli s'effondrer en 1941, les victoires militaires ultérieures lui apportèrent un prestige immense, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Malgré des pertes (20 millions de morts) et des destructions effroyables, l'URSS s'affirma comme la deuxième puissance mondiale après les États-Unis. Le territoire soviétique s'agrandit : en Europe furent acquis la Carélie et la région de Petsamo (rebaptisée Petchenga), les Pays baltes, la moitié est de la PrusseOrientale (les Allemands étant expulsés, et Königsberg devenant Kaliningrad), la partie orientale de la Pologne d'entre les deux guerres, la Ruthénie, la Bucovine du Nord et la Bessarabie (qui revinrent en partie à la République soviétique de Moldavie) ; en Asie, les Kouriles et la moitié sud de l'île de Sakhaline. Les régions d'Europe orientale et centrale que l'armée Rouge avait libérées ou contribué à libérer, ou encore occupées (Albanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie et Allemagne de l'Est), devinrent des « démocraties populaires », étroitement associées à Moscou. Devant cette expansion communiste, l'entente des anciens Alliés se lézarda très vite et fit place à la guerre froide. Plus ouvertement nationaliste qu'auparavant, Staline se déchaîna contre toute influence étrangère. Il entreprit de russifier les Républiques périphériques, et sa dictature prit une tournure antisémite à partir de 1948. En janvier 1953, des médecins juifs furent accusés d'avoir tué des dirigeants importants. Cette affaire des « blouses blanches » annonça une nouvelle terreur de grande ampleur. La mort de Staline, le 5 mars 1953, interrompit l'engrenage. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Albanie Albanie - Histoire Allemagne - Histoire - Après 1945 : de la partition à l'unification - Le développement séparé baltes (Pays) Bessarabie Bukovine Bulgarie - Histoire - La Bulgarie au XXe siècle Carélie démocratie populaire Finlande - Histoire - La Finlande indépendante guerre froide guerres mondiales - La Seconde Guerre mondiale Hitler Adolf Hongrie - Histoire - La Hongrie communiste et postcommuniste Kaliningrad Kouriles Koursk Moldavie - Histoire Munich (accords de) Orchestre rouge Petsamo Pologne - Histoire - La Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale Prusse-Orientale Roumanie - Histoire - L'ère communiste et postcommuniste russification Saint-Pétersbourg Sakhaline Société des Nations (SDN) Staline (Iossif Vissarionovitch Djougatchvili, dit Joseph) Stalingrad Tchécoslovaquie - Histoire - Le démembrement Transcarpatie Vlassov Andreï Andreïevitch Yougoslavie - L'ancienne Yougoslavie - Histoire de la Yougoslavie - La République fédérale et populaire de Yougoslavie Les livres guerres mondiales - les trois Grands à Yalta, en Crimée, le 9 février 1945, page 2277, volume 4 Ukraine - combats dans la région d'Odessa, en avril 1944, page 5341, volume 10 URSS - la lente avancée des divisions blindées allemandes en URSS, en 1941, page 5388, volume 10 URSS - les principaux dirigeants de l'URSS devant le catafalque de Staline, page 5388, volume 10 Un « dégel » prudent. Aussitôt, une lutte acharnée pour le pouvoir opposa Lavrenti Pavlovitch Beria, le chef de la police politique, à Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du parti depuis septembre 1953. Beria fut rapidement arrêté par l'armée, puis jugé et exécuté. Dès lors, le pouvoir fut dominé par Khrouchtchev, qui réussit à écarter dès 1957 ses principaux adversaires. Les premiers signes de « dégel » étaient apparus dès l'élimination de Beria. Les camps commencèrent à se vider à partir de 1954 et l'atmosphère de terreur générale se dissipa. Au XXe Congrès du parti, en février 1956, Khrouchtchev prononça à huis clos un discours dans lequel il dénonça les crimes de Staline et ce qu'il appela le « culte de la personnalité ». Si limité fût-il, ce « rapport secret », comme on l'appela, contribua grandement à sortir la société soviétique de son hypnose. La répression