Le problème de la révision était, on en conviendra, on ne peut plus clairement posé.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
«
On comprend quedans cettebruyante etincroyable confusiondefusion, révision, prorogation, constitution,
conspiration, coalition,émigration, usurpationetrévolution, lebourgeois affolésesoit misderage àcrier àsa
république parlementaire :"plutôt unefineffroyable qu'uneffroisansfin".»
Mais, siLouis Napoléon peut,sanscoup férir,àl'occasion d'uneélection présidentielle oud'un plébiscite, réunir
sur son nom unelarge majorité, leschoses sontainsi faites que,faute dusoutien d'unvéritable parti,ilne peut
empêcher, lorsd'élections législatives, ladispersion deses partisans potentiels entredesformations
irréductiblement hostiles.
La synthèse quelepays attend, iln'a donc pasd'autre solution quedel'imposer, puisqu'on luirefuse touteautre
voie.
Etl'on n'aaucune raisondedouter que,s'ilenvisage cettesolution, c'estenvue d'une conciliation, d'une
réconciliation, quenulautre nepeut obtenir.
Pourtant, LouisNapoléon hésiteàfranchir leRubicon, pouremployer laréférence dontilfera lui-même usage.Il
est pris entre sonentourage quilepresse, l'analyse politiqued'unesituation bloquéedontonnesait comment
sortir, etlepressentiment desdifficultés qu'ilaura àjustifier lafaute qu'on nevapas manquer deporter àson
débit.
D'oùsavolonté, éperdue, detrouver endernière minuteunesolution quipourrait toutsauver.
Celatient
de l'acharnement thérapeutique.
Onacru, une foisdeplus, àde l'indécision.
Enfait, iltente désespérément
d'éloigner deses lèvres uncalice dontilvoudrait tantnepas goûter lebreuvage...
Mais letemps presse.
L'urgence seconfirme.
Ilva bien falloir
que, d'une manière oud'une autre, unesolution intervienne etque soittranché lenoeud gordien.
Nepeut-il
tout redouter del'Assemblée?
Les rumeurs d'uncomplot orléaniste nesefont-elles pastoujours plusinsistantes? Lareine Victoria, àla suite
de Palmerston, s'enferaplus tardl'écho.
Elleécrira ainsiauroiLéopold: «Je crains quelepauvre Joinville eût
quelque idée,quelque idéefolled'aller enFrance...
Lacandidature deJoinville fut,àtout point devue, très
déraisonnable etamena Louis-Napoléon àsuivre uncours sidésespéré...
»
En tout cas, leprésident estdécidé àsaisir laplus proche occasion pourfrapper ungrand coup.Cepourra être
une ultime tentative deconciliation ou,àdéfaut, l'annonce quiprépare ledénouement.
Ainsi,s'ilpasse àl'acte,
c'est qu'ilaura définitivement constatéqu'iln'est pasd'autre façon«d'épargner à[la] Patrie etàl'Europe, peut-
être, desannées detrouble etde malheur...
»
***
Cette occasion, ladernière, estdonnée parlarentrée parlementaire etletraditionnel messageduprésident sur
l'état delaFrance.
Illa saisit, le4novembre 1851.
Dans untexte quiestunvéritable chef-d'oeuvre politique,etqu'il fautlireourelire avant deporter surlasuite
quelque jugement quecesoit, ilpropose unultime moyen d'éviter lecoup d'État eten rejette paravance, s'il
devait s'accomplir, laresponsabilité surl'Assemblée.
Enfait, ilmet àcelle-ci lemarché enmain :ou bien elle
rétablit, commeille suggère, lesuffrage universel, cequi peut ouvrir unenouvelle voieàla révision ;ou bien
c'est ellequisera entrée dansl'illégitimité.
Sa description delasituation dupays estàla fois précise etsaisissante.
Personnenepeut contester quele
tableau qu'ilbrosse correspond àla triste réalité :« L'état demalaise généraltendchaque jouràs'accroître.
Partout, letravail seralentit, lamisère augmente, lesintérêts s'effrayent etles espérances anti-sociales
s'exaltent àmesure quelespouvoirs publicsaffaiblis approchent deleur terme...
»
En deux phrases, toutestdit!
Il n'existe qu'unmoyen d'ensortir, affirme-t-il: rétablirlesuffrage universel, c'est-à-dire «le seul principe qu'au
milieu du
chaos général laprovidence aitmaintenu deboutpournous rallier ».
Il annonce doncunprojet deloipour abroger laloi du 31mai.
Habilement, LouisNapoléon prendl'Assemblée à
son propre jeu:
« J'appelle votreattention particulière surune [...]raison, décisive peut-être.
Lerétablissement dusuffrage
universel sursabase principale donneunechance deplus d'obtenir larévision delaConstitution.
Vousn'avez
pas oublié pourquoi, danslasession dernière, lesadversaires decette révision serefusaient àla voter.
Ils
s'appuyaient surcetargument qu'ilssavaient rendrespécieux: laConstitution, disaient-ils,oeuvred'une
Assemblée issuedusuffrage universel, nepeut pasêtre modifiée parune Assemblée issuedusuffrage
restreint.
Quecesoit làun motif réelouunprétexte, ilest bon del'écarter etde pouvoir direàceux quiveulent
lier lepays àune Constitution immuable:voilà lesuffrage universel rétabli;lamajorité del'Assemblée soutenue
par deux millions depétitionnaires, parleplus grand nombre desconseils d'arrondissement, parlapresque
unanimité desconseils généraux, demandelarévision dupacte fondamental: avez-vousmoinsconfiance que
nous dansl'expression delavolonté populaire?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Les philosophes se sont souvent posé le problème de la réalité du monde extérieur. Dans quels termes se pose-t-il pour vous ? Quelle solution lui donneriez-vous?
- Dans sa préface de 1869, Michelet dit que le problème historique s'est posé pour lui comme une résurrection de la vie intégrale, non pas dans ses surfaces, mais dans ses organismes intérieurs et profonds. Que veut il dire par ces paroles? Comment a t il réalisé son dessein? Que pensez vous de cette conception de l'histoire?
- « J'éprouve une répulsion invincible à mettre sur le papier quelque chose de mon coeur... », écrivait Flaubert. George Sand réplique : « Ne rien mettre de son Coeur dans ce qu'on écrit? Je ne comprends pas du tout, oh! mais pas du tout. Moi, il nie semble qu'on ne peut pas y mettre autre chose.» Montrez l'importance du problème littéraire posé par ces quelques lignes, et discutez les deux opinions à l'aide d'exemples empruntés aux grands écrivains.
- Vous donnerez d'abord un résumé ou une analyse (à votre choix, mais en l'indiquant clairement au début), du passage suivant de La Démocratie en Amérique, ouvrage publié par l'historien Tocqueville en 1836-1839. Puis vous choisirez dans ce texte un problème; vous en préciserez les données selon l'auteur; vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.
- Dans sa préface de 1869, Michelet dit que: le problème historique s'est posé pour lui comme une résurrection de la vie intégrale, non pas dans ses surfaces, mais dans ses organismes intérieurs et profonds.