La notion d'évolution des espèces n'a pas été seulement un problème d'ordre scientifique, mais a soulevé des débats d'ordre religieux, philosophique et politique. Il fallut tout d'abord accepter le concept évolutif et son corollaire : la nécessité d'échafauder une théorie explicative. Une fois ce concept envisagé par les scientifiques, le problème de l'origine des variations héréditaires et de l'influence du milieu se posa. Il appartient à la génétique, aujourd'hui, de le prendre en compte. La théorie de l'évolution est celle de la dynamique du monde vivant. Selon elle, les formes animales ou végétales dérivent les unes des autres par filiation, et présentent des transformations continues. En simplifiant, on peut en fait dégager trois théories. L'une postule que les variations héréditaires sont le résultat de l'activité des organismes, compte tenu des contraintes du milieu. Une autre nie cette influence dans l'apparition des variations héréditaires, et invoque le seul hasard - le milieu n'exerçant a posteriori qu'un rôle sélectif. La troisième vise à tenir compte d'une entité supramatérielle et suggère des chemins prédéterminés (nécessité), évoqués jusqu'à nos jours. L'histoire de la théorie de l'évolution, outre les données scientifiques qu'elle implique, oppose deux conceptions du monde. Cette théorie remet en cause, voire détruit des croyances relatives à la vision de la nature : ainsi, la Bible décrit une chronologie de la création (monde, animaux, homme) et une fixité intemporelle des espèces ; les tenants du « créationnisme « s'appuient encore aujourd'hui sur des fondements religieux pour s'opposer aux « évolutionnistes «. Les prémices du transformisme Dès le VIe siècle avant J.-C., le philosophe Anaximandre fut le premier à suggérer que l'homme descend d'une sorte de poisson. Pour Anaxagore de Clazomènes (500-428 avant J.-C.), l'esprit n'est pas l'apanage de la seule espèce humaine mais une donnée commune, à des degrés divers, au vivant. Pour Empédocle (490-435 avant J.-C.), les organes créés se rassemblent, au hasard, en une structure viable ou non. Démocrite (460370 avant J.-C.) introduisit l'idée de sélection. Un « trou « de quinze siècles occulta ces idées, les écrits d'Aristote et de Galien régnant en maîtres ; jusqu'au XVIIIe siècle, le « fixisme « fut de rigueur. Dès le XVIe siècle, cependant, le renouvellement des idées sur la génération spontanée devait remettre en question la doctrine créationniste. Mais ce n'est qu'en 1668, grâce aux réfutations expérimentales de Francesco Redi, consolidées par les travaux anatomiques de Jan Swammerdam, que la génération spontanée fut contestée. Le passage du créationnisme au transformisme résulte d'observations expérimentales, c'est-à-dire de données scientifiques quantifiables. Les encyclopédistes du XVIIIe siècle permirent de s'affranchir des contraintes religieuses antérieures. Le rationnel remplaça le subjectif ou le traditionnel (Aristote). On accepta d'expliquer le visible à partir du microscopique. La discontinuité supposée de l'évolution nécessita de confronter fossiles et espèces actuelles, ce qui posa le problème de compatibilité avec la Bible : le Déluge notamment. Buffon, le premier, en 1744, parla d'explosion astrale et de ses conséquences, dont la formation de la Terre. Il était conceptuellement possible de dater l'origine de notre planète et de justifier les grandes transformations physiques dont elle avait fait l'objet. Mais, en 1751, Buffon, sous la pression de la faculté de théologie de la Sorbonne, dut se rétracter. