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Le néo-classicisme

Publié le 07/04/2015

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Ce mouvement culturel qui fleurit entre la moitié du XVIIIème siècle et les premières décennies du XIXème, se développe en parallèle avec l'intensification des recherches archéologiques, en particulier le début des fouilles à Herculanum (1738) et à Pompéi (1748). Il peut être relié à des caractéristiques précises de la pensée des Lumières, comme la volonté de retrouver la simplicité naturelle originelle, à travers une approche de la condition initiale de l'histoire de l'homme dans l'humanité. Né dans le cadre des arts figuratifs, le néo-classicisme entend proposer, contre les tons mouvementés et les irrégularités du baroque, les modèles de sobriété et d'harmonie que l'on peut découvrir dans l'art antique. Dans le classicisme, on croit trouver de façon bien utopique une perfection non seulement esthétique, mais éthique et civique, qui a pour fondement la rationalité des anciens.

Dans la seconde moitié du siècle, les publications du français Jean-David Le Roy (Les ruines des plus beaux monuments de la Grèce, 1758) et des anglais James Stuart et Nicholas Revet, font connaître les monuments de la Grèce, alors qu'on explore également les temples de Paestum. La découverte du dorique authentique et, en général, la tendance à réévaluer l'art grec par rapport à l'art romain, suscitent des polémiques entre artistes et spécialistes. Le plus grand partisan de la romanité est l'Italien Giovan Battista Piranesi, qui en exalte la magnificence dans ses gravures (Champs de Mars de la Rome antique, Florence, Offices). Le représentant le plus éminent des partisans de la suprématie grecque est l'allemand Johan Joachim Winckelman, qui devient le plus influent idéologue du néo-classicisme. Son compatriote, Karl Friedrich Lessing, revendique définitivement l'autonomie des arts figuratifs par rapport à la poésie.

Dans le domaine de l'architecture, les exigences de rationalité, que l'on peut expliquer, en partie, comme une réaction au baroque tardif et au rococo, s'affirment en Italie avec les oeuvres théoriques de Carlo Lodoli et Francesco Milizia. Les exigences politico-sociales qui pèsent sur le néo-classicisme font que l'architecture et l'urbanisme de cette période sont toujours plus au service de la collectivité et de l'état: c'est ainsi que l'on construit des écoles, des musées, des hôpitaux, des marchés, des octrois, des prisons, etc. Dans la pratique architecturale, le premier élan novateur vient d'Angleterre, où le palladianisme porte déjà en lui nombre d'éléments néo-classiques. Dans la seconde moitié du siècle, le néo-classicisme anglais trouve son expression achevée dans les oeuvres de William Chambers et Robert Adam (Osterley Park, Londres) et, à cheval entre dix-huitième et dix-neuvième siècles, dans celles de John Soane et John Nash (Cumberland Terrace, Regent's Park, Londres).

En France, des éléments néo-classiques commencent à apparaître dans l'oeuvre de Jacques-Ange Gabriel (Place de la Concorde, Paris) et puis de Jacques-Germain Soufflot (Panthéon, Paris), alors que les architectes qui opèrent dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle (Etienne-Louis Boullée, Claude-Nicolas Ledoux) utilisent les éléments morphologiques classiques pour élaborer un langage nouveau, rationnel. Cette architecture "révolutionnaire" ne va souvent pas plus loin que la phase de projet, confirmant ainsi les tendances utopiques inhérentes au néo-classicisme. Au cours de l'Empire, l'architecture et l'urbanisme sont encore plus directement au service du pouvoir politique: les principaux architectes de Napoléon sont Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine (Arc de Triomphe du Carrousel, Paris).

En Italie, Rome devient un centre néo-classique très actif, où se rencontrent les plus grands artistes européens. A Milan, on assiste à une première phase néo-classique avec Giuseppe Piermarini (Théâtre de la Scala) et Leopold Pollack (Villa Royale). Ensuite, pendant la période napoléonienne, avec Giovanni Antonio Antolini (Forum Bonaparte), Luigi Cagnola et Luigi Canonica, un plan d'aménagement urbain grandiose sera préparé. C'est pendant cette même période qu'à Rome Giuseppe Valadier exerce son activité d'architecte et d'urbaniste (Place du Peuple).          

En Allemagne, les plus grands architectes néo-classiques sont Friedrich Gilly, Karl Friedrich Schinkel (Altes Museum, Berlin), et Leo von Klenze (Walhalla, Ratisbonne). En Russie, on assiste à un splendide épanouissement néo-classique à Saint-Pétersbourg, où travaillent des artistes italiens dont Giacomo Quarenghi (théâtre de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg) et Carlo Rossi.

Quant à la sculpture, pendant longtemps les modèles antiques les plus admirés sont des statues hellénistes ou même des copies romaines, et ce n'est qu'au début du XIXème siècle, lorsque lord Elgin amène à Londres les marbres du Parthénon, que l'on a la révélation de l'art de Phidias. Les plus grands sculpteurs sont l'italien Antonio Canova, interprète de la beauté idéale (Les trois Grâces, Saint-Pétersbourg, Ermitage), l'anglais John Flaxman et le danois Bertel Thorvaldsen, qui cherche en particulier dans l'Antiquité un canon de proportions parfaites (Jason, Copenhague, Musée Thorvaldsen).

En peinture, l'esthétique néo-classique s'exprime d'une façon moins homogène que dans les autres arts. Sur le plan formel, les exigences de rationalité mènent à la prépondérance du dessin, opération typiquement intellectuelle, par rapport à la couleur. Parmi les premiers peintres néo-classiques, il faut rappeler l'allemand Anton Raphael Mengs (Autoportrait, Florence, Offices) qui exerce également une importante activité théorique. C'est l'Antiquité qui fournit les modèles pour exprimer les aspirations de renouvellement éthique, social et politique, propres à cette période de l'Histoire. Le plus grand interprète de cette vision est le français Jacques-Louis David (Le Serment des Horaces, Paris, Louvre), suivi en Italie par le romain Vincenzo Camuccini (Mort de Jules César, Naples, Musée de Capodimonte). De tout autre stature, est le milanais Andrea Appiani (Portrait de Napoléon, Vienne, Kunsthistorisches Museum) qui exalte les fastes napoléoniens. En outre, des éléments néo-classiques sont également présents, mais pas de façon exclusive ou dominante, chez nombre de peintres européens, dont Francisco Goya (Famille de Charles IV, Madrid, Prado) et Jean-Auguste-Dominique Ingres (Apothéose d'Homère, Paris, Louvre).

Il faut enfin rappeler que, durant la période néoclassique on assiste à un grand développement des arts appliqués (meubles de l'ébéniste allemand Jean-Henry Riesener, des fabricants de meubles français Jacob, du lombard Giuseppe Maggiolini, porcelaines de Sèvres, céramiques de Wedgwood, argenteries de Paul Storr) et à la naissance de l'intérêt pour les décorations d'intérieur.

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