sanglante de la révolution hongroise de 1956 révéla toutefois brutalement les limites de la déstalinisation. Les réformes de Khrouchtchev avaient pour but de sortir le pays de l'impasse où Staline l'avait plongé et d'améliorer le sort de la population sans changer fondamentalement le système communiste. Le niveau de vie des habitants s'améliora ; la vie intellectuelle et scientifique connut une nette libéralisation. En même temps, la politique soviétique se caractérisa par un regain d'utopie et de volontarisme, ce qui se solda par certains succès, notamment dans la conquête de l'espace, mais surtout par des initiatives intempestives dans le domaine économique (ainsi dans l'agriculture, avec la monoculture intensive du maïs dans des régions inadaptées). À l'extérieur, la coexistence pacifique avec le monde capitaliste s'affirma non sans heurts (construction du mur de Berlin en 1961, crise des fusées à Cuba en 1962) et conduisit l'URSS à rompre avec la Chine. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats astronautique - L'homme dans l'espace - Un symbole ou une nécessité ? Beria Lavrenti Pavlovitch Berlin - L'histoire de Berlin Chine - Histoire - La Chine de Mao Zedong congrès congrès - XXe congrès du PCUS Cuba Cuba - Histoire déstalinisation détente - 2.HISTOIRE guerre froide Hongrie - Histoire - La Hongrie communiste et postcommuniste Khrouchtchev Nikita Sergueïevitch Les livres Khrouchtchev Nikita, page 2744, volume 5 Hongrie - chars soviétiques, page 2403, volume 5 URSS - rencontre entre Khrouchtchev et Eisenhower à Camp David, en septembre 1959, page 5388, volume 10 URSS - Valentina Terechkova, la première femme astronaute, page 5389, volume 10 Immobilisme et expansion. Les mauvais résultats économiques, notamment dans l'agriculture, les crises internationales et, par-dessus tout, les attaques de Khrouchtchev contre la bureaucratie du parti provoquèrent sa chute : il fut démis de ses fonctions en 1964. Leonid Brejnev fut désigné comme premier secrétaire du parti et Alekseï Kossyguine, comme président du Conseil des ministres. Nikolaï Podgorny devint président du Soviet suprême (chef de l'État). Cette nouvelle équipe dirigeante, dominée par Brejnev, renonça à toute réforme politique et s'appliqua à rassurer les dirigeants du parti (la nomenklatura), qui allaient jouir de véritables privilèges, mais aussi d'une sécurité - et d'une impunité - quasi totales. Les réformes économiques, notamment celles de 1965 visant à assouplir la centralisation dans l'industrie et à redonner de l'oxygène à l'agriculture, furent très timides et se heurtèrent à l'inertie du système et aux dogmes idéologiques. Elles furent rapidement abandonnées, surtout après l'écrasement du « Printemps de Prague » en 1968. Une nouvelle Constitution, adoptée en 1977, proclama que la société soviétique était devenue une « société socialiste avancée », et, la même année, Brejnev, évinçant Podgorny, cumula les fonctions de chef du parti et de chef de l'État. Pourtant, les mauvaises performances économiques, l'écart croissant entre le niveau de développement soviétique et celui des pays occidentaux et le vain décorum des hautes sphères du pouvoir suscitèrent une désaffection de plus en plus patente de la population vis-à-vis du régime, ainsi que, par réaction et malgré la répression, la recrudescence des pratiques religieuses. L'apparition de la dissidence dans les milieux intellectuels marqua également cette période. Bien que très minoritaire et rapidement réprimée, cette contestation eut une grande portée symbolique, du fait, entre autres, de personnalités comme Andreï Sakharov et Aleksandr Soljenitsyne. En dénonçant les atteintes aux droits de l'homme, ils contribuèrent à dévaloriser l'image de l'URSS dans le monde. