L'élaboration d'un calendrier répond au besoin fondamental qu'a chaque civilisation de mesurer le temps pour y inscrire ses actions. Elle requiert une ou plusieurs références, qui, le plus souvent, sont fournies par les astres. De l'observation du cosmos et de la symbolique propre à chaque peuple naquit une multitude de calendriers. Si le grégorien s'est aujourd'hui imposé à l'échelle mondiale,l'usage des calendriers locaux persiste dans la liturgie et la célébration des fêtes traditionnelles. Les repères les plus naturels sur lesquels les hommes ont pu fonder une estimation de l'écoulement du temps ont été ceux que fournissent les objets célestes, en particulier les deux plus lumineux, le Soleil et la Lune. Le mouvement apparent du Soleil dans le ciel définit deux périodicités : le jour et l'année ; celui de la Lune n'en définit qu'une : le retour cyclique des phases, qui permet de définir le mois. Les difficultés inhérentes à ce double repérage sont de deux ordres : d'une part, les trois périodes fondamentales ainsi définies ne sont pas commensurables entre elles ; d'autre part, il existe une quatrième période, due à la précession des équinoxes, période très longue qui se superpose à la période de l'année et dont les effets n'apparaissent qu'à long terme. L'analyse, faite par Hipparque dès le IIe siècle avant J.-C., du mouvement exact de la Terre autour du Soleil montre que ce mouvement comprend trois composantes. Telle une toupie lancée sur le sol, la Terre tourne sur ellemême autour d'un axe tout en décrivant une courbe fermée autour du Soleil, mais cet axe lui-même n'est pas vertical ; il est un peu penché et animé d'un mouvement de précession autour de la verticale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats année Hipparque de Nicée jour Lune - La Lune et les hommes mois précession des équinoxes sciences (histoire des) - Le temps - La naissance du temps profond temps - La notion physique - Historique de la mesure du temps Terre - Données astronomiques - Les mouvements de la Terre La mesure de l'année L'année sidérale est le temps que met la Terre pour accomplir sa révolution autour du Soleil. La durée en est de 365 jours 6 h 9 min 9,74 s. Au bout de ce temps, la position de la Terre sur son orbite autour du Soleil se retrouve identique, mais, pendant ce temps, l'axe de rotation de la Terre sur elle-même a légèrement tourné à cause de la précession, entraînant avec lui le plan de l'équateur terrestre. On appelle « points nodaux « les deux points d'intersection de l'orbite terrestre avec un plan parallèle au plan de l'équateur et passant par le Soleil. Les « équinoxes « sont les instants où le centre de la Terre franchit les points nodaux. Puisque ceux-ci se déplacent lentement le long de l'orbite terrestre, la durée qui sépare deux équinoxes de printemps (ou d'automne) successifs n'est pas égale à l'année sidérale, mais légèrement inférieure. Sa valeur définit l'année « tropique « et vaut 365 jours 5 h 48 min 46 s. C'est cette durée, liée au retour des saisons, inférieure d'environ 20 minutes à celle de l'année sidérale, qui a servi de définition à l'année calendaire à de très nombreuses civilisations, mais le décalage annuel de 20 minutes fait que certains événements astronomiques, comme l'entrée du Soleil dans les constellations du Zodiaque, ou le lever simultané d'une étoile donnée et du Soleil, se sont déplacés dans l'année et se produisent aujourd'hui quarante jours plus tard qu'il y a 3 000 ans. La durée complète du cycle de précession est d'environ 26 000 ans. L'aspect de la Lune (la succession des phases) est la conséquence de sa rotation autour de la Terre combinée au déplacement de la Terre sur son orbite. La lunaison, ou période synodique, correspond à la durée complète d'un cycle et vaut 29 jours 12 h 44 min 3 s. Il n'y a donc pas un nombre entier de mois lunaires dans une année solaire. Dès le IIIe millénaire avant J.