Le Zwinger de Dresde

Le Zwinger de Dresde est construit entre 1709 et 1732 par l'architecte Matthäus Daniel Pöppelmann pour l'électeur Auguste le Fort qui, devenu roi de Saxe (1694) et de Pologne (1697) fait venir à sa cour de nombreux artistes et architectes, dans le but de faire de Dresde une grande capitale. Dans ce projet ambitieux, l'architecte Pöppelmann est appelé à jouer un rôle fondamental, en supervisant les projets urbanistes et architecturaux de la ville qui, grâce à son intervention, prend une allure nettement baroque. Le Zwinger est un jardin carré (avec des prolongements en fer à cheval sur les deux côtés), entouré de galeries à un étage, elles-mêmes entrecoupées de pavillons à deux étages. Destiné aux réunions et aux fêtes de la cour, il devait faire partie d'un projet de plus grande envergure pour un palais (jamais réalisé) qui aurait dû s'étendre jusqu'à l'Elbe. La décoration, plus sobre dans les galeries, devient exceptionnellement riche et fantasque dans les pavillons. Prenons-en pour exemple la tour d'entrée au sud, où l'imagination de l'architecte Pöppelmann se libère de tout problème pratique et fonctionnel; au rez-de-chaussée, la tour présente une décoration à base de frontons brisés adossés l'un à l'autre; le deuxième étage (constitué par une sorte de pavillon), propose les mêmes frontons brisés, mais cette fois rejetés vers l'intérieur; au sommet, une coupole en forme de bulbe soutient la colonne royale polonaise. Dans le Zwinger, achevé au siècle suivant seulement, en même temps que la pinacothèque néo-classique de l'architecte Gottfried Semper, Pöppelmann adopte un langage où se fondent traditions autrichienne (Hildebrandt et Fischer von Erlach) et prussienne (Andreas Schlüter). Les voyages effectués par Pöppelmann en Italie (où il visite de nombreux jardins italiens et fait la connaissance de  Carlo Fontana) et à Vienne (où il connaît Hildebrandt au travail dans le château de Schönbrunn) sont tout aussi importants pour la définition de son langage architectural.