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Brejnev Leonid Ilitch Khrouchtchev Nikita Sergueïevitch Kossyguine Alexis Nikolaïevitch nomenklatura Sakharov Andreï Dmitrievitch Soljenitsyne Aleksandr Issaïevitch Tchécoslovaquie - Histoire - Le « Printemps de Prague » Les livres URSS - Andreï Sakharov témoignant de sa solidarité avec le physicien Orlov, page 5389, volume 10 La crise et la chute du régime. À la fin des années soixante-dix, l'influence de l'URSS s'était étendue à tous les continents. Les frontières et la souveraineté du pays étaient reconnues comme inviolables par les trente-cinq États signataires des accords d'Helsinki en 1975. Sa puissance militaire était redoutable. Plusieurs facteurs extérieurs et conjoncturels révélèrent pourtant une crise latente : l'invasion de l'Afgh?nist?n par les troupes soviétiques en 1979 provoqua un rejet dans l'opinion occidentale, et l'enlisement de l'armée Rouge dans ce pays attesta les faiblesses de l'URSS ; l'état de siège décrété en Pologne en 1981 contribua à discréditer les régimes communistes et, enfin, l'échec de l'URSS, en 1979-1983, dans ses efforts pour empêcher l'installation des fusées Pershing en Europe occidentale traduisit un essoufflement de l'influence soviétique à l'extérieur. L'ère Brejnev (il mourut en novembre 1982) s'acheva dans une véritable atmosphère de fin de règne. Après une période de transition, au cours de laquelle se succédèrent au pouvoir Iuri Andropov (décédé en février 1984), puis Konstantine Tchernenko (décédé en mars 1985), Mikhaïl Gorbatchev fut élu secrétaire général du parti. Gorbatchev, juriste qui n'avait pas été formé sous Staline, était à la fois conscient du retard technologique et économique de l'URSS et résolu à rationaliser le régime et à le rendre plus humain. Avec l'appui de collaborateurs influents (Chevardnadze, Yakovlev), et aussi sous la pression d'événements comme la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en avril 1986, il annonça des changements radicaux, libéra de nombreux prisonniers politiques, fit appel à une participation de la société civile (principalement des intellectuels) et lança les slogans de glasnost ( « transparence ») et de perestroïka (« restructuration »). À l'extérieur, il multiplia les signes d'apaisement, signant des traités de désarmement nucléaire avec les États-Unis en 1987 et en 1990, retirant les troupes soviétiques de l'Afgh?nist?n en 1989 et acceptant la réunification de l'Allemagne et les changements de régimes dans les pays satellites d'Europe de l'Est en 1989-1990. Rapidement, cette nouvelle liberté fit boule de neige et encouragea finalement une critique de plus en plus vive du régime communiste. En outre, à la suite des réformes politiques lancées par Gorbatchev en 1988, les élections aux soviets locaux et aux Parlements devinrent de vrais enjeux politiques ; le rôle dirigeant et exclusif du parti communiste finit par être officiellement aboli en 1990. Enfin, l'Empire lui-même fut ébranlé. Des mouvements nationaux émergèrent dès 1987, dans les Pays baltes, puis en Transcaucasie, en Moldavie et en Ukraine, et finalement dans l'ensemble des Républiques. Ils se caractérisèrent par une forte adhésion populaire, par l'affirmation des identités ethniques (ce qui entraîna parfois des conflits nationaux violents) et par un radicalisme croissant qui se traduisit par la revendication, puis par la proclamation pure et simple de l'indépendance. Les réformes économiques n'avaient fait que désorganiser le rigide système centralisé. Leur échec favorisa la montée des oppositions à la périphérie, mais aussi en Russie (avec l'élection de Boris Eltsine, en juin 1990, à la présidence de la RSFSR). L'attitude hésitante de Gorbatchev, qui n'osa entreprendre des réformes plus radicales, mais se refusa, globalement, à recourir à la force, plongea le régime dans une crise irréversible. Le 18 août 1991, plusieurs hauts dirigeants tentèrent de renverser le cours des événements par un coup d'État et placèrent Gorbatchev en résidence surveillée. Leur échec, du fait de la passivité, voire de l'opposition de l'armée et même du KGB et, pardessus tout, de la résistance résolue menée par Eltsine, sonna le glas du régime. Le parti communiste fut quasiment mis hors la loi dès la fin août. Le 8 décembre, les trois Républiques « slaves » (Russie, Ukraine et Biélorussie) dénoncèrent le traité de l'Union de 1922 et fondèrent une Communauté des États indépendants (CEI), qui s'élargit ensuite à huit autres Républiques. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev, chef d'un État défunt, démissionna. L'URSS et, avec elle, l'aventure du communisme en Europe de l'Est avaient vécu. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Afghanistan - Histoire - La période contemporaine Andropov Yuri Vladimirovitch baltes (Pays) Biélorussie - Histoire Brejnev Leonid Ilitch Chevardnadze Edouard désarmement Eltsine Boris Nikolaïevitch Est (pays de l') glasnost Gorbatchev Mikhaïl Sergueïevitch Helsinki KGB (Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti) Moldavie - Histoire perestroïka Pologne - Histoire - La Pologne depuis 1945 Russie - Histoire - La Fédération de Russie Tchernenko Konstantine Oustinovitch Tchernobyl Transcaucasie Ukraine - Histoire - L'Ukraine indépendante Les livres démocratie - congrès des députés du peuple à Moscou, en mai 1989, page 1425, volume 3 syndicalisme - grève des mineurs en Sibérie en 1989, page 4996, volume 9 Russie - manifestation des Moscovites partisans de Boris Eltsine, page 4542, volume 8 URSS - Leonid Brejnev au XXVIe congrès du PCUS, en février 1981, page 5389, volume 10 URSS - Mikhaïl Gorbatchev et son ministre des Affaires étrangères Édouard Chevardnadze, page 5390, volume 10 URSS - manifestation populaire après la proclamation de l'indépendance de la Lituanie (mars 1990), page 5390, volume 10 URSS - rétablissement de l'ordre au Tadjikistan après les émeutes de Douchanbe, en février 1990, page 5390, volume 10 URSS - Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, le 17 décembre 1990, page 5390, volume 10 Finlande - signature d'un accord bilatéral entre l'Union soviétique et la Finlande, page 1914, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arménie Azerbaïdjan Biélorussie Estonie Géorgie Kazakhstan KGB (Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti) Kirghizistan Lettonie Lituanie Moldavie Ouzbékistan Russie - Histoire - La chute de l'Empire Tadjikistan Turkménistan Ukraine - Histoire - L'intégration à l'URSS Les médias URSS - présidents du Présidium du Soviet suprême Arts Beaux-arts. Les années qui suivirent la Révolution semblèrent favorables aux tendances modernes, parmi lesquelles l'abstraction était fort bien représentée, jusqu'au moment où elles furent rejetées ; Lénine leur opposa un art « combatif, efficace et d'esprit populaire ». Cet art officiel servit, dès lors, à célébrer la seule cause révolutionnaire ; « l'art pour l'art » fut condamné, le choix du sujet primant les considérations esthétiques. À partir de 1930, sous Staline, le « réalisme socialiste » marqua, en fait, un retour au style du XIXe siècle, à l'académisme. Les peintres célébraient surtout les principaux faits historiques et les progrès du socialisme, dans de grands tableaux conformistes et anecdotiques, auxquels sont attachés les noms d'Aleksandr et Sergueï Guerassimov ainsi que ceux de Johanson, Neprintsev, Brodski, Serov et bien d'autres. Les sculpteurs, eux aussi, exaltèrent les travailleurs et la victoire de l'URSS (Vera Moukhina, Tomski, Merkoulov et Voutchetitch sont les plus célèbres). L'architecture, après être revenue aux formes d'apparat, souvent surchargées, du siècle précédent (la gigantesque université Lomonossov est typique de cette orientation), connut un renouveau assez étonnant. D'importants crédits lui furent ouverts, ainsi qu'à l'urbanisme (création de larges perspectives, d'espaces verts, etc.), ce qui permit le développement de villes entièrement neuves, aussi bien en Europe qu'en Sibérie. Dans le domaine des arts plastiques, les canons du réalisme socialiste furent dénoncés dès le début des années