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Anaxagore de Clazomènes Anaximandre Aristote Buffon (Georges Louis Leclerc, comte de) créationnisme déluge Démocrite Empédocle fixisme Galien Claude génération spontanée Redi Francesco sciences (histoire des) - Le temps - La naissance du temps profond transformisme La notion d'espèce naturelle. L'inventaire des espèces est en faveur du transformisme. Cet inventaire conduit à définir la notion d'espèce, notion ancienne et empirique qui ne devint rigoureuse qu'avec John Ray en 1686. Pour ce dernier, les espèces sont inaltérables : « Jamais une espèce ne naît de la semence d'une autre, et réciproquement. « Cette idée prit valeur de dogme et Linné en fit la base de sa classification des espèces végétales, puis des êtres vivants, en 1753, en adoptant une nomenclature binaire (espèce, genre). Le système de Linné prend en considération similitudes et différences, et conduit à la notion d'évolution, en dépit des options fixistes de son auteur. Le transformisme s'imposa donc à partir des observations faites dans le cadre de la systématique taxonomique et eut, comme plus célèbre défenseur, Buffon, pour qui tout phénomène naturel a une cause naturelle, la cause de ces phénomènes vitaux étant des forces simples. Il fut, par son idée « d'un équilibre déterminé par le jeu de forces opposées «, le premier écologiste avant la lettre. On ne parlait pas encore d'évolution en tant que passage des formes simples à des formes plus complexes ; son idée directrice était la continuité de l'espèce à travers les variations adaptatives qu'elle présente, notamment en fonction du climat et de la nourriture. Le concept d'individu en tant qu'entité indépendante naquit alors ; on fit aussi certaines découvertes présentant une utilité pratique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Buffon (Georges Louis Leclerc, comte de) classification espèce Linné (Carl von) Ray John systématique transformisme Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats animal (règne) - Évolution et classification : historique - Introduction Lamarck et Darwin C'est au XIXe siècle que devait s'imposer le concept moderne d'évolution, à partir des travaux de Jean-Baptiste de Monet de Lamarck (1744-1829) et de Charles Darwin (18091882). Toutefois, on ne rencontre guère sous la plume de ces auteurs les mots « transformisme « ou « évolutionnisme «. Quoique le naturaliste lamarckien Frédéric Gérard eût conçu en 1845 l'expression « théorie de l'évolution des formes organiques « dans son sens moderne, c'est-à-dire de processus historique s'inscrivant dans le temps géologique, le mot « évolution « ne se répandit qu'à la fin du XIXe siècle. Évolution a d'abord signifié développement (evolutio) : accroissement du germe (l'embryon) jusqu'à l'état de nouvel adulte. Le concept remonte à Harvey (De generatione animalium, 1651), qui posa dans sa doctrine de la génération les fondements du système d'évolution, hors de toute génération spontanée. Caspar Friedrich Wolff (Theoria generationis, 1759) montra ensuite que le développement s'opère par modification des structures, par substitution d'un élément (organe en formation) à un autre. Puis Karl Ernst von Baer fonda en 1828 l'embryologie scientifique - l'embryologie comparée -, mais en admettant que l'embryon ne transgresse pas dans son développement les grands types de structures. Dès 1857, le philosophe anglais Herbert Spencer, auteur des Essais de morale, de science et d'esthétique (1898), tira de la lecture de von Baer la règle selon laquelle tout développement organique est un passage de l'homogène à l'hétérogène. Ce faisant, il fit émerger de cette règle le concept d'évolution vue comme progrès organique, dépassant le cadre de la transformation de l'embryon : « Cette loi du progrès organique est la loi de tout progrès. Qu'il s'agisse du développement de la terre, du développement de la vie à sa surface (...), toujours le fond en est cette même évolution qui va du simple au complexe, à travers des différenciations successives « (Principes de biologie, 1864). Quoique les évolutionnistes modernes voient l'évolution biologique plus comme une progression, comme une suite de transformations avec diversification et divergences, que comme un progrès au sens commun du terme, la philosophie de Spencer a fortement influencé le néo-darwinisme du XXe siècle. En ce qui concerne l'évolution des espèces vivantes, Spencer renvoie à Darwin. Mais le darwinisme prend ses racines dans l'oeuvre de Lamarck, au moins pour ce qui a trait à l'aspect historique, c'est-à-dire géologique, des