-C., les Mésopotamiens savaient que 235 mois lunaires coïncident assez bien avec 19 années solaires. Le fait que l'année solaire ne comprenne ni un nombre entier de jours, ni un nombre entier de mois lunaires est à l'origine de l'immense diversité des calendriers. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats année astronomie équateur - 1.ASTRONOMIE équinoxe héliaque Lune - La Lune et les hommes mois précession des équinoxes saison temps - La notion physique - Historique de la mesure du temps - Chronologies et calendriers temps - La notion physique - Historique de la mesure du temps - Les temps du jour et de la nuit Terre - Données astronomiques - Les mouvements de la Terre zodiaque Les médias calendrier - la mesure du temps dans une civilisation orale Les livres temps - la réforme du calendrier julien, page 5120, volume 9 calendrier - calendrier perpétuel, miniature du bréviaire d'Odérisius (Mont-Cassin, vers 1100-1200), page 812, volume 2 calendrier - précession des équinoxes, page 812, volume 2 Les principaux systèmes calendaires Tous les peuples ont utilisé un calendrier plus ou moins rudimentaire ; cependant, l'établissement d'un cadre fiable qui permette de mesurer les saisons et d'évaluer le temps passé ou futur fut l'apanage des civilisations écrites. Parvenue à la maturation nécessaire pour avoir une conception linéaire du temps incluant le passé, le présent et l'avenir, chaque civilisation choisit comme référence un point de départ conventionnel fixe, déterminant ainsi son ère. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats ère - 2.HISTOIRE temps - Introduction Le calendrier mésopotamien. Remarquables astronomes, les Chaldéens conçurent les plus anciens calendriers connus, qui furent en usage du IIIe au Ier millénaire. Suffisamment précis, le système lunisolaire babylonien prévalut, influençant Hébreux, Perses et Iraniens : il comptabilisait 12 mois lunaires de 29 et 30 jours, soit 354 jours, auxquels s'ajoutaient sur chaque période de 19 ans (aux années 3, 6, 11, 14, 17 et 19) 6 mois épagomènes (supplémentaires). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Chaldée Le calendrier aztèque. Liant étroitement mythologie, astrologie et divination, le calendrier aztèque réglait toutes les phases individuelles ou collectives de la vie, chaque jour possédant ses propriétés. Deux calendriers étaient simultanément employés : le premier, divinatoire, qui était appelé tonalpoualli, comportait 260 jours (soit l'ensemble des combinaisons de deux séquences, l'une de 13 jours, l'autre de 20 mois) ; le second, solaire, avait 365 jours (18 mois de 20 jours plus 5 jours néfastes). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aztèques - La religion aztèque et la guerre sacrée Le calendrier chinois. Plus qu'une simple mesure du temps, le calendrier chinois mettait en corrélation tous les éléments de la nature, prédisait les jours fastes et néfastes. Lunisolaire, il comportait 12 mois lunaires de 29 ou 30 jours ajustés à l'année solaire par ajout de 7 mois épagomènes par période de 19 années. Ce premier système coexistait avec un comput solaire de 24 périodes d'environ 15 jours chacune. Un troisième système combinait 2 séquences de 10 et 12 caractères, les 60 combinaisons différentes étant utilisées pour dater les jours. Ce calendrier fut aboli en 1912 au profit du grégorien. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Chine - Histoire Verbiest Ferdinand Le calendrier égyptien. Emprunté aux Babyloniens, le calendrier lunisolaire égyptien fixait l'année à 360 jours répartis en 12 mois de 29 ou 30 jours, plus 5 jours épagomènes. Les douze mois étaient regroupés en 3 saisons (tétraménies) de 4 mois. En 238 avant J.