LITTÉRATURE CONSIDÉRÉE DANS SES RAPPORTS AVEC LES INSTITUTIONS SOCIALES (De la)
Publié le 23/01/2019
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LITTÉRATURE CONSIDÉRÉE DANS SES RAPPORTS AVEC LES INSTITUTIONS SOCIALES (De la), essai critique de Mme de Staël, publié en avril 1800 et réédité dès octobre de la même année. L'auteur souligne l'originalité de son entreprise dans le Discours préliminaire : examiner les influences réciproques de la littérature et de la religion, des mœurs, des lois et du climat. Elle entend par littérature « l'exercice de la pensée dans les écrits, les sciences physiques exceptées », y incluant donc la philosophie et l'éloquence. Son intention explicite est de « rendre compte de la marche lente mais continuelle de l'esprit humain dans la philosophie et de ses succès rapides mais interrompus dans les arts ». Une première partie traite « De la littérature chez les Anciens et les Modernes », une seconde « De l'état actuel des Lumières en France et de leurs progrès futurs ». L'idée-force de l'ouvrage est que l'esprit humain obéit à la loi du progrès et qu'en conséquence, la littérature à venir — dont elle se propose d'ouvrir les voies — doit être supérieure à celles des siècles passés. L'originalité de Mme de Staël — qui lui valut des détracteurs auxquels elle répond dans la préface de la seconde édition — se révèle surtout dans l'importance qu'elle accorde d'une part à la littérature du Nord, sombre, passionnée, profonde, et dont le modèle est Ossian, et d'autre part à la période qui va des invasions barbares à la Renaissance. Elle nie qu'il s'agisse d'une période d'obscurité et de régression et insiste sur le développement de la sensibilité permis par la religion chrétienne. Mais le plus séduisant aujourd'hui, au-delà de son avant-gardisme romantique, c'est la force de conviction de cette parole de femme, prise entre son désir de s'illustrer dans les lettres et les limitations que la société impose à la condition féminine. Elle assume cette contradiction entre bonheur et célébrité en cherchant « dans les plaisirs de la pensée quelques secours contre les blessures du cœur ».
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