transformations du vivant. Dans ses Mémoires sur les fossiles des environs de Paris ( 1801-1806) et dans l' Histoire naturelle des animaux sans vertèbres (1815-1822), Lamarck, tout en fondant la paléontologie des invertébrés, s'attache à étudier les variations intraspécifiques afin de démontrer la continuité, au cours du temps, entre des formes éloignées, englobant dans une même systématique espèces fossiles et espèces actuelles. Lamarck, convaincu de l'extrême durée du temps géologique et de la lenteur des modifications, est opposé au catastrophisme de Cuvier, partisan par ailleurs de la fixité des espèces. Néanmoins, Lamarck, dans sa Philosophie zoologique ( 1809) - considérée à juste titre comme le manifeste du transformisme -, ne puise guère d'exemples dans le monde des fossiles. C'est l'organisation des formes vivantes qui lui fournit ce qu'il estime être les meilleures preuves de la continuité entre les êtres. Contrairement à la légende, l'oeuvre de Lamarck ne resta pas sans écho, comme en témoigne l'introduction, dès 1845, de l'expression « théorie de l'évolution « évoquée plus haut. La question de la fixité ou de la continuité des espèces s'est posée jusqu'à la parution de l'ouvrage fondateur de Darwin De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle (1859). L'évolution est qualifiée par Darwin de « descendance avec modification «. De ce point de vue, l'évolutionnisme de Darwin est proche de celui de Lamarck. Il en diffère néanmoins par un aspect essentiel, l'hypothèse d'un mécanisme autre que la simple volonté d'évoluer : la sélection naturelle, autrement dit le tri, par la nature - le milieu -, des individus les mieux adaptés ; c'est une hypothèse écologique à laquelle était parvenu, parallèlement à Darwin, le biogéographe anglais Alfred Russell Wallace (1823-1913). Dans la Descendance de l'homme (1871), Darwin développe l'hypothèse d'un autre mécanisme, la sélection sexuelle, indépendante des pressions du milieu. Il reste que tous les darwiniens ont fait jouer à la sélection naturelle un rôle essentiel dans l'apparition des nouvelles espèces. Darwin, non plus que Lamarck, ne nie l'hérédité des caractères acquis ; comme lui, il tient compte des effets évolutifs de l'usage et du non-usage. Ce n'est qu'avec le néodarwinisme du généticien allemand August Weismann (1834-1914) que fut rejetée l'idée de toute transmission héréditaire de caractères acquis. Les bases de la conception moderne de l'évolution biologique étaient désormais construites. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats animal (règne) - Évolution et classification : historique - L'apport de Darwin catastrophisme cladogenèse Cuvier (Georges, baron) Darwin Charles Robert fixisme fossile Harvey William Lamarck (Jean-Baptiste de Monet, chevalier de) néodarwinisme sélection naturelle spéciation Spencer Herbert transformisme Wallace Alfred Russel Les médias évolution - théorie de la descendance Les livres évolution - Charles Darwin, page 1836, volume 4 L'implication de la paléontologie Les fossiles comme preuves. Quoique deux chapitres de l'Origine des espèces soient consacrés aux fossiles, Darwin n'utilise qu'assez peu les fossiles afin de prouver le bien-fondé de sa théorie, mais il souligne que, si la théorie de l'évolution est correcte, les fossiles devraient apporter les preuves déterminantes ; si l'on collectait suffisamment de fossiles, il serait possible de les arranger en séquences où se succéderaient chronologiquement ancêtres et descendants. Aujourd'hui, les archives paléontologiques se sont considérablement enrichies et sont effectivement tenues par beaucoup comme les preuves les plus tangibles de la réalité de l'évolution. Comme son nom l'indique, la théorie de l'évolution est une théorie scientifique, ce n'est pas un fait. Mais elle est la seule à rendre compte du savoir biologique et paléontologique accumulé depuis deux siècles. Rien de ce qui est vivant ne peut être compris en dehors du modèle de la descendance avec modification. Les archives de la Terre ont, de ce point de vue, joué le double