-C., Ptolémée III Évergète promulgua par décret l'ajout d'un jour supplémentaire tous les 4 ans afin de faire coïncider ce découpage du temps avec le rythme solaire. Un second calendrier, obtenu par l'observation de la crue du Nil, rythmait les travaux agricoles. En 29 avant J.-C., Auguste imposa le calendrier julien à l'Égypte. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Auguste Égypte - Histoire héliaque Nil Ptolémée Le calendrier hébreu. Le calendrier lunaire originel des Hébreux s'inspira du comput babylonien à partir de 587 avant J.-C. Au IVe siècle, les Juifs adoptèrent le cycle de l'Athénien Méton (intercalation de 7 mois lunaires par période de 19 ans) pour accorder les mois lunaires avec les années solaires. Ce système, compliqué de nombreuses fêtes religieuses obligeant à un décalage ponctuel, constitue l'actuel calendrier israélite. Au IVe siècle, les Hébreux fixèrent le début de leur ère à ce qui correspond à l'an 3761 avant J.-C. de l'ère chrétienne. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Israël - Histoire judaïsme - Religion Méton Rosh ha-Shana Le calendrier musulman. Jusqu'à l'avènement du prophète Mahomet, un calendrier lunaire comportait 12 lunaisons de 29 ou 30 jours. En 412, le trisaïeul de Mahomet, Kelab, réforma le calendrier en créant une année embolismique de 13 mois lunaires qui se répétait tous les trois ans. Mahomet supprima cette réforme et rétablit le calendrier lunaire : l'année musulmane, trop courte de 11 jours par an, dérive par rapport au rythme solaire. L'hégire (ère musulmane) débute le 16 juillet 622, date du départ de Mahomet de La Mecque. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aïd el-Kebir Aïd el-Seghir hégire islam - Religion - Le rituel Mahomet Le calendrier grec. Le calendrier grec primitif, de 12 mois lunaires, fut augmenté d'un treizième mois tous les 3 ans (cycle triaétérique) ; l'année obtenue, trop longue, fut à nouveau modifiée par Cléostrate de Ténédos vers 500 avant J.-C. par ajout d'un mois par période de 8 ans (cycle octaétérique). Les calculs furent affinés par l'Athénien Méton (433 avant J.-C.), Callippe de Cyzique (330) et Hipparque (304), mais le cycle octaétérique prévalut. Les cités grecques s'accordèrent tardivement sur les dates de début d'année et de mois, et prirent la première olympiade (776 avant J.-C.) comme référence commune. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats embolisme Grèce - Histoire Hipparque de Nicée Méton Olympiques (jeux) - Les Jeux antiques Le calendrier romain. Selon la tradition, le calendrier primitif fut établi par Romulus. Il comptait 304 jours répartis en 10 mois lunaires de 30 et 31 jours et commençait en mars. Furent ultérieurement ajoutés deux mois : januarius (en l'honneur de Janus) et februarius (mois des purifications), puis un mois intercalaire de 22 ou 23 jours par période de 2 ans, mercedonius. Le déplacement du début d'année en janvier, attribué à Tarquin l'Ancien, vida le nom des mois de leur sens : quintilis, le 5e , devint le 7e de l'année ; sextilis, le 8e , etc. Pour dater, les Romains se référaient à trois jours particuliers : calendes, nones et ides, qui divisaient chaque mois en périodes d'inégales longueurs et qui servaient de repères : III avant nones, VII avant calendes, etc. L'ère romaine débutait à la fondation de Rome (753 avant l'ère chrétienne). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats ab Urbe condita calendes faste ides Rome - Histoire - Rome et l'Empire romain - La fondation de Rome : légende et réalité Romulus Tarquin l'Ancien Le calendrier julien. En 46 avant J.-C., Jules César, aidé de l'astronome alexandrin Sosigène, institua le calendrier julien en réglant l'année sur le cours du Soleil : mercedonius disparut, tous les mois comptant dorénavant 30 ou 31 jours. Une journée supplémentaire fut ajoutée tous les 4 ans en doublant le sixième jour (bissextus) avant les calendes de mars, d'où le nom d'année bissextile. Le jour de l'an fut avancé au jour de l'entrée en charge des consuls, le premier jour du mois de januarius. Les mois conservèrent leur nom, sauf quintilis, qui devint en 44 julius en l'honneur de Jules César, puis sextilis, rebaptisé en 8 avant J.