Le musée a souvent été comparé aux cathédrales médiévales, sur les chapiteaux et les tympans desquelles chacun pouvait déchiffrer le sens de son existence.

Le musée a souvent été comparé aux cathédrales médiévales, sur les chapiteaux et les tympans desquelles chacun pouvait déchiffrer le sens de son existence. Le visiteur contemporain trouve dans le musée un lieu de rencontres ; il y est confronté aux témoignages d'autres univers, mais aussi à la face invisible du réel. Haut lieu culturel, le musée propose aux foules qui s'y pressent la visualisation de leurs interrogations, de leurs valeurs, de leurs croyances. Aujourd'hui, il met en jeu beaucoup plus que la faculté d'admirer des oeuvres d'art. Laboratoire du futur, il forge une conscience nouvelle. Le terme « musée » est emprunté au grec Mouseion, « lieu des muses » ; le roi d'Égypte Ptolémée Ier avait ainsi désigné au IIIe siècle un établissement qu'il avait fondé pour l'étude des arts, des lettres et des sciences. L'acception moderne du terme apparut véritablement au XVIIIe siècle pour désigner des établissements chargés de rassembler et de gérer des collections d'objets très divers. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Ptolémée De la collection privée au musée public Le musée naît souvent d'une collection particulière. Mais, alors que celle-ci reste liée à l'individu qui l'a constituée, le musée est permanent et ses collections sont généralement inaliénables. Il est par ailleurs ouvert au public. Or, durant des siècles, les oeuvres ne pouvaient être vues. Seuls les artistes et les amateurs bénéficiaient de certaines facilités. Les collections du Vatican étaient accessibles au public seulement un jour par an, le vendredi saint. Les exemples antérieurs au XVIIIe siècle sont rares. Le Museo Capitolino, moins fermé que les autres collections, fut fondé à Rome par le pape Sixte IV en 1471. Quelques cas exceptionnels de donation à des villes ont également existé ; ainsi, le cardinal Grimani donna sa collection d'antiques à la République de Venise en 1523. En 1674, J.-B. Boisot légua ses collections et celles du cardinal Granvelle à la ville de Besançon, avec obligation de les ouvrir au public. L'année suivante, Elias Ashmole laissa ses collections à l'université d'Oxford, qui les rendit accessibles au public des étudiants en 1683. Peu à peu, la forme du musée moderne se mit en place. Anne-Marie-Louise de Médicis offrit en 1743 à l'État de Toscane les collections de sa famille, en réclamant leur inaliénabilité et leur accessibilité au public. D'autres exemples suivirent, notamment celui du British Museum, qui fut fondé en 1753 par un acte du Parlement et ouvert au public en 1759. Pendant la Révolution française, les propriétés de la couronne furent confisquées en 1793 ; puis la Convention réalisa trois projets qui étaient en gestation sous la monarchie : création du musée du Louvre, du Muséum d'histoire naturelle et du Conservatoire des arts et métiers. Après le premier Empire, marqué par la confiscation en pays conquis des oeuvres d'art (qui furent restituées après la défaite), de nouveaux musées, servant principalement la gloire des souverains, furent créés (musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye, musée de l'Armée, musée historique de Versailles). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats British Museum collection - La première figure du collectionneur : l'amateur d'art Louvre mécénat patrimoine historique Sixte - Sixte IV Les livres musée - le salon Carré au musée du Louvre, peint par Giuseppe Castiglione, page 3344, volume 6 Des musées pour toutes choses Le musée abrite les oeuvres d'art mais également des objets aussi différents que des voitures, des lunettes, des dentelles... Les premières collections étaient hétéroclites, à l'image de la personnalité de celui qui les avait constituées, et surtout en rapport étroit avec l'état du savoir du moment. Longtemps, on rangea ainsi au musée tout ce qui méritait d'être conservé. La Convention divisa le savoir en trois vastes champs : sciences naturelles, sciences et techniques, arts. Toutefois, les objets précieux recueillirent les soins les plus attentifs. La civilisation occidentale s'attachait à sauvegarder son passé, qu'elle voyait avant tout en Égypte et dans le monde gréco-romain. Au British Museum, ces civilisations ont longtemps formé un seul département. Comme