rôle d'induction et de concrétisation de la théorie de l'évolution. La dimension historique de l'évolution est amplement illustrée par les fossiles, qui, en retour, confirment les hypothèses fondées sur les seules espèces actuelles. La dimension chronologique de l'évolution biologique ne peut plus être aujourd'hui mise en doute. Les techniques de datation absolue des sédiments à partir des éléments radioactifs contenus dans les roches ont apporté des données totalement indépendantes des fossiles. Or les résultats des mesures de radioactivité naturelle ont confirmé les échelles stratigraphiques construites à partir du XIXe siècle. Le cadre historique de l'évolution biologique est un fait. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Darwin Charles Robert fossile paléontologie Classification et hiérarchie. Même en étant conscient de l'importance des lacunes qui persistent dans l'enregistrement fossile (la fossilisation est un phénomène aléatoire), il apparaît que les grands groupes d'êtres vivants se situent dans le temps géologique, de façon ordonnée et progressive. Les êtres les plus simples apparaissent avant les formes plus complexes. Par exemple, les bactéries (connues depuis 3 milliards d'années) et les algues bleues (plus de 2 milliards d'années) apparaissent avant les champignons (400 millions d'années) et les vers (près de 600 millions d'années), et ceux-ci apparaissent avant les plantes à fleurs (150 millions d'années) ou les vertébrés terrestres (350 millions d'années). On sait, d'autre part, que les espèces actuelles et fossiles se laissent classer dans la même classification biologique. L'inclusion des fossiles dans un système construit sur les formes actuelles donne une dimension chronologique réelle au système. La classification moderne des vertébrés indique que les mammifères, ou les oiseaux, sont inclus dans les amniotes, eux-mêmes inclus dans les tétrapodes, ces derniers étant inclus dans les gnathostomes (vertébrés à mâchoires). La lecture chronologique de cette classification fondée sur l'anatomie comparée implique que les oiseaux et les mammifères sont plus récents que le premier amniote, ce dernier étant plus récent que le premier tétrapode, celui-ci enfin étant plus récent que le premier gnathostome. L'enregistrement fossile confirme cette hiérarchie fondée sur l'anatomie comparée. On n'a jamais découvert de tétrapode plus ancien que le premier gnathostome, ni de mammifère ou d'oiseau plus ancien que le plus ancien tétrapode. Ainsi, les premiers mammifères et les premiers oiseaux sont d'âge jurassique (de 160 à 180 millions d'années), les premiers amniotes sont d'âge carbonifère (320 millions d'années) : ce sont des formes dites reptiliennes, c'est-à-dire des amniotes non-mammifères ou nonoiseaux ; les premiers tétrapodes (des amphibiens) sont d'âge dévonien supérieur (350 millions d'années), tandis que les premiers gnathostomes sont d'âge dévonien inférieur (400 millions d'années). Thomas Huxley (la P lace de l'homme dans la nature, 1863) comme Darwin luimême dans la Descendance de l'homme ont souligné que l'homme était proche parent des grands singes (gibbon, orang-outan, chimpanzé et gorille), groupe que l'on appelle aujourd'hui les hominoïdes, que ceux-ci étaient apparentés aux babouins et formaient à leur tour avec eux le groupe des catarrhiniens, et que ces derniers étaient inclus avec d'autres singes et avec les lémuriens dans l'ordre des primates. Or la chronologie des fossiles confirme cette hiérarchie taxinomique : le plus ancien primate remonte à 60 millions d'années, le plus ancien catarrhinien connu a moins de 40 millions d'années, le plus ancien hominoïde n'a pas plus de 22 millions d'années, tandis que le plus ancien hominidé n'a pas plus de 5 millions d'années. Il existe évidemment des groupes fossiles fort éloignés des groupes actuels, et qui ont divergé avec leurs propres tendances évolutives. Mais ils ne détruisent pas la hiérarchie construite à partir des formes actuelles. Ainsi, les dinosaures sont apparentés aux crocodiles et aux oiseaux actuels : les caractères morphologiques des dinosaures sont compatibles avec ceux décelés chez les crocodiles et les oiseaux. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats animal (règne) - Classification anthropogenèse classification Darwin Charles Robert fossile paléontologie systématique Les « chaînons manquants «. Contrairement à ce qu'il est parfois affirmé, les « chaînons manquants « ne sont pas rares. Le hiatus entre l'homme et le chimpanzé est important. Mais les australopithèques, qui, après la découverte d'Australopithecus ramidus, sont attestés en Afrique depuis 4,4 millions d'années, comblent grandement ce hiatus. Australopithecus afarensis, déjà bien étudié, était bipède, mais son volume cérébral était petit (400 cm3), sa face était prognathe et sa denture, puissante. Si sa bipédie au sol ne fait guère de doute, l'australopithèque de l'Afar était doté de bras allongés relativement aux jambes, et devait souvent se déplacer dans les arbres. À un niveau taxinomique plus élevé, le plus primitif des oiseaux connu, l'Archaeopteryx, du jurassique moyen, comble le vide qui sépare les oiseaux des dinosaures fossiles et, a fortiori, des crocodiles. Le squelette d' Archaeopteryx est globalement très proche de celui d'un petit dinosaure coureur, mais il possède des plumes et quelques autres caractéristiques communes aux oiseaux. Le plus primitif des tétrapodes connus, l'Ichthyostega, du dévonien supérieur, possède déjà des membres marcheurs pourvus de doigts, mais il est encore doté d'une nageoire caudale héritée de ses ancêtres aquatiques appelés crossoptérygiens. D'autres « chaînons manquants « sont plus nombreux, en ce sens qu'ils appartiennent à des séries bien documentées. La lignée des mammifères peut être remontée jusqu'à la lointaine époque du carbonifère (300 millions d'années), époque où apparaissent des animaux nommés pélycosauriens et où s'enracinent ce qu'on appelle les « reptiles mammaliens « (ou thérapsides), formant eux-mêmes la souche des mammifères au sens strict. Au permien et au trias, entre 200 et 250 millions d'années, les thérapsides furent fort abondants et diversifiés, et l'on décèle chez eux l'apparition progressive, mais à des vitesses différentes, de caractères mammaliens, tels la différenciation dentaire, le redressement des membres, l'arrangement des os du crâne (avec notamment le « passage « dans l'oreille moyenne des os formant l'articulation entre le crâne et la mandibule chez les gnathostomes primitifs). Le fossé qui sépare les chevaux actuels (le genre Equus) des tapirs et rhinocéros est comblé par une foule de fossiles qui remontent jusqu'à l'éocène (50 millions d'années environ), avec de petites formes de la taille d'un lapin (genre Hyracotherium), que seuls un ou deux détails dans la morphologie crânienne permettent de situer du côté des chevaux plutôt que de celui des rhinocéros et des tapirs. Les fossiles illustrent aussi parfaitement le phénomène de convergence, déjà bien connu sur les formes actuelles, c'est-à-dire l'apparition indépendante de caractères semblables dans différentes lignées. L'explication en serait une réponse adaptative aux mêmes pressions de sélection. Un exemple célèbre, déjà donné par Darwin, est celui de l'ichthyosaure, reptile marin du mésozoïque, qui acquiert une silhouette comparable, à bien des égards, à celle du requin ou du dauphin. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats anthropogenèse archéoptéryx australopithèque fossile paléontologie Le rythme de l'évolution. Les fossiles apportent également des éléments de réponse considérables à la question du rythme de l'évolution. Darwin admettait que le processus évolutif était graduel. Nombre d'études de détail sur l'évolution de lignées par le biais d'un caractère ou d'un organe montrent, quelquefois sur plusieurs millions d'années, une évolution graduelle du caractère étudié, appelée parfois évolution anagénétique. D'autres études révèlent un rythme plus heurté de l'évolution, avec notamment le modèle dit des « équilibres ponctués « conçu en 1972 par les paléontologues Niles