-C. Augustus en l'honneur de l'empereur. Au VIe siècle, le moine Denys le Petit data, avec une erreur de quelques années, la naissance du Christ 753 ans après la fondation de Rome. À partir du VIIIe siècle, cette date fut retenue comme début de l'ère chrétienne. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats bissextile (année) César Jules christianisme - Jésus-Christ consul Denys le Petit indiction julien Sosigène Les livres temps - la réforme du calendrier julien, page 5120, volume 9 Le calendrier grégorien. Le calendrier julien demeura en usage jusqu'à sa correction par le pape Grégoire XIII. L'estimation de Sosigène étant trop longue de 11 minutes par an, Grégoire XIII décréta en 1582 que l'on passerait du 4 au 15 octobre, et que les années 1700, 1800 et 1900, normalement bissextiles, ne le seraient pas. Ce calendrier fut d'abord adopté par la France et l'Italie, puis par l'Allemagne, l'Angleterre, le Danemark, la Suède et la Suisse au XVIIIe siècle, mais les fidèles de l'Église orthodoxe s'en tinrent au calendrier julien, à l'exception des Russes à partir de 1718. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats almanach bissextile (année) Grégoire - Grégoire XIII orthodoxe (Église) Le calendrier républicain français. Dès le 22 septembre 1792, la Convention décréta que les actes publics devaient être datés de l'an I de la République. Un calendrier révolutionnaire, symbole du renouveau, fut voté le 5 octobre 1793, le début de l'année étant fixé au 22 septembre, équinoxe d'automne et anniversaire de la République. L'année fut partagée en 12 mois de 30 jours, plus 5 jours complémentaires (6 tous les quatre ans), consacrés à des fêtes nationales et républicaines, les « sans-culottides «. Chaque mois fut rebaptisé par Fabre d'Églantine, qui choisit des noms évoquant les saisons comme vendémiaire (mois des vendanges) pour septembre-octobre ou pluviôse (mois des pluies) pour janvier-février. Ces mois étaient divisés en décades remplaçant les semaines bibliques. Napoléon rétablit le calendrier grégorien le 1er janvier 1806. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats brumaire Convention nationale Fabre d'Églantine (Philippe François Nazaire Fabre, dit) floréal frimaire fructidor germinal messidor Napoléon Ier (Napoléon Bonaparte) nivôse pluviôse prairial Révolution française - La Convention girondine (21 septembre 1792-2 juin 1793) sans-culottes thermidor vendémiaire ventôse Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats année fête mois saison temps - La notion physique - Historique de la mesure du temps - Chronologies et calendriers Les médias calendrier - le calendrier aztèque Les livres Babylonie - tablette astrologique (IIIe siècle avant J.C.), page 511, volume 1 calendrier - le calendrier aztèque, page 812, volume 2 calendrier - fragment du Codex maya Tro-Cortesianus, page 813, volume 2 calendrier - le calendrier de la vingt-troisième année de l'ère Guangxu, page 813, volume 2 calendrier - le calendrier musulman, page 814, volume 2 calendrier - fragment d'un calendrier romain contenant les Fastes Amiternines, page 814, volume 2 calendrier - le calendrier zodiacal hébreu, page 814, volume 2 calendrier - le calendrier républicain, page 815, volume 2 calendrier - Almanach des PTT, 1943, page 815, volume 2 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats chronologie Les indications bibliographiques H. Bénichou, les Rythmes du temps : fêtes et calendriers, Mercure de France, Paris, 1992. A. Blanc, L'homme emprisonne le temps : les calendriers, Belles Lettres, Paris, 1986. J.-L. Poirier (sous la direction de), Histoire des moeurs, Encyclopédie de la Pléiade, vol. 1, Gallimard, Paris, 1990.