soixante-dix par les artistes du « sots art », variante soviétique du pop' art. Représenté par Ivan Tchouïkov (né en 1935), Ilya Kabakov (né en 1933) et Erik Boulatov (né en 1934), cet art figuratif non officiel se servit des images de la propagande pour en détourner le contenu par diverses interventions (collages, inscriptions). Bannies des expositions officielles, ces avant-gardes furent longtemps cantonnées dans les formes de l'« apt art », ainsi que les Soviétiques avaient fini par désigner cet « art en appartement ». Après la libéralisation du régime, les principales tendances de l'art contemporain ont pourtant trouvé à s'exprimer en URSS. Le marché de l'art a rapidement suivi : en 1988, Moscou accueillait la première vente aux enchères d'oeuvres soviétiques. L'apparition spontanée de groupes témoigne de la vitalité de la vie artistique. À Moscou, le groupe l'Herméneutique médicale, composé de Sergueï Anufriev (né en 1964), Yuri Leiderman (né en 1963) et Pavel Pepperstein (né en 1966), prolonge la tradition conceptuelle de l'avant-garde soviétique, tandis que le groupe Champions du Monde est connu depuis 1986 pour ses installations et ses performances provocantes. Avec la fin de l'URSS, il est désormais possible aux anciens artistes soviétiques de participer pleinement à la vie artistique internationale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Melnikov Konstantine Stepanovitch réalisme - Le réalisme socialiste Russie - Arts - Beaux-arts - L'art russe moderne Tatline Vladimir Ievgrafovitch Les livres URSS - l'université Lomonossov, à Moscou, page 5376, volume 10 URSS - la Défense de Petrograd (1928), tableau d'Aleksandr Deineka, page 5391, volume 10 Littérature. La Révolution poussa certains auteurs vers l'exil, tels Tsvetaïeva, Bounine. D'autres célébrèrent l'avènement du monde nouveau dans une poésie romantique (Blok, Brioussov) ou futuriste, que favorisait le gouvernement de Lénine (Khlebnikov, Maïakovski, Pasternak). Les prosateurs évoquèrent aussi d'abord la guerre civile, tels les romanciers Isaac Babel, Aleksandr Serafimovitch, Aleksandr Fadeïev, l'un d'un point de vue romantique, les autres du point de vue de la lutte des classes, ainsi que Mikhaïl Boulgakov au théâtre. Dans l'Année nue, Boris Pilniak décrivit les réalités de l'année 1920. L'instauration de la NEP permit quelque temps aux « compagnons de route » de la Révolution de poursuivre une oeuvre variée. Les plus féconds furent les membres du groupe des Frères Sérapion, dont se détachent Vsevolod Ivanov, Veniamin Kaverine, Konstantine Fedine et, surtout, le romancier et conteur satirique Mikhaïl Zochtchenko. De tempéraments différents, tous se révélaient soucieux d'élaborer une prose libre et ornementale. Par ailleurs, des écrivains comme Fiodor Gladkov répondaient davantage aux souhaits des dirigeants par leur exaltation de l'ouvrier et de la construction du socialisme. Ont une place à part : Iuri Olecha (l'Envie, 1927), par ses analyses de l'amour, et surtout Boulgakov, par son aptitude à transformer les détails de la vie quotidienne en fantasmagorie (le Maître et Marguerite, publié seulement en 1966). Dès 1928, le relatif libéralisme des années vingt céda la place au dirigisme du parti. Celui-ci privilégia d'abord l'Association panrusse des écrivains prolétariens, qui dictait la loi. Parmi des oeuvres médiocres, à la gloire des plans quinquennaux, ne surnagent que les romans de Leonov et de Kataïev, et les fables humoristiques d'Ilf et Petrov. L'échec de l'Association entraîna sa dissolution en 1932 et la naissance du réalisme socialiste, dont Gorki se fit le théoricien : il s'agissait désormais de concilier qualités proprement littéraires et évocation de la force collective des travailleurs, politique et esthétique. Ce nouvel humanisme trouva ses formes d'expression les plus réussies chez Nikolaï Ostrovski et Mikhaïl Cholokhov. Mais le culte stalinien de la nation encouragea d'autres écrivains à s'orienter plutôt