Eldredge et Stephen Jay Gould à partir de l'étude de trilobites et de gastéropodes fossiles. Ce modèle est au départ une application, dans le temps géologique, du modèle actualiste de formation de nouvelles espèces, dit géographique ou « allopatrique «. Dans les cas d'« équilibres ponctués «, la formation d'une nouvelle espèce se fait rapidement (50 000 ans environ) dans une population vivant à la périphérie du domaine principal de l'espèce. Cette population remplace ultérieurement, en fonction des variations de l'environnement, l'espèce ancestrale. En tenant compte des variations géographiques entre populations, on peut alors démontrer que la superposition stratigraphique, en un lieu donné, de populations d'une même lignée n'est pas due à une évolution graduelle, mais à des remplacements de populations « mères « par des populations « filles « périphériques, dont la distribution géographique a changé (phases d'expansion ayant suivi les spéciations - créations de nouvelles espèces - périphériques). Le débat sur la fréquence des phénomènes de gradualisme ou de ponctuation dont est témoin l'enregistrement fossile est l'un des débats les plus actuels des sciences de l'évolution, car il touche à l'identification des mécanismes de la formation des espèces dans la dimension chronologique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats allopatrie cladogenèse Darwin Charles Robert espèce fossile phylogenèse spéciation Complétez votre recherche en consultant : Les livres évolution - origine des groupes animaux, page 1837, volume 4 évolution - l'évolution des vertébrés, page 1838, volume 4 L'évolution et la génétique Par la reproduction sexuée, les géniteurs transmettent à leurs descendants les éléments d'information génétique, contenus dans l'ADN. Compte tenu du brassage génétique qui intervient à chaque fécondation, aucun individu n'est identique à un autre (exception faite des jumeaux homozygotes). Il existe donc impérativement une variabilité au sein de l'espèce, à laquelle s'ajoute une formation nouvelle obtenue par le jeu des mutations naturelles ou provoquées. Sans mutations, il n'y aurait pas eu d'évolution possible, et la survie d'une espèce eût été problématique, notamment en cas de modification physique du milieu. Dans le cas où cette mutation est transmissible, elle augmente la variabilité de l'espèce. L'opportunité de la mutation sera sanctionnée a posteriori par la sélection naturelle : une espèce est adaptée à l'environnement ; ce processus mutagène renouvelé au cours des générations contribue à la création de nouvelles espèces (spéciation), qui, à leur tour, peuvent muter. Il se crée ainsi des lignées phylétiques liant les espèces apparentées : les grandes familles résultent de spéciations successives intervenues au cours de l'histoire du vivant ; certaines disparitions ont favorisé le développement d'autres lignées (par exemple, la disparition des dinosaures à la fin du secondaire a favorisé la prolifération des mammifères). Simulant les processus naturels de l'évolution, l'homme peut accélérer ou infléchir certains processus évolutifs. La sélection artificielle est utilisée depuis la plus haute antiquité pour améliorer les variétés végétales cultivées ou les espèces animales (du loup du néolithique sont issues trois cents variétés de chiens, allant du chihuahua au dogue allemand). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats ADN (acide désoxyribonucléique) cladogenèse domestication hérédité mutagène (agent) mutation - 1.BIOLOGIE patrimoine génétique sélection naturelle spéciation L'évolution « moléculaire «. L'évolution traditionnelle a été étudiée à travers la paléontologie et l'anatomie comparative, c'est-à-dire essentiellement en examinant les relations structurales entre les organismes qui vivent actuellement et en comparant les caractéristiques qui les distinguent de celles des organismes plus anciens. Ce type de recherche donne une vue de l'évolution du règne animal et végétal depuis leur séparation, qui remonte à environ un milliard d'années. L'avènement du génie