en témoigne l'organisation des collections en 1860 (art grec et romain, monnaies et médailles, antiquités orientales incluant les antiquités britanniques), le musée n'était pas encore régi par les lois scientifiques, mais il s'est développé au rythme des progrès de la recherche historique et de la pensée classificatoire. Dans le même temps, la civilisation occidentale découvrait d'autres cultures ; en 1879, un musée d'ethnographie fut ouvert au Trocadéro, qui allait devenir en 1937 le Musée de l'homme. Le musée des Arts et Traditions populaires est significatif des bouleversements de la connaissance européenne. Outre la beauté de ses pièces, il fait comprendre des formes de civilisations traditionnelles. Les écomusées comme celui de Marquèze, dans les Landes, reprennent cette ambition. Le musée conserve également les témoignages de la société industrielle, comme l'illustrent le musée de la Mine à Lewarde, dans le nord de la France, ou celui de l'Électricité à Mulhouse, encouragé par EDF. Le musée s'est étendu ainsi à tous les domaines (mode, publicité, design), et, de lieu des muses qu'il était à l'origine, il est devenu un lieu de mémoire et un reflet de la société. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats British Museum Cité de la musique Cité des sciences et de l'industrie écomusée folklore homme (Musée de l') médaille muséum populaire (art) Trocadéro (palais du) Les livres Londres - la salle hellénistique du British Museum, page 2907, volume 6 musée - l'écomusée de Marquèze (Landes), page 3345, volume 6 Le musée aujourd'hui Longtemps réservé à l'amateur éclairé, le musée s'adresse à un public plus vaste ; de l'élève au touriste, toutes les catégories de la population sont visées. Il possède désormais des services d'accueil, des commerces, restaurants, librairies, boutiques de souvenirs... Derrière cette façade voyante, le musée accomplit ses trois missions traditionnelles : conserver, rechercher, éduquer. Bien qu'elle se soit étendue à des objets très différents, la conservation demeure le pivot essentiel du musée ; elle rejoint parfois le souci d'affirmer une identité régionale (le Musée basque, par exemple). Le musée est aussi un organisme de recherche, essentiel en histoire de l'art, grâce notamment à des instruments scientifiques de très haut niveau (laboratoire du Louvre). Ses publications témoignent de l'évolution des connaissances historiques. La mission pédagogique du musée a évolué depuis le XVIIIe siècle, lorsque les jeunes artistes devaient surtout imiter leurs prédécesseurs. Cézanne déclarait encore vouloir « faire de l'impressionnisme quelque chose de solide et de durable comme l'art des musées ». Aujourd'hui, les musées organisent des conférences, des visites guidées, des expositions temporaires, et sont devenus des lieux animés. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats exposition - 2.ARTS pédagogie restauration - Une discipline de plus en plus scientifique Les livres Madrid - le musée du Prado, page 2969, volume 6 musée - le laboratoire du musée du Louvre, page 3345, volume 6 musée - les réserves du musée des Beaux-Arts de Bordeaux, page 3345, volume 6 musée - atelier de modelage au musée des Arts décoratifs de Paris, page 3345, volume 6 New York - le Metropolitan Museum of Art, page 3425, volume 6 Le musée contesté Longtemps réservé aux civilisations disparues et aux oeuvres des artistes morts, le musée fut contesté au nom de la modernité par les avant-gardes. Les artistes vivants devaient également pouvoir en bénéficier. Ainsi, en France, le musée du Luxembourg, préfiguration du musée national d'Art contemporain, ouvrit en 1818 ; il resta toutefois essentiellement le reflet de l'Académie. Les impressionnistes eurent également les plus grandes difficultés à entrer au musée du Louvre. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le musée a connu des attaques virulentes, de la part de Jean Dubuffet notamment, hostile à la culture institutionnalisée. Un art éphémère a donné lieu à des manifestations dans la rue et à des « performances » hors des musées. Le musée s'est rapproché de la vie. Ainsi, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou a été créé pour accueillir le plus grand nombre de visiteurs ; ses entrées donnent sur la rue et de grandes baies permettent d'embrasser d'un seul regard la création et la vie urbaines. Le musée accueille aujourd'hui des créations qui, par leurs dimensions, par leur propos (les installations de nature politique de Hans Hacke), ne pourraient être montrées ailleurs ; certains musées sont devenus dans le domaine contemporain des espaces de liberté et de création. De la nostalgie du passé à des créations à l'avenir incertain, le musée aborde tous les rapports qu'une société entretient avec son histoire. Il se place entre le passé et l'avenir, et demeure un lieu d'interrogations. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC Georges-Pompidou) - Un complexe culturel Dubuffet Jean happening Luxembourg performance - 1.THÉÂTRE Les livres Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, page 936, volume 2 musée - le musée d'Art moderne de Saint-Étienne, page 3344, volume 6 Architecture et présentation L'architecture extérieure reflète toute l'importance que la société accorde à ces établissements. Elle est souvent parlante : temple grec au XIXe siècle, elle connut différents styles. Aujourd'hui, on utilise souvent d'anciens bâtiments : le musée d'Orsay est une gare désaffectée ; le musée d'Art et d'Histoire de Fribourg, en Suisse, est logé dans le vieil abattoir de la ville (1981). D'autres réalisations sont des exemples importants de l'architecture contemporaine : ainsi, le musée Guggenheim à New York, dû à F.L. Wright ; le Centre Georges-Pompidou, de Piano et Rogers ; le musée californien de l'Air et de l'Espace, de Franck O'Gehry (1984), à Los Angeles. À l'intérieur, les règles de sécurité pour protéger le musée du vol, du vandalisme et de l'incendie sont strictes. La conservation impose en outre ses propres exigences. La lumière constitue un agent dangereux. Elle peut endommager des oeuvres et son intensité doit être maîtrisée. Les dessins, entre autres, ne peuvent recevoir plus de 50 lux. L'humidité de l'air est également contrôlée. Elle varie avec la nature des matériaux des objets conservés, les laques, par exemple, demandant une forte humidité. Le parcours matérialise dans l'espace la conception scientifique du musée. Dans le domaine artistique, les oeuvres sont traditionnellement rangées par écoles nationales ; la National Gallery de Londres, qui a ouvert une nouvelle aile, a abandonné ce parti géographique pour une présentation chronologique où les différents pays sont mélangés. La présentation fournit des informations au moyen des cartels et d'éventuels panneaux d'information. L'accrochage est actuellement très dépouillé. Deux conceptions s'opposent souvent : l'une privilégiant la beauté de l'objet, l'autre préférant apporter une information complémentaire, parfois avec des moyens audiovisuels. Le conservateur chargé du programme est confronté à de nombreuses difficultés. Ainsi, l'ouverture du musée d'Orsay a suscité de vives polémiques, qui démontrent la passion que soulèvent ces questions. S'il est nécessaire de respecter l'objet, il faut aussi le rendre compréhensible au sein d'une présentation attrayante, mission difficile qui sollicite beaucoup de talents. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC Georges-Pompidou) - Un complexe culturel Fribourg Guggenheim Museum National Gallery Orsay (musée d') Piano Renzo Wright Frank Lloyd Les livres Guggenheim Museum, page 2265, volume 4 Louvre - le Grand Louvre, page 2926, volume 6 Louvre - la pyramide de verre, page 2926, volume 6 musée - le musée de l'Air et de l'Espace, à Los Angeles, page 3346, volume 6 musée - le musée d'Art moderne de Saint-Étienne, page 3346, volume 6 musée - le musée d'Orsay, à Paris, page 3346, volume 6 musée - le musée d'Art contemporain de Bordeaux, page 3346, volume 6 musée - the Museum of Contemporary Art, à Los Angeles, page 3347, volume 6 musée - le musée Guggenheim, à New York, page 3347, volume 6 Bruxelles - le musée d'Art moderne, ouvert depuis 1984, page 768, volume 2 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Jacquemart-André (musée) Kröller-Müller marché de l'art Metropolitan Museum of Art Musée national d'art moderne (MNAM) patrimoine historique Les livres Ermitage (musée de l'), page 1697, volume 3 Les indications bibliographiques G. Bazin, le Temps des musées, Desoer, Liège, Hachette, Paris, 1967. P. Cabanne, le Guide des musées de France, Bordas, Paris, 1990 (1984). G.-H. Rivière, la Muséologie, Dunod, Paris, 1989. R. Schaer, l'Invention des musées, Découvertes, Gallimard, Paris, 1993.