vers l'évocation du passé russe (tel Alexis Nicolaïevitch Tolstoï). Ilya Ehrenbourg poursuivit une oeuvre variée, en partie autobiographique. La guerre fut suivie d'une brève période de libéralisme (Simonov), close en 1946 par le jdanovisme (du nom d'Andreï Jdanov, défenseur de l'orthodoxie stalinienne) qui mettait un terme à toute littérature originale. Avec la déstalinisation, on réhabilita des auteurs mis à l'index (Dostoïevski, Iessenine), et l'on admit une approche critique des problèmes de la Russie soviétique : ce fut l'heure de Vladimir Doudintsev, de Galina Nikolaïeva, dans l'Ingénieur Bakhirev (1960, en français), et d'Aleksandr Soljenitsyne. La part du rêve, des conflits individuels, de la fantaisie fut appréciée dans les écrits autobiographiques de Paoustovski et d'Ehrenbourg, les nouvelles de Iuri Kazakov, les poèmes d'Ievtouchenko. Le discrédit n'en frappa pas moins ceux qui outrepassaient certaines limites permises. C'est ainsi que Boris Pasternak dut refuser le prix Nobel qui lui avait été décerné pour le Docteur Jivago en 1958. L'époque brejnevienne remit les écrivains au pas, destitua Aleksandr Tvardovski, poète et directeur de Novy Mir , célèbre pour son libéralisme ; on persécuta Dombrovski, on poussa vers la dissidence, puis l'exil, des écrivains tenus pour rétrogrades, tel Soljenitsyne, mais aussi des libéraux, tel Siniavski. Cela n'empêcha pas cependant la renaissance de certaines traditions, comme la littérature de l'absurde et du grotesque (Vassili Axionov, Aleksandr Vampilov, V. Chouchkine, Vladimir Vaïnovitch, Erofeiev, en partie traduits en français). Le roman paysan (Boris Mojaïev, Valentin Raspoutine) et la science-fiction (les frères Strougatski) posaient des problèmes humains universels. Certains, comme Vladimir Tendriakov, dénonçaient même tous les fanatismes. Dans les années quatre-vingt, on a constaté un retour vers l'imaginaire, à travers le récit satirique (Aïtmatov), et vers l'intérêt pour la vie quotidienne (Sergueï Zalyguine). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Babel Issaak Emmanouïlovitch Bakhtine Mikhaïl Mikhaïlovitch Blok Aleksandr Aleksandrovitch Boulgakov Mikhaïl Afanassievitch Bounine Ivan Alekseïevitch Brioussov Valeri Iakovlevitch Cholokhov Mikhaïl Aleksandrovitch Dostoïevski Fiodor Mikhaïlovitch Ehrenbourg Ilia Grigorievitch Fadeïev Aleksandr Aleksandrovitch Fedine Konstantine Aleksandrovitch Gorki (Alekseï Maksimovitch Pechkov, dit en français Maxime) Grossman Vassili Semenovitch Iessenine Sergueï Aleksandrovitch Ievtouchenko Ievgueni Aleksandrovitch Jdanov Andreï Aleksandrovitch Kataïev Valentine Petrovitch Khlebnikov (Viktor Vladimirovitch, dit Velimir) Maïakovski Vladimir Vladimirovitch Ostrovski Nikolaï Alekseïevitch Pasternak Boris Leonidovitch Pilniak (Boris Andreïevitch Vogau, dit Boris) réalisme - Le réalisme socialiste Russie - Arts - Littérature - L'épanouissement de la littérature au XIXe siècle Schwarz Evgeni Lvovitch Simonov (Kirill Mikhaïlovitch, dit Konstantine) Siniavski Andreï Donatovitch Soljenitsyne Aleksandr Issaïevitch Tolstoï Alekseï Nikolaïevitch Tsvetaïeva Marina Ivanovna Tvardovski Aleksandr Trifonovitch Vinogradov Anatoli Kornelievitch Zamiatine Ievgueni Ivanovitch Zochtchenko Mikhaïl Mikhaïlovitch Les livres URSS - Maxime Gorki, page 5391, volume 10 URSS - Mikhaïl Boulgakov, page 5391, volume 10 URSS - Ilya Ehrenbourg , Henri Barbusse et Paul Nizan, en 1935, page 5392, volume 10 URSS - Boris Pasternak, Sergueï Eisenstein, Lily Brik et Vladimir Maïakovski, page 5392, volume 10 URSS - Aleksandr Soljenitsyne, page 5392, volume 10 Musique. Après la révolution de 1917, l'État, sous le couvert d'exalter le sentiment national, exigea la pratique d'un art réaliste et socialiste : contrôlée, uniformisée, passéiste, telles étaient les marques de la musique soviétique dès les années vingt. L'Association des musiciens prolétariens (fondée en 1923) alla encore plus loin, désavouant la musique du passé et de