génétique, en particulier l'utilisation des techniques qui rendent possibles l'isolement et l'étude de la structure des gènes et des protéines pour lesquels ils codent, a permis d'améliorer nos connaissances sur les voies évolutives qui ont donné naissance à l'extraordinaire diversité des organismes vivant aujourd'hui et sur l'origine des cellules qui les constituent. S'il est maintenant clairement admis que les organismes multicellulaires complexes ont évolué à partir d'organismes unicellulaires - il y a plus de deux milliards d'années -, un consensus quant à l'origine de la première cellule est loin d'être trouvé. On a jusqu'à présent fait l'hypothèse que les cellules des eucaryotes actuels avaient évolué à partir d'un ancêtre procaryote (cellule qui ne contient pas de noyau). Cependant, aucune preuve n'existe aujourd'hui, qui permette d'établir une connexion linéaire entre la cellule procaryote primitive et les cellules eucaryotes. Bien au contraire, les outils récents de la biologie moléculaire ont mis en évidence des différences énormes entre les procaryotes et les eucaryotes, non seulement dans la structure des gènes et des chromosomes, mais également dans les modes de régulation des gènes. En particulier, alors que tout l'ADN contenu dans le chromosome bactérien paraît desservir une fonction, une grande partie de l'ADN du noyau des cellules eucaryotes contient des séquences répétées qui ne codent pas pour des protéines et dont on ne connaît quasiment pas la fonction (on l'appelle, pour cette raison, « ADN égoïste «) ; de plus, dans les cellules eucaryotes, la plupart des régions codantes sont découpées par des séquences non codantes qui morcellent les gènes (les introns). La comparaison des séquences hautement conservées entre les espèces, qui changent très lentement au cours de l'évolution - du fait de leur rôle capital dans la vie de la cellule -, peut révéler des relations entre des organismes qui ont divergé il y a très longtemps. Ainsi, les comparaisons de séquences en nucléotides d'une catégorie particulière d'acides ribonucléiques, les ARN ribosomiques (ARNr), chez de nombreux types cellulaires différents ont révélé l'existence de trois grands groupes de cellules : les eubactéries (micro-organismes que l'on retrouve dans la plupart des sols et qui sont responsables de maladies), les archébactéries (bactéries halophilitiques - qui aiment le sel - et bactéries méthanogéniques - qui produisent du méthane -) et les cellules eucaryotes. Ces trois lignages sont indépendants les uns des autres ; aucun des trois n'est l'ancêtre des deux autres. Par ailleurs, les séquences qui ont rapidement changé servent à déterminer comment des espèces très proches ont évolué. Il est à parier que la poursuite des études des séquences et des études de comparaison de la localisation sur les chromosomes de gènes ou de groupes de gènes conservés au cours de l'évolution aura un impact décisif sur le regard que nous portons à nos origines. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats ADN (acide désoxyribonucléique) ARN (acide ribonucléique) cellule - Eucaryotes, procaryotes et virus c hromosome gène hérédité paléontologie pangenèse Complétez votre recherche en consultant : Les livres évolution - tableau comparatif des caractéristiques morphologiques et biologiques des primates anthropomorphes, page 1840, volume 4 évolution - un exemple de sélection artificielle, page 1841, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats animal (règne) biologie végétal (règne) Les livres évolution - grands événements biologiques, page 1839, volume 4 évolution - grands événements biologiques, page 1838, volume 4 Les indications bibliographiques S. J. Gould, Quand les poules auront des dents, le Seuil, 1991 (Fayard, 1984). M. Kimura, la Théorie neutraliste de l'évolution, Flammarion, Paris, 1990. E. Mayr, Histoire de la biologie, Fayard, Paris, 1989. P. Tassy, l'Arbre à remonter le temps, Christian Bourgois, Paris, 1991. P. Tort (sous la direction de), Dictionnaire du darwinnisme et de l'évolution, PUF, Paris, 1996.