l'Europe, pour exalter le chant populaire. La Russie soviétique s'engagea dans la voie de l'isolement, qu'elle cultiva encore davantage de 1932 à 1953 avec l'exigence d'une musique « expressive », à programme (Aleksandr Kastalsky : la Symphonie agricole, 1923), dans un langage accessible à tous. Bannis pour avoir écrit de la musique formaliste et « antidémocratique », Dimitri Chostakovitch (Lady Macbeth de Mtsensk, 1936), Vladimir Maïakovski et Aram Khatchatourian furent réhabilités après la mort de Staline (1953), lorsqu'un gouvernement plus libéral autorisa enfin le sérialisme et la musique aléatoire cultivés par des compositeurs tels que A. Volkonsky (Musica Stricta) et Edison Denissov, Rodi Chtchedrine, Sergueï Slonimski, Valentin Silvestrov, qui ont fécondé l'avant-garde musicale, démentie jusqu'alors. La jeune génération (Alfred Schnittke, Dmitri Smirnov, Elena Firsova, Sofia Goubaïdouzina) a bénéficié de cette détente et, servie par des interprètes et des orchestres hors pair, elle a rejoint l'avant-garde occidentale. Enfin, les corps de ballet russes ont acquis avec Serge de Diaghilev, au début du XXe siècle, un renom mondial, et les danseurs du théâtre Kirov de Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg) et du théâtre Bolchoï de Moscou ont maintenu cette glorieuse tradition. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Ballets russes Bolchoï Chostakovitch Dimitri Dmitrievitch Denissov Edison Diaghilev (Serge de) Glière Reinhold Moritsevitch Kabalevski Dimitri Borissovitch Khatchatourian Aram Ilytch Kirov Neuhaus Heinrich réalisme - Le réalisme socialiste Russie - Arts - Musique Schnittke Alfred Les livres URSS - Vladimir Maïakovski, Aleksandr Rodtchenko, Dimitri Chostakovitch et Vsevolod Meyerhold, page 5392, volume 10 Cinéma. Le cinéma a toujours été à l'honneur en Russie, bien avant que Lénine ne le consacrât « de tous les arts, le plus important » pour la république des Soviets. Sous le règne du tsar Nicolas II, l'invention des frères Lumière avait connu un vif engouement partout dans le pays. Dès 1908, on tourna à Saint-Pétersbourg un film à la gloire du Cosaque Stenka Razine, premier d'une longue série de portraits hagiographiques. Sous l'influence du « film d'art » français, de nombreux romans et pièces du répertoire furent portés à l'écran, avec un grand luxe de moyens : la Sonate à Kreutzer, la Dame de pique, le Portrait de Dorian Gray (ce dernier mis en scène par un homme de théâtre, Vsevolod Meyerhold), etc. Deux cinéastes se distinguèrent par leur maîtrise technique et narrative : Evgueni Bauer (le Chant de l'amour triomphant, 1915) et Iakov Protazanov (le Père Serge, 1917). Cette production recruta des techniciens et acteurs de talent (le plus célèbre étant Ivan Mosjoukine), qui allaient prendre pour la plupart le chemin de l'exil. Après la révolution d'Octobre, le cinéma n'échappa pas au total bouleversement des structures, économiques et sociales, du pays : il fut nationalisé en 1919 et devint un instrument de propagande privilégié. De jeunes créateurs, portés par un réel zèle militant, lui donnèrent une impulsion nouvelle, en combinant les idéaux de l'avant-garde avec les exigences de l'idéologie. Les plus actifs furent Dziga Vertov, documentariste de choc ; Grigori Kozintsev et Leonid Traouberg, fondateurs de la FEKS (Fabrique de l'acteur excentrique) ; Lev Koulechov, expérimentateur de savants effets de montage ; et surtout Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, qui appliqua au cinéma les principes de la peinture « constructiviste » et de la propagande soviétique dans son fameux Cuirassé Potemkine (1925), puis dans Octobre ( 1927) et la Ligne générale (1929). Citons également Abram Room ( Trois dans un sous-sol , 1927), Boris Barnet (la Jeune Fille au carton à chapeau, 1927), Vsevolod Poudovkine (Tempête sur l'Asie, 1929) et - le plus grand poète de l'écran russe muet - Aleksandr Dovjenko (la Terre, 1930). L'arrivée du parlant, qui fut tardive - on tournait encore des films muets en URSS en 1934 -, mit un frein à cette fièvre théorique, récusée de surcroît par les diktats staliniens. Vouée au « réalisme socialiste », la production se borna à des ouvrages de commande, parfois de grande qualité : le Chemin de la vie ( 1931), Tchapaïev ( 1934), Pierre le Grand (1939), ou à des films éducatifs (l'Enfance de Gorki , 1938). Eisenstein lui-même dut se plier aux codes en vigueur : seul son génie lui permit d'en transcender les servitudes, dans Alexandre Nevski ( 1938) et dans le monumental Ivan le Terrible (1944-1946), chant du cygne du grand cinéma soviétique. Il fallut attendre l'époque du « dégel » pour voir celui-ci renaître de ses cendres, avec des films enfin dégagés du carcan matérialiste : le Quarante et Unième (Grigori Tchoukhraï, 1956), le Cheval qui pleure ( Mark Donskoï, 1957), Neuf Jours d'une année (Mikhaïl Romm, 1961). Mais la route était encore longue qui allait mener à une vraie libéralisation, comme allaient l'apprendre à leurs dépens Andreï Mikhalkov-Kontchalovski ( le Premier Maître , 1965), Sergueï Paradjanov (les Chevaux de feu , 1966), Vassili Choukchine (l'Obier rouge , 1973), ou Gleb Panfilov (Je demande la parole, 1976). Certains, tel Andreï Tarkovski, préférèrent s'expatrier, après avoir prôné dans quelques films admirables (Andreï Roublev, 1966 ; Stalker, 1979) un retour aux valeurs spirituelles de la « Sainte Russie ». La libéralisation du régime, à la fin des années quatre-vingt, permit aux oeuvres interdites de sortir enfin, et à leurs auteurs, Kira Mouratova, Aleksandr Sokourov, Alexis Guerman, Aleksandr Askoldov, de révéler leur talent. En même temps, quelques films, projetés dans des festivals, parurent annonciateurs d'un renouveau : le Repentir (Tenguiz Abouladzé, 1984), la Petite Véra (Vassili Pitchoul, 1988), Bouge pas, meurs, ressuscite (Vitali Kanevski, 1989), Taxi blues (Pavel Lounguine, 1990). Tous décrivaient, sans fard, la dérive d'une société en proie à la misère, à l'alcoolisme et à la violence. L'effondrement de l'URSS est survenu alors que le cinéma soviétique se partageait en deux tendances, l'une réaliste et désespérée, l'autre mystique et passéiste. Le cinéma russe, désormais, allait être soumis aux lois du marché. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bondartchouk Sergueï Fedorovitch Cuirassé Potemkine (le) Donskoï Mark Semenovitch Dovjenko Aleksandr Petrovitch Eisenstein Sergueï Mikhaïlovitch Kalatozov (Mikhail Kalatozishvili, dit Mikhail) Kozintsev Grigori Mikhaïlovitch Meyerhold Vsevolod Emilievitch Mikhalkov Nikita Sergueïevitch Mikhalkov-Kontchalovski Andreï Mosjoukine Ivan Paradjanov (Sarkis Paradjanian, dit Sergueï) Poudovkine Vsevolod réalisme - Le réalisme socialiste Romm Mikhail Ilitch Russie - Arts Tarkovski Andrei Tcherkassov Nikolaï Terre (la) Vertov (Denis Arkadiévitch Kaufman, dit Dziga) Les livres URSS - l'Homme à la caméra (1929), de Dziga Vertov, page 5393, volume 10 URSS - Amiral Nakhimov (1946), de Vsevolod Poudovkine, page 5393, volume 10 URSS - la Mère (1990), de Gleb Panfilov, page 5393, volume 10 URSS - Taxi blues (1990), de Pavel Lounguine, page 5393, volume 10 Complétez votre recherche en consultant : Les médias URSS - tableau en bref Républiques fédérées de l'URSS jusqu'en 1989 URSS - carte physique URSS - carte physique URSS - tableau en chiffres Les indications bibliographiques F. Barry et M. Lesage (sous la direction de), URSS, la dislocation du pouvoir, la Documentation française, Paris, 1991. H. Carrère d'Encausse, la Gloire des nations ou la Fin de l'empire soviétique, Livre de poche, Paris, 1992 (Fayard, Paris, 1990). A. Gourevitch, Économie soviétique, autopsie d'un système, Hatier, Paris, 1992. J. Sapir, Feu le système soviétique : permanences politiques, mirages économiques, enjeux stratégiques, La Découverte, Paris, 1992. W. Werth, l'Histoire de l'Union soviétique. De l'Empire russe à l'Union soviétique 1900-1990, PUF, Paris, 1991.